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3,49

sur 186 notes
Ce roman d'Antoinette Rychner est ma première déception de l'année, c'est un flop pour ma part, un livre singulier qui ne plaira pas à tout le monde mais dont je n'exclus pas une relecture dans quelques années.

J'ai pour tout dire failli abandonner ma lecture en cours de route. Je n'aurais d'ailleurs très honnêtement pas fait l'effort de poursuivre ma lecture si je n'avais pas reçu ce roman dans le cadre d'une masse critique. Je l'avais cochée car j'aime beaucoup la couverture, que c'était du post-apo et que le roman était court : 267 pages seulement.

Je pensais que cela se lirait vite et bien, pas vraiment en réalité… J'ai vite ramé dans ma lecture peinant à me raccrocher à un élément me motivant à tourner les pages de ce roman que je trouvais déprimant. J'ai eu un mois de janvier compliqué et je n'étais clairement pas dans les meilleures dispositions possibles pour lire ce genre de roman. Il n'y a pas d'action ou très peu et s'il y a des personnages, la construction du récit rend très difficile l'attachement à ces derniers, d'ailleurs ils sont à peine esquissés. L'intérêt de la lecture n'est pas là. Si vous recherchez un roman de post-apo dynamique avec des personnages attachants, en bref un chouette roman de divertissement je ne conseille pas cette lecture.

Non tout l'intérêt du roman se fait dans la réflexion sur l'effondrement et la chute du système mondiale et l'après. En s'inspirant de la théorie de la “collapsologie” défini par Wikipédia comme étant “un courant de pensée transdisciplinaire apparu dans les années 2010 qui envisage les risques, causes et conséquences d'un effondrement de la civilisation industrielle et ses conséquences” l'auteure nous propose un roman qui apparaît comme étant probable, réaliste et de ce fait effrayant mais aussi très sombre. Il n'est pas agréable de se dire que tout ce que nous tenons comme acquis sans même y songer car nous avons toujours vécu ainsi peut en quelques semaines, mois totalement s'effondrer. C'est un roman qui incite à s'interroger sur l'environnement, notre consommation, le capitalisme, la nature humaine et notre capacité à vivre ensemble. Les interrogations sont concrètes, parfois très crues. C'est un roman qui ne donne pas vraiment espoir en l'avenir et la nature humaine. Nos pires aspects l'emportent bien souvent sur les meilleurs…

Si le propos est intéressant, raison pour laquelle je mets la moyenne à ce roman je pense que c'est la forme qui m'a pour ma part le plus dérangé : l'auteure a fait le choix d'écrire tout son roman au féminin pluriel, un choix un peu déstabilisant au début même si on s'y fait vite. En revanche, l'alternance des points de vue, pas moins de 20 en tout entrecoupés de “chants”, mémoire et réflexion de deux femmes que l'on retrouve au gré des points de vue tout au long du roman racontant l'effondrement mondial et les années qui suivent celui-ci m'a moins convaincu. J'aurai sans doute davantage adhéré à une construction plus classique avec des personnages plus creusés.

Malgré cet avis mitigé, il est indéniable qu'Antoinette Rychner propose ici un roman singulier qui se démarque de ce que j'ai déjà pu lire dans ce genre là. C'est un roman travaillé qui à défaut de vous plaire ne vous laissera pas indifférent je pense. Il m'a laissé songeur sur ce qui pourrait peut-être bien nous arriver dans un futur plus ou moins proche. Rien de très réjouissant…

Merci à Babelio et à Happer Collins pour l'envoi de ce roman.
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COLLAPSOBOBOLOGIE APPLIQUÉE

À tout seigneur, tout honneur : remercions pour commencer les vénérables éditions Buchet-Chastel ainsi que notre site bibliomaniaque en ligne préféré, l'incontournable Biblio.com, pour cet envoi réalisé dans le cadre d'une Masse Critique spéciale.

