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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Innocent : c'est l'histoire de Charles-Henri Sanson (4ème du nom !) , le fils du bourreau de Paris. Nous sommes au 18ème siècle et les règles de la société font que sa voie et celle de ses frères est déjà toute tracée : lui aussi sera le bourreau de Paris.
Seulement voilà, partout où il passe, Charles-Henri est rejeté à cause de son héritage familial , et pour un adolescent sensible, difficile de supporter un tel fardeau...
Pourtant l'histoire nous dit qu'adulte, ce Sanson IV a mené une grande carrière fort prolifique avec de célèbres têtes à son tableau (Marie-Antoinette, Louis XVI, Robespierre,.. pour ne citer qu'eux)...

Je me dois de commencer par dire que le graphisme est absolument somptueux et n'ont rien à envier à certaines bandes dessinées ! le contexte historique (et son époustouflante reconstitution !) est bien sûr passionnante - et c'est ce qui m'a amenée vers ce manga en premier lieu. Et une fois de plus, je trouve absolument bluffant la façon dont un mangaka japonais parvient à s'approprier un contexte historique (français en l'occurrence) avec un tel brio et de manière quasi photographique.

En ce qui concerne le scénario, certes, certaines scènes sont vraiment "bizarres", mais le reste est tellement brillant qu'on en fait vite abstraction.
Cette histoire, qui pourrait être la simple histoire du passage de l'adolescence à l'âge adulte est tellement bien maîtrisé, les personnages dépeint avec minutie et justesse et permettent de plonger de lecteur dans une atmosphère lourde et presque poisseuse et suintante. de plus, l'auteur parvient à nous faire compatir avec son personnage principal qui a tout d'un anti-héros , et attise même la curiosité quant à la suite de son parcours.

Je n'ai plus qu'une hâte : connaître la suite de cette perte d'innocence.
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Bon j'avais pondu un bel et long avis mais les mystères du html ont raison de ma patience.

Donc, je vais résumer : Une fois n'est pas coutume, c'est une amie FB (et pas Babelio) qui a attiré mon attention sur cette série. c'est plutôt pas mal, même si la narration est un peu heurtée. Les flash-backs ne sont pas repérables facilement et j'ai mis parfois un peu de temps à comprendre qu'on me racontait un truc du passé "explicatif".
Les dessins sont beaux (certaines planches sont vraiment magnifiques) mais parfois incompréhensibles, ce qui participe aux "heurts" de narration. Et j'aurais apprécié un héros un peu moins féminin de traits, pour être tout à fait honnête...

En bref, c'est l'histoire romancée de Charles-Henri Sanson, exécuteur de sa majesté, et ce premier tome nous livre sa jeunesse tourmentée, dans une famille non moins tourmentée, et "tourmentante", si j'ose dire.

Il finit sur un cliffhanger un brin stressant qui, bien sûr, incite à lire la suite, ce que je ferai peut-être un de ces jours... mais pas de suite...
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J'ai découvert cette série ce week end et bien quelle claque graphique, c'est juste magnifique. Franchement je me demande comment on peut parfois pousser le détail pour arriver à un tel niveau de réalisme en ce qui concerne la reconstitution visuelle de ce Paris du 18 eme siècle.
L'histoire c'est celle du tristement célèbre Charles-Henri Sanson, le bourreau de Luis XVI et pour ce que j'en ai lu (deux tomes) çà à l'air d'être relativement fidèle mais alors par contre c'est glauque de chez glauque.

Un manga magnifique pour illustrer la vie d'un homme connu pour avoir amené 2918 personnes à la mort dont de très grand noms de monarchistes et de révolutionnaires (Danton, Robespierre, Louis XVI) .
Le volume un se clos sur une scène immonde où Charles doit faire face à sa première exécution, la scène est rendue particulièrement tragique car il s'agit d'une personne non étrangère, en l'occurrence plus qu'un ami, un amant...

