Je suis très très mitigée...
Dans ce roman à trois voix, on se demande bien qui est la plus cruelle. Et, dans ces cruautés, qui souffre le plus ? Et dans ces souffrances, qui les mérite le plus ? Ça,c'est pour l'intrigue en cascade. Enfin l intrigue... je dis intrigue car le côté énigmatique de chaque personnages pousse à terminer le livre.
Passé cette étape, on est dérouté, un peu perdu. C'est un coup oui, un coup non. Tout au long de l'histoire, L'auteure présente des théories aussitôt balayées par les suivantes et ainsi de suite. Un fait exprès pour démontrer que rien n'est acquis ?
Et enfin le style, il y a des passages olé olé franchement inutiles sur une écriture plutôt soignée. C'est dommage.
Le final est déstabilisant.
Jusqu'où l'amitié peut vraiment aller quand l'amour vire à la haine ? Et inversement. Voilà bien un roman...paradoxal.
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N'avons-nous pas tous des failles que jour après jour nous tentons de masquer aux yeux des autres ? Des blessures d'enfance, d'adolescence, quelques fractures jalonnant nos vies d'adultes ? Comment s'arrange-t-on avec nos plus ou moins gros mensonges vis-à-vis de ce que la société attend de nous ? Et comment se construit-on, se définit-on par rapport à ces regards-là ? Qu'y a-t-il derrière les apparences ? Que voulons-nous montrer de nous aux autres ? Et pourquoi ?
La vie dont nous rêvions nous plonge précisément au coeur de ces questions. le titre même du roman est évocateur.
Michelle Sacks, jeune auteur sud-africaine vivant en Suisse, signe là un premier roman traduit en français, captivant, déroutant, absolument dénué de bien pensance et difficile à lâcher tant les échos de cette fiction résonnent en chacun de nous.
La vie dont nous rêvions est un roman à trois voix : celles de Merry et Sam, jeunes mariés américains ayant quitté leur confortable vie new-yorkaise et leurs respectives carrières (Merry, responsable des décors de tournage pour d'assez importantes productions ; Sam, professeur réputé de l'université de Columbia) pour, à la faveur de la grossesse inattendue de Merry, s'installer en Suède où Sam a hérité d'une maison.
Le changement de vie est radical. C'est une nouvelle page de leur histoire qui s'ouvre. Connor, le bébé est le moteur - le prétexte ? - de leur décision. Sam endosse le rôle d'homme fort, protecteur, viril comme une image d'Epinal de Viking. Il essaie de se lancer comme réalisateur. Merry, quant à elle, devient une parfaite mère au foyer. Connor est nourri de petits pots fabriqués maison avec les légumes du jardin. Il va s'épanouir dans un environnement sain, proche de la Nature. Un équilibre parfait. Du sur mesure pour le petit bonhomme.
Le premier chapitre s'ouvre avec la voix de Merry : "VOUS NOUS VERRIEZ, je pense que vous nous détesteriez. On dirait les acteurs d'une publicité pour une compagnie d'assurances, dégoulinants de bonheur. La petite famille idéale et sa petite vie parfaite."
Le ton est donné. Des acteurs. Un décor de carte postale. Tout est beau, lisse, parfait. Exagérément. La dichotomie est d'ores et déjà annoncée.
Tout de suite, le lecteur sait que les apparences sont trompeuses. Dans leur réserve naturelle, à une heure de la capitale, Merry et Sam jouent le nouveau rôle de leur vie, avec un Sam qui tanne Merry pour avoir un second enfant.
L'arrivée de Frank, amie d'enfance de Merry invitée pour un long séjour, sera l'élément déclencheur qui pulvérisera définitivement la jolie petite famille.
Au fur et à mesure que se livrent les personnages, la complexité s'étend. le talent de Michelle Sacks est de mettre à nu ses protagonistes, de distiller des informations, de suggérer des pistes sur lesquelles nous nous engouffrons volontiers pour au dernier moment nous faire rebrousser chemin et ainsi nous "chahuter" davantage. Rien n'est jamais acquis. Nous nous faisons surprendre tout au long du livre. Nous croyons tenir des certitudes mais non, nous sommes nous-mêmes pris au jeu des apparences.
C'est très fort et addictif. le style est direct. La mise en page des dialogues est exempte de ponctuation. Seul, un retour à la ligne indique le changement de voix. Nous sommes dans l'intimité des personnages et rien ne vient troubler ce sentiment. le sentiment d'être dans leurs têtes. La substance est dure mais l'écriture ne l'est pas.
Aucun des personnages n'inspire de sympathie. Seuls, le bébé et la Nature (et les animaux qui en font partie) sont purs et sans calculs. Et ils pointent nos défaillances et nous apprennent beaucoup. Le salut grâce à eux ?
La Suède peut être considérée comme un personnage à part entière. Derrière la vitrine de ce pays où tout doit être beau, sain et juste, des habitants dépriment et boivent ou inversement. Des faits divers où il est question de crimes racistes et de groupuscules néo nazis jaillissent.
Et pourtant, la Suède tient beaucoup à son image. Mais la réalité de ce pays promouvant des valeurs si symboliques et une façon de vivre si belle et respectueuse de tous a de graves failles.
Michelle Sacks pose clairement la question de l'être humain et du hiatus avec les attentes de la société. Et celle du hiatus entre ce qu'une société donne comme image et ce qu'elle est véritablement. Sacks n'a pas peur d'aborder des sujets tabous, comme celui de l'amour maternel. La maternité est-elle l'accomplissement ultime de la femme générant un épanouissement et un bonheur sans égal ? Avec les injonctions que notre société impose aux femmes vient la question de l'éducation des filles. En réalité, tout est imbriqué et Sacks, dans La vie dont nous rêvions, dissèque les relations familiales, les relations de couple, dépendance et manipulation, les relations amicales, sociologiques aussi et tous les possibles dysfonctionnements. L'inceste est également un sujet abordé.
