Plusieurs événements sont venus, ces dernières années, bousculer la perception de Courbet, tant parmi les spécialistes du peintre qu'auprès du grand public, et métamorphoser ce dont Courbet est le nom.
Premier d'entre eux : l'entrée de « L’Origine du monde » dans les collections publiques. La table ronde qui clôt le présent ouvrage livre à ce sujet un témoignage emblématique : celui du conservateur du musée d'Orsay qui accueillit en 1995, pour l'exposer aux yeux de tous, cette toile initialement destinée et longtemps maintenue au secret d'un cabinet privé. Ses souvenirs, son analyse rétrospective, donne la mesure du tournant prit alors dans la réception du peintre dont le nom se confond aujourd'hui avec la toile.
Le deuxième fut la publication de la correspondance de Courbet établie par Petra Ten-Doesschate Chu (Flammarion, 1996). Recueillie pendant plus de douze ans, soigneusement commentée, elle bouleversa les banalités communément admises sur Courbet : sa naïveté, sa rusticité, son illettrisme et cent autres idées reçues et fausses. Il n'est, depuis, pas une seule recherche sur le peintre qui ne s'y réfère, et aucune des contributions réunies dans ce livre n'y fait exception.
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