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3,49

sur 186 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce roman d'Antoinette Rychner est ma première déception de l'année, c'est un flop pour ma part, un livre singulier qui ne plaira pas à tout le monde mais dont je n'exclus pas une relecture dans quelques années.

J'ai pour tout dire failli abandonner ma lecture en cours de route. Je n'aurais d'ailleurs très honnêtement pas fait l'effort de poursuivre ma lecture si je n'avais pas reçu ce roman dans le cadre d'une masse critique. Je l'avais cochée car j'aime beaucoup la couverture, que c'était du post-apo et que le roman était court : 267 pages seulement.

Je pensais que cela se lirait vite et bien, pas vraiment en réalité… J'ai vite ramé dans ma lecture peinant à me raccrocher à un élément me motivant à tourner les pages de ce roman que je trouvais déprimant. J'ai eu un mois de janvier compliqué et je n'étais clairement pas dans les meilleures dispositions possibles pour lire ce genre de roman. Il n'y a pas d'action ou très peu et s'il y a des personnages, la construction du récit rend très difficile l'attachement à ces derniers, d'ailleurs ils sont à peine esquissés. L'intérêt de la lecture n'est pas là. Si vous recherchez un roman de post-apo dynamique avec des personnages attachants, en bref un chouette roman de divertissement je ne conseille pas cette lecture.

Non tout l'intérêt du roman se fait dans la réflexion sur l'effondrement et la chute du système mondiale et l'après. En s'inspirant de la théorie de la “collapsologie” défini par Wikipédia comme étant “un courant de pensée transdisciplinaire apparu dans les années 2010 qui envisage les risques, causes et conséquences d'un effondrement de la civilisation industrielle et ses conséquences” l'auteure nous propose un roman qui apparaît comme étant probable, réaliste et de ce fait effrayant mais aussi très sombre. Il n'est pas agréable de se dire que tout ce que nous tenons comme acquis sans même y songer car nous avons toujours vécu ainsi peut en quelques semaines, mois totalement s'effondrer. C'est un roman qui incite à s'interroger sur l'environnement, notre consommation, le capitalisme, la nature humaine et notre capacité à vivre ensemble. Les interrogations sont concrètes, parfois très crues. C'est un roman qui ne donne pas vraiment espoir en l'avenir et la nature humaine. Nos pires aspects l'emportent bien souvent sur les meilleurs…

Si le propos est intéressant, raison pour laquelle je mets la moyenne à ce roman je pense que c'est la forme qui m'a pour ma part le plus dérangé : l'auteure a fait le choix d'écrire tout son roman au féminin pluriel, un choix un peu déstabilisant au début même si on s'y fait vite. En revanche, l'alternance des points de vue, pas moins de 20 en tout entrecoupés de “chants”, mémoire et réflexion de deux femmes que l'on retrouve au gré des points de vue tout au long du roman racontant l'effondrement mondial et les années qui suivent celui-ci m'a moins convaincu. J'aurai sans doute davantage adhéré à une construction plus classique avec des personnages plus creusés.

Malgré cet avis mitigé, il est indéniable qu'Antoinette Rychner propose ici un roman singulier qui se démarque de ce que j'ai déjà pu lire dans ce genre là. C'est un roman travaillé qui à défaut de vous plaire ne vous laissera pas indifférent je pense. Il m'a laissé songeur sur ce qui pourrait peut-être bien nous arriver dans un futur plus ou moins proche. Rien de très réjouissant…

Merci à Babelio et à Happer Collins pour l'envoi de ce roman.
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COLLAPSOBOBOLOGIE APPLIQUÉE

À tout seigneur, tout honneur : remercions pour commencer les vénérables éditions Buchet-Chastel ainsi que notre site bibliomaniaque en ligne préféré, l'incontournable Biblio.com, pour cet envoi réalisé dans le cadre d'une Masse Critique spéciale.

