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3,79

sur 2978 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 2018, à Paris, Diégane, jeune écrivain sénégalais, cherche à en savoir plus sur un autre écrivain sénégalais, T.C Elimane, auteur du « Labyrinthe de l'inhumain ». On a perdu sa trace, on n'a jamais vu à quoi il ressemblait et son livre hante ceux qui le lisent. En se lançant sur ses traces, Diégane va se confronter à sa propre identité et aux drames qui ont émaillé l'histoire du Sénégal…

Ce roman a obtenu le prix Goncourt en 2021 et il me faisait très peur parce qu'on en parlait comme d'un livre difficile à lire et à appréhender. Finalement, je l'ai trouvé plutôt accessible et j'ai même apprécié le style de l'auteur. Il est vrai qu'il faut passer la première partie du roman assez mystérieuse et torturée. On suit Diégane, jeune écrivain sénégalais, qui va chercher à en savoir plus sur T.C Elimane, lui aussi écrivain dans les années 30. Diégane va alors rencontrer une multitude de personnages qui vont lui permettre de remonter le fil de l'histoire et d'explorer les liens étroits qui existent en la France et le Sénégal.

Le lecteur plonge alors, au fil de la mémoire, de ses sauts, de ses retours en arrière, dans la vie de T.C Elimane. L'enquête de Diégane devient vraiment très intéressante. On plonge dans le Sénégal de la fin du XIXème siècle puis on côtoie les tirailleurs sénégalais de la première guerre mondiale pour traverser les bouleversements politiques qui ont amené le Sénégal à l'indépendance.

Au-delà de cette enquête, l'auteur offre une vraie réflexion sur le travail de l'écrivain. L'écriture est une force, une abnégation à laquelle l'écrivain doit se soumettre. Les mots de l'auteur sont flamboyants, les phrases parfois longues et fulgurantes. Alors oui, il faut faire un effort de lecture, rester concentré, accepter que plusieurs voix se mêlent parfois. C'est une lecture exigeante et c'est peut-être ce qui déroutera le plus les lecteurs: il n'y a pas vraiment d'axes majeurs. Il faut se laisser porter par les pensées de Diégane.

C'est aussi un bel hommage à la littérature sénégalaise. L'auteur y pose des questions importantes. Ecrire en français fait-il de soi un véritable auteur sénégalais? Il y a toujours cette question de la légitimité qui se pose et qui revient quelle que soit l'époque ou le lieu.

Roman polyphonique, fulgurant, parfois mystérieux, « La plus secrète des hommes » est un bel hommage à la littérature noire.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Le livre retrace les parcours de deux auteurs sénégalais fictifs : Diégane Latyr Faye, qui vit à notre époque à Paris, et T.C. Elimane, qui publia en 1938 un ouvrage intitulé le labyrinthe de l'inhumain, lequel est auréolé de mystère puisque désormais introuvable. Diégane en prend connaissance suite à une rencontre avec une autrice africaine qui le détenait. Fasciné par le roman, il s'embarque alors dans une enquête sur les traces d'Elimane.
On est assez vite captivé par l'histoire de ces deux auteurs, avec en trame de fond des interrogations sur l'écriture en général et l'écriture en tant qu'auteur africain.
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Quelle belle plume que celle de Mohamed Mbougar Sarr, une prose riche et poétique.
Ce livre suit la quête de Diegane qui part à la recherche de TC Elimane, auteur d'un unique roman qui change la conception de la littérature de ceux qui le lise.
Sous forme d'une enquête littéraire mais aussi d'une quête humaine, l'auteur nous transporte dans des paysages variés et des personnages assez complexes.
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Oui, oui, oui !

Un livre qui parle de plein de choses, de la mémoire, du colonialisme et de comment s'en remettre, du destin, de la politique, de l'amour... Un livre qui revient sans cesse à cette question : "faire" cela empêche-t-il d'"être", "être" empêche-t-il de "faire" ?

