Comme déjà bien explicité par les critiques existantes, Historien à l'âge du numérique de
Philippe Rygiel est un ouvrage destiné aux professionnels, spécialistes ou concerné.e.s par la question, mais qui peut également intéresser toute personne curieuse des outils numériques et du devenir des archives et documents.
N'étant pas historienne, mais bibliothécaire, utilisant au quotidien les outils numériques dans le cadre de mes missions de médiation du patrimoine, j'ai forcément trouvé cet ouvrage fort utile !
Si le développement du Web et des outils de numérisation permet à la fois la conservation et l'accès d'un plus grand nombre aux documents d'étude, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver, d'une part, et cela entraîne des inquiétudes quand à la conservation ou l'utilisation des originaux, d'autre part.
Un regret sur le premier chapitre, "essai de description des services web offerts aux professionnels de l'histoire contemporaine", sur le fait qu'il ne soit pas actualisé (reprise d'un article de 1997).
Le point de vue est très orienté sur les principes du fonctionnement du web, ce qui est intéressant et apporte un éclairage spécifique, mais est parfois un peu ardu - et, en ce qui me concerne, inattendu ! le point de vue de l''utilisateur de contenu, contenu que l'on participe à produire et surtout à organiser en tant que bibliothécaire (ou autres professionnels de l'information et du patrimoine) a particulièrement retenu mon attention, autour par exemple des questions de plein texte, champs interrogeables et recherches croisées possibles... ou pas (j'ai moi aussi passé quelques temps sur certaines bases à faire du dépouillement fiche à fiche... comment dire...).
Comment aussi inscrire le temps long de l'histoire dans ce contexte de renouvellement dynamique et rapide des outils numériques actuels ? Quelle pérennité ? Ah, que de souvenirs, les demandes aux services informatiques pour obtenir des permaliens vers nos notices, les tutos avec captures d'écran pour expliquer aux collègues comment partager ce menu numérisé sur facebook sans arriver sur une 404... mais je m'égare !
En tant que bibliothécaire toujours, je suis rassurée par la volonté manifeste de l'historien de revenir toujours à la source ;) une question pas si anodine.
Philippe Rygiel fait également dans cet ouvrage un état des lieux de l'offre en ligne, de ce que cela modifie dans la recherche historique, dans son écriture et sa transmission, mais aussi comment l'on aborde et construit les traces et les corpus de demain.
Un essai spécialisé qui vaut donc la peine d'être lu, que l'on soit ou non spécialiste, qui fait part d'angles de vue marqués, parfois surprenants, mais est un aspect finalement enrichissant et éclairé de cette question particulièrement d'actualité.