Le prochain tome (3) promet puisqu'il mettra en scène l'exécution de Robert François Damien connu pour avoir effectué un tentative d'assassinat sur Louis XV, son exécution par écartèlement restera dans les annales comme étant l'une des plus horribles de l'histoire...âme sensible passez votre chemin
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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Un manga qui de prime abord peut sembler repoussant puisqu'il suit la vie d'un bourreau. Et pourtant il n'en est rien grâce au trait gracieux et délicat du mangaka. À n'en pas douter, le trait sert vraiment l'oeuvre et lui donne toute sa puissance et sa beauté. J'adore le style graphique de ce manga : fluide, léger, des clairs-obscurs magnifiques. Au final, tout sert à rendre beau ce qui peut l'être et permet aussi de souligner l'horreur quand nécessaire.
Pour ce qui est de l'histoire sur ces trois premiers volumes, nous suivons les débuts de Charles-Henri Sanson, 14 ans, fils de bourreau et qui doit donc reprendre la profession paternelle. Traité de la vie des bourreaux était un choix audacieux, car le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont mauvaise réputation (et ça se comprends). Mais dans ce manga, traité de façon historique, une découvre la vie de ces gens bien loin des clichés que véhicule le cinéma. Les bourreaux jouissent de privilèges, sont autant ostracisé que « respecté » pour la tâche qu'ils accomplissent. C'est d'ailleurs le parcours du jeune Charles-Henri, doux et sensible (avec des traits très efféminés), pour se sortir de ce monde hideux tout en acceptant son destin. Personnage intelligent et droit dans ces bottes, il s'évertue à suivre cette voie maudite tout en y apportant « de l'humanité » malgré les horreurs qui lui sont demandées. Note spéciale pour la grand-mère Sanson qui est une vraie tortionnaire et assume totalement son lignage.
Je suis curieuse de découvrir la suite de ce manga.
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Est-il aussi innocent que cela ? On va nous présenter le dernier-né d'une famille où l'on devient bourreau de père en fils. Cela remonte d'ailleurs à plusieurs générations en arrière. Cependant, ce n'est pas n'importe quel bourreau. C'est quand même celui qui a coupé la tête du roi Louis XVI, de Danton, Saint-Just et Robespierre ainsi qu'accessoirement de 3000 personnes durant la Révolution Française.

Je dois bien avouer que son cheminement est très intéressant car il voulait tout d'abord échapper à la destinée familiale avant d'être torturé par son père, un fin connaisseur pour convaincre n'importe qui de cracher le morceau. Etre un enfant de bourreau, ce n'est pas très facile surtout quand on est de nature un peu peureuse. Or, il va malheureusement vite surpasser son maître. Plus tard dans sa vie, il participera à la réalisation de la guillotine pour des exécutions rapides et indolores.

On est tout de suite happé par cette histoire qui reprend des faits réels. Ce qui est intéressant, c'est de suivre le cheminement psychologique qui va l'amener à être confronté aux soubresauts de l'Histoire et notamment de la Révolution Française. le dessin réaliste est d'une finesse incroyable ce qui ne gâche rien à la lecture de ce seinen. Oui, ce fut un véritable plaisir de lecture et on aimerait bien que les mangas atteignent cette qualité plus souvent.
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Innocent et sa suite Innocent-rouge sont les dernières productions de Shin'ichi Sakamoto que j'avais découvert avec l'excellent manga sur l'alpinisme Ascension. Les grandes qualités graphiques de cette dernière se retrouvent ici dans une série courte qui tient son lecteur en haleine tout au long d'un récit qui ne nous épargne pas émotionnellement.

