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EAN : 9782070322831
192 pages
Gallimard (12/02/1985)
4.13/5   394 notes
Résumé :
"Se révolter, c'est courir à sa perte, car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l'intérieur du groupe, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la soumission du révolté... Il ne reste plus que la fuite."
Henri Laborit pose, à la lumière des découvertes biologiques, la question de notre libre arbitre, de notre personnalité même. La politique, la société, tout prend dès lors une autre dimension.... >Voir plus
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Laborieux Laborit ?

Le neurobiologiste, à qui l'on doit en France l'introduction des neuroleptiques, égérie du film “Mon Oncle d'Amérique” n'a cessé de lier science, philosophie, politique et tant d'autres choses, au point même d'animer un séminaire sur l'urbanisme.

Dans Eloge de la Fuite, Henri Laborit expose sa vision du monde et de l'homme : dans des chapitres aux titres courts et essentiels comme “L'amitié”, “le temps”, “l'amour”, “la mort”, “la politique” ou encore “le travail”.

“Je souffre, et je cherche à me fuir” confessait le jeune Werther de Goethe. Laborit observe ses semblables, et en conclut que face aux évènements nous n'avons comme alternative que la lutte, le combat qui ne peut se solder que par la domination des uns sur les autres (d'ailleurs pour Laborit notre Histoire entière n'est que l'histoire de la dominance de l'homme sur l'homme). Laborit douche également les espoirs des révolutionnaires et autres anti-conformistes autoproclamés qui ne font qu'épouser un conformisme alternatif, construit en miroir de ce qu'ils dénoncent et reproduisant les mêmes échelles hiérarchiques de dominance et dès qu'il gagne sur un plan politique oublie les idéaux premiers qui l'avaient fait naître.

Si ce n'est pas la lutte alors c'est l'inhibition de l'action, mais contrairement à l'agressivité défensive, la rébellion, qui n'entrainent pas de problèmes psychotiques, le repli sur soi qui engendre les maladies psychiatriques, stress, anxiété, dépression, maladies auto-immunes et chroniques, qui peuvent toucher tous nos organes (système immunitaire, estomac, cerveau, épiderme etc) et conduire à une violence envers soi-même, parfois irrémédiable.

Seule alternative ? La fuite, dans l'imaginaire, avec ou sans drogues (rappelons que Laborit est à l'origine de la synthétisation médicale du GHB…), la fuite est aussi l'origine de l'art, de la créativité et elle permet de modéliser un monde débarrassé de prémisses contingents que l'on veut nous faire croire naturels et nécessaires.

En fuyant on réinvente, on réenchante, on recréé d'où le lien entre la science, la médecine et la politique. L'apport du scientifique sur les phénomènes de domination c'est encore l'analyse des stimulations neuronales induites par la gratification, que l'on veut pérenniser, que provoque la jouissance des objets et des êtres, ainsi la domination, l'appropriation d'un territoire et le sentiment de propriété que l'on peut ressentir vis à vis d'autrui viennent d'un déterminisme du à notre constitution psychique, dans notre cerveau reptilien, se dessine aussi une vision démystificatrice de “l'amour” notamment.

Démystifiée également sa vision libertaire de la société et du travail: la clé de la dominance est mise à nue : c'est la détention de l'information professionnelle, plus cette dernière est abstraite plus l'individu, le travailleur, grimpe dans l'échelle sociale : “quel que soit le type d'idéologie, toutes admettent que l'homme représente d'abord un moyen de production puisque toutes établissent leurs échelles hiérarchiques sur le degré d'abstraction atteint dans l'information professionnelle.”

Laborit participa à plusieurs reprises à des émissions sur Radio Libertaire mais n'aimait pas l'étiquette disqualifiante a priori “d'anarchiste”. Néanmoins indéniablement sa réflexion plurielle aide à comprendre ce qui est à l'oeuvre dans la domination que combat cette idéologie, et qu'il faut, selon la philosophe Catherine Malabou, distinguer du pouvoir, le pouvoir étant quelque part l'énergie vitale qui nous permet d'agir sur notre environnement mais d'abord de nous maintenir en vie, de la domination/oppression sur autrui.

Une balade exigeante, aussi séduisante que déconcertante, loin des idées pré-conçues, à relire pour sans doute arriver à s'imprégner plus amplement de la pensée complexe d'un intellectuel très singulier.