Avant d'entamer une chronique probablement assez rapide, il nous fallait préciser que nos lectures nous portent assez régulièrement vers ces genres que l'on désigne aujourd'hui bien souvent par les termes que voici : roman dystopique, post-apocalyptique (souvent désigné par son apocope de "post-apo"), parfois "anticipation" - qui a un peu vieilli mais que nous trouvions pourtant à notre goût -, plus rarement encore "contre-utopie", qui implique bien souvent une part non négligeable de descriptions et d'explications savantes, philosophiques, politiques d'où la part romanesque est généralement évincée ; de toute manière, ce genre qui fit les beaux jours des rayons des libraires de la fin du XIXè et du début du siècle précédent ne fait plus guère recette aujourd'hui. L'un des plus récent et parmi les plus remarquable est bien évidemment le fulgurant roman de l'américain Cormac Mc Carthy, La route qui, sans jamais faire dans la démonstration ni l'étude de thème fastidieux, est d'une puissance colossale, servi par un style souvent bref mais d'une étrange et souvent violente poésie. Mais il en existe bien d'autres. 

Hélas, c'est un peu tout l'inverse ici. Reprenons depuis le début : 
Nous sommes dans pas bien longtemps (fin 2022 pour être exact). "Cela" débute par un simple ouragan un peu plus fort que les autres, un peu plus destructeur et surtout atteignant la région la plus riche du globe : les côtes de la Californie. Jusque-là, rien que de très malheureusement (de plus en plus) commun. Sauf que... Sauf que l'effondrement tant craint (espéré ?) par certains, à commencer par ceux que l'on nomme désormais de ce néologisme plutôt bien trouvé, les collapsologues, est déjà en cours : les sommes à rembourser sont tellement faramineuses, les dégâts tellement incroyables, que le marché, jusque-là bon prince, les sociétés d'assurance, véritables hydres financières modernes, ne peuvent s'en sortir. Au Noël de cette annus horribilis, il est désormais clair que le système n'est plus assez résilient pour s'en sortir, malgré toutes les "réunions au sommet" de rigueur. Par effet domino, c'est l'ensemble des secteurs économiques puis sociaux et politiques qui vont être touchés, d'abord aux USA puis sur toute la planète, pour ne plus jamais pouvoir faire machine arrière. 

La suite, c'est principalement à travers le regard - et la voix, dite ou scandée, à la manière, ou supposée telle, des bardes celtes : c'est une dimension essentielle du roman - de deux femmes que le hasard a réuni au moment où s'instauraient le pouvoir inique des "Frères Helvètes" (clin d’œil ironiquement renversé aux tristement célèbres "Frères Musulmans" ?), Barbara et Christelle, jugées pas assez purement suisses pour pouvoir rester au sein de la petite communauté (racialiste) des nouveaux dominants. Après un long voyage en Maramure - une région de Transylvanie à la frontière entre Roumanie et Ukraine, jugée par a priori écolo-bobo plus résiliente car moins atteinte par les assauts néfastes de la post-modernité : cela s'avérera plus un rêve qu'une réalité -, ces deux femmes, accompagnées d'un mari et d'une enfant pour l'une, de ses souvenirs pour l'autres, s'en reviennent à la Chaux de Fonds afin de tenter à nouveau leur chance dans la région de l'ancienne Suisse où elles avaient fait leur vie d'avant. 

S'ensuit alors toute une galerie de portraits - hâtivement brossés et manquant bien souvent de profondeur - de ces survivants de l'après, de descriptions plus ou moins précises de ces micro-sociétés reconstruites bien souvent autour d'une poignée de "sachants" aux savoirs techniques et agricoles devenus immensément précieux (mais qu'on voit en réalité fort peu), ayant eu à lutter ou luttant encore contre des chefs de bande sans scrupule mais qui ont compris que ces petites expériences communautaires plus ou moins anarchisantes (dans un sens politique) sont leur principales sources de ravitaillement et qu'il est préférable de les contrôler, d'en limiter la propagation tout en les laissant vivre à défaut de ne plus pouvoir maintenir leur propre nouvel ordre, violent, brutal, raciste, machiste, intolérant mais généralement assez improductif. Chaque personnage croisé au sein de ces petites structures porte en lui son lot de drames récents, de désespoir mais aussi d'espoirs, de volonté de vivre et de reconstruire "autre chose", mieux, plus juste, plus solidaire, plus équitable. Chaque chapitre amène ainsi son lot de témoignages, d'expériences manquées ou sur le point de réussir, de ce petit groupe initial qui se fait et se défait au fil des pages, au fil des rencontres mais aussi des drames. 

