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sur 647 notes
Monica SaboloLa vie clandestine

J'ai lu deux livres de Monica Sabolo, EDEN et LA VIE CLANDESTINE qui m'ont laissé un sentiment d'ennui et de lassitude.
Une bourgeoisie trop riche et superficielle, des militants d'Action Directe et des Brigades Rouges désabusés. Ils ne sont pas remis de l'échec de leur activité, incapables d'exprime leur regret et encore moins de pardonner
C'est l'autobiographie d'une femme blessée, par la vie, par son père et par sa mère. Traumatisée par les attouchements de son père, lui-même culpabilisé par sa faute.
Sur un tard elle le retrouve, et sur son lit de mort lui pardonne.
Si les Activistes n'ont pas réuni à transformer le monde, notre société n'a pas su non plus faire son aggiornamento., la boucle est fermée.
Ce livre est conseillé par un regroupement des critiques des grands journaux fiançais, sans doute qu'eux aussi ils sont influencés par la mode de la sinistrose. le résultat c'est que nous avons un monde politique médiocre, en attendant le leader charismatique qui nous réveillera.
C'est l'histoire de la France qu'on ne relève pas assez souvent.
Un livre à consommer avec modération, et mieux encore à ne pas consommer du tout.
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Un très bon livre qui raconte l'histoire du "noyau" d'Action directe, et surtout comment ils en sont venus à tuer le PDG de la Régie Renault. En effet tout au long du livre, la question qui taraude Sabolo est pourquoi ?
J'ai bien aimé la manière d'écrire ce récit, le fait que Monica Sabolo entrelace l'histoire d'Action directe, sa propre vie et ses recherches.
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depuis que mon mari est passé à la liseuse, nous ne nous échangions plus nos lectures car je suis restée fidèle au papier. Liseuse en panne retour au papier et il a été enthousiasmé par " la vie clandestine" lui qui ne lit pratiquement jamais de romans. Je me suis plongée curieuse dans ce livre que j'ai très vite dévoré. Très bien écrit, sensible au style teinté d'humour j'ai été séduite. L'histoire originale recèle plein de mystères et d'interrogations aussi. La structure de l'ouvrage est un peu complexe, elle alterne enquête sur les protagonistes d'Action directe et souvenirs de l'auteur. L'histoire reste difficile à raconter mais tout est subtil et fort intelligent.
Je ne suis pas certaine d'avoir toujours tout compris mais le livre refermé continue d'occuper mon esprit.
Bravo pour ce beau roman plein de finesse et d'intelligence. Je retiens ce nom d'auteur pour me plonger j'espère avec autant de délices dans la lecture de ses autres romans.
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A travers ce roman, Monica Sabolo nous plonge dans les méandres d'Action Directe et de sa propre vie. Au hasard d'un reportage elle commence à s'intéresser à ce groupe, familier des braquages, attentats et même assassinats, et à ses quelques membres phares comme Jean Marc Rouillan ou Nathalie Ménignon. le culte du secret qu'ils entretiennent lui rappelle celui qui entourait le travail de son beau père.

Tout au long de l'écriture, la frontière est trouble entre l'histoire et la vie de l'autrice, entre ses sentiments et ceux qu'elle attribue aux personnages d'AD.

En terme de contenu, je trouve qu'elle en fait beaucoup avec rien, parce qu'au fond on ne sait pas grand chose. En même temps il ne s'agit pas d'un documentaire, soit.

L'ensemble est brouillon, j'ai eu beaucoup de mal à suivre, perdue dans le labyrinthe du cerveau de l'autrice et de sa mémoire. Il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique dans le récit et les événements identifiés ne sont pas forcément datés pour autant.
C'est un peu écrit comme elle pense et c'est le foutoir. Elle le décrit elle même d'ailleurs, après une période d'incapacité d'écrire, le flux est arrivé d'un coup et de façon incontrôlable « … je n'ai aucune volonté concernant ce texte, c'est lui qui décide apparemment. Il occupe le terrain tel un despote, il est vivant et je suis sa créature » (p. 172).

