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Dans sa nouvelle vie, dont elle a banni enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et tout ce qui la relie encore à sa vie passée de mère, de vice-reine des Indes, d'ambassadrice ou d'épouse de Premier ministre, à l'exception de la vieille servante qui l'accompagne depuis son mariage, lady Slane, 88 ans, n'admet plus que trois personnes : l'excentrique propriétaire de la maison qu'elle loue, un artisan qui n'enlève jamais son chapeau et un non moins excentrique collectionneur d'art autrefois croisé en Inde sur une terrasse ensoleillée.
Dans cet univers choisi, lady Slane redevient Deborah Lee, la personne qu'elle était avant que le mariage, les honneurs et les devoirs ne la piègent comme une mouche au centre d'une toile d'araignée, la personne qu'elle n'a jamais cessé d'être en silence pendant sept longues décennies. Enfin libre et heureuse, elle se souvient, avec plaisir ou amertume selon les réminiscences, de la jeune fille qui voulait devenir peintre et de la femme qu'elle fut finalement une fois « [livrée] au service de l'Homme », de l'Empire et de ses propres enfants.

Un roman aigre-doux, qui commence comme une comédie très britannique pour se transformer au fil des chapitres en une réflexion pleine de nuances et de pudeur sur les choix, les contraintes et leurs conséquences, ce que nous sommes et ce que nos destins nous obligent à montrer, le détachement et l'affranchissement que permet enfin la vieillesse, l'approche de la mort…

Bien plus riche et complexe que pourrait le laisser supposer le résumé. Sous son apparence légère et poétique, Toute passion abolie est un petit chef d'oeuvre d'introspection.
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A quatre-vingt-huit ans, Lady Slane, épouse, femme et mère dévouée à son mari et ses enfants, pourrait être brisée par son veuvage. Ses enfants en sont intimement persuadés, ils se demandent comment leur mère pourra mener sa vie devenue solitaire. Ils ont des idées, des perspectives en oubliant un élément essentiel : ce que veut leur mère.

Libérée de ses obligations sociales et mondaines, Lady Slane respire, enfin ! Elle veut prendre sa vie en main, seule, décider ce qui est bien pour elle, seule. C'est pourquoi, plutôt que de vivre avec un de ses enfants, elle loue une adorable maison, repérée quelques dizaines d'années plus tôt, Hampstead pour y vivre avec sa gouvernante française. Elle peut donner libre cours à ses souvenirs, à son rêve de devenir artiste peintre, à tout ce qu'elle aurait pu être si elle n'avait pas épousé Sir Slane, ancien vice-roi d'Inde, ancien Premier Ministre, ancien député à la chambre des Lords.

Dans le nouveau paysage social de Lady Slane, viennent s'installer, autour d'un thé, trois vieux messieurs, M. Bucktrout, M. Gosheron et M. FitzGeorge respectivement le propriétaire de la belle demeure qu'il loue de bon coeur à la vieille dame sachant qu'elle saura aimer la maison, un artisan ami du premier puis un ancien admirateur, excentrique collectionneur d'antiquités ami d'un des fils de Lady Slane. Chacun, à sa manière, cultive son excentricité, ce qui fait tout leur charme.

Lentement, le récit d'une vie so british glisse vers une introspection du personnage principal : Lady Slane, au crépuscule de sa vie, pèse les conséquences de ses choix de vie, sans pour autant les regretter ni les rejeter en bloc. L'autrice, Vita Sackville-West, fait de son héroïne un très beau portrait de femme reprenant en main une vie mise longtemps entre parenthèses.

« Toute passion abolie » est un éloge à la liberté retrouvée d'une vieille femme qui n'a que faire de l'image qu'elle renvoie à la société anglaise des années Trente. Sous la remarquable plume de Vita Sackville-West, les aspirations, tues pendant des années, refont surface, le désir de reprendre sa vie en main amène à la liberté d'être et de penser. Se retrouver soi-même et se dire que maintenant ce sera sa vie tant souhaitée qui sera vécue jusqu'à l'inéluctable fin. J'y ai lu, aussi, un privilège de l'âge : la vieillesse, lorsque toute passion est abolie, devient un espace de liberté dans lequel un brin d'égoïsme est bienvenu au point de ne plus vraiment s'en faire pour sa famille.

