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3,64

sur 1731 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vous me direz : "elle n'a vraiment peur de rien."..après tant de commentaires sur cet ouvrage... Et vous aurez bien raison !!

Pourquoi une einième chronique, alors qu'au contraire , je tente habituellement de chroniquer des livres qui sont passés au travers des médias ou de trop abondantes critiques... Mais là, j'ai envie de parler de ce roman , car il nous questionne tous, de façon très dérangeante , sur notre sens de charité et de l'aide à autrui !!!

Je n'ai pas pris connaissance des autres critiques avant de rédiger mes propres impressions..; mais je persiste toutefois, car les thèmes engrangés m'interpellent beaucoup trop , pour que j'en reste là, après ma lecture !

Un roman sur les limites de l'action humanitaire, même si les protagonistes décrits, sont engagés volontaires et motivés...Ils portent en eux leurs propres blessures, leurs ambivalences...ainsi que des motivations plus ou moins convaincantes !!

" Mais qui sont-ils, au juste, ces réfugiés ?
Maud se rendait compte qu'elle s'était contentée jusque-là de notions assez vagues. Elle n'était pas la seule.
Dès son entrée dans l'association, elle avait été frappée par le côté abstrait de l'humanitaire. On discutait géopolitique, situation des forces sur le terrain, enjeux stratégiques mais, finalement, les gens qu'il s'agissait d'aider restaient assez virtuels. Ceux qu'on appelait les "victimes" ou, en parlant de l'aide, les "bénéficiaires" étaient des êtres irréels sur lesquels nul ne semblait désireux de mettre un visage. Et le pire, c'était que, jusque là, cela lui convenait assez bien. Elle avait besoin d'aider et elle était satisfaite de savoir qu'il existait quelque part des personnes qui avaient besoin de secours. Mais ce sentiment renvoyait plutôt à elle-même qu'à eux. "(p. 55)

4 hommes, une femme, Maud (21 ans) se trouvent réunis pour une mission humanitaire, en Bosnie. Chacun arrive avec son passé, ses failles, ses engagements mais aussi ses désirs de fuite , pas avoués... Cinq personnalités affirmées. Dès le départ de la mission, les tensions sont des plus tangibles...

Un roman dérangeant, qui montre à quel point "l'enfer est pavé de bonnes intentions !!.... "
Comme l'annonce fort justement le 4éme de couverture, il s'agit un vrai "thriller psychologique" !!

Une fiction qui dit le meilleur et le pire des hommes et de l'action dite "humanitaire"... rien n'est tout blanc ou tout noir... et l'altruisme, le souci d'autrui peut être à la fois, source de générosité, d'empathie réelle, ou de fuites, camouflages de motivations plus ambiguëes, personnelles !

Les humanitaires ne sont pas des "Saints", ils trimballent comme chacun de nous, leurs "casseroles", mais nous avons trop fréquemment le réflexe élémentaire de les imaginer comme des "sur-hommes"...Ce roman a le mérite, en dehors du suspens intense , de faire des mises au point et de bousculer tout manichéisme , dans ce domaine délicat de "L'humanitaire" et de toute action caritative !!







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J'aime beaucoup Jean-Christophe Rufin, les bons moments de lecteur qu'il m'a fait passer m'incitent à le suivre et à acheter ses livres. Ce Check-point m'aura un peu déçu, sûrement parce que j'en attendais plus. J'ai retrouvé son style et son talent de raconteur d'histoires, celle-ci entraîne à bonne allure malgré la vétusté des camions vers le village terme de la mission humanitaire sous-jacente, mais le scénario à mi-chemin entre "Le salaire de la peur" et d'autres road-movies plus récents ne m'a que partiellement convaincu. le décor du conflit et les paysages sentent bons la précision et la justesse de celui qui a traîné ses bottes dans le coin, cependant les personnages m'ont semblé un brin caricaturaux. Je ne doute pas que son parcours humanitaire l'ait mis sur la route du correspondant des officines françaises, de l'ancien militaire qui embrasse la cause d'un des belligérants, du volontaire à la recherche de lui-même ou qui ne possède d'humanitaire que l'adjectif et l'écusson, mais leur réunion au sein de ces cabines de camions et leur trajectoire dans le roman me sont apparus par instants tenir plus du procédé que du déroulement naturel du fil de son récit. Voilà pour le bémol. Malgré cela, je ne regrette pas cette lecture...
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Avec Check-point, Jean-Christophe Rufin nous emmène en Bosnie, au coeur du chaos et du morcellement d'un pays soumis à une guerre civile où dominent les changements imprévisibles et permanents.

