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3,66

sur 297 notes
Dans un pays dont on ne connait pas le nom, plus personne ne meurt. Dès qu'on passe la frontière, la mort redevient possible. Cette situation amène quelques situations assez particulières...

Si la mort décidait de ne plus faire son travail, ça n'arrange pas forcément les choses, ici on en voit les inconvénients. Malgré le sujet, je n'ai pas trouvé le livre noir ou macabre, il possède même un certain humour (noir, je l'accorde). Je me demande qui était ce narrateur, j'ai eu le sentiment que ça pouvait être la mort elle-même par moments.

J'ai été un peu gênée par la structure du livre : déjà tout est écrit dans un bloc pratiquement, il faut faire attention pour savoir qui parle. Ensuite, dans une première partie, personne ne meurt, dans une seconde, la mort "la" remet en place puis instaure un drôle de système et enfin, on s'attache à un homme en particulier, qui déjoue les plans de la mort. La fin m'a étonnée, parce qu'improbable, mais en même temps, j'ai été touchée par cette douceur.

J'ai aimé découvrir cet auteur, son style, même si assez particulier, m'a bien plu. Je le relirai sans aucun doute.
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Un style un peu déconcertant au début de lecture, mais quel roman ! Vous ne verrez plus la mort de la même manière ...
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Un gros coup de coeur !

Ce roman est divisée en deux parties : La première dédiée aux circonstances et aux conséquences de l'arrêt brutal de l'activité de la mort sur toute une population dans un pays, et juste un seul pays ; ceci ne concernant que les humains et non les animaux et végétaux, laissant tous ces habitants à un avenir d'immortalité. La deuxième est consacrée à la remise en service de la mort, puis à un évènement singulier mettant en lumière un personnage en particulier.

En premier lieu, s'arrête de s'abattre sur la population la mort, au premier jour de l'année. Ce qui s'avère être au fil du récit une catastrophe, les pompes funèbres obligées de se reconvertir avec les animaux domestiques, les maisons de retraite et hôpitaux surchargés, les compagnies d'assurance mettant en place un « gentlemen's agreement » afin de sauver leur légitimité, l'Eglise voyant s'effondrer tous les fondements de son existence « si la mort disparaît, il n'y aurait plus de résurrection possible et que sans résurrection l'église perdrait tout son sens », les familles désabusées et s'en remettant à une pratique humiliante et honteuse. La « Maphia » (écrit comme cela dans le texte) vient « sauver » la population avec une organisation sous le manteau, permettant de soulager les familles (en échange d'un pécule non négligeable, inutile de le mentionner) en menant les moribonds en dehors du pays (idée de départ d'une famille d'agriculteurs et suivi par d'autres, organisée ensuite par la Maphia). Mais il s'avère que les 3 pays limitrophes commencèrent à voir d'un mauvaise oeil la venue de tous ces gens provoquant des enterrements clandestins et un peu n'importe où, qui plus est. La Maphia trouva donc une solution, lui permettant d'augmenter de surcroît ses tarifs. Solution qui fût également bénéfique pour les pompes funèbres. Les républicains en profitèrent pour prôner leur cause dans ce pays monarchique, mettant en exergue l'injustice et la contre logique de ce système face à l'immortalité.

En second lieu, la mort reprend finalement du service face aux incohérences de cette suspension momentanée, mais avec un petit changement, reconnaissant que « le procédé habituel (est) injuste et cruel consistant à retirer la vie aux gens en toute mauvaise foi, sans préavis(…) ». En effet, les futurs morts recevront une lettre 8 jours avant la date fatidique, afin de leur laisser le temps de faire toutes les démarches nécessaires au bon ordre de leurs affaires. Mais en attendant, tous les moribonds s'éteignirent simultanément au 1er janvier minuit, pour un retour à la normale, un réajustement. Tous les habitants furent heureux de cette modification, cependant, l'annonce d'une mort future sous huitaine angoissa la population et une psychose se mit en place. « La semaine d'attente édictée par la mort avait pris la proportion d'une véritable calamité collective ». C'est alors qu'un fait inattendu pour la mort apparut, qui la plongea dans l'expectative et l'obligea à réfléchir à la bonne mise en oeuvre d'une solution contrecarrant ce phénomène. Un violoncelliste a fait son apparition dans l'histoire… La mort arrivera t'elle donc à un mode opératoire efficace et à son application ?