« Toute passion abolie » est un roman qui attendait depuis des années qu'un jour je sois prête à le lire. Je n'ai pas été déçue, j'ai été époustouflée par le style merveilleux de l'autrice, par l'ambiance délicatement surannée et nostalgique qu'elle a mis en place, je suis tombée sous le charme de Lady Slane et son histoire émouvante empreinte de tendresse. le roman est d'une grande modernité et tout simplement beau.

Traduit de l'anglais par Micha Venaille
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
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Un court roman tout en finesse qui pose, dans un humour typiquement britannique fait d'une certaine dérision des situations, une réflexion subtile sur le statut des femmes, le sens de la vie, de la vieillesse ou encore de la création artistique. Dans un style très fluide, Vita Sackville-West, nous fait rencontrer des personnages improbables et originaux gravitant autour de Lady Slane, une veuve de 88 ans, qui décide de prendre enfin son destin en main au seuil de la mort. Remettant en cause les conventions, au grand dam de ses enfants, elle fait le bilan de sa vie, de son mariage et des aspirations artistiques qu'elle n'a jamais assouvies. Elle profite des derniers éclats de la vie à travers quelques rencontres de personnages charmants bien loin de l'univers mondain au sein duquel elle a tenu brillamment son rang mais dont au bilan elle n'a tiré aucune richesse, allant jusqu'à ressentir un émoi d'adolescente, lorsque l'un d'entre eux lui avoue avoir été amoureux d'elle un demi siècle auparavant. Une ode à la vieillesse également qui laisse comprendre, que jusqu'au bout la vie réserve des surprises agréables qui en font tout le charme.
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Ce court roman aux accents mélancoliques, mais malicieux aussi, fait partie de ces livres que l'on prend plaisir à lire et à relire à différentes périodes de sa vie. La plume de Vita Sackville-West (une découverte pour moi) est une merveille d'élégance et son regard sur la place des femmes, l'ambition humaine et la vieillesse est d'une grande modernité. En quelques lignes, Vita Sackville-West résume par exemple merveilleusement le dilemme qui peut assaillir les femmes et mères de famille tiraillées entre leurs aspirations personnelles, les injonctions sociales et leur amour pour leurs proches. Toute passion abolie n'est pas pour autant un pamphlet féministe et Lady Slane comme ses nouveaux amis ont un recul délicieux, ironique et plein de sagesse sur la vie. Il est rare de lire une vision aussi sereine de cette période si particulière qu'est le très grand âge et j'ai trouvé ça particulièrement rafraîchissant.
Lien : https://des-romans-mais-pas-..
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C'est un livre qui parfois touche plus juste qu'une aiguille et imprime sa marque, et parfois flotte sans trop (me) parler. D'où seulement ces quatre étoiles. (Faut dire qu'a priori, je ne suis pas le plus concerné par le "sujet". Pas au premier chef, loin s'en faut.)
Cette dame qui se redécouvre, se repositionne et se réfléchit à un âge proche de la finalité. Et qui heureusement transmet ou se fait transmettre, qui se fait bâton de relais, ainsi qu'une main se tend, c'est beau. Un reflet qui prend essor.
C'est un livre dans lequel se trouvent très peu de points de suspension et pourtant qui n'est presque que ça. de ces réflexions qui peuvent prendre essor et envol dans son lectorat.
Un livre féministe également, le mot y est d'ailleurs dans la traduction française, j'ignore s'il y est dans la version originale. 1931...
Vita Sackville-West a trop peu écrit, c'est ainsi et c'est l'humanité qui le regrette.
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À la mort de son mari, l'exemplaire Lady Slane acquiert une liberté que le destin ne lui avait jamais offert jusque là. Abandonnant ses enfants et la bienséance, elle s'installe dans une vieille maison éloignée de tout, accompagnée seulement par sa fidèle servante Genoux. Elle profite alors de son âge avancé pour se souvenir de sa vie, pour rêver à son destin brisé de peintresse, pour questionner son statut de femme. Traversé par une galerie de personnages hauts en couleurs, ce court roman se lit facilement et amuse. le style tout en métaphores et comparaisons, sensible jusqu'à la mièvrerie, tranche avec les observations bien senties de Sackville-West et ses propos proto-féministes, qui étonnent encore 92 ans après leur publication.
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Oh, la grande douceur qui se dégage de ce récit magnifique et mélancolique. On ne peut pas vraiment parler de nostalgie, car Lady Slane semble à l'aise dans son grand âge et dans son veuvage ; elle s'épanouit même, durant ses dernières années de vie : elle se fait des amis, se promène, lit, converse de choses et d'autres avec les rares visiteurs qu'elle tolère.
Il est rare de trouver des romans mettant en scène des héros de plus de 80 ans, et ce court roman de Vita Sackville-West est un petit bijou en la matière. Il montre tout simplement que l'épanouissement et le bien-être sont possibles à tout âge de la vie.
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Un livre doux et agréable mais attention, ça pique ! Il s'agit de la vie d'une femme, mais en réalité, il s'agit des attentes et des désirs de toutes les femmes. J'aime la voix de l'auteure - c'est comme si elle s'asseyait avec nous et que nous devenions sa confidante. On entend tous les pensées de cette femme et ça donne matière à réflexion. Cette sagesse nous permet de comprendre les temps et aussi de nous comprendre.
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Après avoir découvert Vita Sackville-West par le biais de la lecture d'Orlando, de Virginia Woolf, j'avais hâte de lire Toute passion abolie. Et je n'ai pas été déçue parce que cela a été un véritable coup de coeur !

Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler (même si de petits imprévus surgissent au fil du roman) : Lady Slane, 88 ans, se retrouve veuve et, surprenant tout son entourage en décidant de se retirer seule avec sa domestique dans une maison de la banlieue éloignée de Londres, se remémore sa jeunesse et médite sur l'existence de manière générale. Et pourtant, ce livre est addictif à sa manière, tant on savoure chaque phrase et on se laisse bercer par la poésie du récit.

Dans un style magnifique et ponctué par quelques touches d'une ironie typiquement britannique, Vita Sackville-West nous livre de belles réflexions sur le temps qui passe et la vieillesse, mais se montre aussi, comme dans sa vie, à l'avant-garde. Toute passion abolie est en effet aussi un roman qui critique la haute société, son hypocrisie, l'importance qui occupent l'argent, les apparences, les titres… Et c'est surtout un roman féministe, qui dénonce la façon dont les aspirations des femmes sont bridées par le mariage, ce mariage qui constitue le seul horizon possible de leur vie.

La psychologie de Lady Slane est bien fouillée et travaillée, et tous les personnages sont des figures bien dessinées que l'autrice a su rendre « vivants » (à l'exception peut-être de l'arrière-petite-fille, plus caricaturale). Ce court roman restera donc longtemps dans mon esprit !
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J'ai aimé ce roman d'une grande beauté élégiaque, le portrait en miroir de Lady Slane qui à 88 ans et à la mort de son hiératique époux, ancien vice-roi des Indes, entend bien vivre désormais comme elle l'entend. Loin de ses 6 enfants qui cherchent à l'enfermer pour son bien.

Lady Slane n'a qu'une envie à son âge, renouer avec son jardin intime et son moi le plus vrai et le plus naturel, la Deborah Lee de sa jeunesse.

Regrets et graines d'amertume sont des légers nuages à chasser dans le ciel bleu de la vieille Lady.
Un joli bouquet d'élixir de souvenirs et de douce euphorie l'attend contre toute attente dans sa nouvelle maison à Hampstead.

Devant la douceur d'un été finissant qui semble éternel, je suis tombée sous le charme suranné de l'écriture et du portrait en légères touches pétillantes de Lady Slane comme devant un tableau impressionniste.

Un très très joli coup de coeur !
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