1995, dans un convoi composé de deux camions, quatre hommes et une femme partent en mission humanitaire pour porter des vivres, des médicaments et des vêtements aux civils, victimes de la guerre. Alors que le convoi progresse lentement sur les routes de Bosnie, les personnages se découvrent et on apprend assez vite que le chargement des camions n'est pas exactement celui prévu au départ. La mission devient beaucoup plus dangereuse et l'incertitude et le doute s'installent, générant une angoisse à chaque point de contrôle qui sépare les régions ; la frontière et le danger sont partout car chacun devient le gardien de son propre territoire. L'histoire se déroule comme un huis-clos, avec une tension de plus en plus présente, chacun se méfiant des autres.

Jean-Christophe Rufin, pionnier du mouvement humanitaire, connaît bien son sujet et, grâce à son talent de conteur, le lecteur est vite captivé. Les motivations de ceux qui partent risquer leur vie dans des missions humanitaires sont quelquefois passionnelles et ambiguës, les démarches les plus altruistes peuvent cacher des motivations très diverses et malheureusement déboucher finalement sur un sentiment d'illusion, d'impuissance et de frustration.

La réflexion que pose Jean-Christophe Rufin sur l'humanitaire aujourd'hui est hélas toujours d'actualité et les questions soulevées par le roman valent de nos jours dans plusieurs pays (Syrie, Libye, Mali…). Les héros de ce livre vivent en quelque sorte une répétition générale des dilemmes actuels ; de quoi les réfugiés ont-ils vraiment besoin ? L'espoir peut-il encore exister ? Quelles sont les marges de manoeuvre dont disposent les ONG ? L'aide doit-elle se limiter à la nourriture, aux vêtements et aux médicaments ? Jean-Christophe Rufin nous donne sa réponse : ne jamais abandonner et continuer la lutte contre l'injustice envers des populations sans défenses et prises au piège de la guerre.
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Avec ces deux camions qui roulent dans un environnement périlleux, Check-point fait parfois penser au Salaire de la peur. Dans un autre contexte, avec quatre personnages qui doivent se supporter (dans tous les sens du terme mais surtout celui de ne pas céder à la haine). Avant tout, le dernier Rufin est un roman d'aventures haletant, gorgé de suspense et de péripéties, même s'il présente des individus que l'on pourrait juger archétypiques mais dont l'auteur sait révéler les failles et nuancer les portraits pas aussi orthodoxes qu'il y parait de prime abord. La Bosnie est une toile de fond idéale : non seulement Rufin connait le terrain comme sa poche mais elle sonne aussi d'une certaine façon le glas de l'idéalisme humanitaire. Rufin y a cru comme beaucoup, avec la naïveté de ceux qui à défaut de changer le monde voulaient panser ses plaies en toute sincérité. Mais l'engagement a changé de forme, ce qu'explique l'auteur dans sa post-face. Ceci dit, il ne prêche pas, ce n'est pas son genre et le lecteur et, plus globalement, les êtres doués de raison et de convictions que nous sommes, n'ont aucune obligation de le suivre totalement dans son analyse. Mais on peut y réfléchir, bien sûr que oui. Comme dans la plupart de ses livres, il y a deux aspects dans Check-point : le romanesque, allègrement et brillamment illustré ; le philosophique (ce n'est pas un gros mot) suggéré, argumenté mais non point asséné. C'est pour ce respect de l'avis des autres et l'absence de prosélytisme que l'on aime l'écrivain et l'homme Rufin.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Cinq personnages (quatre hommes et une femme), deux camions remplis de vêtements, un paysage vaste et blanc, hostile, un pays en plein conflit. Jean-Christophe Rufin nous invite à le suivre sur les routes en direction de la Bosnie. Les personnages sont troubles. Ils sont employés par une ONG, tous au service de cette grande cause qu’est l’humanitaire. Pourtant, derrière cette unité de façade, ils affichent des profils extrêmement différents, et les véritables buts des uns et des autres ne vont pas tarder à se dévoiler. Le pays n’est pas en reste. Les frontières semblent aussi mouvantes que les règles.
Je suis une nouvelle fois totalement convaincue par le talent de l’auteur. Dans ce dernier opus, Rufin instille une atmosphère tendue qui va crescendo et pose la question du rôle de l’humanitaire : aider les populations à survivre, est-ce aussi les aider à combattre ?