Le style de José Saramago est très particulier. Il fait de longues phrases qui ont l'air de ne jamais s'arrêter, avec des virgules à profusion. Cela surprend au départ, mais une fois bien lancé on s'habitue très bien au style voulu de l'auteur : « la syntaxe chaotique, l'absence de point final, l'élimination obsessive des paragraphes, l'emploi erratique des virgules et, péché sans rémission, l'abolition intentionnelle et diabolique de la lettre majuscule ». Les dialogues sont complètement intégrés au récit, ce qui signifie qu'il n'utilise pas les tirets ou guillemets, juste des majuscules pour la première lettre du mot prononcé par chacun des interlocuteurs. On s'y fait très vite. Il est le maître de l'ironie, de la dérision. Avec un thème comme celui là c'est juste excellent ! Et son humour, enrichi d'un vocabulaire exceptionnel, est intelligent et émoustillant. On se retrouve dans des situations volontairement loufoques, une façon, à mon avis, de minimiser l'irrévocabilité de la mort. L'utilisation qu'il fait de digressions rend très vivant le roman, on a pour ainsi dire le sentiment de discuter avec le narrateur et c'est d'un caustique plaisant. « L'humanisation » qu'il fait de la mort la rend presque sympathique et on en oublierait presque qui elle est en réalité, la faisant passer, par exemple, pour une employée comme une autre avec ses soucis techniques, sauf que elle, elle a des pouvoirs ! Il fait parler la mort et même sa faux, ce qui est franchement très amusant et nous fait penser qu'on parle d'un sujet léger, alors qu'il n'en est rien.

C'est un réel coup de coeur, je n'avais jamais lu ce type de roman avec une écriture superbe, une idée plus qu'originale et une rhétorique formidable. Je vous le conseille fortement !