D'une construction très audacieuse autour de l'ordre alphabétique des prénoms des personnages croisés au fil du texte, abécédaire humain et humaniste au milieu duquel s'entremêlent plusieurs chapitres de "chants" - celui construit peu à peu par ces deux femmes - relatant le passé proche, le présent en passe de se reconstruire et du futur espéré malgré l'horreur d'un monde s'enfonçant peu à peu dans le chaos, l'ensemble, pourtant servi par un style très agréable, vif, facile sans être jamais simpliste, ne convainc pas. C'est alors qu'on se souvient que le roman est accompagné d'un bandeau : "lu et approuvé par Pablo Servigne" (les lecteurs de cette chronique pardonneront cette extrapolation. Ceci relève plus d'une interprétation très personnelle que de la réalité). Pourquoi en faire état ici ? Tout simplement pour la raison qu'il est évident que l'autrice de cette dystopie a lu, très à font, le fameux collapsologue. Ainsi que quelques autres, tel Dominique Bourg dont une citation de son Une nouvelle Terre - chroniqué par votre serviteur sur Babelio - dont une citation sert aussi de frontispice. Il est probable que mes lectures m'ayant déjà régulièrement porté vers ces rivages catastrophistes - mais possiblement réalistes -, l'effet de sidération qu'un tel roman pouvait provoquer sur votre humble serviteur s'en est trouvé irrémédiablement affaibli. Mais il y a aussi, et cela m'a paru vraiment insupportable, qu'il m'a semblé découvrir avec cet Après le monde, une sorte de copier-coller romanesque et théâtralisé (Antoinette Rychner est par ailleurs une brillante dramaturge) du désormais fameux Comment tout peut s'effondrer : Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes, et ses avatars éditoriaux successifs.
Sans aucun doute les intentions étaient-elles très bonnes et particulièrement ambitieuses, mais sans un certain recul, sans avoir bien pris le temps de mâcher et remâcher cette vision du monde à venir - tout à la fois terrifiante et pleine d'espoirs, même minuscules -, à vouloir aussi trop embrasser de thématiques - pêle-mêle : la violence, le racisme, le féminisme, la survie, les expériences politiques en milieu extrême, la culture et sa transmission, les rapports homme-femme, la féminité, le patriarcat, etc. Un feu d'artifice de thématiques bobos de très grandes villes, trop souvent ressassés et lassants -, Antoinette Rychner a pris le risque d'écrire un roman total, et s'est un peu fourvoyée.
Trop démonstratif, trop en surface, sans bien prendre le temps de pénétrer l'âme humaine à force de passer d'un portrait à un autre, guère convaincante dans les moments qui auraient dû se révéler les plus puissants, les plus forts tel le récit des périodes les plus dures. Ainsi, le lecteur prend le risque de voir défiler une sorte de catalogue collapso bien moins persuasif et suggestif - un comble - que les essais économiques, politiques et sociaux dont l'ouvrage s'inspire assurément. Il faudra par exemple attendre le troisième tiers du roman pour ressentir pleinement, sans filtre ni faux-semblants, une véritable peine humaine, en l'occurrence la douleur vécue par les parents d'une gamine qui se meurt d'une péritonite, par défaut de soins désormais inaccessibles... C'est long ! 