La précision technique et documentaire sont particulièrement impressionnantes chez Sakamoto et son équipe. le réalisme quasi-photographique de la plupart des décors permet l'immersion dans une histoire réellement éprouvante de par son sujet et la crudité de son traitement. Avec la même maestria que sur les éléments techniques d'escalade sur Ascension, le mangaka a tenu à la plus grande précision dans les costumes, lieux et moeurs de l'époque. Car Innocent est autant un brutal plaidoyer contre la peine de mort (pour rappel le Japon fait partie des dernières démocraties à pratiquer encore régulièrement la peine de mort) qu'une description sociologique des dernières années de l'Ancien Régime français, de sa violence, sa corruption et son inégalité criante. C'est aussi (comme pour beaucoup de manga) l'émancipation d'un être sensible et fragile contraint par la pression familiale et sociale aux pires sévices, vers une utilisation de sa charge pour accompagner à sa façon une Révolution qui gronde. Là encore le miroir trouvé avec une société japonaise très conservatrice est très clair et prouve la maturité et l'ambition de ce grand mangaka.La dynastie des Sanson destine chacun de ses enfants à être le Bourreau du roi ou un bourreau de province. Tenue d'une main de fer par une grand-mère totalement abominable de cruauté et d'archaïsmes (elle va jusqu'à torturer sa petite fille pour lui faire comprendre le rôle de génitrices des femmes de l'époque...), la famille enseigne autant la médecine que les arts de la torture: dans une vision scientifique, le bourreau doit savoir comment donner la mort (mais aussi soigner pour maintenir en vie!) avec précision. La description des scènes est froide, cynique, clinique et seuls le visage à la pureté virginale du personnage principal et les allégories graphiques intercalées (technique propre à Sakamoto sur tous ses manga) permettent de soulager une tension de lecture parfois insoutenable. L'auteur prolonge les  séquences, sans voyeurisme mais avec la même démarche que la plupart des militants de l'abolition: montrer froidement la réalité de cet acte barbare, de l'humanité des suppliciés, pour faire comprendre dans une démarche des Lumières que la civilisation ne peut plus autoriser cela.

Au-delà de ce plaidoyer la description historique est vraiment réussie. le poids de la figure royale d'essence divine écrase une société apeurée qui doit comprendre au travers du supplice du régicide Damiens que personne ne peut prendre ce risque... le tome 4 décrivant l'écartèlement est rude, mais cela ne doit pas atténuer l'intérêt du manga sur les dernières années avant la Grande Révolution, via une multitude de détails de la cour comme dans le peuple.

Graphiquement Sakamoto reprends ses personnages au visage d'ange, à androgynie appuyée jusque dans une sexualité refrénée aux penchants homosexuels. Chacun des personnages est très différent et reconnaissable et la maîtrise technique, anatomique notamment  (par exemple sur les chevaux) est remarquable. Les planches sont toutes magnifiques, sans défaut, même sur les images de rêverie ou de cauchemars très sombres.

Innocent est un très grand manga qui dépasse très largement le seul loisir culturel par l'ambition politique de son auteur. On pourra suspecter une insistance morbide sur certains détails mais à mon sens cela appuie vraiment le propos de fonds. Jamais l'on n'a vécu le règne de Louis XV avec une telle précision documentaire. Ce n'est bien entendu pas une série à mettre entre toutes les mains, la cruauté étant présentée sans détours. Mais l'effort en vaut la peine.

Lire sur le blog:
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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Manga classique par sa mise en page et par le fait aussi qu'il soit une libre adaptation de faits historiques. Ne prenez donc pas tout au pied de la lettre, mais laissez-vous porter par l'esprit romanesque, délicieusement romantique et gothique de ce destin peu commun de Charles-Henri Sanson.
L'Histoire avait fait le plus gros, le mangaka n'a presque plus eut qu'à y mettre sa patte et à y glisser des codes bien connus des amateurs du genre. D'ailleurs pour un Seinen, je le trouve très Shonen par certains aspects (allure du personnage de Charle-Henri, certaines mêmes de ses réactions...), mais ce n'est que le premier tome de cette saga donc cela peut tout à fait évoluer. Et puis, les frontières entre sous-genres sont parfois ténues, voir carrément floues.

J'ai apprécié la qualité du coup de crayon et l'art de tout mettre en scène de manière assez typiquement japonaise. Nous sommes dans le royaume de France au XVIII ème siècle et pourtant... Lectrice depuis plus de 25 ans de manga, je ne suis pas surprise, les néophytes peut-être plus. Je pense à celles et ceux qui se lanceraient pour une première lecture du genre après avoir vu sur le bandeau : Recommandé par Historia. Un peu rude comme initiation.