L'intrigue ne nous laisse pas de répit, avec toutes ces questions qui nous ramènent à nos réalités. L'écriture de Sacks nous enserre dans un étau. Que l'on n'a pas envie de quitter.
Ce cruel roman aux thèmes universels et à la fois contemporains est une réussite.
Chacun se ment et ment aux autres. Mais finalement, c'est à nous que nous mentons le plus. Les masques s'effritent peu à peu et Michelle Sacks nous entraîne très subtilement vers le drame.
La seule foi que l'on puisse garder envers l'être humain réside dans ce questionnement qui le taraude sans cesse. Dans sa faculté de pardonner peut-être aussi. La seule empathie que nous pouvons ressentir vis-à-vis de ces personnages pervers tient à leur ambivalence. Ils sont humains. Terriblement humains. Sacks est fine, jamais manichéenne. Elle fouille les blessures, les examine avec la précision d'une chirurgienne. Lorsque l'on comprend que les choix des personnages ne sont en fait que des "non choix", alors on a un peu plus d'indulgence pour eux. A certains moments.
Ces êtres humains ne sont pas adaptés mais comment être adapté dans une société qui est malade. Il y a comme une notion de survie.
Repartir de zéro est une idée chimérique, ça c'est certain.
Un seul petit bémol tant ce roman nous emporte comme une vague pour nous laisser sur le rivage, moins stupides qu'avant de l'avoir lu : c'est juste la théorie du fusil de Tchekhov. J'avoue y avoir pensé. Et puis ensuite, quelle importance ?
La vie dont nous rêvions est un thriller psychologique qui nous emmène bien plus loin que l'on n'imagine de prime abord. Une découverte. Un coup de coeur !
Lisez-le ! C'est un petit bijou dont nous ne sortons pas indemnes. C'est rare !
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Sam et Merry sont mariés et bientôt parents. Ilz ont quitté les Etats-Unis pour la Suède. Ils remettent en état la maison qu'à hérité Sam.
Tout est idyllique dans ce couple en apparence. Sam, homme viril qui subvient aux besoins de sa famille. Merry en jeune mère au foyer qui s'occupe de son bébé et femme aimante.
Mais très vite ce tableau se fissure. Chacun cache des choses inavouables. Et tout risque de voler en éclats avec l'arrivée de Franck la meilleure amie de Merry. Cette dernière tient à lui montrer qu'elle a tout, que tout est idéal dans une maison et un pays où rien ne leur manque de leur pays natal.
Très vite nous sommes plongés dans la noirceur, les secrets et le mal être de ce couple. Entre Merry qui n'arrive pas à aimer son fils et lui fait du mal, Sam qui mend sur sa nouvelle réussite professionnelle, la relation malsaine entre Merry et Franck.
Ce roman est un huit clos de noirceur où nous aimerions nous échapper de cette relation toxique. L'attitude de Sam en mâle dominant que l'on adorerais remettre à sa place. Merry que l'on aimerait bien secouer pour qu'elle réagisse face à son mari, l'arrêter et la mettre devant le mal qu'elle fait subir à son enfant.
C'est une histoire prenante mais la fin ne me plait pas car tout recommence comme si chaque personnage n'a tiré aucune leçon de tout ce qui vient de se passer.
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J'admire la capacité des écrivains à me tenir complètement angoissée cramponnée à leurs mots et à leur imagination, à me maltraiter et à me manipuler grâce à leur au rythme de leur livre. Je peux dire que ce thriller psychologique a été très efficace et très rythmé grâce à des chapitres courts où les personnages principaux prennent la paroles tour à tour. Encore une très belle lecture Belfond.
Sam et Merry ont quitté les États Unis pour s'installer en Suède dans une demeure idyllique où ils cultivent leur potager, Merry fait des petits pots pour leur bébé de 8 mois. C'est un couple d'apparence parfaite dans une demeure parfaite qui nous est décrit et au bout de quelque pages, cela se craquelle minutieusement. Merry n'est pas forcément la mère et l'épouse parfaite, elle ne se montre ainsi que pour Sam qui lui même se révêle être manipulateur. Ce couple est déjà très suspect. Merry attend sa meilleure amie Franck qui doit arriver de New York. On assiste alors à un huis clos à trois avec au centre ce petit bébé au milieu de beaucoup d'attention. La première partie du livre est d'un calme inquiétant, l'auteur pose lentement le caractère des personnages, les rivalités, les rancunes, les exigences et les mensonges.
Un drame fait basculer la tournure de l'histoire ainsi que le rythme du roman qui devient plus soutenue, l'enquête commence.
C'est un récit difficile qui m'a retournée. J'ai été tenue en haleine grâce au rythme à ces relations malsaines explorés par l'auteur avec un écriture tranchante, maligne, subtile qui installe une ambiance pesante et angoissante. Un thriller que j'ai beaucoup apprécié.
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Au début, j'ai plongé dans le récit, comme dans un lac où l'eau serait à température idéale avec tout de même un petit courant plus froid pour rappeler que les relations dans un couple ne sont jamais aussi lisses qu'il n'y paraît.
Puis je me suis sentie de moins en moins bien, l'élément perturbateur, la soi-disant "amie inséparable" Frank apportant un certain malaise. A mesure que tout commençait à tourbillonner, les trois protagonistes sont tous très perturbés et centrés sur eux-mêmes, il n'y avait plus d'empathie possible, si ce n'est pour le bébé-bouée de sauvetage qui balloté, aimé, ignoré ou repoussé selon les états d'âme des membres de ce sombre trio.
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