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sur 186 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
2022 : un cyclone balaie la côte ouest des USA, provoquant des dizaines de milliers de morts. La crise qui s'en suit provoque l'effondrement des économies américaine puis mondiale : les transports, la production d'énergie, les réseaux de communication, les usines de haute technologie, tout s'arrête progressivement.
Quelques années plus tard, des communautés se sont installées tentant de recréer des micro-sociétés autonomes et de résister aux pillards, sans pouvoir s'appuyer sur des technologies connues mais impossible à mettre en oeuvre.

Antoinette Rychner nous livre une histoire dont l'argument principal ressemble un peu à celui de Malevil de Robert Merle ou de la route de Cormac McCarthy : la construction, ou pas, de nouvelles vies sociales après une catastrophe ayant détruit notre société.
J'y ai cependant trouvé deux ingrédients majeurs, qui apportent une originalité intéressante à Après le monde :
- la nature de la catastrophe à l'origine des destructions : ici pas de bombe nucléaire ou de collision avec une météorite, juste un cyclone un peu plus fort que les autres qui frappe au mauvais endroit, San Francisco et la Silicon Valley, entraînant une série de faillites et un arrêt presque complet de l'économie mondialisée. Cela ne manque pas de nous rappeler les conséquences de la crise COVID-19...
- la forme de la narration : elle s'appuie sur quelques chapitres contant le délitement de l'économie mondiale et les efforts de survie des uns et des autres, et de nombreux portraits d'individu(e)s (l'histoire est racontée par des femmes, au féminin !) permettant d'entrer plus en détail dans les conditions de (sur)vie sur terre au cours des plus de 35 ans qui suivent la catastrophe.

Ajoutons la belle écriture de l'auteure, à la fois riche et simple, se laissant lire avec fluidité, et tous les ingrédients sont réunis pour un coup de coeur !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Cette lecture m'a profondément et durablement remuée. Je ne saurais pas précisément expliquer pourquoi. Sans doute parce qu'il n'y a pas d'éléments concrets de réponse, cela relève plutôt du champs des émotions primaires : angoisses, espoirs et un espèce de truc ancestral (ça me plaît d'imaginer ça en tous cas), un peu comme lorsqu'on accouche et qu'on sent ce lien si puissant qui nous relie à nos ancêtres et à la mort. Ah je vous vois déjà vous demander si j'ai fumé avant d'entamer la rédaction de ce billet ! Et la réponse est non.

Pour être tout à fait honnête, je dois vous dire que j'ai commencé ma lecture assez dubitative, notamment à cause de la forme adoptée par Antoinette Rychner : le lecteur suit les deux personnages principaux, que sont Barbara et Christelle, à travers le regard des femmes qui les croisent tout au long de leur périple (à la recherche d'une communauté d'accueil, de la Suisse à la Roumanie, puis de la Roumanie à la Suisse, en passant par les Pays-Bas, la Finlande...) mais aussi grâce aux chants qu'elles composent à quatre mains et à deux voix (chaque chant formant également un chapitre qui alterne avec ceux des femmes). C'est déjà assez particulier en soi mais il faut encore ajouter à cela l'emploi du féminin pluriel dans le récit, même lorsqu'il n'est question que d'un seul homme. Un début un peu difficile quoi. Mais on s'y fait rapidement !

La catastrophe à laquelle le monde doit faire face dans le récit, après l'effondrement économique des Etats-Unis en 2023 à la suite d'un énorme ouragan, est prétexte à questionner notre rapport au monde, à la nature, aux êtres vivants qui peuplent la terre. Les nouvelles sociétés que l'auteur invente sont profondément réalistes. C'est pour cela sans doute que c'est si effrayant.

Antoinette Rychner ne se contente pas de s'interroger sur de grandes questions telles que la surconsommation, le système politique et économique, les frontières (réelles ou imaginées), la place des femmes dans la société, l'agriculture, le réchauffement climatique etc... mais aussi sur des sujets beaucoup plus prosaïques tels que : comment retirer ce stérilet obsolète ? quid des lunettes de vue impossible à fabriquer ? des caries que l'on ne peut plus soigner (sans parler des appendicites ou autres maladies qui nous paraissent bénignes grâce à la technologie actuelle). Et comment se passer de papier toilette quand on a eu l'habitude d'en utiliser à volonté ??

