C'est un magnifique petit roman, abondamment illustré de vignettes, de dessins au trait vite faits mais tellement parlant. Petit parce que court autant que dense, mais en aucun cas, simpliste. Lu à voix haute, il acquiert toute sa saveur et toute sa puissance. Ainsi entend-on ce dont Paul accepte de se passer. Il n'est pas Faust, il ne vend pas son âme, quoique, il vend des mots, des lettres, des conjugaisons, l'un après l'autre, pour gagner du temps, pour jouer plus quitte à parler moins. Jusqu'au jour où il prend conscience, que ce ne sont pas des mots qu'il vend, des mots pour des devoirs ou des apprentissages, ce sont ces mots, ceux avec lesquels il dit, joue, s'exprime et en un mot, vit.
Ainsi, au fil du texte, entend-on, par défaut, la valeur grammaticale des catégories de mots, des formes verbales, et l'importance lexicale des consonnes par exemple. Omettez les prépositions et le rapport entre les objets deviendra compliqué à décrire. Passez-vous des articles et la subtilité de l'usage de l'indéfini comparativement au défini sautera aux oreilles de votre locuteur. de même comment lui signifierez-vous singulier et pluriel, masculin et féminin. Ainsi les déterminants, qu'ils soient articles, numéraux, démonstratifs, possessifs, interrogatifs, exclamatifs ou indéfinis sont-ils absolument nécessaires aux substantifs !
C'est par et dans leur absence que se révèlent pleinement l'utilité et le rôle que les parties du discours et les conjugaisons tiennent dans la phrase. Leur implication grammaticale est fondamentale, pour la connaissance. Pourtant, vient un temps où il ne s'agit plus de grammaire, où il ne s'agit plus de savoirs, leur valeur est tout simplement capitale pour la liberté d'expression. Sans ces mots à la nature bien définie et aux fonctions indissociables des modalités d'écriture, l'élocution de chacun s'en trouve grandement limitée. Se priver de la grammaire, c'est se priver du bonheur de dire, avec détail et précision, à voix haute ou en la couchant sur le papier, tout simplement, sa pensée.
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Je l'ai lu pour le CM1 donc c'était scolaire. Il est bien quand on est un enfant.
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Mais être dispensé de devoirs à la maison, Paul trouve quand même ça vraiment bien. Enfin, il peut faire ce qui lui plaît en sortant de l'école. Ce qu'il préfère c'est jouer au football. Mais il est tout seul. Les autres ne viennent au stade que lorsqu'ils ont terminé leurs devoirs. Qu'est-ce que Paul pourrait bien faire pendant ce temps ? Il s'allonge dans l'herbe et regarde le ciel.
Paul s'ennuie.
L'homme ouvre un grand parapluie vert, monte sur une caisse de bois qui ressemble à une valise et se met à chanter ! Mais ce n'est pas véritablement un chant. Paul croit entendre à la fois un corbeau, une planche de grenier et un ours. L'ours grogne, la planche craque et le corbeau croasse :
Reprends vos prépositions
Aux meilleures conditions.
Enlève attributs en lots,
contre salde de mots.
Vous débarasse à pris fixe
de vos consonnes (sauf x).
Cédez présents et parfaits
contre vos devoirs tout faits.
" - Je m'appelle Filolog, dit l'homme à Paul
d'une voix grondante, craquante et
croassante. Je me charge de tous tes devoirs
pendant une semaine si tu me donnes
toutes tes prépositions et... disons,
tes articles définis."
Funambule tenir un parapluie chaque main et porter épaules une fille.
Il y avoir un homme rosses oreilles.Homme aimer manger.