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Comment un banal convoi humanitaire dans les Balkans tourne mal... Deux camions, quatre hommes, une femme et des affinités qui se nouent entre certains et de l'antipathie entre d'autres. le voyage avance et petit à petit, des tensions et des suspicions naissent. Les expériences sont différentes, certains plus silencieux que d'autres et finalement, il y la rupture. Un road trip captivant au final, on suit les équipes sans pouvoir se décider sur celui qui est dans son bon droit. Chaque difficulté sur le terrain oppresse le lecteur pour savoir comment va se poursuivre cette aventure dangereuse.
Une lecture qui fait découvrir les conditions de vie dans les Balkans et l'engagement humanitaire (jusqu'à quel point ?) sous forme d'un thriller psychologique assez passionnant. Bien envie de découvrir plus l'auteurs en lisant ses autres livres (Rouge brésil, Immortelle randonnée, Globalia...)
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L'univers des ONG est rarement exploré dans la littérature romanesque. Il l'est dans cet ouvrage de Jean-Christophe Ruffin. Certes pas forcément à son avantage. Mais après tout, ce n'est pas parce qu'elles oeuvrent dans l'humanitaire qu'elles devraient être exemptes de défauts. Elles aussi sont des entreprises humaines. Elles n'échappent donc pas aux rivalités de toutes sortes. C'est aussi ce qui donne sa crédibilité à pareil ouvrage.

Intervenant dans les zones de conflits, les ONG peuvent être malgré elles un canal d'infiltration pour des individus profitant de la couverture humanitaire et ainsi mener à bien des agissements partisans. Maud et Lionel, deux membres d'une ONG lyonnaise vont faire les frais de ces intentions divergentes. Les coéquipiers qui embarquent avec eux dans le convoi de ravitaillement affrété pour secourir des familles musulmanes encerclées dans la poche de Kakanj, au centre de la Bosnie alors en plein chaos, ne sont pas tous motivés que par des intentions humanitaires.

Les guerres civiles donnent champ libre à tout ce que la terre comporte de malfaisants pour commettre leurs crimes en toute impunité. Elles leur donnent l'occasion de s'approprier des biens et des territoires qu'ils contrôleront en installant ce genre de postes frontières, aussi mobiles qu'éphémères, que le langage moderne a retenu sous l'anglicisme de check-points.
Durant le conflit bosniaque des années 90, l'imbrication des zones ainsi contrôlées par les trois belligérants résultait de la même imbrication des communautés qui vivaient autrefois en harmonie. Avant que la haine ne se prenne à gouverner les esprits. Les frontières étaient alors devenues aussi mouvantes que fluctuants les rapports de force. Un parcours au travers de l'ex Yougoslavie était ainsi jalonné de franchissements de Check-points, le plus souvent improvisés par des milices de défense auto proclamées. Elles menaient alors leur entreprise scélérate sous couvert de motivation politique.

Jean-Chritophe Ruffin a donc choisi ce contexte pour mettre en scène son roman. L'intrigue conserve sa vraisemblance tout au long de ce road movie en presque huis clos, d'un check-point à un autre. La présence d'une femme dans l'aventure la supplémente avec avantage d'une affaire de coeur. Même si l'entreprise a une vocation humanitaire, le lecteur est préservé de la grandiloquence de bons sentiments sur vitaminés. Il est tenu en haleine jusqu'au tableau final où tout peut arriver.