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L'éloge de la fuite aurait d'abord dû être l'autobiographie d'Henri Laborit. L'homme aurait pu se décrire en ces termes : médecin chirurgien et biologiste, philosophe du comportement animal et humain. Trop facile. Henri ne se laisse pas borner par ses croyances ni par ses états d'âme. A la limite peut-on croire au fonctionnement biologique de son corps, mais le scepticisme d'un observateur à l'analyse aussi pointue que celle de Laborit peut même se permettre de douter du positivisme. Toutefois, quitte à choisir le domaine englobant la plus grande quantité de certitudes, l'étude biologique des êtres est celle qui disperse le moins d'incertitudes.


Henri Laborit en vient rapidement à la justification de son éloge de la fuite. Dans un milieu fermé, confronté à une situation dangereuse ou angoissante parce qu'elle contient une menace physique et/ou psychologique, l'individu peut libérer ses tensions de deux manières : par l'agression ou par la fuite. La réaction adrénalinique de stress trouve alors une voie d'évacuation correcte. Mais lorsque l'individu, ne pouvant ni se montrer violent, ni prendre la fuite, n'a pas d'autre choix que celui d'endurer ce qui lui arrive, son organisme connaît une réaction endocrino-sympathique qui peut devenir préjudiciable si elle dure trop longtemps. Nous nous trouvons à la source des affections psychosomatiques et du sentiment d'angoisse.


Henri Laborit aurait pu choisir de faire l'éloge de l'agression ; mais dans la lignée du mouvement antipsychiatrique, il révèle la soif de puissance qui germe dans toute volonté révolutionnaire d'enlever au pouvoir ses privilèges.


« Se révolter, c'est courir à sa perte, car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l'intérieur du groupe, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la suppression du révolté par la généralité anormale qui se croit détentrice de la normalité. Il ne reste plus que la fuite »


Par le prisme de son éloge de la fuite, Henri Laborit poursuit alors une progression philosophique plutôt classique. Il se penche sur les questions de l'amour, de l'identité, de l'enfance, des relations avec les autres, du travail, du plaisir, du bonheur…en cherchant toujours à ne pas se laisser berner par la tentation de la singularité. Je crois être un individu unique à cause de ma constitution biologique, qui est la même que celle de tous les autres hommes. Lorsqu'il en vient à la question du sens de la vie, Henri s'approche de concepts spirituels et redéfinit en termes modernes ce qu'on appelle parfois Atman et Brahman.


« Avant la quantité d'énergie absorbée et libérée par une structure vivante et le mode de distribution de la plus-value, ce qu'il est important de connaître c'est la forme, la fonction, le rôle de cette structure vivante. C'est la connaissance de cette information qui est fondamentale à acquérir, c'est la conscience d'être dans un ensemble, la participation à la finalité de cet ensemble par l'action individuelle, la possibilité pour un individu d'influencer la trajectoire du monde. »


Henri Laborit semble avoir compris qu'à l'orée des années 2000, toute démonstration spiritualisante ne peut plus s'appuyer sur des notions religieuses. Il remplace alors l'ancienne foi spirituelle par une de ces nouvelles religions modernes et valorisées que sont –parmi d'autres- les sciences biologiques. le péché et la vertu sont remaniés. Sans se référer à une entité supérieure, mais en transformant l'organisme individuel en figure divine que nous devons sauvegarder, Henri Laborit déplace le devoir d'humilité et de compréhension du ciel à nos cellules. Rien d'égoïste : les cellules d'un organisme sont les mêmes que celles de l'ensemble des êtres vivants, et comme elles déterminent un comportement particulier, elles conditionnent le monde dans sa globalité.


Le point de vue original d'Henri Laborit permet de modifier notre perception du monde afin de l'envisager avec un recul parfois proche de l'ironie. Rien ne semble pouvoir être affirmé, si ce n'est le discours ultra-sceptique du scientifique moderne qui trouve le néant en dernier refuge de ses incertitudes.


« Peut-être d'ailleurs l'étude de la biologie des comportements à laquelle il fait si souvent référence, car il croit qu'elle le singularise, lui a-t-elle fourni cet alibi logique dont il parle souvent aussi, pour couvrir sa très réelle médiocrité sentimentale ? »


Humainement, Henri Laborit ne veut donc pas se laisser prendre au piège. Collectivement pourtant –socialement, politiquement-, sa critique du modèle actuel fait retomber son discours dans le schéma bien-pensant des utopistes humanistes qui relèvent davantage de la gageure que de l'achèvement concret. Heureusement, Henri Laborit réussit quand même à faire percevoir sa pensée lorsqu'il désigne l'abondance de l'information comme une agression face à laquelle nous ne pouvons pas réagir et dont nous pouvons difficilement nous préserver. Sa démarche permet encore une fois de rejoindre les conclusions de nombreux systèmes religieux avant lui : à savoir, l'immédiateté des préoccupations quotidiennes coupe l'individu de son être et de la Réalité. Mais lorsqu'Henri Laborit écrit, sur le ton de la dérision : « Allez demander à l'une de mes cellules hépatiques, le sens de sa vie», il soulève une question que les concepts religieux n'avaient encore jamais pu exprimer aussi clairement : quelle place occupe notre infiniment petit face à l'infiniment grand qui nous entoure ? L'éloge de la fuite est passionnant dans ses balbutiements de réponses parfois traversés d'un éclair de génie.