À travers ce dilemme qui court tout au long de l'ouvrage et traverse tous les personnages, l'auteur interroge la littérature. Ce qu'elle est, comment on la produit, ce qu'on en fait, ce qu'elle nous fait et ainsi de suite...

La construction est très ambitieuse, alambiquée, sans que ce soit gratuit. Elle sert toujours le propos qui par essence ne pouvait se satisfaire d'une ligne droite. Même si certaines sorties de route m'ont un peu laissé sur ma faim, au point de me faire sortir plus d'une fois de ma lecture, ça fonctionne plus que bien. La façon qu'à Mohamed Mbougar Sarr de passer d'un narrateur à l'autre en un bête saut de paragraphe (je vous rassure, ça n'arrive que sur une toute petite partie du livre) m'a totalement séduit.

Ce stratagème (comment appeler ça autrement), oblige le lecteur à reconsidérer en permanence ce qu'il lit, le rend particulièrement actif dans sa découverte du texte, alors même que le héros poursuit sa quête tout aussi activement. En même temps, cela montre parfaitement l'étagement des témoignages, des mémoires, des temporalités. Une merveille !
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Je viens de terminer ce livre. J'arrive un peu après vous, je "rattrape" mon retard de lecture de ces dernières années. Ce livre esrt marquant. Je crois que l'idée que j'ai envie de garder de ce livre c 'est que c est une belle oeuvre de littérature qui se moque et ironise sur la grande littérature et remet en cause son utilité dans la vie, la vraie.
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Tout d'abord je voulais préciser que j'adore ce type de livre dans lequel le protagoniste plonge dans le passé à la recherche d'une oeuvre ou de l'histoire d'un personnage et c'est pourquoi je me suis laissée tenter par la lecture de cet ouvrage qui mêlait ces deux thèmes 🤗

En outre j'aime beaucoup lire de la littérature africaine car cela me permet d'enrichir mes connaissances sur d'autres cultures et us et coutumes.

J'ai directement été immergée dans la quête de Diégane à la recherche de ce livre perdu qui en devient presque sacré 📜

J'ai un souvenir très fort et mouvementé de cette lecture dans laquelle on frissonne tout autant que l'on s'interroge aux côtés de Diégane 🤯

Ce roman est profond en ce qu'il questionne de nombreux sujets intéressants que ce soit la place de la mémoire dans notre vie, l'importance de laisser une trace mais également des sujets plus concrets comme le plagiat, la relation entre l'occident et ses colonies et la raison d'être de l'auteur 🧐

J'ai adoré le mysticisme lié à cet ouvrage à travers notamment la rencontre entre Diégane et un sage sénégalais.
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Bien après la bataille, je ne lis ce prix Goncourt que deux ans après sa parution, de quoi oublier le feu des critiques lors de sa sélection.