Forcément vu la famille Sanson, son rôle, sa fonction et aussi le genre de ce manga, cette lecture n'est tout public. Disons que je la réserverais pour des lecteurs/lectrices assez mûres pour bien en saisir tous les sens évidents et plus cachés. L'âge du lecteur/ de la lectrice est donc une donnée qui peut varier.

Ce premier tome a tenu pour moi ses promesses et m'a plu. Je lirai avec grand plaisir le second.

Lien : http://espace-temps-libre.bl..
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Les héritiers de la famille Sanson sont, depuis des générations, maudits par la population française car ils sont les bourreaux officiel du roi.
1753, Jean-Charles, futur Sanson IV, exécuteur de Paris, a 14 ans et il refuse de tuer.

Un manga que je découvre un peu par hasard et qui se révèle être une bonne surprise.
J'ai été tout d'abord attirée par le graphisme particulier. Il est toujours intéressant de voir comment son perçus les occidentaux par les asiatiques et ici, je trouve que les personnages sont particulièrement glauque. Ensuite c'est le côté historique du récit qui m'a intéressé. J'ai été impressionnée par les détails des bâtiments et des habits. Et je dois dire que ce premier volume m'a donné envie de lire la suite mais également d'en apprendre plus sur le personnage.
Je lirai donc la suite !
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Attention, cette chronique peut comporter quelques SPOILERS, je suppose...

C'est une fois de plus l'excellente revue Atom qui m'a incité à la lecture de ce manga de Sakamoto Shin'ichi, au sujet étonnant : la biographie, très libre et inspirée plus concrètement d'un roman (semble-t-il ?) japonais, d'un fascinant personnage de l'histoire de France, le bourreau Charles-Henri Sanson, le plus célèbre représentant d'une véritable dynastie d'exécuteurs des hautes-oeuvres, et ceci parce qu'il a mis à mort, sur l'échafaud, près de 3000 personnes au cours de sa longue carrière – il faut dire qu'il était le bourreau en chef parisien durant une période particulièrement sanglante de l'histoire de France : la Terreur… C'est lui qui a tranché le col de Louis XVI – mais aussi celui d'Hébert, de Danton, de Desmoulins, puis ironiquement ceux de Robespierre ou Saint-Just… Parmi bien d'autres – et ceci sans même mentionner sa carrière antérieure à la Révolution et à la guillotine ; or il faut la prendre en compte également, car les noms fameux sont là aussi de la partie : Sanson a présidé (dans la douleur) à l'atroce supplice du régicide Damiens, décrit en long et en large en introduction du Surveiller et punir de Michel Foucault (comme le disait le grand philosophe Garth : « Si tu vomis, vomis là-dedans. ») ; il a également foiré, et c'est peu dire, l'exécution déjà passablement « problématique » (quel euphémisme…) dans son principe même de Thomas Arthur de Lally-Tollendal… et, en parlant d'exécutions, et même de supplices, « problématiques », on ne saurait oublier le cas invraisemblable du chevalier de la Barre ! Ces deux dernières affaires, précisément, ont avivé le courroux De Voltaire, et j'en avais déjà causé sur ce blog, il y a longtemps de cela… Mais ce ne sont là que quelques noms fameux qui ont traversé l'histoire – le reste, à ce stade, des statistiques ? Au regard de l'histoire peut-être – mais, sur l'échafaud, il en allait sans doute autrement...



Aucun doute : c'est un très bon sujet pour une BD – inattendu de la part d'un auteur japonais, peut-être, mais pourquoi pas ? En soulignant d'emblée que Sakamoto Shin'ichi, pas exactement un inconnu, n'avait pas l'intention de livrer un manga particulièrement scrupuleux au plan historique (et ce n'est probablement pas un problème) – même en s'appuyant sur une documentation parfois précise et en faisant appel à une liste impressionnante d'historiens japonais pour veiller à ce qu'il ne raconte pas n'importe quoi non plus : on en trouve la liste, ainsi que celle des assistants, dans une sorte de générique en fin de volume – c'est qu'il y en a, du monde, qui a bossé sur Innocent ! Et ça se sent au final, notamment au regard du graphisme, oeuvre collective qui fait largement appel aux technologies informatiques, pour un résultat de toute beauté…



