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sur 228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tous les amoureux de Blake et Mortimer se souviennent du Mystère de la Grande Pyramide, la deuxième aventure de nos héros préférés, scénarisée et dessinée par Edgar P. Jacobs. C'est dans cette BD que le cheik Abdel Razek égrainait sa célèbre formule magique « Par Horus demeure ! » avec laquelle il envoutait et détruisait l'esprit du méchant de service, le fameux colonel Olrick.

Dans le Dernier Pharaon, François Schuiten dessinateur de bande dessinée et scénographe belge, nous propose une suite à l'album de Jacobs qui date de 1950. Avec cette histoire complète, François Schuiten nous livre une version personnelle sans chercher à copier le Maître Bruxellois. En refusant d'être un adepte de la ligne claire, il n'en demeure pas moins que son trait hachuré et tout en volume reste agréable à parcourir. Ses personnages sont bien dessinés et ses bâtiments sont d'une réalité époustouflante. Cette marque de fabrique se retrouve en effet dans la magnifique reconstitution qu'il nous fait de Bruxelles et de son palais de justice où se passe l'action principale.

Les deux scénaristes Jaco van Dormael et Thomas Gunzig qui ont accompagné François Schuiten dans cette écriture à trois mains, ont su apporter une touche d'originalité dans une histoire qui sait préserver malgré tout la marque Jacobs. Un rayonnement électromagnétique qui condamne le fonctionnement des appareils électriques, un côté apocalyptique mêlé de fantastique et d'ésotérisme à la sauce archéologique, tous les ingrédients sont réunis pour une histoire qui vous mènera de la première à la quatre-vingt douzième page d'un seul trait de plume. le trait d'union de 69 ans entre l'oeuvre originale et cette suite, est une vraie réussite.

Les habitués de la ligne claire seront surement déçus par cette version. Les amoureux des bulles remplies de texte à n'en plus finir ne trouverons pas leur compte. Certains crieront au crime de lèse-majesté en voyant leur Blake et Mortimer vieillis. Les tenants du « c'était mieux avant » fuiront cette BD. le « Nostalgie quand tu nous tiens » et le « Que diable allait-il faire dans cette galère?» ont tous les deux bien fonctionné pour notre ami François Schuiten. La sauce a bien pris et elle nous livre un très beau cadeau qui aura toute sa place dans les présents de fin d'année !!!
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Qui de mieux placé pour rendre un hommage vibrant à Edgar P. Jacobs que le très bruxellois François Schuiten. Cette rencontre entre les deux maîtres, j'en ai rêvé, et bien voilà, c'est fait. Et le résultat est à la hauteur des attentes. Alors évidemment, François Schuiten n'essaie pas de faire du Jacobs, ce n'est pas un adepte de la ligne claire. La lumière, les tons naturels, les trames linéaires de gravures anciennes, c'est le style de François Schuiten, et le fait de placer l'architecture au coeur de l'intrigue, c'est la marque de fabrique de François Schuiten. Il n'essaie pas de calquer Edgar P. Jacobs. Par contre le thème et le style de récit, c'est bien Blake et Mortimer, vieillis pour l'occasion, dans un récit qui s'étale sur deux périodes. J'ai trouvé ses héros vieillis, bien imaginés, c'est plein de clins d’œils à leurs anciennes aventures, “Le secret de la pyramide” surtout puisque c'en est une suite, trente ans plus tard, mais aussi “Le piège diabolique”. Tout cela réveille un sentiment de nostalgie, la douceur de la lumière, le trait léché et minutieux en rajoutent encore une couche. le rythme du récit, avec ce compte à rebours, les décors grandioses, j'ai tout aimé. Il manque juste la présence d'un méchant charismatique, pas d'Olrik dans cet épisode, mais cela reste un très bel épisode des aventures de nos deux héros, avec une touche différente, une réinterprétation élégante. Je trouve souvent meilleures les réappropriations des séries de nos anciens héros que les suites qui tentent de se calquer sur le style des créateurs originaux. Cet opus m'incite à souhaiter que d'autres “Blake & Mortimer à la manière de” voient le jour.
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Un album-surprise, auquel je ne m'attendais pas du tout!
Cette fois, c'est François Schuiten qui mène le ballet graphique, assisté de deux co - scénaristes et d'un coloriste.
Ce Blake et Mortimer est-il celui de la fin? D'un new âge? Il est, en tout cas, d'une beauté étrange et crépusculaire.
Dans le dernier pharaon, je me suis retrouvé dans un univers à la fois familier et très différent.
Le travail accompli pour cet épisode frise une sorte de perfection. Un presque équilibre idéal en bande dessinée.
Le talent de Schuiten, servi par une couleur somptueuse, embrase ce récit de fin des temps annoncée.
Les héros ont pris de l'âge... le colonel Blake prie son vieil ami Mortimer de se rendre au coeur de la cité interdite qu'est devenue Bruxelles, pour trouver le moyen d'empêcher une solution radicale d'être mise en oeuvre...
Mortimer aura des alliés, et son principal adversaire sera son âge qui le ralentit... Car le temps presse vraiment!
Blake, de l'autre côté de la Manche, fera tout pour gagner un peu de ce temps.
Le dernier pharaon, c'est une histoire hors du commun qui rend hommage à Edgard-Pierre Jacobs et son Mystère de la grande pyramide. C'est un retour, comme un cercle qui referme sa circonférence. Une sorte de cercle égyptien, dans tous les secrets de cette civilisation fascinante.
Hors ces réminiscences de la grande pyramide, le récit ramène Philip Mortimer dans quelques endroits rappelant l' Atlantide et le piège diabolique... Mondes oppressants pleins de dangers et d'issues incertaines.
Voilà, en somme, un album de Blake et Mortimer qui fera date.
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Ce tome comprend une histoire complète mettant en scène Francis Blake et Philip Mortimer. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par François Schuiten (scénario, dessins et encrage), Jaco van Dormael (scénario, réalisateur et metteur en scène belge), Thomas Gunzig (scénario, écrivain belge francophone) et Laurent Durieux (couleur).