Citation :
« J'ai compris enfin que la source de l'angoisse existentielle, occultée par la vie quotidienne et les relations interindividuelles dans une société de production, c'était cette solitude de notre structure biologique enfermant en elle-même l'ensemble, anonyme le plus souvent, des expériences que nous avons retenues des autres. »


Citation :
« L'homme primitif avait la culture du silex taillé qui le reliait obscurément, mais complètement, à l'ensemble du cosmos. L'ouvrier d'aujourd'hui n'a même pas la culture du roulement à billes que son geste automatique façonne par l'intermédiaire d'une machine. Et pour retrouver l'ensemble du cosmos, pour se situer dans la nature, il doit s'approcher des fenêtres étroites que, dans sa prison sociale, l'idéologie dominante, ici ou là, veut bien entrouvrir pour lui faire prendre le frais. Cet air est lui-même empoisonné par les gaz d'échappement de la société industrielle. C'est lui pourtant que l'on appelle la Culture. »


Citation :
« Sommes-nous si intéressants que nous devions infliger notre présence au monde futur à travers celle de notre progéniture ? Depuis que j'ai compris cela, rien ne m'attriste autant que cet attachement narcissique des hommes aux quelques molécules d'acide désoxyribonucléique qui sortent un jour de leurs organes génitaux. »


Citation :
« La Pitié permet à celui qui l'éprouve de se retrouver en situation de dominance subjective et de placer celui qui en est l'objet en position de dépendance. C'est un sentiment réconfortant. Mais ne devrions-nous pas être plutôt envahis d'une certaine tendresse pour celui qui tente de convaincre les autres, même avec suffisance, afin de se convaincre lui-même ? Car il n'y aurait pas d'angoisse sans déficit informationnel, et sans angoisse, pas de certitude mythique à faire partager. »


« Tout homme qui, ne serait-ce que parfois le soir en s'endormant, a tenté de pénétrer l'obscurité de son inconscient, sait qu'il a vécu pour lui-même. »
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Athée je le suis depuis mes 13 ans, bref sursaut de maturité qui me condamna à l'incompréhension de ma chère et délicieuse maman qui entre deux baffes éducatives se convainc que je retournerais fissa dans l'asservissement de la foi religieuse qui à elle seule pouvait m'expliquer bien des tourments existentiels de la vie, mais pas la misère , ni la guerre, condamnant la tolérance à l'intolérance intolérable de toute religion dogmatique que j'emmerde profondément depuis maintenant quelques années.

Apolitique, je donnerai mes préférences au socialisme pour des raisons purement narcissique, pour donner à ma conscience bonne figure, solidaire d'une société figée dans un libéralisme déconcertant ou la marchandise est spéculée sur la misère du monde, toujours plus avec toujours moins, les gens sont emprisonnés dans un modèle social qui leur promet bien des illusions, qui leur fabrique des rêves délicieux aux saveurs matérielles, occupés à survivre dans ‘abrutissement d'une mondialisation ahurissante, la connaissance n'a plus de valeur, les plus-values pleuvent sur les puissants, qui se "palaitisent" d'une domination erronée, car l'individualité n'a que faire des autres… Et pourtant on nous emprisonne dans un modèle social pour le bien de notre espèce, emprisonnés d'un inconscient formaté par l'éducation culturelle et depuis les siècles des siècles…

AMEN

Que les gens se rassurent, nous ignorons ce que les autres savent, docile nous gambergeons dans la superficialité de l'existence régie par nos pulsions, nos acquis, et notre innée, notre système nerveux est incorruptible, il se joue de nous en toute impunité, il nous leurre d'un libre arbitre, d'une liberté qui nous échappe depuis bien des chaos…

on courre après le bonheur qui n'existe que dans notre imaginaire, seule échappatoire à l'aliénation de notre monde, et moi je rêve que l'on se réveille de notre léthargie, ou alors je m'enfonce dans cet imaginaire qui me rend la vie plus douce, par la fuite, je n'aime pas la révolte, car elle s'instrumentalise de nos idées reçues, débattre est une aberration, l'un veut dominer l'autre car détenteur d'une prophétie idéologique forgée par la passé et l'histoire mais pas de notre propre grandeur ou de notre sur-moi, en tout cas j'en doute…

en toute objectivité on se leurre d'un statut individuel qui berce notre égo d'un narcissisme déroutant de cupidité mensongère dont on se gave sur le chemin de notre vie, mais le berger n'est jamais loin, il brille au loin d'un sourire, car l'absolu n'existe que dans les dictionnaires de philosophie, combien de vérités, combien de chemin sinueux…