Avant d'entamer une chronique probablement assez rapide, il nous fallait préciser que nos lectures nous portent assez régulièrement vers ces genres que l'on désigne aujourd'hui bien souvent par les termes que voici : roman dystopique, post-apocalyptique (souvent désigné par son apocope de "post-apo"), parfois "anticipation" - qui a un peu vieilli mais que nous trouvions pourtant à notre goût -, plus rarement encore "contre-utopie", qui implique bien souvent une part non négligeable de descriptions et d'explications savantes, philosophiques, politiques d'où la part romanesque est généralement évincée ; de toute manière, ce genre qui fit les beaux jours des rayons des libraires de la fin du XIXè et du début du siècle précédent ne fait plus guère recette aujourd'hui. L'un des plus récent et parmi les plus remarquable est bien évidemment le fulgurant roman de l'américain Cormac Mc Carthy, La route qui, sans jamais faire dans la démonstration ni l'étude de thème fastidieux, est d'une puissance colossale, servi par un style souvent bref mais d'une étrange et souvent violente poésie. Mais il en existe bien d'autres. 

Hélas, c'est un peu tout l'inverse ici. Reprenons depuis le début : 
Nous sommes dans pas bien longtemps (fin 2022 pour être exact). "Cela" débute par un simple ouragan un peu plus fort que les autres, un peu plus destructeur et surtout atteignant la région la plus riche du globe : les côtes de la Californie. Jusque-là, rien que de très malheureusement (de plus en plus) commun. Sauf que... Sauf que l'effondrement tant craint (espéré ?) par certains, à commencer par ceux que l'on nomme désormais de ce néologisme plutôt bien trouvé, les collapsologues, est déjà en cours : les sommes à rembourser sont tellement faramineuses, les dégâts tellement incroyables, que le marché, jusque-là bon prince, les sociétés d'assurance, véritables hydres financières modernes, ne peuvent s'en sortir. Au Noël de cette annus horribilis, il est désormais clair que le système n'est plus assez résilient pour s'en sortir, malgré toutes les "réunions au sommet" de rigueur. Par effet domino, c'est l'ensemble des secteurs économiques puis sociaux et politiques qui vont être touchés, d'abord aux USA puis sur toute la planète, pour ne plus jamais pouvoir faire machine arrière. 

La suite, c'est principalement à travers le regard - et la voix, dite ou scandée, à la manière, ou supposée telle, des bardes celtes : c'est une dimension essentielle du roman - de deux femmes que le hasard a réuni au moment où s'instauraient le pouvoir inique des "Frères Helvètes" (clin d’œil ironiquement renversé aux tristement célèbres "Frères Musulmans" ?), Barbara et Christelle, jugées pas assez purement suisses pour pouvoir rester au sein de la petite communauté (racialiste) des nouveaux dominants. Après un long voyage en Maramure - une région de Transylvanie à la frontière entre Roumanie et Ukraine, jugée par a priori écolo-bobo plus résiliente car moins atteinte par les assauts néfastes de la post-modernité : cela s'avérera plus un rêve qu'une réalité -, ces deux femmes, accompagnées d'un mari et d'une enfant pour l'une, de ses souvenirs pour l'autres, s'en reviennent à la Chaux de Fonds afin de tenter à nouveau leur chance dans la région de l'ancienne Suisse où elles avaient fait leur vie d'avant. 

S'ensuit alors toute une galerie de portraits - hâtivement brossés et manquant bien souvent de profondeur - de ces survivants de l'après, de descriptions plus ou moins précises de ces micro-sociétés reconstruites bien souvent autour d'une poignée de "sachants" aux savoirs techniques et agricoles devenus immensément précieux (mais qu'on voit en réalité fort peu), ayant eu à lutter ou luttant encore contre des chefs de bande sans scrupule mais qui ont compris que ces petites expériences communautaires plus ou moins anarchisantes (dans un sens politique) sont leur principales sources de ravitaillement et qu'il est préférable de les contrôler, d'en limiter la propagation tout en les laissant vivre à défaut de ne plus pouvoir maintenir leur propre nouvel ordre, violent, brutal, raciste, machiste, intolérant mais généralement assez improductif. Chaque personnage croisé au sein de ces petites structures porte en lui son lot de drames récents, de désespoir mais aussi d'espoirs, de volonté de vivre et de reconstruire "autre chose", mieux, plus juste, plus solidaire, plus équitable. Chaque chapitre amène ainsi son lot de témoignages, d'expériences manquées ou sur le point de réussir, de ce petit groupe initial qui se fait et se défait au fil des pages, au fil des rencontres mais aussi des drames. 