Après une lecture qui fut périlleuse j'ai pourtant la fâcheuse impression que c'est moi qui n'est pas été à la hauteur de ce roman. L'autrice en admet volontiers le caractère bordélique et imprécis, tout en ajoutant « mais il ne ment pas », et c'est vrai. Il est profond, on le sent presque arraché à l'écrivaine pour enfin raconter l'indicible.
Je suis extrêmement frustrée de cette lecture, et me demande si mon état d'esprit préoccupé du moment ne m'a pas fait rater une rencontre, moi qui d'habitude aime ce genre de récit un peu torturé.
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Encoore unlivre etrange de cette auteur decidement singuliere. On attendait un livre sur l'histoire d'ActionDirecte et sur la violence des annees 75 a 85, repandue dans toute l'europe avec les brigades rouges et la Bande a Bader, ou peut etre une plongee sensible et attentive dans la psyche des deux femmes nathalie menigon et joelle Aubron, heroines dures et implacables du mouvement. Eh bien, pas du tout. On entre d'abord dans le recit de ses investigations historiques, menees de facon erratiques dans une sorte de confusion mentale. Avec elle le lecteur flotte, hesite , se trompe, se corrige. Alors que le lecteur se pose des questions sur le but de ce livre, Monica Sabolo realise tout a coup que si la vie clandestine de ces terroristes la fascine, cestparce quelle aussi a mene une vie clandestine. Celle d'une enfan vivant sous une legende quelle etait seule a ignorer. Puis celle d'une petite fille que son papa rejoignait la nuit dans sa chambre. Ou commence le reel, ce qui n'est pas dit existe til vraiment? ce qui n'existe pas, insiste pour exister dit elle et, cet inceste quelle na fait qu'effleurer dans tous ces romans est enfin mis a jour. Tremblante, effrayee par ce qui lui est arrive autant que par tous ces terroristes,elle part en quete de reponse aupres d'eux. Comme elle l'a vecu entre son corp set son esprit, les terroristes vivent ils une sorte de dissociation entre la violence sanguinaire et la noblesse de leurs ideaux?, Peut on separer les etres humains selon une ligne claire du bien et du mal? le regret du bourreau est il une redemption pour la victime?
Peu a peu elle repond a ces questions au fil de ses rencontre chez eux avec leurs chats et leurs blousons de cuir elimes
Avec sensibilite elle rend a chacun sa part d'humanite: Meme les bourreaux- dont son pere- ont une vie, ils aiment, pleurent' se desperent' ont des principes et une histoire comme tout un chacun.. tracer une frontire nette entre le bien et le mal n'est pas possible. Chacun trace librement ses propres fronntieres. Comment attendre des regrets dans ce cas?
Un beau parcours, litteraire e personnel avec ce style poetiquement tortueux qui lui est propre, et une pointe d'humour.
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Un prologue autobiographique profond, autant que puisse l'être un questionnement philosophique sur le sens des choses, de soi.
Une perpétuelle délibération silencieuse dénuée de réponses , un gouffre métaphysique comme refuge, vie souterraine entre être et temps.
Puis il va falloir écrire.
Ecrire une histoire facile, loin de soi. S'éloigner de soi.
Chercher le sujet.
Écoute d'un épisode sur l'assassinat de Georges Besse, PDG de Renault par Action Directe.
Déclic.
Un bon sujet.

" La fièvre assassine, un processus funeste, la fin d'une époque sanglante [...]
C'était un bon sujet [...] Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action Directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l'écho de la violence. "

Action Directe, obscure association d'extrême gauche qui a sévi de 1979 à 1987.
Quatre-vingts attentats au compteur dont la fusillade de la façade du Conseil national du patronat français et divers symboles de l'Etat.
Certains actifs seront arrêtés en 1980, bénéficieront de l'amnistie présidentielle à l'élection de François Mitterrand.
Reprise des attentats.
1983 : 2 policiers abattus.
1985: René Audran, ingénieur dans l'armement et directeur des affaires internationales au ministère de la défense, est abattu.
1986 : Georges Besse, patron de Renault est abattu sur le trottoir devant chez lui.
21 février 1987, après des mois de traque, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joelle Aubron et Georges Cipriani sont arrêtés dans une ferme du Loiret.
Butin : armes, explosifs, listes des cibles potentielles, prison du peuple pour les capitalistes.
Fin d'Action Directe.