Lecture en demi-teinte, donc, pour ce récit intelligent (peut-être trop, dans une certaine mesure ?), trop prévisible, tellement gauche des beaux quartiers (par exemple la plupart des portraits sont ceux d'individus que l'on pourrait qualifier assez globalement de "CSP"... Alors qu'à un certain moment l'une des femmes de l'histoire reconnait que les survivants aux connaissances strictement pratiques sont franchement avantagés dans ce nouveau monde ! Mais où sont-ils dans ce livre, à part quelques fantômes croisés de loin en loin ?) et décidément trop démonstratif. On songe aussi à une suite ininterrompue de didascalies très développées. Si de telles notules sont indispensables à une mise en scène, elles sont loin de suffire à faire oeuvre. Même cette idée assez géniale de relater les chants presque intégralement au féminin en lieu et place du masculin grammatical habituel : l'idée est excellente mais finit très rapidement par n'être qu'un exercice de style dont on peine à voir le but, sinon que l'un prend la place de l'autre, et c'est tout. Une vraie déception tant j'aurais aimé apprécier un tel texte consacré à un sujet tellement crucial et dans une veine littéraire que j'apprécie tout particulièrement.
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Et si….. Et si tout à coup, le monde que nous connaissons n'existait plus ? Suite au dérèglement climatique et à d'autres catastrophes, nous nous retrouvons dans un monde de survivants, ou la technologie n'est plus la solution et où il faut se battre pour sa survie.
C'est à travers une sorte de chant choral, avec deux voix principales, Barbara et Christelle, relayées par d'autres voix de femmes, que nous suivons l'évolution de l'humanité au milieu d'un monde bien hostile… le plus grand danger viendra-t-il des changements climatiques, des usines qui déversent peu à peu leurs poisons faute de maintenance, ou plus simplement de l'homme ? Car je ne peux m'empêcher de citer cette phrase, certes fort connue, mais tellement de circonstance : » L'homme est un loup pour l'homme ».
Un roman visionnaire ? En tout cas, sa lecture ne laisse pas indemne, elle me rappelle un peu le sentiment que j'avais éprouvé lors de la lecture de « La route » de Cormac McCarthy …Oui, il faut dire que ce sont des lectures à éviter si l'on broie déjà du noir…
L'écriture de l'auteur est concise, précise et nous permet de suivre l'histoire sans aucun problème, malgré le changement fréquent de narratrices…
Une lecture intéressante, mais là il faut que j'embraye vraiment avec quelque chose de plus léger….
Encore merci à Babelio et son opération de masse Critique ainsi qu'aux Éditions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce livre.



Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge ABC 2019/2020
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2022 : un cyclone balaie la côte ouest des USA, provoquant des dizaines de milliers de morts. La crise qui s'en suit provoque l'effondrement des économies américaine puis mondiale : les transports, la production d'énergie, les réseaux de communication, les usines de haute technologie, tout s'arrête progressivement.
Quelques années plus tard, des communautés se sont installées tentant de recréer des micro-sociétés autonomes et de résister aux pillards, sans pouvoir s'appuyer sur des technologies connues mais impossible à mettre en oeuvre.

Antoinette Rychner nous livre une histoire dont l'argument principal ressemble un peu à celui de Malevil de Robert Merle ou de la route de Cormac McCarthy : la construction, ou pas, de nouvelles vies sociales après une catastrophe ayant détruit notre société.
J'y ai cependant trouvé deux ingrédients majeurs, qui apportent une originalité intéressante à Après le monde :
- la nature de la catastrophe à l'origine des destructions : ici pas de bombe nucléaire ou de collision avec une météorite, juste un cyclone un peu plus fort que les autres qui frappe au mauvais endroit, San Francisco et la Silicon Valley, entraînant une série de faillites et un arrêt presque complet de l'économie mondialisée. Cela ne manque pas de nous rappeler les conséquences de la crise COVID-19...
- la forme de la narration : elle s'appuie sur quelques chapitres contant le délitement de l'économie mondiale et les efforts de survie des uns et des autres, et de nombreux portraits d'individu(e)s (l'histoire est racontée par des femmes, au féminin !) permettant d'entrer plus en détail dans les conditions de (sur)vie sur terre au cours des plus de 35 ans qui suivent la catastrophe.