À l'intérieur de la pyramide de Kheops, au Caire en Égypte, Francis Blake et Philip Mortimer reprennent difficilement conscience. Ils ne se souviennent plus d'où ils se trouvent. Ils finissent par comprendre qu'ils se trouvent dans la Chambre du Roi de la pyramide. Quelques années plus tard, le professeur Mortimer pénètre dans la salle des pas perdus du Palais de Justice de Bruxelles. Il y retrouve son ami Henri qui évoque le taux élevé du rayonnement électromagnétique. Henri emmène Mortimer au sous-sol et lui montre une pièce récemment mise à jour : le bureau de travail de Joseph Poelaert (1817-1879), l'architecte du Palais de Justice. Il l'emmène jusqu'au fond de la pièce où il lui montre des hiéroglyphes et une représentation du dieu Seth. À la surprise de Mortimer, Henri se saisit d'une masse et en frappe le mur. de la fissure s'échappe une puissante lumière. Henri passe par la faille, mais le mur s'écroule derrière lui, empêchant Mortimer de le suivre. Mortimer remonte le plus vite possible et sort du Palais de Justice. le rayonnement s'échappe du bâtiment et irradie toute la ville.

Trois semaines plus tard, Mortimer se réveille sur un lit d'hôpital où il est venu consulter à cause de terribles cauchemars dans lequel Seth lui apparaît. À l'extérieur, l'armée a commencé à évacuer les civils. Quelques temps plus tard, Mortimer retrouve Blake devant le Palais de Justice, autour duquel ont été élevés des échafaudages pour constituer une cage de Faraday afin de contenir le rayonnement. Des années plus tard, les bâtiments ont commencé à se dégrader et quelques animaux sauvages circulent dans la rue. Non loin du Palais de Justice, un groupe de personnes prépare un acte de destruction contre le bâtiment. Leur intervention a des conséquences néfastes et Philip Mortimer est contacté par Francis Blake pour une intervention de la dernière chance, en urgence. Mortimer doit se rendre à Bruxelles.

En 1996, paraît une nouvelle aventure de Blake & Mortimer, réalisée par Jean van Hamme & Ted Benoît, 9 ans après la mort de leur créateur Edgar P. Jacobs. Entretemps, Média Participations a fait l'acquisition des Éditions Blake & Mortimer, et Jean van Hamme a défini les règles à respecter pour les albums de la reprise : rester dans les années 1950 et ne pas poursuivre après Les 3 formules du Pr Sato (voir Autour de Blake & Mortimer, tome 9 : L'héritage Jacobs (2016/2018). Lors de l'annonce de ce tome, l'éditeur a clairement indiqué qu'il s'agit d'un projet à part, qui ne s'inscrit pas dans le cadre établi. D'une part Blake et Mortimer ont vieilli car l'aventure se déroule après Les 3 formules du Pr Sato ; d'autre part François Schuiten ne s'en tient pas aux caractéristiques graphiques de la ligne claire d'EP Jacobs. du coup l'horizon d'attente du lecteur s'en trouve plus incertain, car il a conscience qu'il ne va pas retrouver les spécificités bien établies pour la reprise de la série.