D'une construction très audacieuse autour de l'ordre alphabétique des prénoms des personnages croisés au fil du texte, abécédaire humain et humaniste au milieu duquel s'entremêlent plusieurs chapitres de "chants" - celui construit peu à peu par ces deux femmes - relatant le passé proche, le présent en passe de se reconstruire et du futur espéré malgré l'horreur d'un monde s'enfonçant peu à peu dans le chaos, l'ensemble, pourtant servi par un style très agréable, vif, facile sans être jamais simpliste, ne convainc pas. C'est alors qu'on se souvient que le roman est accompagné d'un bandeau : "lu et approuvé par Pablo Servigne" (les lecteurs de cette chronique pardonneront cette extrapolation. Ceci relève plus d'une interprétation très personnelle que de la réalité). Pourquoi en faire état ici ? Tout simplement pour la raison qu'il est évident que l'autrice de cette dystopie a lu, très à font, le fameux collapsologue. Ainsi que quelques autres, tel Dominique Bourg dont une citation de son Une nouvelle Terre - chroniqué par votre serviteur sur Babelio - dont une citation sert aussi de frontispice. Il est probable que mes lectures m'ayant déjà régulièrement porté vers ces rivages catastrophistes - mais possiblement réalistes -, l'effet de sidération qu'un tel roman pouvait provoquer sur votre humble serviteur s'en est trouvé irrémédiablement affaibli. Mais il y a aussi, et cela m'a paru vraiment insupportable, qu'il m'a semblé découvrir avec cet Après le monde, une sorte de copier-coller romanesque et théâtralisé (Antoinette Rychner est par ailleurs une brillante dramaturge) du désormais fameux Comment tout peut s'effondrer : Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes, et ses avatars éditoriaux successifs.
Sans aucun doute les intentions étaient-elles très bonnes et particulièrement ambitieuses, mais sans un certain recul, sans avoir bien pris le temps de mâcher et remâcher cette vision du monde à venir - tout à la fois terrifiante et pleine d'espoirs, même minuscules -, à vouloir aussi trop embrasser de thématiques - pêle-mêle : la violence, le racisme, le féminisme, la survie, les expériences politiques en milieu extrême, la culture et sa transmission, les rapports homme-femme, la féminité, le patriarcat, etc. Un feu d'artifice de thématiques bobos de très grandes villes, trop souvent ressassés et lassants -, Antoinette Rychner a pris le risque d'écrire un roman total, et s'est un peu fourvoyée.
Trop démonstratif, trop en surface, sans bien prendre le temps de pénétrer l'âme humaine à force de passer d'un portrait à un autre, guère convaincante dans les moments qui auraient dû se révéler les plus puissants, les plus forts tel le récit des périodes les plus dures. Ainsi, le lecteur prend le risque de voir défiler une sorte de catalogue collapso bien moins persuasif et suggestif - un comble - que les essais économiques, politiques et sociaux dont l'ouvrage s'inspire assurément. Il faudra par exemple attendre le troisième tiers du roman pour ressentir pleinement, sans filtre ni faux-semblants, une véritable peine humaine, en l'occurrence la douleur vécue par les parents d'une gamine qui se meurt d'une péritonite, par défaut de soins désormais inaccessibles... C'est long ! 