J'ai beaucoup aimé lire sa proposition de nouvelles communautés qui pensent autrement l'architecture, l'agriculture, la culture (il y a un très beau travail sur la transmission orale). La réapparition d'ancien métiers aux noms si désuets et charmants.

Grâce à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel, c'est un très beau livre que j'ai eu l'occasion de lire. Un roman étrange, vraiment surprenant, mais aussi très puissant, poétique, noir. Très beau, vous dis-je.

Je me demande franchement si l'être humain parviendra un jour à trouver comment vivre en harmonie avec son environnement naturel et ses semblables. J'espère que oui. Mais...
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A l'issue de sa lecture, et cela n'est pas une mauvaise chose, le lecteur se demande si "Après le monde" est un roman (l'histoire des bardesses Barbara et Christelle), un essai sur l'évolution de notre société (la catastrophe est -elle imminente, à quand et comment la fin du monde ?) ou un manuel de survie pour l'après effondrement du système (comment fabriquer une pompe à chaleur à partir de moteurs récupérés).
Ma réponse personnelle est que ce roman, et là du coup c'est une excellente chose, est tout cela à la fois.
Dans un style agréable, d'une écriture facile à lire, Antoinette Rychner, revisite les romans de fiction et les films traitant de sociétés post apocalypse.
Elle remet en cause avec intelligence la plupart des concepts du genre et nous propose un livre original, bien documenté, facile à lire, qui conduit à nous interroger sur notre rôle et notre capacité à nous opposer réellement au système ou à simplement en être ses jouets en prétendant en être les victimes....
La question mérite d'être posée !
Son hypothèse de l'affaissement de notre système par le biais de l'incapacité des fonds d'assurance et de réassurance à honorer leurs engagements "Mais les coûts des dégâts se révélaient si massifs qu'on craignait l'incapacité à les couvrir" est tout à fait crédible.
Antoinette Rychner repose à sa façon la fameuse question de Fourastié "Pourquoi travaillons nous ?"
Et à la lecture de son livre, nous admettons que nous ne le savons plus !
Sa description des relations sociales dans une société post apocalypse où tout vient à manquer, mais où les demandes de la population sont fortes, est particulièrement réussie.
Elle pose parfaitement la question de la différence entre les sociétés industrielles où le soit disant "progrès" nous conduisait à toujours plus de bien être mais en nous éloignant de la connaissance et de la maîtrise du système que nous étions entrain de construire et une société post apocalypse où la demande de la population est basée sur une situation connue, vécue et regrettée (des services médicaux efficients, un réseau de communications terrestre et numérique performant, de l'eau courante et du chauffage pour ne citer que les principaux...) mais disparue à jamais.
Dans ce contexte, toutes les dérives sont possibles. La société revient au principe de base du "Struggle for Life" et les communautés qui s'organisent pour conserver du lien social et assurer la survie redoutent les menées de ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir. Les anciens services de police livrés à eux mêmes par exemple.
Les exemples donnés par l'auteur sont très parlants et permettent de mesurer l'écart entre l'envie et la réalité des choses :
"Non, ils n'ont pas l'eau courante. Faire couler l'eau des robinets, ça demandait des systèmes d'adduction et d'assainissement, des compresseurs, des pompes, des alternateurs, des traces automatisés..."
C'est dans ce contexte de méfiance et de défiance que deux femmes décident de chanter le temps d'avant, non par nostalgie mais par souci de ne pas oublier ses valeurs fondamentales.
C'est le périple des deux femmes, leurs rencontres qui permet à l'auteur de nous livrer une histoire à plusieurs voix dans laquelle chaque personnage exprime une part de vérité et une part d'histoire.
La véritable "chanson de geste" de Barbara et Christelle va devenir un point commun entre tous les personnages et c'est la recherche de sa sauvegarde par l'oral et par l'écrit, de sa traduction qui en feront le lien entre tous ceux qui ne veulent pas céder à la violence.
Livre salutaire, livre d'espoir ou la solution revient à l'humain, Après le Monde est un manifeste engagé qui tire une sonnette d'alarme et nous amène à regarder aussi du côté de notre propre responsabilité.
L'humour n'est toutefois pas absent du livre même si le sujet en laisse peu l'occasion. Ainsi s'exprime Queenie :
"Pour reconstituer la réalité du monde qu'elle avait connu, il lui arrivait de recourir à la liste des professions qu'avaient exercé ses contacts LinkedIn :
Responsable Customer Care Center, secrétaire de rédaction web-print, Social Media Expert, Head of Corporate Communications chez Chloé Droncourt GmbH, (...) Supply Chain Manager"
Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Buchet-Chastel de m'avoir permis de découvrir ce livre d'Antoinette Rychner.
A lire et à découvrir
Dépêche-vous, avant l'apocalypse...