Ajoutons la belle écriture de l'auteure, à la fois riche et simple, se laissant lire avec fluidité, et tous les ingrédients sont réunis pour un coup de coeur !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Connaissezvous la collapsologie, ce courant de pensée qui prédit l'effondrement de notre civilisation? Ce phénomène qui fait cruellement écho à notre actualité du moment est au centre du roman "Après le monde" de l'auteure, venue de Suisse, Antoinette Rychner.

Dans cette dystopiepost-apocalyptique particulièrement sombre et dense, Antoinette Rychner situe son intrigue se déroule en 2023, dans un monde en plein effondrement .

Un monde qui a subi nombreux dérégléments climatiques et autres catastrophes écologiques, survenues d'abord en Californie , puis dans le reste du monde, dans un effet jeu de domino dont la brutalité et radicalité interpellent forcément aujourd'hui.

Dans cet espace devenu un lieu d'errance et de perdition, où l'on ne trouve plus aucune nourriture, d'hôpitaux, de la moindre ressource énergétique, et plus aucune institutions politique et judiciaires, un petit groupe- composé en grande majorité de femmes- cherche le retour à de véritables alternatives et solidarités locales afin de trouver un moyen de vivre et de se réinventer dans ce monde d'après.

On suit notamment le parcours de deux de ces femmes qui se vont transmettre les histoires d'avant; afin que survive la mémoire des ces belles et insouciantes années.

Ce texte qui fait penser à la Route de Cormac Mc Carty, à "Station Eleven " d'Emily Mandel ou plus récemment au dernier roman de Sandrine Colette, trouve un écho particulièrement douloureux à la psychose qui nous embrase actuellement depuis cette pandemie du coronavirus.

On a certes souvent tendance à trouver des accents prophétiques à tout ce qu'on lit ou voit en temps de crise, mais pour le coup ce roman d'Antoinette Rychner est particulièrement a propos.

Le sujet est plus qu'actuel et ceux qui auront envie de se changer les idées après s'être ingurgité des tonnes de journaux télévisés aux nouvelles les plus anxiogènes les unes que les autres prendront soin d' éviter cette lecture, mais les autres qui seront touchés par ce propos Les adeptes de collapsologie et tous ceux qui estiment que le système économique mondial va s'écrouler rapidement aimeront forcément cette réflexion profonde et pleine d'acuité sur cette façon singulière et audacieuse d'envisager notre rapport au monde et aux êtres vivants qui peuplent la terre.

Le récit de Rychner prend rapidement une tournure qui se veut comme un hymne à la résistance féminine et à la puissance du langage, aussi bien à l'écrit mais également par le biais de l'oralité; les seules armes qui pourront peut- être sauver notre espèce en totale perdition .

Un roman uppercut d'Antoinette Rychner qui ne contribuera pas forcément à réduire notre niveau élévé d'anxiété du moment, mais qui mérite à coup sur d'être conseillé.dénoncant largement les dérives du monde capitaliste.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Cette lecture m'a profondément et durablement remuée. Je ne saurais pas précisément expliquer pourquoi. Sans doute parce qu'il n'y a pas d'éléments concrets de réponse, cela relève plutôt du champs des émotions primaires : angoisses, espoirs et un espèce de truc ancestral (ça me plaît d'imaginer ça en tous cas), un peu comme lorsqu'on accouche et qu'on sent ce lien si puissant qui nous relie à nos ancêtres et à la mort. Ah je vous vois déjà vous demander si j'ai fumé avant d'entamer la rédaction de ce billet ! Et la réponse est non.

Pour être tout à fait honnête, je dois vous dire que j'ai commencé ma lecture assez dubitative, notamment à cause de la forme adoptée par Antoinette Rychner : le lecteur suit les deux personnages principaux, que sont Barbara et Christelle, à travers le regard des femmes qui les croisent tout au long de leur périple (à la recherche d'une communauté d'accueil, de la Suisse à la Roumanie, puis de la Roumanie à la Suisse, en passant par les Pays-Bas, la Finlande...) mais aussi grâce aux chants qu'elles composent à quatre mains et à deux voix (chaque chant formant également un chapitre qui alterne avec ceux des femmes). C'est déjà assez particulier en soi mais il faut encore ajouter à cela l'emploi du féminin pluriel dans le récit, même lorsqu'il n'est question que d'un seul homme. Un début un peu difficile quoi. Mais on s'y fait rapidement !