Lecture en demi-teinte, donc, pour ce récit intelligent (peut-être trop, dans une certaine mesure ?), trop prévisible, tellement gauche des beaux quartiers (par exemple la plupart des portraits sont ceux d'individus que l'on pourrait qualifier assez globalement de "CSP"... Alors qu'à un certain moment l'une des femmes de l'histoire reconnait que les survivants aux connaissances strictement pratiques sont franchement avantagés dans ce nouveau monde ! Mais où sont-ils dans ce livre, à part quelques fantômes croisés de loin en loin ?) et décidément trop démonstratif. On songe aussi à une suite ininterrompue de didascalies très développées. Si de telles notules sont indispensables à une mise en scène, elles sont loin de suffire à faire oeuvre. Même cette idée assez géniale de relater les chants presque intégralement au féminin en lieu et place du masculin grammatical habituel : l'idée est excellente mais finit très rapidement par n'être qu'un exercice de style dont on peine à voir le but, sinon que l'un prend la place de l'autre, et c'est tout. Une vraie déception tant j'aurais aimé apprécier un tel texte consacré à un sujet tellement crucial et dans une veine littéraire que j'apprécie tout particulièrement.
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L'effondrement de notre civilisation est raconté par un choeur de femmes, toutes différentes. le début est vraiment plausible (réchauffement climatique, faillites en séries, catastrophes naturelles, etc...). Je précise que ce livre a été écrit juste avant la pandémie.
Ce roman utilise le féminin, c'est une approche intéressante, une autre façon de voir les choses mais ce récit n'en est pas moins très sombre. D'ailleurs, il rappelle la Servante écarlate, à la fin. Cependant, il amène une réflexion nécessaire sur notre système mondialisé de consommation frénétique.
La plus grande partie du livre est axée sur le périple de quatre personnes, deux femmes, "les conteuses", un homme et une enfant.
Ce n'est peut-être pas le moment de lire un écrit où il est question d'un tel enchaînement de catastrophe, à savoir crise financière puis pandémie, puis guerres, puis explosion de centrales nucléaires, non ? Mais, comme dit le poète "Les chants désespérés sont les chants les plus beaux".
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Roman post-apocalyptique dense, une vision du monde à venir sombre, un monde qui a subi dérèglements climatiques et autres phénomènes catastrophiques et qui devient le monde de la survie à tout prix. Nombreuses thématiques abordées comme le réchauffement climatique, la violence, le féminisme, les systèmes politiques.
Un roman intéressant, très documenté, des passages parfois un peu longs, mais qui n'enlèvent rien à l'intérêt de cet opus. Un livre qui pousse à la réflexion; notre société est une société de plus en plus assistée, de nombreux progrès asservissent les êtres humains entraînant la perte des connaissances et la maîtrise des éléments de survie par exemple.

Merci à Babelio Masse critique ainsi que les éditions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce roman.
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Voilà qui change un peu des romans post apocalyptiques, pas d'explosion, de dévastation, de sols radioactifs ou de territoires brûlés. Non, le roman, situé dans un futur proche est basé sur la théorie de l'effondrement qui fait peur à de plus en plus de monde. Et j'avoue que les premiers moments du récit qui retrace les étapes de l'effondrement ont de quoi glacer le sang. Il suffit d'un grain de sable, dans une économie assise sur des fonctionnements de plus en plus opaques pour que les faits s'enchainent en cascade, comme un jeu de dominos. Ici, des phénomènes météorologiques violents et répétés ont provoqué tant de dégâts en Californie que les assurances ne peuvent plus suivre, entrainant un marasme financier et, petit à petit, l'extinction de tout le système... ça a l'air tellement simple...
L'auteure raconte également l'après. Par l'intermédiaire d'un groupe d'itinérants et notamment de deux femmes qui inventent une nouvelle sorte de troubadours en chantant des récits, nouvelle forme de transmission du passé et d'espoir pour l'avenir. Il y a eu d'abord le chaos, la violence, puis l'émergence de tentatives de nouvelles organisations, la nécessité de réinventer des modes de vie et de subsistance...
Tout ceci n'est pas très gai. J'ai eu l'impression d'un exercice qui puise un peu trop dans les théories de l'effondrement et tente de les illustrer par une forme romanesque qui peine néanmoins à s'incarner vraiment. le roman m'a intéressée pour ce qu'il montre de l'inaptitude des hommes dans des sociétés qui les ont éloignés des choses simples et utiles : moralité, si tout s'effondre, qui saura faire du feu sans briquet, construire une maison, reconnaitre les plantes comestibles, etc. ?
Mais il n'a jamais réussi à m'élever dans des sphères plus romanesques et donc marquantes. Pour cela, il vaut mieux lire Station Eleven d'Emily St John Mandel dont l'histoire de la Symphonie Itinérante et le questionnement sur ce qu'il reste d'une civilisation sont bien plus évocateurs et inspirants. Après le monde est un poil trop démonstratif à mon goût (et très très démoralisant)
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Eh oui, encore une histoire post apocalyptique.
Personnellement je suis assez férue de ce type de littérature, car cela met en scène les travers de notre société et les calamités vers lesquelles nous nous acheminons si nous perdons de vue le respect de la Terre et surtout des autres humains.
Pour preuve, j'en ai lu quelques uns que j'ai beaucoup apprécié :
Le Mur invisible de Marlen Haushofer pour la version seule au monde. Très bon.
Le Feu de Dieu de l'excellent Pierre Bordage, pour la version roadtrip en France.
Le monde enfin de Jean-Pierre Andrevon. Très bon aussi.
Et en vrac : la Route de Cormac McCarthy, Malevil de Robert Merle, The Rain de Virginia Bergin (plus pour les ados)...