" J'ignore si ces jeunes gens sont romantiques ou dangereux, rêveurs ou fous à côté de la plaque ou au coeur du réel. Je ne sais d'où vient la violence, d'eux ou du système, je ne sais s'ils sont résistants, des aventuriers, des Pieds Nickelés ou des gangsters. Peut-être sont-ils tout cela à la fois, peut-être rien de tout cela. Mais ce qui m'apparaît, et m'est étrangement familier, c'est le glissement. "

Le Glissement a un départ, pour Monica Sabolo c'est le trou noir qui habite sa mémoire, celle d'une enfance représentée par l'absence des parents, des souvenirs aussi froids que l'acier.
Un silence pour un bouleversement à l'écho futur.
Ebranlement d'une conscience, sous le masque d'une adolescence parfaite et souriante se cache la solitude extrême, le grand vide interne, spectre invisible de tous qui se consume.
En était-il de même pour Nathalie Menigon, si jeune et au sourire peut-être trop parfait ?
Joelle Aubron, cachait-t-elle sa peur ou sa vulnérabilité derrière cet air d'intouchable, était-elle déjà, elle aussi, cette bombe à retardement dans une société plombée et crépusculaire ?
Cette société des années 80 où les espoirs de mai 68 sont enterrés , morose, fait face à un climat anxiogène et instable qui ne permet plus de rêver.
Combat pour la libération des peuples colonisés, peur de l'apocalypse nucléaire,
violence politique, terrorisme, capitalistes,
impérialistes , restructurations brutales,
révoltes des travailleurs...

" Les rêves d'insurrection ont fait place au fric et aux paillettes".

Repli ou explosion ?

"Action Directe, organisation qui se replie sur elle-même, s'immergeant toujours plus profondément dans la clandestinité, là où le monde n'est qu'un lointain écho, de même que le monde avance et ne les entend pas. Ses membres refusent de se soumettre, se dressent contre leur temps, mus par la beauté du rêve, de l'utopie, la soif, la justice [...] "

Beauté du rêve tailladée , Monica Sabolo apprend à 27 ans que son père ne l'est pas, secret qui semblait ne pas l'être vraiment ou mémoire aussi trouble que cet homme occulte qui finira par disparaître.
" Mes souvenirs sont un château de sable assailli par les vagues d'un océan froid dont la surface change de couleur avec la lumière et les saisons".
"C'est ainsi que commence ma vie clandestine ", enfermée dans un silence illicite qui rejoint la violence du ressentiment muet de l'inceste "paternel".
Un "Pardon".
Est ce possible que ça suffise ?
Une dizaine d'années plus tard Action directe sera dans la clandestinité également , les membres révoltés enfermés dans un meublé du XIVeme.
Le monde ne les entend pas non plus.
A qui devrait-on pardonner ?

"Qui suis-je ? "
Est-ce la question qui les relie ?
C'est cette sensation de vivre le réel dans l'action qui pousse Monica Sabolo à s'identifier aux femmes d'action Directe, vivre à la marge, sensation d existence, de "vraie vie", doublée de rage et d'un besoin de justice, de puissance et de jouissance...
La liberté.

"La justice est la liberté en action" [ Joseph Joubert]

Là où certains ont pris les armes par utopie d'une justice , d'autres prennent la plume pour disséquer l'humain, sa colère et sa violence.
Pour expulser la leur ?