Un jeune écrivain contemporain sénégalais, Diégane, se prend de passion pour un livre son auteur, T.C. Elimane, oublié voire disparu (accusé de plagiat).
Au cours de ses rencontres, il va découvrir une grande partie de la vie de cet auteur, ces découvertes vont changer la vie de Diégane et sa conception de la littérature à jamais.
Le colonialisme, la dictature en Argentine, les juifs, les tirailleurs sénégalais, la situation des immigrés africains en France et dans leur propre pays, un beau panel de sujets abordés au travers de cette quête. Ou plutôt de ces quêtes que l'auteur met en parallèle : l'histoire de T.C Elimane recherché par Diégane et T.C Elimane recherchant sa propre histoire...
Diégane finit par retrouver la trace d'Elimane qu'un an après sa mort. Il avait laissé une lettre pour « celui qui viendrait », ainsi qu'un manuscrit... (je ne spoilerai pas en révélant ce que Diégane fait de ce manuscrit...)
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Très enthousiaste dans la première moitié, je sors finalement assez déçu de ma lecture. À la virtuosité des débuts, aux réflexions très intéressantes sur la littérature, à l'atmosphère vaporeuse à la Corto Maltese (le personnage de l'Araignée-Mère, les scènes "hallucinées", la quête centrale du livre et de son auteur, un but insaisissable...) succèdent une écriture plus lourde et plus artificielle, qui se regarde écrire par moments, des incohérences dans la psychologie des personnages (une Brigitte Bollème, auteure d'une horreur d'article raciste en 1938, presque devenue la femme la plus tolérante du monde dix ans plus tard). Je n'ai pas toujours compris où Mohamed Mbougar Sarr voulait en venir. Et puis le tout, à mon avis, malgré la matière et les opportunités, manque cruellement d'émotion.
Cela reste impressionnant dans la langue et dans la maîtrise de cette construction labyrinthique en récits emboîtés.
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Au début, Diégane le narrateur raconte sa vie d'écrivain, comment il est devenu écrivain, comment il a migré à Paris. Je me suis dit, c'est intéressant, mais c'est un livre pour les écrivains.
Ensuite, nous arrivons dans la partie de recherche de T. C. Elimane auteur Sénégalais fascinant du livre « le labyrinthe de l'inhumain » et là nous entrons dans la partie plus intéressante et tout public du roman.
Excepté pour quelques mots en première partie dont j'ai dû chercher la signification sur internet, le livre se lit facilement malgré son prix Goncourt. le style est fluide et le langage est courant à une dizaine d'exceptions près.
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J'arrive bien après la bataille avec le Prix Goncourt 2021. » La plus secrète Mémoire des hommes » parue en Poche. Mohamed Mbouggar Sarr, personnage plutôt charismatique, volubile, à l'aise à l'écran comme dans son écriture, cultivé, érudit, un tantinet arrogant et pédant parfois, dans ses propos comme dans son style d'écriture, mais pourquoi pas, le livre est grand, beau et fort, flamboyant même. Beau et fort surtout dans le premier tiers que l'on dévore, captivé par l'histoire, l'enquête d'un jeune écrivain sénégalais, double de l'auteur, sur l'histoire unique d'un livre définitif , touchant à la perfection ingénieuse, « le labyrinthe de l'inhumain, « quel titre formidable qui regorge déjà de mystères, d'images de ses/nos histoires et de ses/nos vies personnelles et les remonte à la surface.
Diegane Latyr Faye , jeune écrivain Sénégalais, donc, décide d'enquêter sur la vie de cet auteur maudit T.C.Elimane , le Rimbaud Africain, insaisissable auteur d'un livre mystérieux dans les années 30, dont on ne saura pas grand chose, encensé par la critique, puis répudié pour cause de plagiat, (mais qu'est ce que le plagiat dans cette histoire, plutôt un collage situationniste dirions nous aujourd'hui ) au point de disparaître lui même, de faire déposer le bilan à son éditeur et de ne laisser que quelques très rares exemplaires chez les bouquinistes . Une presque paraphrase de l'écrivain malien Yambo Ouologem, premier écrivain noir à remporter le Renaudot pour lui aussi disparaître de la circulation pour cause de plagiat.
Portés par une écriture vraiment talentueuse, on s'immerge dans cette histoire inédite, qui aborde des thèmes multiples , la littérature en premier, faut il ou non écrire, la négritude chère à Senghor ( que l'auteur a longuement étudié pour un jour s'en éloigner) , la guerre et la révolution, la Shoah et les tirailleurs Sénégalais, le mystère, le sexe, l'amitié et l'amour, la haine et la solitude, la filiation et la révolution, la colonisation .