En nous immergeant dans les péripéties de l'action humanitaire ce roman nous désigne ses acteurs comme de véritables aventuriers. Voilà un très bon ouvrage qui nous rappelle au passage à la précarité des situations de paix. Jean-Christophe Ruffin le souligne avec grande lucidité dans sa postface : "Il y a dans ce passé déjà lointain un peu de notre présent et, je le crains, beaucoup de notre futur". Restons vigilants.
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Des poids lourds qui se poursuivent dans un espace hostile, une ambiance virile et plutôt très tendue. Des personnages plongés dans un monde dans lequel il est question d'engagement, de courage, d'ambition, de haines...
Non vous ne lisez pas la critique du Salaire de la peur (désolé pour ceux qui sont nés après 1975 et qui n'auront peut-être pas "la ref") ou celle d'une film de José Giovanni (à nouveau toutes mes excuses aux mêmes).
Nous sommes chez Jean-Christophe Rufin dont je n'avais jamais lu un seul livre. Parfois les auteurs à succès nous semblent connus avant de les avoir lus à force de les entendre notamment dans les émissions de promotion.
J'avais tort car j'ai trouvé le livre bien écrit, assez passionnant, assez daté également dans son esthétique. le livre fait penser effectivement davantage à l'univers de Malraux qu'à celui d'Annie Ernaux.
En tout cas la réflexion sur l'engament humanitaire ne manque pas d'intérêt et la description d'une ex-Yougoslavie en guerre est tout à fait passionnante.
Après rien n'empêche de se faire une projection privée du livre avec Ventura ou Michel Constantin (décidément toutes mes excuses à nouveau pour les non-boomers!) dans les rôles principaux !
Une jolie découverte pour moi, mais j'arrive un peu "après la bataille", car le livre est déjà un peu ancien. Ses préoccupations sont toutefois toujours d'actualité.
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D'entrée je peux vous dire que Check-point est un très bon roman, à la lisière de plusieurs genres tels que le road-trip, le thriller psycho, le drame, le tout sur fond de mission humanitaire en pleine guerre de Serbie, Christophe Rufin a réussi à m'embarquer avec lui dans cette histoire ou les personnages sont tous bien construits, dans le petit groupe d'humanitaires que l'on suit ils sont cinq, tous avec de bons côtés (ou presque), mais aussi tous avec quelque chose d'irritant, ce qui les rend finalement humains tout simplement.

J'ai tout de même eu un peu de mal à ne pas m'ennuyer à partir de la moitié du livre mais ce sentiment ne dure finalement que quelques chapitres, c'est certainement moi qui n'était pas disposé à lire à ce moment là.

Pour finir je dirais que c'est un livre instructif sur la Serbie et les conditions de circulation des convois humanitaires en tant de guerre, un très bon road-trip et une partie thriller assez banale, toutefois le récit n'en est pas dénaturé et je vous conseille vivement ce roman écrit d'une plume efficace.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
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J'ai beaucoup aimé ce Check-Point qui certes, n'apporte aucun éclairage pertinent sur la guerre en ex-Yougoslavie mais sur les motivations et la raison d'être des "humanitaires".
Il se rapproche en ce sens de l'un de ses plus anciens romans publié en 1999, Asmara et les causes perdues que j'avais beaucoup aimé : il s'agissait alors de l'Erythrée. Les lieux et les hommes portent d'autres noms mais ils sont les mêmes et les hommes portent en eux le même désir de s'entre-tue, leurs raisons ? Vaines et obscures. Quant aux "humanitaires", il dénonce une fois encore les véritables motivations qui animent certains d'entre eux et l'inanité d'une certaine forme d'aide humanitaire.
Sous couvert d'un thriller efficace, Rufin revient à des thèmes qui lui sont chers, celui d'une génération un peu perdue et en mal des causes traditionnelles de l'engagement, qui les recherche du côté de l'action humanitaire...
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