"Qui rembourse les dettes que la vie a contractée envers nous ? Qui se charge de nous rendre ce qu'elle nous doit, ce que l'on a payé, et paye encore ? Avec le temps se dessine la perspective que personne ne s'en acquitte jamais. Nul ne parle de ces choses là. Ni ma mère ni mon frère ne l'ont jamais évoquée. Chacun essaye de l'apprivoiser dans son coin. Mais désormais j'ai l'impression de me rembourser sur leur dos. Alors qu'ils me croient plongée dans le récit d'un groupe terroriste des années 80, je confectionne un engin sophistiqué, composé de papier, de nitroglycerine et d'une mèche à combustion lente, qui finira par tout faire sauter. "

Mais le larmoiement n'est pas Monica Sabolo, le silence qui l'habite est un mur trop compact pour en faire sortir du sirupeux, on navigue entre le demi mot et la pudeur, le souvenir imprécis et les remous hésitants d'une faille sismique en éveil.
Ainsi est la vie clandestine, silencieuse et polie avant le grand attentat.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins," La vie clandestine" est un travail d'orfèvre, un édifice à l'architecture admirable,
de l'or à l'état brut qui caillasse les injonctions sociétales, la casse sociale, la brutalité libéraliste, la perversité familiale et met en exergue la fabrique de la barbarie et du cynisme.
Un grandiose exercice de reconstitution
journalistique et d'introspection mêlés à la psychologie d'une génération utopique et désenchantée.
“L'injustice appelle l'injustice ; la violence engendre la violence. ”(Lacordaire)

Un pavé dans la mare qui au delà du cadre du roman ricoche souterrainement sur les actualités brûlantes voire incandescentes. La petite musique du clapotis de la colère et de la réparation des corps meurtris est toujours en marche et les vies clandestines qui surnagent ont aujourd'hui un écho...

Magistral.