« le passé a du temps; il attend toujours avec patience au carrefour de l'avenir ; et c'est là qu'il ouvre à l'homme qui pensait s'en être évadé sa vraie prison à cinq cellules : l'immortalité des disparus, la permanence de l'oublié, le destin d'être coupable, la compagnie de la solitude, la malediction salutaire de l'amour. «

En écrivant moi même ces quelques mots pour témoigner de la beauté de l'oeuvre, tant d'images me viennent à l'esprit. Une musique ? le ballet national du Sénégal
( que j'ai vu enfant). Somptueux . Une chanteuse ? Myriam Makeba. Un chanteur/danseur Argentin ? Carlos Gardel bien sûr. Un personnage historique, plutôt Césaire que Senghor. Un romancier ? James Baldwin sans hésiter. Un film? La Couleur Pourpre . Un peintre ? Pierre Soulages ( facile facile..) Un plat? le bassi salté ( le couscous sénégalais). Un auteur amérindien ? Borges of course. Un quartier de Dakar? La cour des Maures , où des orfèvres assis en tailleur sculptent des bijoux d'argent et d'ébène incroyables. Tout ça transparaît dans le livre! Des citations, par dizaines, on relit des phrases, on les surligne on les annote. On est subjugué, et pourtant, petit à petit, ça se gâte un peu, l'écriture virevoltante se mue en encre lourde, l'histoire ne tient pas la distance , lorsque justement l'auteur nous égare dans son Labyrinthe et sa structure alambiquée en trois livres et quatre biographènes, cela devient fou et flou, ça part dans tous les sens, les personnages se multiplient au point d' essouffler et d'asphyxier le lecteur qui s'épuise à chercher la sortie sans la trouver. Perplexes, on se demande : où veut il nous conduire? Que veut il nous dire au fond? Ou le livre est trop court, tant il y a de pistes à suivre, et Il aurait pu/du nous faire un tryptique, (à la Murakami par exemple) pour nous laisser le temps de nous imprégner de l'histoire, de la culture noire, des familles et des personnes , ou le livre est trop long et des coupes n'auraient pas été superflues . Parfois le trop gâche , et sans boussole point de salut dans cette histoire. Sans dictionnaire pour les mots rares en Wolof non plus. On se surprend, à mi-parcours à ne plus lire que quelques lignes de cette quête interminable, le soir, à s'endormir sur une page, à hésiter à la reprendre le lendemain. Et au final donner un gros coup de collier pour le finir. Pour dire les choses de façon triviale , on s'emmerde un peu, arrivés plein pot au milieu de l'histoire, et contraints de subir un dérapage non contrôlé, jusqu'à se reprendre heureusement vers la fin, avec d'admirables pages sur la littérature qui vont sauver l'ensemble .

« J'attendrai, enfin, que Madag vienne. Je ne pouvais accepter sa demande. Publier ce qu'il y avait dans ce carnet aurait détruit son oeuvre, ou l'égoïste souvenir que je veux en garder. Madag viendra me voir une nuit pour me demander des comptes, peut-être pour se venger, je le sais; et son fantôme, en s'avançant vers moi, murmurera les termes de la terrible alternative existentielle qui fut le dilemme de sa vie; l'alternative devant laquelle hésite le coeur de toute personne hantée par la littérature : écrire ou ne pas écrire. «
Le “back ground” culturel de MMS est impressionnant et non contestable, peut-être aurait-il fallu par instants avoir plutôt droit à un SMS pour le suivre sans s'époumoner.
Ainsi lorsqu'il nous dit” un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est . “ ou encore “ la littérature, pour moi, commence parce que quelque chose, dans le monde et/ou en soi est perdu ou s'est perdu. “
C'est certes magistral , mais la littérature doit aussi conduire à l'émotion Mohamed, et dans ce livre la mécanique des fluides n'est pas toujours bien huilée pour moi.

Au final, si l'enthousiasme l'emporte sur la déception, je garde, hélas , un avis un peu mitigé pour un livre qui va rejoindre une de mes listes , celle des livres qui avant de devenir grands, ont besoin, sans doute, que je les lise plusieurs fois.
Recommandé quand même mais fortement clivant.
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