Ce premier tome introduit le personnage du jeune Charles-Henri Sanson, sous le règne de Louis XV. le garçon, aux traits efféminés et à la longue chevelure qui vole au vent (un peu trop à vrai dire, et j'y reviendrai…), déteste sa condition, et redoute son avenir : il ne veut pas devenir bourreau ! Et il souffre de ce que tout le monde le rejette… Les Sanson sont appointés par le roi depuis plusieurs générations, leur statut est tout ce qu'il y a d'honorable – mais on les craint, et la superstition est de la partie… le très émotif Charles-Henri en vient à se rebeller ; son père, Charles Jean Baptiste, le troisième bourreau Sanson, en vient, lui, à supplicier son propre fils, la chair de sa chair (il en conclut qu'il se supplicie donc lui-même…), pour contraindre l'enfant timoré à admettre qu'il n'a de toute façon pas le choix. Il s'agit dès lors de faire son apprentissage – ce qui passe aussi par le rôle « social » des Sanson : on les craint, mais, lors de fêtes suintant la décadence, des aristocrates peuvent leur demander de faire la démonstration de leurs talents… Et si l'adolescent Charles-Henri se résout petit à petit à devenir un bourreau comme son père et son grand-père et son arrière-grand-père avant lui, il n'en est pas moins porté à se rebeller contre ceux qui ne font que trop peu de cas de la vie et de la mort, et pas seulement celles des hommes. Et quand ce tome 1 se conclut (vague SPOILER les gens, attention si jamais…), Charles-Henri doit procéder à sa première exécution – celle d'un jeune homme de 14 ans, Jean de Chartois, dont il était tombé fou amoureux…



J'ai lu deux fois ce premier volume, avant d'en livrer la présente chronique – ceci… eh bien, parce que je ne savais pas exactement ce que j'en pensais. Il n'y avait qu'un point de certain : le dessin est vraiment très beau, même s'il ne plaira probablement pas à tout le monde. Comme dit plus haut, il fait appel à des outils informatiques, de manière marquée, et s'appuie souvent sur des photographies, pour un résultat extrêmement réaliste – ceci au fil de pages au découpage relativement sobre, mais très cinématographique, avec un montage complexe, des plans de coupe, comme des arrêts sur image, etc., souvent de manière « muette » d'ailleurs.



Ce « photoréalisme » vaut du moins pour ce qui est des décors, disons, et éventuellement les costumes, à ceci près que, là, Sakamoto Shin'ichi tend à en rajouter. Mais les traits des personnages demeurent très « manga »… et à vrai dire pas toujours pour le mieux, car, si on se fait au caractère geignard d'un Charles-Henri très pathos, très romantique même, précurseur aux mains bientôt ensanglantées d'un Werther ou d'un René, les longues chevelures animées d'une vie propre peuvent laisser davantage sceptique, et il en va probablement de même pour le parti pris homoérotique de la BD, qui se fonde sur des personnages de garçons androgynes au corps lisse et à la tenue extravagante totalement fantasmés. Ce qui est un peu déconcertant – même si pas forcément vain et certainement pas hors de propos : à vrai dire, ceci, associé bien sûr au thème même de la BD, et, dans ce premier tome, à l'emploi de la torture, a fortiori dans un contexte… intime (!), voire à quelques choix de « cadrage » qui, sans être le moins du monde pornographiques, jouent quand même de la chair exposée et des sécrétions corporelles, tout ceci donc, m'a inévitablement ramené aux écrits du marquis de Sade – un guide idéal pour cette période troublée !



Et qui offre un sacré contraste avec les rêveries amoureuses associant tout d'abord Charles-Henri et Jean de Chartois, et qui dégoulinent quand même un peu de niaiserie, si le désir plus ou moins refréné est bien d'emblée de la partie… Cette amourette, à vrai dire, était probablement ce qui m'avait un peu refroidi à la première lecture – dans le fond comme dans la forme. Jean de Chartois brillant de mille feux, entouré d'une aura de pure et divine lumière, qui récite des comptines en anglais tout en virevoltant gracieusement, dans les champs comme dans les salons, en secouant au ralenti sa crinière léonine, au point de la pub L'Oréal parfois, ben, euh… J'ai trouvé ça quand même un peu ridicule, hein.