Picasso était un grand peintre ! je vous le dis avec toute ma certitude… Enfin surtout parce quelqu'un en toute subjectivité à trouvé les mots pour en faire un grand peintre voilà tout, l'art du sophisme, du snobisme, c'est toujours musical quand il nous parle, l'artiste fuit dans son propre imaginaire par la création, une sorte de rébellion, d'autres se droguent, d'autres sont fous…

Les gens cultivés vous diront que vous êtes bien con, car ils détiennent une valeur dans l'échelle sociale, celle du savoir qui se revendique comme une vérité sur le monde, ils gardent le savoir pour eux, ils occupent les autres avec des loisirs, poudre de bonheur éphémère aux yeux, ils promettent merveilles et illusions au plus grande nombre pour le bien de leur propre existence…

Je vous l'ai dit, il y le « Moi » et le « Nous : le Moi n'a que faire du Nous, il est plus fort que tout, égoïste, ambitieux, il survie, s'adapte aux codes sociaux, moraux, à la culture, il apprend, mais l'apprentissage est long, parfois la clé de la liberté se trouve dans la fuite, dans notre imagination fertile loin cette réalité dramatique, qui berce toute notre vie dans la passivité ignorée de notre propre moi.

Henri Laborit vulgarise Nietzsche, pour ma part les deux se ressemblent dans leurs idées… Laborit vous passe la corde au cou, d'un pessimisme passionnant, il dresse un portrait de l'espèce humaine assez déconcertant, bien sûr tout le monde s'en branle sinon on en serait pas là…

mais moi je me suis retrouvé la dedans, souvent dans mes critiques je rejoins ses points de vue, avec tout l'objectivité et le recul nécessaire pour admettre que je suis un mouton, un tas de molécules ordonnée, mais que je ne suis rien à l'échelle du cosmos, bref comme tout à chacun je suis la victime d'une éducation mal branlée, lobotomisé depuis mon plus âge par la domination de l'ignorance, instrumentalisée par la cohésion sociale qui bercée par les héros, les mythes, les légendes, et par toutes ces fables passionnantes vous promettant l'ascension de votre individualité au détriment d'une véritable liberté de pensée.

Mais au final on va tous crever, arrêtons de l'ignorer et faisons-nous à l'idée que ça peut faire mal et que après c'est le néant.

Quel livre passionnant.

A plus les copains
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Encore un petit livre (186 pages) essentiel pour moi ! de par sa formation de médecin, puis chercheur en biologie, Henri Laborit rapporte les émotions humaines aux réactions du système nerveux central, et en tire une philosophie de vie. 

Le style est clair, mais analytique et les idées sont très denses. Il manque un esprit synthétique, à mon avis. La lecture est donc lente pour moi. Cependant, nous sommes récompensés par de petites phrases percutantes à la limite du génie, et qui me font penser aux phrases de Nietzsche

Il développe plein de "modèles" de force, d'action, de stress, de l'homme, de l'éducation, des "automatismes socioculturels", des réactions aux obstacles, un discours surprenant sur l'amour, un autre sur le bonheur, puis un beau développement sur le travail, de petits chapitres intéressants sur le sens de la vie, la politique, le temps, la société idéale, un beau chapitre sur sa foi. Bref, ça part un peu dans tous les sens, mais c'est très intéressant. Enfin, un merveilleux hommage au soleil qui termine le livre en une très belle parabole. 