"La vie nous rappelle que l'histoire n'est pas celle que nous nous racontons". [Monica Sabolo]
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Toi qui me lis, ne tiens aucun compte de mes remarques pour te décider à lire ou non « La Vie clandestine ». Il est toujours illusoire de prétendre à l'objectivité, ici particulièrement. En grande partie introspectif, ce récit, que j'ai du mal à considérer comme un roman malgré l'annonce en couverture, renvoie à son propre passé d'où l'impossible objectivité.
« La Vie clandestine », écrit à la première personne, est le récit d'une enquête de l'auteur sur les membres d'Action Directe, groupuscule d'extrême-gauche actif au début des années 1980. Ce travail documentaire déclenche chez Monica Sabolo le besoin de plonger dans sa propre histoire et notamment celle d'une enfance cabossée et le mystère qui entoure son "père", Yves S. Ces deux quêtes s'entrecroisent et se nourrissent mutuellement. Pourtant, il est nécessaire de dissocier ces deux pans du récit.
L'enquête est intéressante, que ce soient les interrogations sur les méthodes choisies pour mener à bien ce travail, les questionnements sur les différents protagonistes d'AD ainsi que le compte-rendu de leurs rencontres. Monica Sabolo choisit une focale assez serrée et n'inscrit pas cette page méconnue de l'histoire française et européenne dans un contexte plus large. En effet, l'histoire d'AD est à replacer dans le contexte des années de plomb en Italie et en Allemagne mais aussi les soubresauts de la fin du franquisme. En France, ce sont les années Mitterrand puis le contexte très particulière de la première cohabitation. D'un point de vue personnel, ce sont mes années lycée et celles de l'École Normale l'ambivalence de mes sentiments à l'égard du « terrorisme » d'AD, l'envie de les soutenir face à Pasqua, (dont j'apprendrais plus tard qu'il fut un résistant authentique et courageux) et la répulsion face à la violence. Toute l'ambiguité de mon sac us d'alors, copie des besaces de l'armée américaine, floqué de badges peace and love ou de messages antimilitaristes.
Quant à l'histoire intime de Sabolo, c'est une autre affaire. D'abord, l'articulation entre les deux récits est tout sauf évidente. J'ai quelques réserves à prendre pour argent comptant, fut-il le fruit d'un braquage de banque, le déclenchement d'une réflexion introspective à partir de l'étude de ses "vies clandestines", celles de Ménigon, Rouillan, Schleicher, Aubron et les autres…
L'enfance de l'auteur est émouvante, forcément… D'autant qu'elle est relatée avec des mots forts, des mots justes… J'avais oublié de préciser que Sabola écrit bien, avec juste ce qu'il faut de détails sans tomber dans le trop. Seulement, en lisant ses pages, j'étais comme le docteur Dayan de « En Thérapie » : à la fois à l'écoute, compatissant, m'efforçant de comprendre, mais aussi ailleurs. Parce que celui qui écoute, ou celui qui lit, a également sa vie propre. Comme le docteur Dayan, je suis à la génération de la stéréo, comme disait Reiser, une oreille vers les jeunes encore poursuivis par leurs études ou subissant les affres de vies affectives compliquées, une oreille vers les anciens qui s'enfoncent dans les brumes du très grand âge. Les familles nombreuses, c'est un lot de moments de joies fortes, de récompenses symboliques importantes mais aussi un flot d'emmerdements de toutes sortes.
Désolé, Monica, mais quand je prends un livre c'est parfois tout simplement pour m'évader des vicissitudes du quotidien et pas forcément pour t'écouter comme si tu t'allongeais sur le divan d'un psy.
Toi qui me lis, tu te dis que je fais pareil ! Ce n'est pas faux mais c'est moins long que les 310 pages de « La Vie Clandestine ».
Une ultime chose, Monica, le mot qui ouvre ton dernier paragraphe est « Surgissant ». Ça me rappelle « Surgissant du passé, il m'était revenu », les mots de l'immense, l'inoubliable, l'irremplaçable Barbara…
Tu l'as fait exprès ? Sinon, je devrais peut-être songer à me reconvertir et changer de nom. Jérome Dayan, pourquoi pas ?
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Il y a la vie qu'on montre, et la vie dont chacun sait qu'elle est restée secrète. Mais ce n'est pas encore dans celle-ci que Monica Sabolo s'aventure. La vie clandestine qu'elle nous raconte est plus intime encore, elle se cache sous les complaisances, les masques et même derrière les miroirs.
C'est l'assassinat de Georges Besse par deux membres d'Action directe qui aurait déclenché son écriture. Pourquoi avoir choisi ce fait divers plutôt qu'un autre ? L'autrice s'interroge sans trouver de réponse. Avec autodérision, légèreté, pudeur et philosophie, la narratrice [oui, le mot « roman » est inscrit sur la couverture] s'interroge, cherche un sens à sa quête. le doute la poursuit dans le brouillard de sa mémoire fuyante et de ses actes manqués. Ballottée entre l'horreur des faits et la fragilité des êtres qui les ont commis, elle ne parvient pas à juger, elle ne parvient pas à trancher. Qu'est-ce qui engendre les bourreaux ? Sont-ils uniquement des coupables ? de quelle place les jugeons-nous ? Pourrions-nous en être un ? Et elle pense au sien, dont la présence fantomatique transforme en quête personnelle un projet initial d'enquête objective.