Premières phrases du livre : « le lendemain, personne ne mourut. Ce fait, totalement contraire aux règles de la vie, causa dans les esprits un trouble considérable, à tous égards justifié, il suffira de rappeler que dans les quarante volumes de l'histoire universelle il n'est fait mention nulle part d'un pareil phénomène, pas même d'un cas unique à titre d'échantillon, qu'un jour entier se passe, avec chacune des généreuses vingt-quatre heures, diurnes et nocturnes, matutinales et vespérales, sans que ne se produise un décès dû à une maladie, à une chute mortelle, à un suicide mené à bonne fin, rien de rien, ce qui s'appelle rien. Pas même un de ces accidents d'automobiles si fréquents les jours de fête, lorsqu'une irresponsabilité joyeuse et un excès ‘alcool se défient mutuellement sur les routes pour décider qui réussira à arriver à la mort le premier. le passage à une année nouvelle n'avait pas laissé dans son sillage l'habituelle traînée calamiteuse de trépas, comme si la vieille atropos à la denture dénudée avait décidé de rengainer ses ciseaux pendant une journée. »
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Une idée très originale pour ce roman : et si la mort décidait que plus personne ne mourrait ? Idée séduisante, mais que de problèmes cela engendrerait...
J'ai bien aimé ce livre, mais il faut avouer qu'il est un peu difficile à lire : non qu'il soit mal écrit, mais les discussions font partie du paragraphe - certains paragraphes s'étendent d'ailleurs sur plusieurs pages - et cela revient à une vraie gymnastique intellectuelle.
Passée cette étape qui peut être assez rebutante pour certains, le livre devient agréable, d'autant qu'il est plein d'humour.
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Chaque être humain a rêvé au moins une fois d'être immortel mais sans jamais trop réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir car quand on pense à l'immortalité , on pense à la sienne uniquement . José Saramago y a réfléchi pour nous , c'est le thème de ce roman que j'ai eu beaucoup de mal à lire , bon j'avoue , je ne l'ai pas terminé .
Pourtant , je trouve que c'est un thème original mais le style de l'auteur ne m'a pas plu .
Dans un pays imaginaire , la mort a arrêté son travail , au début tout semble pour le mieux mais au bout de quelques temps , les inconvénients apparaissent , les vieilllards n'en finissent pas d'agoniser , les veillées funèbres s'éternisent et les familles n'en peuvent plus , plus de mort , plus d'héritage , plus de travail pour les pompes funèbres .
Les grands blessés ne meurent plus , les hôpitaux sont surchargés , enfin c'est toute la vie quotidienne qui est chamboulée .
Sous cet angle , on se rend compte que la mort a son utilité , que les cycles de vie et de mort doivent se succéder pour le bon ordre du monde .
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la mort (toujours sans majuscule bien sûr!) décide d'arrêter de tuer, de mettre en suspens sa raison d'être, et de voir ainsi ce qu'il se passe... Et c'est bien entendu le chaos!
Au lieu de prendre le problème dans le bon sens, les dirigeants commencent par résoudre des problèmes qui n'en sont finalement pas, comme le dédommagement des pompes funèbres ou le reclassement des fonctionnaires... Intelligent, non? On pourrait croire que J. Saramago voit dans notre avenir politique et humain...
L'allégresse des premiers jours se transforme rapidement en hécatombe, mais la mort revient vite sur le devant de la scène, en prenant à parti les médias pour son grand retour.
Mais son nouveau plan va être mis à mal par le refus (inconscient) de la mort d'un homme comme un autre...
On retrouve le style de José Saramago, des phrases longues comme le bras, les dialogues inscrits dans le récit, et surtout une caractéristique dont je n'ai pas parlé jusqu'à maintenant: un livre divisé en deux parties bien distinctes.
J. Saramago commence en général par décrire le chaos induit par l'évènement, que ce soit une épidémie d'aveuglement ou la mort arrêtant de tuer, la réaction de la population en général, le gouvernement, quelques anonymes... Puis s'investit dans un autre univers, plus personnel, en s'intéressant plus particulièrement à une situation, un personnage, une vision... Un schéma récurrent dans son récit, qui a le mérite de ne pas traîner en longueur.
Un vrai livre bien mené, dont on ressort avec un sentiment de fraîcheur.
Lien : http://angel-caprices.over-b..
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Dans un pays pas si lointain qui ressemble à l'Espagne, la mort se met en grève. Après le moment d'euphorie qui gagne toute la population, les problèmes arrivent, que faire des vieux qui n'en finissent pas de mourir, des malades en phase terminale, de ces gens qui devraient être morts? Enfin la mort revient avec une nouvelle organisation. Elle envoie des lettres aux personnes qui vont mourir pour qu'ils aient le temps de s'organiser, jusqu'à ce qu'une lettre lui revienne....
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Comme un fleuve de mots, denses, souriants, les aléas incongrus d'une société strictement en vie. Dérives des familles, des hôpitaux, des pompes funèbres, de l'église, de la maphia, (orthographe de l'auteur), privés des arrêts de vie, en absence de mort. L'envers d'un décor en somme. Un violoncelliste, des enveloppes à l'encre violette, une émotion retenue sur des notes de jean sébastien bach (en minuscule dans le texte), comme une introduction à l'écoute des suites. Un conte ou un constat d'une ironie lucide.

Qu'importe alors que les dernières pages n'offrent pas la même densité. Un livre pour le plaisir d'un grand de la littérature portugaise. Et poursuivre en se plongeant dans par exemple « Histoire du siège de Lisbonne » ou « L'année de la mort de Ricardo Reis », chez le même éditeur.
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Au passage de la nouvelle année, une chose étrange et inattendue se produit : plus personne ne meurt. Cette absence de mort ne concerne que le pays, jamais nommé, dans lequel se déroule cette histoire. Dans les pays voisins, la mort continue à officier. Cette absence de mort est vécue dans la liesse générale. Toutefois, cette joie que crée l'idée d'une vie éternelle devient vite un vrai casse tête pour tout le monde. Car si on ne meurt plus, on continue bien à vieillir et à tomber malade. du coup, les hôpitaux se trouvent vite surchargés ainsi que les maisons de retraite. A l'inverse, certaines professions se plaignent de ne plus avoir de travail comme les sociétés de pompes funèbres. le gouvernement est sur les dents, car il doit trouver des solutions. Il va ainsi passer un accord avec la mafia pour organiser des "voyages" dans les pays voisins où la mort continue de faire son travail. Et puis, au bout de quelques mois et, du jour au lendemain, la mort décide de reprendre du service. Ainsi, elle fait annoncer, par le biais des médias, que les gens vont recommencer à mourir. Toutefois, elle introduit une nouveauté : les personnes qui doivent mourir recevront une lettre (de couleur violette) une semaine avant la date fatidique. Ainsi, chacun aura le loisir de régler ses affaires courantes avant de passer de vie à trépas. Les lettres sont envoyées par la mort elle-même quotidiennement. Mais un jour, une lettre lui revient. La mort tente de l'envoyer à plusieurs reprises mais celle-ci finit toujours par lui revenir, si bien que l'homme a qui elle est destinée ne meurt pas à la date qui avait été fixée. La mort se trouve devant un véritable casse-tête...