Pourquoi est ce que j'aime ce livre, lu au moins deux fois, et qu'il m'a été nécessaire pour faire des choix, à un moment de ma vie ? 
Parce qu'il fait l'éloge de la fuite. Mais pas n'importe comment. 
Laborit part d'une expérience sur les souris, et l'étend à la communauté humaine pour en faire un système philosophique : 
si le stimulus est douloureux, la souris prendra la fuite, l'évitement.Mais si la fuite est impossible, la situation provoquera l'agressivité défensive, la lutte. Si cette action est efficace, et restaure le bien-être, elle sera mémorisée. Il y a apprentissage. Sinon, un processus d'inhibition motrice sera mis en jeu, c'est l'évitement passif qui génère du stress. 
Etendu à la société humaine, ce système développe trois solutions : lutte, stress, fuite. Dans bon nombre de cas, nous, dominés, ne pouvons lutter contre le système mis en place par les dominants. Nous sommes donc condamnés au stress....A moins que nous nous évadions dans la fuite et l'imaginaire, la création. 
.
Très proche d'une perverse narcissique il y a quelques années, j'ai été perturbé pendant un bout de temps sans savoir que cette femme était malade. Elle me disait que c'était moi qui avait un problème. 
Je suis alors tombé sur un livre de Marie France Hirigoyen, et j'ai appris qu'au vu de son comportement, ce n'était pas moi, mais elle qui était malade et dangereuse, car elle avait de nombreux points communs avec les pervers narcissiques. 
Je suis ensuite tombé sur "Eloge de la fuite" et j'ai senti que j'étais bien stressé, et que LA solution était la fuite. 

Il fallait m'enfuir au plus vite.... 

Merci Henri et Marie-France !
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Un livre ES-SEN-TIEL.

Henri Laborit, chercheur du XXème siècle qui a étudié entre autre les molécules psychotropes et leurs usages thérapeutiques, passe tous les grands thèmes de nos vies à travers le prisme des découvertes (les siennes mais pas que) scientifiques sur le cerveau et le comportement des hommes en situation sociale.

Il explique d'abord brièvement quelques théories, à savoir que la seule motivation des êtres vivants est leur survie, avec la recherche de l'expérience agréable, dictée par les pulsions ou par les besoins acquis et souvent influencés par le cadre socio-culturel. Cette recherche implique une concurrence avec les autres vivants, les objets ou les êtres gratifiants étant en nombre limité, avec pour conséquence soit la soumission au plus fort, soit l'affrontement avec celui-ci, soit l'inhibition et l'absence de (ré)action (aux conséquences désastreuses pour la santé) ou soit la fuite dans un monde imaginaire et sublimé. (Tiens, cette histoire de fuite dans un monde imaginaire, n'est-ce pas un des points communs aux amateurs de fiction ?)

Ensuite l'auteur analyse tous les thèmes de réflexion de nos vies, comme la liberté, la foi, la mort, l'amour (y compris l'amour de la patrie), l'éducation, la famille, le sens de la vie, la politique, … Les concepts abordés sont variés et franchement je pense que tout le monde y trouvera un intérêt et matière à réflexion, quels que soient ses goûts, son histoire, ses angoisses.

Laborit consacre notamment tout un chapitre au travail (thème qui m'est cher), où il avance des pistes de réflexions sur son rôle (oui le travail n'est pas que la production de biens …) dans nos sociétés hyper-productives et hyper industrialisées, où l'on peut s'interroger sur la durée du temps de travail, qui a peu évolué malgré des machines toujours plus efficaces, et sur la frilosité de dominants à changer de paradigme économique, malgré l'urgence climatique. Les syndicats, les communistes (le livre a été rédigé dans les années septante, avec une URSS encore puissante) et les révolutionnaires en prennent aussi pour leur grade. Ce passage m'a d'ailleurs fait penser au roman « Moi et lui » de Moravia, assez critique sur les communistes italiens.

C'est un essai intelligent, et, qui plus est bien, écrit. L'auteur s'exprime en toute simplicité, avec humilité et reconnait ses limites. Il n'impose rien, partage juste ses analyses rondement menées, qui parfois bousculent certaines convictions, voire même les ébranlent. Un essai extrêmement lucide sur les rapports entre les hommes, sur le sens de nos vies, sur notre liberté réelle. Mais aussi un essai qui se veut optimiste, malgré tout.

Bref, c'est un essai qui ne laisse pas indifférent. Un essai qui fait appel à notre raisonnement et non à nos émotions. Un essai qui fait réfléchir, et donc potentiellement dangereux. Et donc à lire de toute urgence.