La catastrophe à laquelle le monde doit faire face dans le récit, après l'effondrement économique des Etats-Unis en 2023 à la suite d'un énorme ouragan, est prétexte à questionner notre rapport au monde, à la nature, aux êtres vivants qui peuplent la terre. Les nouvelles sociétés que l'auteur invente sont profondément réalistes. C'est pour cela sans doute que c'est si effrayant.

Antoinette Rychner ne se contente pas de s'interroger sur de grandes questions telles que la surconsommation, le système politique et économique, les frontières (réelles ou imaginées), la place des femmes dans la société, l'agriculture, le réchauffement climatique etc... mais aussi sur des sujets beaucoup plus prosaïques tels que : comment retirer ce stérilet obsolète ? quid des lunettes de vue impossible à fabriquer ? des caries que l'on ne peut plus soigner (sans parler des appendicites ou autres maladies qui nous paraissent bénignes grâce à la technologie actuelle). Et comment se passer de papier toilette quand on a eu l'habitude d'en utiliser à volonté ??

J'ai beaucoup aimé lire sa proposition de nouvelles communautés qui pensent autrement l'architecture, l'agriculture, la culture (il y a un très beau travail sur la transmission orale). La réapparition d'ancien métiers aux noms si désuets et charmants.

Grâce à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel, c'est un très beau livre que j'ai eu l'occasion de lire. Un roman étrange, vraiment surprenant, mais aussi très puissant, poétique, noir. Très beau, vous dis-je.

Je me demande franchement si l'être humain parviendra un jour à trouver comment vivre en harmonie avec son environnement naturel et ses semblables. J'espère que oui. Mais...
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L'effondrement de notre civilisation est raconté par un choeur de femmes, toutes différentes. le début est vraiment plausible (réchauffement climatique, faillites en séries, catastrophes naturelles, etc...). Je précise que ce livre a été écrit juste avant la pandémie.
Ce roman utilise le féminin, c'est une approche intéressante, une autre façon de voir les choses mais ce récit n'en est pas moins très sombre. D'ailleurs, il rappelle la Servante écarlate, à la fin. Cependant, il amène une réflexion nécessaire sur notre système mondialisé de consommation frénétique.
La plus grande partie du livre est axée sur le périple de quatre personnes, deux femmes, "les conteuses", un homme et une enfant.
Ce n'est peut-être pas le moment de lire un écrit où il est question d'un tel enchaînement de catastrophe, à savoir crise financière puis pandémie, puis guerres, puis explosion de centrales nucléaires, non ? Mais, comme dit le poète "Les chants désespérés sont les chants les plus beaux".
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Quand notre monde aura explosé

Le roman post-apocalyptique d'Antoinette Rychner est certes un appel à prendre en compte l'urgence climatique, mais il est aussi bien davantage. Quand tout s'effondre, comment (re)définit-on alors l'humanité?

