Qui peut peindre des corps l'extrême petitesse,
Déterminer leur poids, leur forme, leur souplesse?
Tel être obtient la vie, est sensible, agissant,
Et demeure invisible à l'œil le plus perçant.
Quel est son faible cœur, l'organe de sa vue,
Et de ses aliments la tortueuse issue?
Quelle faible étendue offrent les éléments
Créateurs de son âme et de ses sentiments?
Par la Nature enfin leur limite est tracée ;
Mais lointaine, elle fuit, échappe à la pensée.
CHANT QUATRIÈME
Loin des sentiers battus je prends un noble essor :
Libre, je veux errer sur un sol vierge encore.
L'obstacle m'enhardit : je puise avec délices
Aux sources qui pour moi réservent leurs prémices;
J'aime à cueillir des fleurs qu'ignoraient mes rivaux,
A ne ceindre mon front que de lauriers nouveaux.
Il est temps qu'à mes vœux la gloire enfin réponde :
De ses tyrans sacres je délivre le monde;
Et, chassant de l'erreur la triste obscurité.
De mon génie ardent jaillit la vérité:
Ma lyre en adoucit la rigueur trop austère.
Tel, s'il offre à l'enfant l'absinthe salutaire,...