Ou à relire, encore et encore.
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Citations et extraits (304) Voir plus Ajouter une citation
Toute pensée, tout jugement, toute pseudo-analyse logique n’expriment que nos désirs inconscients, la recherche d’une valorisation de nous-mêmes à nos yeux et à ceux de nos contemporains. Parmi les relations qui s’établissent à chaque instant présent entre notre système nerveux et le monde qui nous entoure, le monde des autres hommes surtout, nous en isolons préférentiellement certaines sur lesquelles se fixe notre attention; elles deviennent pour nous signifiantes parce qu’elles répondent ou s’opposent à nos élans pulsionnels, canalisés par les apprentissages socio-culturels auxquels nous sommes soumis depuis notre naissance. Il n’y a pas d’objectivité en dehors des faits reproductibles expérimentalement et que tout autre que nous peut reproduire en suivant le protocole que nous avons suivi. Il n’y a pas d’objectivité en dehors des lois générales capables d’organiser les structures. Il n’y a pas d’objectivité en dehors des faits qui s’enregistrent au sein de notre système nerveux. la seule objectivité aacceptable réside dans les mécanismes invariants qui régissent le fonctionnement de ces systèmes nerveux, communs à l’espèce humaine. Le reste n’est que l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, celle que nous tentons d’imposer à notre entourage et qui est le plus souvent, et nous verrons pourquoi, celle que notre entourage a construit pour nous.

Nous ne vivons que pour maintenir notre structure biologique, nous sommes programmés depuis l’œuf fécondé pour cette seule fin, et toute structure vivante n’a pas d’autre raison d’être, que d’être. mais pour être elle n’a pas d’autres moyens à utiliser que le programme génétique de son espèce. Or ce programme génétique chez l’Homme aboutit à un système nerveux, instrument de ses rapports avec l’environnement inanimé et animé, instrument de ses rapports sociaux, de ses rapports avec les autres individus de la même espèce peuplant la niche où il va naître est e développer. Dés lors, il se trouvera soumis entièrement à l’organisation de cette dernière. Mais cette niche ne pénétrera et ne se fixera dans son système nerveux que suivant les caractéristiques structurales de celui-ci. Or, ce système nerveux répond d’abord aux nécessités urgentes, qui permettent le maintien de la structure d’ensemble de l’organisme. Ce faisant, il répond à ce que nous appelons les pulsions, le principe de plaisir, la recherche de l’équilibre biologique, encore que la notion d’équilibre soit une notion qui demande à être précisée. Il permet ensuite, du fait de ses possibilités de mémorisation, donc d’apprentissage, de connaître ce qui est favorable ou non à l’expression de ces pulsions, compte tenu du code imposé par la structure sociale qui le gratifie, suivant ses actes, par une promotion hiérarchique. Les motivations pulsionnelles, transformées par le contrôle social qui fournit une expression nouvelle à la gratification, au plaisir, seront enfin à l’origine aussi de la mise en jeu de l’imaginaire. Imaginaire, fonction spécifiquement humaine qui permet à l’homme contrairement aux autres espèces animales, d’ajouter de l’information, de transformer le monde qui l’entoure. Imaginaire, seul mécanisme de fuite, d’évitement de l’aliénation environnementale, sociologique en particulier, utilisé aussi bien par le drogué, le psychotique, que par le créateur artistique ou scientifique. Imaginaire dont l’antagonisme fonctionnel avec les automatismes et les pulsions, phénomènes inconscients, est sans doute à l’origine du phénomène de conscience.
(…)
Ce que l’on peut admettre semble-t-il, c’est que nous naissons avec un instrument, notre système nerveux, qui nous permet d’entrer en relation avec notre environnement humain, et que cet instrument est à l’origine fort semblable à celui du voisin. ce qu’il paraît alors utile de connaître, ce sont les règles d’établissement des structures sociales au sein desquelles l’ensemble des systèmes nerveux des hommes d’une époque, héritiers temporaires des automatismes culturels de ceux qui les ont précédés, emprisonnent l’enfant à sa naissance, ne laissant à sa disposition qu’une pleine armoire de jugements de valeur. Mais ces jugements de valeur étant eux-mêmes la sécrétion du cerveau des générations précédentes, la structure et le fonctionnement de ce cerveau sont les choses les plus universelles à connaître. Mais cela est une autre histoire !

Cette connaissance, même imparfaite, étant acquise, chaque homme saura qu’il n’exprime qu’une motivation simple, celle de rester normal. Normal, non par rapport au plus grand nombre, qui soumis inconsciemment à des jugements de valeur à finalité sociologique, est constitué d’individus parfaitement anormaux par rapport à eux-mêmes. Rester normal, c’est d’abord rester normal par rapport à soi-même. Pour cela il faut conserver la possibilité « d’agir » conformément aux pulsions, transformées par les acquis socio-culturels, remis constamment en cause par l’imaginaire et la créativité. Or, l’espace dans lequel s’effectue cette action est également occupé par les autres. Il faudra éviter l’affrontement, car de ce dernier surgira forcément une échelle hiérarchique de dominance et il est peu probable qu’elle puisse satisfaire, car elle aliène le désir à celui des autres. Mais à l’inverse, se soumettre c’est accepter, avec la soumission, la pathologie psychosomatique qui découle forcément de l’impossibilité d’agir suivant ses pulsions. Se révolter, c’est recourir à sa perte, car la révolte si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l’intérieur du groupe, et la révolte seule, aboutit rapidement à la suppression du révolté par la généralité anormale qui se croit détentrice de la normalité. Il ne reste plus que la fuite.