Celui-ci aborde l'angle de manière originale : c'est finalement le système financier qui se retrouve à l'origine de l'effondrement de la civilisation, avant même nos comportements écologiquement discutables. le second point d'intérêt est le principe narratif :l es errances des personnages sont entrecoupées de chants, qui content la vie avant, la chute de la civilisation et l'adaptation à un nouveau quotidien. le petit bonus est que ces chants sont au féminin pluriel. Eh oui. Après des siècles où l'on conte le monde au masculin pluriel, pourquoi ne pas le conter au féminin pluriel ? Et c'est fou comme la couleur du récit devient plus féminine. On sait qu'il y a aussi les hommes, mais les femmes passent ainsi en première ligne. C'est bien agréable. Et l'on voit au fil du roman comment les chants vont se transmettre, comme les histoires au coin du feu se transmettaient autrefois.

Outre ces deux originalités, je n'ai pas été embarquée dans le voyage, autant que dans d'autres. Il m'a manqué un peu d'empathie. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Pourtant les problématiques de survie sont abordés de manière aussi concrète qu'intelligente en explorant : le manque de confort, les problèmes de santé avec les nouvelles épidémies et les soins médicaux redevenus basiques, les problèmes alimentaires et la façon de réapprendre à auto-produire, les apprentis dictateurs qui tentent de devenir maître des territoires en soumettant ses habitants, les moyens de transport ralentis et la mémoire de tout cela à conserver coûte que coûte. Comment l'humanité se réinvente dans un dénuement de début du monde.

Alors, faut-il le lire ? Si vous voulez. Ce n'est pas mon préféré sur le thème, mais il a le mérite d'être agréable à lire et d'offrir un angle original, avec une écriture fluide et agréable.
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La multiplication quasi névrotique de livres post-apocalyptiques relève-t-elle du symptôme ou de la prescience ? N'étant pas en capacité d'apporter de réponses, je ne peux que constater que l'idée d'un effondrement inéluctable s'enracine dans notre inconscient collectif et culturel.
"Après le monde" se joint au choeur des pythies alarmistes porteur de plusieurs axes originaux.
Inutile de chercher dans ce livre un déroulé narratif classique. C'est empreinte de ses influences de dramaturge qu'Antoinette Rychner nous invite dans une forme de mélopée à plusieurs voix, insérant entre les narrations un "chant" ressuscitant le Coryphée de la tragédie antique. Et il est intéressant d'appréhender cette lecture sous ces augures là, tant les codes de la dite tragédie y sont reproduits.
• La Péripétie. Et quelle péripétie ! Un basculement inédit plongeant le monde et les hommes dans un état de fragilité et de nudité que, dans note conscience de consom'acteurs pétris de greenwashing, nous pensions tenir à distance.
• La reconnaissance. Aristote en faisait le passage de l'ignorance à la connaissance. Et, effectivement, plus de leurre possible dans un monde où tout ce que nous tenions pour acquis disparaît à jamais.
• La situation pathétique, qui se passe de commentaires quand ne reste à l'humanité que les attributs de l'essentiel, ceux de la survie.
Si, dans l'Antiquité, les femmes étaient bannies de l'Orchestra, l'auteure prend le parti inverse, écrivant toute sa narration d'un "nous" collectif et féminin.
La tragédie antique se paraît d'ironie dans un but de catharsis, laissant aux dieux le choix de décider du destin de ces héros. C'est sans doute là qu'achoppe la comparaison. Dans l'amphithéâtre de notre monde présent, les déités ont déserté, nous laissant seuls face au monstre que nous avons créé dans un pacte faustien nourri de privilèges et de confort.
Ce livre m'a réellement troublée et même dérangée alors que le propos ne m'était en rien novateur. Étrangement, je ne parviens pas à en faire un objet littéraire, soupçonnant que son écho vient heurter l'inconscient évoqué en début de chronique. Quand la force de la catharsis échoue, il ne reste que le malaise et la puissance du déni.
A ceux qui voudraient tenter l'aventure, j'invite à lire les autres billets chroniquant ce livre. certains, très beaux, portent un message radicalement différent.
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Entamer un roman sur la fin de notre monde en pleine épidémie mondiale n'était pas forcément l'idée du siècle, mais j'ai tenu bon ; j'ai du mal à résister aux dystopies, je suis toujours curieuse de voir comment l'auteur va faire travailler son imagination et retomber sur ses pieds .. ou pas.