Lien : https://camalonga.wordpress...
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L'autrice nous conte l'histoire d'un futur pas si lointain, où l'économie, et donc la société se sera effondrée. Faut-il lire ce roman en période de confinement ? ... Ce n'est pas certain, ça peut être parfois anxiogène, tant les situations sont plausibles !
Toutefois, outre d'éventuels liens avec une situation connue, on découvre ici une situation plutôt réaliste, et un récit qui oscille entre passé, présent, puis futur. Décrit comme "eco-féministe" (quoi que veuille dire ce terme étrange), le récit au présent est entrecoupé de "Chants" qui content le passé au féminin pluriel. Ce choix esthétique m'a fait penser à "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka, qui avaient également fait le choix d'un récit en "Nous". Ca donne une puissance assez folle à ce roman, qui nous remue tripes et boyaux.
L'ouvrage parvient à équilibrer brillamment espoir et désespoir, et à nous emporter à travers l'histoire de toutes ses femmes, terriblement humaines, qui vivent ou survivent de leur mieux, parfois heureuse de ce nouveau monde, parfois hanté par l'ancien.
C'est brillant, c'est beau, et c'est particulièrement bouleversant.
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2022, la fin de notre monde tel que nous le connaissons. Chute complète du système mondial après des catastrophes naturelles, qui entraîne un effet domino et qui propage l'onde de choc qui détruit la société humaine petit à petit.
8 ans après, quelques bulles de sociétés humaines existent, et Antoinette Rychner nous propose de suivre l'histoire de Christelle et Barbara qui ont commencé à rédiger un chant d'épopée, racontant leur cheminement à travers une Europe dévastée. Au fil de la route, plusieurs destins humains racontent comment la chute de notre société humaine et de ses technologies a changé le rapport à ce qui est important, ce qui permet de vivre.
Le récit n'est pas optimiste...mais d'une poésie rare et l'on s'attache à chaque destin décrit.
Une réflexion sur notre vie, notre place sur la Terre, qui laisse passer des indices de ce qui pourrait se passer si nous n'y prenons pas garde. Antoinette Rychner a laissé une bibliographie sur son site, elle a interrogé des colapsologues, des médecins, des horticulteurs pour enrichir son récit.
J'ai vraiment beaucoup aimé, je l'ai emprunté à la médiathèque et songe à l'acheter pour qu'il reste dans ma bibliothèque ou pour pouvoir le prêter.
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"Après le monde" est un roman post-apocalyptique peignant l'effondrement de la civilisation industrielle et de l'humanité sur toile de théories collapsologiques.

Ce roman pourrait être une énième actualisation d'une thématique symptomatique de nos angoisses contemporaines. Il n'en est rien. "Après le monde" tire toute sa force et son originalité dans sa forme narrative : il s'agit d'un roman chorale qui donne la part belle au féminin. Toute l'histoire est écrite du point de vue de femmes, qui loin des clichés des héroïnes fragiles, hystérisées ou masculinisées, offrent une multitude de portraits de femmes "puissantes". Si l'usage du féminin pluriel présent peut interloquer de prime abord, du fait que nous n'en ayons pas l'habitude, il offre une universalité d'écriture et de lecture beaucoup plus large.

"Après le monde" d'Antoinette Rychner, c'est un peu comme si "La Route" de Cormac McCarthy avait été écrit au féminin. C'est tout aussi beau et c'est tout aussi fort.
Un roman qui questionne l'absurdité de notre civilisation industrielle et l'hégémonie du "masculin littéraire".
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