Il y a plusieurs façons de fuir. certains utilisent les drogues dites « psychotogènes ». D’autres la psychose. D’autres le suicide. D’autres la navigation en solitaire. Il y a peut-être une autre façon encore : fuir dans un monde qui n’est pas de ce monde, le monde de l’imaginaire. Dans ce monde on risque peu d’être poursuivi. On peut s’y tailler un vaste territoire gratifiant, que certains diront narcissique. Peu importe, car dans le monde où règne le principe de réalité, la soumission et la révolte, la dominance et le conservatisme auront perdu pour le fuyard leur caractère anxiogène et ne seront plus considérés que comme un jeu auquel on peut, sans crante, participer de façon à se faire accepter par les autres comme « normal ». Dans ce monde de la réalité, il est possible de jouer jusqu’au bord de la rupture avec le groupe dominant, et de fuir en établissant des relations avec d’autres groupes si nécessaire, et en gardant intacte sa gratification imaginaire, la seule qui soit essentielle et hors d’atteinte des groupes sociaux.

Ce comportement de fuite sera le seul à permettre de demeurer normal par rapport à soi-même, aussi longtemps que la majorité des hommes qui se considèrent normaux tenteront sans succès de le devenir en cherchant à établir leur dominance, individuelle, de groupe, de classe, de nation, de blocs de nations, etc. L’expérimentation montre en effet que la mise en alerte de l’hypophyse et la corticosurrénale, qui aboutit si elle dure à la pathologie viscérale des maladies dites « psychosomatiques » est le fait des dominés, ou de ceux qui cherchent sans succès à établir leur dominance, ou encore des dominants dont la dominance est contestée et qui tentent de la maintenir. Tous ceux-là seraient alors des anormaux, car il semble peu normal de souffrir d’un ulcère de l’estomac, d’une impuissance sexuelle, d’une hypertension artérielle ou d’un de ces syndromes dépressifs si fréquents aujourd’hui. Or, comme la dominance stable et incontestée est rare, heureusement, vous voyez que pour rester normal il ne vous reste plus qu’à fuir loin des compétitions hiérarchiques. Attendez-moi, j’arrive !
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Aimer l’autre, cela devrait vouloir dire que l’on admet qu’il puisse penser, sentir, agir de façon non conforme à nos désirs, à notre propre gratification, accepter qu’il vive conformément à son système de gratification personnel et non conformément au nôtre. Mais l’apprentissage culturel au cours des millénaires a tellement lié le sentiment amoureux à celui de possession, d’appropriation, de dépendance par rapport à l’image que nous nous faisons de l’autre, que celui qui se comporterait ainsi par rapport à l’autre serait en effet qualifié d’indifférent.
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"De quoi est faite la vie quotidienne de l'homme contemporain dans la société industrielle ?
Du fait du progrès technique, dont nous connaissons maintenant la motivation, il est rare qu'il meure de faim. La structure sociale à laquelle il appartient lui permet d'assouvir généralement, souvent il est vrai au minimum, ses besoins fondamentaux.
Si le déterminisme auquel il s'est trouvé soumis par sa niche environnementale depuis sa naissance ne lui a pas permis d'atteindre un niveau honnête d'abstraction dans son activité professionnelle, il parviendra à maintenir sa structure au prix d'un dur travail énergétique au sein du processus de production.
Dans les pays capitalistes, il dépendra presque entièrement pour cela des détenteurs des moyens de production et d'échanges qui décideront de son salaire, des gestes qu'il doit effectuer, de son taux de productivité, et lui fourniront le minimum nécessaire à l'entretien de sa force de travail."
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L’amour. Avec ce mot on explique tout, on pardonne tout, on valide tout, parce qu‘on ne cherche jamais à savoir ce qu’il contient. C’est le mot de passe qui permet d’ouvrir les cœurs, les sexes, les sacristies et les communautés humaines. Il couvre d’un voile prétendument désintéressé, voire transcendant, la recherche de la dominance et le prétendu instinct de propriété. C’est un mot qui ment à longueur de journée et ce mensonge est accepté, la larme à l’œil, sans discussion, par tous les hommes. Il fournit une tunique honorable à l’assassin, à la mère de famille, au prêtre, aux militaires, aux bourreaux, aux inquisiteurs, aux hommes politiques. Celui qui oserait le mettre à nu, le dépouiller jusqu’à son slip des préjugés qui le recouvrent, n’est pas considéré comme lucide mais comme cynique. Il donne bonne conscience, sans gros efforts, ni gros risques, à tout l’inconscient biologique. Il déculpabilise, car pour que les groupes sociaux survivent, c’est-à-dire maintiennent leurs structures hiérarchiques, les règles de la dominance, il faut que les motivations profondes de tous les actes humains soient ignorés. Leur connaissance, leur mise à nu, conduirait à la révolte des dominés, à la contestation des structures hiérarchiques. Le mot d’amour se trouve là pour motiver la soumission, pour transfigurer le principe du plaisir, l’assouvissement de la dominance.