L'actualité avec ses événements climatiques à répétition et la mise en garde de scientifiques – les plus alarmistes nous expliquant qu'il est déjà trop tard – fournissent la matière aux romans post-apocalyptiques. En cette rentrée, Sandrine Collette avec Et demain les forêts et Antoinette Rychner avec Après le monde nous en livrent deux versions qui ne laissent guère espérer un avenir radieux pour la planète.
L'événement déclencheur de la catastrophe est ici situé le long d'une ligne de faille, le long de la Côte Ouest des États-Unis. À la suite d'un ouragan entrainant des dizaine de milliers de morts, le processus systémique s'enclenche et les dominos tombent les uns après les autres : la faillite des compagnies d'assurances entraine la faillite des banques et celui du système économique. Les réseaux électriques et les réseaux de communication cessent de fonctionner, l'anarchie gagne du terrain d'autant que d'autres événements climatiques se produisent. En quelques mois à peine la planète aura totalement changé de visage, renvoyant les populations quelques siècles en arrière. Désormais il faut trouver de quoi se nourrir, de quoi se chauffer, de quoi se protéger. Ce sont ces premières années post-catastrophe que racontent Christelle et Barbara, deux femmes qui ont composé des «chants de témoignage» et qui reviennent d'un exil au Maramures où les conditions de vie semblaient devoir être meilleures, car basées sur «un mode de vie traditionnel, déconnecté des technologies. L'environnement y était préservé ; à coup sûr une région à haut potentiel de résilience.» Un renversement des valeurs qu'Antoinette Rychner va aussi utiliser pour rendre encore davantage saisissant son récit. La communauté se retrouve du côté de la Chaux-de-Fonds, dans cette Suisse qui était jusque-là l'un des pays les plus prospères, mais aussi les plus régulés et les plus propres. le contraste avec ce nouveau monde, construit sur les nécessités vitales, n'en est que plus frappant. Désormais, les hôpitaux ou les dentistes sont abandonnés faute d'énergie capable de faire fonctionner leur technologie. «Sont arrivés la typhoïde, la dysenterie, le choléra.»
Désormais ce sont de petits groupes d'humains qui tentent de se construire un avenir, car «le concept même de nation avait perdu en signification. Les enjeux étaient devenus régionaux, l'aspiration identitaire s'était reportée sur des appartenances locales: bassins hydrographiques, noeuds du panorama, vallées et montagnes.»
Mais comme au Maramures, les communautés ne vont pas tarder à se heurter aux candidats désireux de s'installer dans ces havres préservés. Les «étrangers» deviennent un problème, semblant attirer avec eux tous les périls. Les «Frères Helvètes» entendent définir qui est autorisé à vivre là en édictant des règles censées définir le bon et le vrai suisse. Aussi simpliste que dangereux.
Christelle – taxée d'intellectuelle – va du reste faire les frais de cette dictature qui ne dit pas son nom et devoir partir à nouveau. Avec famille et amis, elle prend alors la direction de Hambourg où il semble exister une communauté plus ouverte et tolérante…
Antoinette Rychner passe alors de l'anticipation à la dystopie, en posant la question de la place de la culture dans un monde qui doit d'abord construire une agriculture, qui doit d'abord trouver des règles de vie en commun. Mais, elle nous fait aussi comprendre la nécessité de pouvoir s'appuyer sur les «chants», les récits qui élargissent cet horizon limité, la possibilité de s'imaginer un lendemain.
Saluons tout à la fois la construction audacieuse du roman avec ces chants rétrospectifs, chronique d'une catastrophe et de ses suites, qui viennent ponctuer cette errance vers un monde meilleur et la solide documentation sur laquelle s'appuie le récit, le rendant du coup vraisemblable.
Comme le disait un slogan il y a quelques années, slogan qui résume bien Après le monde: au poids des mots vient ici s'ajouter le choc des idées.
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A l'issue de sa lecture, et cela n'est pas une mauvaise chose, le lecteur se demande si "Après le monde" est un roman (l'histoire des bardesses Barbara et Christelle), un essai sur l'évolution de notre société (la catastrophe est -elle imminente, à quand et comment la fin du monde ?) ou un manuel de survie pour l'après effondrement du système (comment fabriquer une pompe à chaleur à partir de moteurs récupérés).
Ma réponse personnelle est que ce roman, et là du coup c'est une excellente chose, est tout cela à la fois.
Dans un style agréable, d'une écriture facile à lire, Antoinette Rychner, revisite les romans de fiction et les films traitant de sociétés post apocalypse.