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Dans ce roman l'autrice annonce tout de suite la couleur : elle est à un moment difficile de sa vie, elle n'arrive pas à écrire et décide de choisir un thème un peu au hasard en écoutant une émission radio sur les faits divers. C'est comme ça que le nom d'Action Directe surgit. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur cette organisation terroriste des années 80 qui est allée jusqu'au meurtre pour défendre ses idées, ce n'est pas le livre qu'il leur faut. Monica Sabolo établit un parallèle entre les vies clandestines des membres d'AD et sa propre vie. Elle revient sur son histoire, sur la découverte tardive que son père est en réalité son beau-père, sur la vie clandestine qu'elle s'est imposée pour ne pas révéler au grand jour ce que cet homme lui a fait. Elle va bien rencontrer des membres d'AD mais elle le dit elle-même : ça n'est pas sa priorité. Elle repousse d'ailleurs jusqu'au dernier moment sa rencontre avec Nathalie Ménigon. Elle insiste beaucoup sur les souvenirs qui sont forcément parcellaires. de multiples témoignages sont parus après l'arrestation d'AD mais tous diffèrent. Monica Sabolo elle-même souligne le fait qu'elle est un très mauvais témoin. Elle n'arrive pas à prendre de notes pendant les entretiens qu'elle mène. Ce sont uniquement des sensations qui lui restent. Sa grande interrogation est celle du pardon. Elle ne comprend pas que les membres d'AD ne regrettent rien. Quand elle en rencontre, elle les trouve réellement différents de l'image qui a été donnée d'eux, tellement plus humains… Où est la vérité dans tout ça ? Peut-on être tout et son contraire en même temps comme son beau-père par exemple ? Ce roman dépasse donc largement l'histoire d'Action Directe. C'est une oeuvre littéraire qui soulève des questions essentielles et en ce sens il est très réussi. Pour ma part, j'ai tout de même regretté quelques longueurs qui n'enlèvent rien à la qualité de l'écriture.
Lien : https://monpetitcarnetdelect..
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Cette vie clandestine évoquée dans le titre de ce roman récit, c'est à la fois celle des activistes d'Action directe et celle de l'autrice qui revient sur les secrets enfouis de sa famille.
« Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l'écho de la violence. »
C'est en cherchant le sujet de son prochain roman que Monica Sabolo s'intéresse aux meurtres et aux actions violentes perpétrées par Action directe, organisation terroriste d'extrême gauche très active dans les années 1980. Ce qui l'attire et la fascine plus précisément, ce sont les personnalités de deux jeunes femmes coupables de l'assassinat du grand patron de Renault, Georges Besse, devant son domicile parisien en novembre 1986. Que sait-on vraiment de Nathalie Ménigon et de Joëlle Aubron, la première d'origine modeste et la seconde issue d'une famille bourgeoise de Neuilly-sur-Seine ?
C'est un véritable travail journalistique que va entreprendre Monica Sabolo afin de retracer le parcours de ces jeunes femmes avec leurs idéaux qui les mènent à la violence et la clandestinité. Elle sera amenée à rencontrer d'anciens militants de l'organisation terroriste et à partager avec eux des moments d'échanges et de convivialité. Après leurs années de lutte et de clandestinité, ont-ils fini par trouver l'apaisement ?
Dans le même temps, elle fouille sa mémoire, retrace son enfance entourée du mensonge et du silence des adultes. Elle avait 15 ans lorsqu'elle découvre que son père, Yves S, n'est pas son père biologique. Elle tente de reconstituer le puzzle de la vie de sa famille à travers souvenirs et photos et se pose d'innombrables questions. Quelle était la relation entre ses parents ? Quel était vraiment le métier de Yves S, souvent absent ? Et comment évoquer l'inceste alors qu'elle n'était qu'une gamine ? Elle pense aussi à sa mère, son frère, comment vont-ils réagir à ses révélations ?
« Je redoute la blessure que leur causera ce livre. ! je suis une profanatrice. Une fois encore, je mène une double vie. »

Monica Sabolo mêle habilement l'histoire documentée des terroristes d'Action directe et celle, plus intime, de son enfance et sa jeunesse dans une famille bâillonnée par le secret et les non-dits. On assiste, médusés, impressionnés, au processus de construction d'un roman à la fois enquête journalistique et quête personnelle sur son vécu familial. C'est un vrai travail d'équilibriste, qui fait alterner les deux récits sans jamais nous perdre et tout en racontant avec beaucoup de questionnements et de sensibilité les secrets qui entourent son enfance.
Ce livre à l'écriture sensible, juste, est aussi une sorte de résurgence, de mise en lumière de ce passé qui est « un lieu de ténèbres » Et Monica Sabolo peut enfin écrire : « J'en ai fini avec le caché, et avec le silence. …je ne veux plus être coupable, ni avoir honte. »
Un récit qui nous touche et nous impressionne. du grand art.


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