Mais je suppose qu'il ne faut pas s'y arrêter – et que ce premier tome compense cette éventuelle lourdeur (qui n'en sera pas une pour tout le monde) en mettant en scène des idées bien plus intéressantes. J'ai tout particulièrement apprécié la fin de ce tome 1 – et pas seulement parce qu'elle met en scène l'exécution du pénible Jean de Chartois, hein ! Ce que je trouve très intéressant, ici, c'est la manière dont Sakamoto Shin'ichi rend la « vision » de Charles-Henri, l'outil trompeur qu'il a développé pour se montrer capable d'accomplir son horrible tâche – un procédé qui a quelque chose d'expressionniste je suppose : il voit le condamné comme un mannequin, de toile, de paille et de cordes – mais, en l'envisageant ainsi, c'est son monde entier qu'il bouleverse : toute la foule, cruelle et assoiffée de sang, qui se presse pour assister à l'exécution, est composée de semblables mannequins… et Charles-Henri lui-même en est un ! Cette scène est vraiment très forte, et très juste : là, la narration et le dessin se montrent brillants ensemble, et cette ultime séquence, avec son, euh… cliffhanger ? donne pour le coup pas mal envie de lire la suite.



Je ne sais pas encore si je suivrai la série jusqu'au bout (elle est terminée et fait neuf tomes, auxquels il faut ajouter un spin-off du nom d'Innocent Rouge, en cours de publication) ; d'autant que je ne peux pas prétendre avoir été totalement emballé par ce premier volume – je reste même encore un peu indécis, à vrai dire… Mais je suis suffisamment curieux pour désirer lire le tome 2, et je suppose que je verrai alors si je dois poursuivre ou pas.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Lorsqu'un japonais, Shin'Ichi Sakamoto s'empare de l'histoire de France et plus précisément de la Révolution Française, on peut s'interroger sur sa façon de l'envisager mais étant une fan de Lady Oscar c'est avec fébrilité que j'ai plongé dans cette série en 9 volume (finie au Japon) qui retrace l'histoire du bourreau de Louis XIV, Danton et Robespierre, Charles Henri Sanson.

Il semblerait que Shin'Ichi Sakamoto ait été impressionné par ce personnage, Charles Henri Sanson, officiellement exécuteur des hautes oeuvres de Paris pendant plus de 40 ans. Il faut dire que notre homme, en plus d'avoir exécuté de grands noms aurait donné la mort à plus de 3000 personnes.

Sakamoto nous offre le portrait d'un garçon sensible, en proie au rejet de la société de l'époque. Il faut dire que les bourreaux et leur famille étaient craints. La population les voyait comme porteur de grands malheurs si par malheur on les croisait ou pire on entrait en contact physique avec eux. Une tradition française existe encore : il ne faut jamais mettre le pain à l'envers sur la table (il était autrefois réservé au bourreau et ne pouvait se mélanger aux autres). Dans la version romancée de Sakamoto, Charles Henri souffre fortement de ce rejet, il n'aime ni la violence ni la mort qui suivent sa famille comme une ombre. Il souhaiterait échapper à son destin mais à l'époque il est compliqué de fuir le carcan imposé, même si la société est en plein bouleversement.

Sakamato prête également à notre héros des pulsions homosexuelles. Il va très vite s'éprendre d'un fils de comte ajoutant un poids de plus sur les épaules de ce garçon qui parait particulièrement frêle. On se dit qu'il ne survivra pas dans ce monde barbare mais toujours il se relève face à l'horreur, à l'adversité et on vibre.

Je ne vous parle même pas des dessins magnifiques en noir et blanc au crayonné élégant, sensuel qui nous donne de l'émotion rien qu'en les regardant. Ils ont un rendu photographique qui frise la réalité et retranscrivent magnifiquement la décadence et les heures sombres que vivaient les personnages à l'époque.


Un vrai, un grand coup de coeur !
Lien : http://depuislecadredemafene..
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