Elle remet en cause avec intelligence la plupart des concepts du genre et nous propose un livre original, bien documenté, facile à lire, qui conduit à nous interroger sur notre rôle et notre capacité à nous opposer réellement au système ou à simplement en être ses jouets en prétendant en être les victimes....
La question mérite d'être posée !
Son hypothèse de l'affaissement de notre système par le biais de l'incapacité des fonds d'assurance et de réassurance à honorer leurs engagements "Mais les coûts des dégâts se révélaient si massifs qu'on craignait l'incapacité à les couvrir" est tout à fait crédible.
Antoinette Rychner repose à sa façon la fameuse question de Fourastié "Pourquoi travaillons nous ?"
Et à la lecture de son livre, nous admettons que nous ne le savons plus !
Sa description des relations sociales dans une société post apocalypse où tout vient à manquer, mais où les demandes de la population sont fortes, est particulièrement réussie.
Elle pose parfaitement la question de la différence entre les sociétés industrielles où le soit disant "progrès" nous conduisait à toujours plus de bien être mais en nous éloignant de la connaissance et de la maîtrise du système que nous étions entrain de construire et une société post apocalypse où la demande de la population est basée sur une situation connue, vécue et regrettée (des services médicaux efficients, un réseau de communications terrestre et numérique performant, de l'eau courante et du chauffage pour ne citer que les principaux...) mais disparue à jamais.
Dans ce contexte, toutes les dérives sont possibles. La société revient au principe de base du "Struggle for Life" et les communautés qui s'organisent pour conserver du lien social et assurer la survie redoutent les menées de ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir. Les anciens services de police livrés à eux mêmes par exemple.
Les exemples donnés par l'auteur sont très parlants et permettent de mesurer l'écart entre l'envie et la réalité des choses :
"Non, ils n'ont pas l'eau courante. Faire couler l'eau des robinets, ça demandait des systèmes d'adduction et d'assainissement, des compresseurs, des pompes, des alternateurs, des traces automatisés..."
C'est dans ce contexte de méfiance et de défiance que deux femmes décident de chanter le temps d'avant, non par nostalgie mais par souci de ne pas oublier ses valeurs fondamentales.
C'est le périple des deux femmes, leurs rencontres qui permet à l'auteur de nous livrer une histoire à plusieurs voix dans laquelle chaque personnage exprime une part de vérité et une part d'histoire.
La véritable "chanson de geste" de Barbara et Christelle va devenir un point commun entre tous les personnages et c'est la recherche de sa sauvegarde par l'oral et par l'écrit, de sa traduction qui en feront le lien entre tous ceux qui ne veulent pas céder à la violence.
Livre salutaire, livre d'espoir ou la solution revient à l'humain, Après le Monde est un manifeste engagé qui tire une sonnette d'alarme et nous amène à regarder aussi du côté de notre propre responsabilité.
L'humour n'est toutefois pas absent du livre même si le sujet en laisse peu l'occasion. Ainsi s'exprime Queenie :
"Pour reconstituer la réalité du monde qu'elle avait connu, il lui arrivait de recourir à la liste des professions qu'avaient exercé ses contacts LinkedIn :
Responsable Customer Care Center, secrétaire de rédaction web-print, Social Media Expert, Head of Corporate Communications chez Chloé Droncourt GmbH, (...) Supply Chain Manager"
Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Buchet-Chastel de m'avoir permis de découvrir ce livre d'Antoinette Rychner.
A lire et à découvrir
Dépêche-vous, avant l'apocalypse...

Lien : https://camalonga.wordpress...
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Roman post-apocalyptique dense, une vision du monde à venir sombre, un monde qui a subi dérèglements climatiques et autres phénomènes catastrophiques et qui devient le monde de la survie à tout prix. Nombreuses thématiques abordées comme le réchauffement climatique, la violence, le féminisme, les systèmes politiques.
Un roman intéressant, très documenté, des passages parfois un peu longs, mais qui n'enlèvent rien à l'intérêt de cet opus. Un livre qui pousse à la réflexion; notre société est une société de plus en plus assistée, de nombreux progrès asservissent les êtres humains entraînant la perte des connaissances et la maîtrise des éléments de survie par exemple.

Merci à Babelio Masse critique ainsi que les éditions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce roman.
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