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La vie quotidienne pour le plus grand nombre est ainsi remplie par un travail sans joie qui permet l’approvisionnement en substrats, et pour certains par un espoir de satisfactions narcissiques, de gratification matérielles ou d’exercice de la dominance. Ce pouvoir ne s’exerce d’ailleurs que dans l’environnement professionnel immédiat et ne possède aucune influence sur l’évolution de la structure sociale puisqu’il ne peut être que conforme aux règles d’établissement de celle-ci, sous peine pour l’individu d’être exclu, marginalisé. Si la vie professionnelle n’apporte pas les satisfactions matérielles ou narcissiques attendues, l’individu peut encore se replier sur la structure de base de la société, la famille. Il y retrouvera un système hiérarchique établi entre ses membres, et qui donne au mâle une dominance sur laquelle s’établit l’ensemble de l’édifice social. A tel point que la femme qui aujourd’hui revendique une égalité avec l’homme, ne l’envisage le plus souvent que dans le cadre de l’ascension hiérarchique professionnelle, celui des satisfactions matérielles liées au statut hiérarchique, qui est fonction lui-même du degré d’abstraction atteint dans l’information professionnelle. Ce que la femme exige avant tout, c’est d’entrer à armes égales dans le processus de production et de bénéficier des mêmes gratifications que ce processus octroie. Comme une telle vie quotidienne fondée sur l’ascension hiérarchique est loin de satisfaire le plus grand nombre, car la pyramide en est très étalée sur sa base, on essaie de compenser, en pays capitalistes, l’insatisfaction narcissique par la possession d’objets de plus en plus nombreux, produits de l’expansion industrielle et pour lesquels une publicité effrénée est entreprise de façon à éveiller le désir de posséder. Il est d’ailleurs nécessaire que la masse consomme plus, pour que le profit s’accroissant du fait d’une consommation de plus en plus généralisée, les investissements augmentent et que l’échelle hiérarchique de dominance se perpétue.
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Vidéo de Henri Laborit
Quel est le point commun entre la blouse verte de votre dentiste, un bouillon cube, des neuroleptiques, un auto-injecteur d'insuline, le BCG et l'IRM ? Toutes ces innovations sont nées de l'inventivité et l'expérience de la médecine militaire.
« Médecine », « militaire », les deux mots semblent en totale contradiction. Quand le militaire blesse ou tue, le médecin soigne et sauve. Mais le corps étant l'outil de travail du soldat, le réparer et le préserver s'est vite avéré essentiel. En 1708, Louis XIV créé le Service de santé des armées et les premiers hôpitaux militaires. Il imagine même un établissement de soins de suite : les Invalides.
L'inventivité des chirurgiens, médecins, pharmaciens et dentistes militaires pour soigner les combattants permettra des avancées médicales majeures. Ils les transmettront au monde civil. Parfois de façon originale : ainsi, un chirurgien de marine, fort de son expérience des épidémies, interviendra dans l'urbanisation de la ville de Rochefort, et l'auto-injecteur bien connu des enfants allergiques naîtra dans les trousses de secours des soldats. Car la médecine militaire s'invite plus souvent qu'on ne le pense au chevet des civils.
D'Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne et médecin de Charles IX, à Henri Laborit, découvreur des neuroleptiques, du « syndrome de stress post-traumatiques » aux prothèses, de la kinésithérapie aux vaccins en passant par les célèbres antibiotiques et les greffes de peau, l'auteure nous entraîne dans un voyage passionnant des champs de bataille aux hôpitaux.

Après des études d'histoire, Elisabeth Segard s'est orientée vers l'information et la communication. Elle travaille comme journaliste à La Nouvelle République du Centre Ouest.
Auteur de plusieurs ouvrages, son livre Si fragiles et si forts, publié en 2021, a été le premier roman à présenter l'hôpital des Invalides au grand public. Il a été récompensé par le prix Srias Centre 2021.
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