Catherine est une vieille fille, qui a pour seule occupation son travail. Au point que c'est son patron lui-même qui a dû la pousser à prendre ses congés. Résignée, Catherine s'est décidée à rejoindre une amie qui avait emménagé au Brésil avec son mari. Mais elle ne s'attendait pas à tomber amoureuse d'un jeune brésilien.
C'est fou comme je ne m'attendais pas du tout à ce que l'histoire prenne un tel tournant… Au départ tout est beau. Catherine est à peine dans l'avion qu'elle se rend compte que ce voyage va lui faire du bien. Sur place le mari de son amie ne l'enchante guère mais dès qu'elles sont toutes les deux elles retrouvent leurs fous rires complices. Sur les plages de Recife elles prennent le soleil, brûlant, et regardent les beaux garçons passer. Jusqu'au jour où un de ces mâles vient accoster Catherine. Il est à l'image de ces sortes d'escort boys touristiques, comme dans le film Vers le Sud. Très beau, charmeur, à la disposition de Catherine ; mais tout cela n'est pas gratuit. Il lui offre sa compagnie et son corps, elle paye les sorties et les cadeaux. C'est une relation donnant-donnant, dans laquelle chacun sait à quel jeu ils jouent. J'ai beaucoup aimé cette première partie, où entre adultes consentants chacun apporte ce qu'il peut à l'autre. Catherine a de l'argent mais se sent seule, Gil est pauvre et a du temps à donner.
Là où le joli rêve tourne court, c'est qu'il n'est pas fait pour durer. Les vacances ne durent qu'un temps, Catherine doit rentrer en France et faire ses adieux à Gil. Et c'est là que l'histoire prend une tout autre direction que celle que je me figurais. Catherine va remettre toute sa vie en question et plonger dans une descente aux enfers dont elle est à mille lieues de se douter. Il m'est impossible de vous donner plus de détails, c'est une histoire qu'il faut vivre en même temps qu'elle, à mesure qu'on la lit, pour se l'accaparer intensément. Je peux juste vous dire que son amour, car il s'agit bien d'amour, elle va le vivre avec une abnégation hors du commun. Même sans réciprocité. Comme elle le dit, « On aime la mer […]. Pourtant la mer ne nous aime pas ». Elle va se donner littéralement à Gil, corps, âme, et tout le reste. Quitte à se perdre.
En préambule
Jean-Christophe Rufin nous explique qu'il s'agit d'une histoire vraie. Il est arrivé un jour à Recife et le consul, bouleversé, lui a raconté l'histoire de cette femme. Cela rend-il le roman d'autant plus fort ? Sincèrement je ne pense pas. L'écriture de
Jean-Christophe Rufin est comme d'habitude un régal, il sait distiller l'émotion au compte-gouttes pour qu'elle s'insinue au plus profond de chacun, et qu'elle ne nous quitte pas, jusqu'au bout. Même inventée cette histoire m'aurait donné les mêmes frissons et j'aurais éprouvé autant d'empathie pour Catherine.
Quelque part pourtant, j'avais envie de la secouer, de lui ouvrir les yeux. Mais même si j'ai du mal à le comprendre, après tout, c'était son choix de donner sans retour. Elle s'est malheureusement laissée glisser vers un point de non-retour. Cela n'en était pas moins son choix. Alors malgré tout je l'admire, pour avoir su n'agir que par amour.
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