Ce livre est constitué de deux parties. La première s'arrête largement sur la manière dont est vécue la situation inédite de l'absence de mort dans le pays et sur les problèmes que cela occasionne très vite. La seconde partie est l'histoire plus particulière de cet homme, violoncelliste de profession, à qui la mort n'arrive pas à envoyer sa lettre.

Le style de l'auteur est très particulier. José Saramago s'amuse avec son lecteur en lui parlant directement. Il fait aussi beaucoup de digressions. Côté écriture, les phrases sont très longues et il est parfois difficile de suivre l'auteur. J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire et j'ai failli abandonner la lecture de ce roman plusieurs fois. J'ai trouvé la deuxième partie plus abordable et plus agréable à lire. J'ai apprécié l'humour cynique de José Saramago et cette lecture m'a beaucoup fait sourire.

Au final, une impression de lecture en demi teinte.
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Et si la mort décidait d'arrêter son métier ? Ou bien si elle décidait de prévenir par courrier, 8 jours à l'avance, notre prochaine mort ? Et si la mort tombait amoureuse ? Et si il existait plusieurs morts, en fait une pour chacun d'entre nous qui attend le moment, ou une mort spécifique aux humains différente d'une mort pour les autres animaux ou les autres organismes vivants ? Et comment réagiraient les hommes face à de telles situations ? Voilà les différents axes de réflexion vers lesquels Saramago avec son génie d'écriture nous entraîne en nous contant une fable sur la mort. Comme à son habitude, Saramago observe, analyse, décortique les hommes comme des animaux de laboratoire mis dans des situations qui perturbent totalement notre sens de la vie, notre relation aux autres.
La mort arrête de cueillir les hommes. La situation devient très vite ingérable face à l'accumulation des humains en attente de mourir mais dans l'impossibilité de basculer... les mourants agonisent sans jamais mourir. Très rapidement se développe un trafic lucratif de la mort entre les mains de la mafia, pour traverser la frontière et permettre aux mourants de (enfin !) mourir. En fait Saramago nous dévoile que sans la mort la vie n'aurait pas de sens : "parce que si les êtres humains ne mourraient pas, tout deviendrait permis" (p45 Ed Folio)

que les religions se nourrissent et se justifient par la mort : " Les religions, toutes autant qu'elles sont et quel que soit l'angle sous lequel on les regarde, ont la mort pour unique justification de leur existence... pour que les gens passent leur vie pris dans l'étau de la peur et que pour, l'heure venue, ils accueillent la mort comme une libération" (p44 Ed Folio)

Puis la mort décide de reprendre son activité mais en avertissant les personnes par courrier 8 jours à l'avance de leur prochaine mort. Là encore, les conséquences sont catastrophiques. La mort pensait qu'en donnant du temps, elle permettait à chacun de se préparer, et c'est tout le contraire, de savoir que l'on va mourir crée un stress qui tétanise et panique. Jusqu'au jour où la mort découvre qu'une lettre lui est systématiquement retournée !

José Saramago avec son humour au second degré, avec ses multiples interpellations du lecteur pour bien souligner qu'il s'agit d'une fable, d'un conte, d'une expérience, délivre une nouvelle fois un livre dense qui nous oblige à nous questionner et réfléchir sur cette boutade "La vie est une longue maladie mortelle"
3 étoiles uniquement car malgré toutes les qualités de ce livre, j'ai été beaucoup moins conquis que par d'autres oeuvres de Saramago comme L'aveuglement, La Caverne ou Tous les Noms.
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