Disons d'emblée qu'il n'y a rien d'original dans cette nouvelle parution. L'enchaînement est souvent le même, ici des évènements climatiques importants en 2022 qui entrainent la ruine des compagnies d'assurances, qui entraîne à son tour toute l'économie dans le gouffre. Assez rapidement les Etats sont dépassés, les approvisionnements en énergie diminuent, les communications sont de plus en plus souvent coupées etc ..

Un jour arrive où il faut apprendre à vivre sans plus rien de ce qui a fait notre confort et notre quotidien. C'est la débrouille, puis la survie pure et dure. Les Etats s'étant effondrés, se sont des bandes qui règnent, violentes évidemment, des gourous s'autoproclament. Les épidémies prolifèrent, faisant des ravages puisqu'il n'y a plus rien pour se soigner, à part retrouver des remèdes de bonne femme.

L'auteure a choisi de raconter cette catastrophe d'un point de vue féminin. de cours chapitres donnent la parole à une multitude de femmes au gré des rencontres et des déplacements, chacune semblant passer le relais à la suivante. On suit tout de même plus particulièrement Christelle et Barbara, deux femmes qui ont décidé d'écrire leur histoire depuis le début des troubles, afin qu'elle ne se perde pas. Elles adoptent la forme chantée, souhaitant retrouver une sorte de filiation avec les bardes d'antan.

Cette diversité de femmes est intéressante, mais fait que l'on ne s'attache à aucune, leur portrait est trop sommaire, leur évolution difficile à saisir. Toutes ne réagissent pas de la même manière ; il y a celles qui se battent et essaient de recréer des communautés où l'on invente de nouvelles façons de vivre ensemble, avec les moyens du bord. D'autres passent leur temps à regretter ce qu'elles avaient, qu'elles considéraient comme normal et qui ne reviendra jamais.

Si la fragilité de nos sociétés moderne est bien montrée, j'ai regretté un parti-pris de catastrophisme toujours plus noir. J'ai lu ça et là que ce livre s'inscrivait dans le mouvement de la collapsologie, dont je ne suis pas friande. J'ai lu mieux sur le même thème, j'attendais plus d'inventivité.

En résumé, une lecture en demi-teinte.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Une plume fluide, élégante, au phrasé musical et raffiné... Que demander de plus ? Alors voilà: un peu de chair que diable! Pour qui ne connaît pas la Suisse et n'associe rien au nom de “La Tchaux” par exemple, le désespoir est cuisant. Quand donc cet ouvrage va -t-il cesser de faire l’inventaire des moments d’une société utopiste modélisée par les activités exemplaires d’une série de personnages abstraits et falots pour commencer l'histoire ? le récit ? l'aventure ? Les enjeux ? Les rebondissements ? la beauté (ou la laideur) ? La description d’organisations sociétales alternatives idéalement (et helvétiquement) artisanales en lieu et en place d’une intrigue, disons, un tantinet plus dramatique sont... ennuyeux. On finit par se dire que l'auteur aurait mieux fait d'écrire les éditoriaux d'un quotidien engagé que de masquer sa nature - et ses activités - tout à fait respectables par ailleurs - de philosophe politique sous le terme de “roman”.
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Dans cette dystopie, l'apocalypse envisagée renvoie immédiatement à la réalité que chacun vit actuellement. Les premières pages dépeignent avec un constat sans appel nos efforts pathétiques pour sauver ce qui est déjà condamné. Mais, problème, si on admet certes le talent pour raconter la société qui s'écroule, on ne peut que constater le manque de récit. Point de véritable personnage, point d'accroche. On assiste à un documentaire possible du futur mais on s'ennuie d'une narration qui déclencherait l'addiction de lecture. C'est dommage car cela aurait été le petit plus qui crée le peps.
Lien : https://chezmirabilia.wordpr..
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