Avec la scène d'ouverture, l'amateur de Blake & Mortimer se retrouve en terrain connu, puisqu'il s'agit d'une scène tirée de Blake et Mortimer, tome 5 : le Mystère de la Grande Pyramide, Deuxième Partie (1955). Au fur et à mesure du récit, il retrouve les éléments classiques des personnages, ainsi que le ton de la narration, et le thème d'aventure. Il suit Mortimer (et un peu Blake) enquêtant sur un phénomène physique non théorisée scientifiquement, menaçant de causer des destructions à l'échelle planétaire, devant faire preuve de courage pour surmonter les obstacles tant physiques que scientifiques. Dans des interviews, Schuiten a indiqué qu'il a développé l'intrigue (avec Dormael et Gunzig) sur la base d'une idée présente dans les carnets de Jacobs. En termes de narration visuelle, le lecteur découvre une mise en couleurs très sophistiquée qui met en jeu des techniques autres que les simples aplats de couleurs. François Schuiten réalise des images d'une minutie exquise, évoquant les gravures du dix-neuvième siècle, et les illustrations de Gustave Doré, pas du tout dans un registre ligne claire.

Le lecteur entame ce tome et se sent tout de suite en terrain familier, qu'il soit lecteur de Blake & Mortimer, ou de Schuiten. Outre la base de l'intrigue empruntée à Jacobs, il suit le professeur Mortimer dans sa difficile progression dans Bruxelles, jusqu'à atteindre la source du rayonnement électromagnétique, pour essayer de sauver le monde, pendant que Blake essaye de limiter les dégâts probables d'une intervention armée sans finesse. Les auteurs font référence à quelques éléments de la mythologie de la série, soit évidents comme la Grande Pyramide, soit plus à destination des connaisseurs comme l'apparition d'une Méganeura. Pour autant, l'histoire reste intelligible et satisfaisante, même si le lecteur n'a jamais ouvert un album de Blake & Mortimer. de la même manière, le lecteur retrouve les caractéristiques des dessins de François Schuiten : une incroyable précision, des touches romanesques et romantiques, un amour de l'architecture. Il peut aussi apprécier la narration visuelle s'il ne connaît pas cet artiste, pour la qualité de ses descriptions, l'utilisation de cadrages (gros plan sur une main en train d'agir, posture des personnages en mouvement) et de plans de prise de vue directement empruntés à Jacobs. le lecteur familier des albums originaux retrouve ces cases très déconcertantes où la cellule de texte décrit ce que montre l'image. Par exemple page 11, le texte indique : Mais déjà le marteau s'abat contre la surface de pierre. C'est exactement ce que montre la petite case, faisant s'interroger le lecteur sur l'intérêt de doublonner ainsi l'information, si ce n'est pour un hommage.

Arrivé à la fin de l'album, le lecteur a apprécié l'aventure, observé que Dormael, Gunzig et Schuiten ont imaginé un risque technologique de type anticipation plausible dans son concept, peu réaliste dans sa mise en oeuvre, mais très cohérent avec les récits d'anticipation de Jacobs. Il a bénéficié d'une narration visuelle d'une grande richesse, respectant l'esprit un peu suranné des oeuvres originelles, avec des techniques de dessins et de mise en couleurs différentes de celles d'Edgar P. Jacobs. Il en ressort un peu triste. le choix de situer l'histoire plus récemment amène à voir les personnages ayant vieilli, Mortimer indiquant qu'il est à la retraite. Ils ne sont pas diminués physiquement, mais leurs remarques contiennent une part de nostalgie, et de jugement de valeur négatif sur leur présent. Dans des interviews, Schuiten a déclaré qu'il souhaitait exprimer l'état d'esprit d'Edgar P. Jacobs qui se déclarait déconnecté de son époque à la fin de sa vie, ne comprenant plus le monde qui l'entourait. Cette sensation d'obsolescence de l'individu s'exprime en toile de fond, avec le jugement de valeur de Mortimer sur les conséquences du rayonnement électromagnétique, ramenant l'humanité dans un stade technologique qu'il estime plus humain.

S'il a suivi la carrière de François Schuiten, le lecteur détecte plusieurs références à d'autres de ses oeuvres. L'échafaudage englobant le Palais de Justice évoque le réseau Robick de Les Cités obscures, Tome 2 : La fièvre d'Urbicande (1985). La locomotive est un modèle 12.004 de la SNCB, celui qui figure dans La Douce (2012). le Palais de Justice de Bruxelles joue déjà un rôle central dans Les Cités obscures, Tome 6 : Brüsel (1992), et son architecte Joseph Poelaert y est évoqué. le thème du temps qui passe, du décalage avec l'époque présente entre en résonance avec ces évocations d'une longue carrière, constituant un regard en arrière. Avec cette idée en tête, le lecteur considère d'une autre manière les références à la culture de l'Égypte antique, à la très ancienne confrérie évoquée par Henri, aux transformations induites par la technologie sur la société humaine. Dans cette optique, l'essaim de scarabées libéré par Bastet s'apparente à une plaie d'Égypte, une condamnation divine. Les cauchemars de Mortimer deviennent des signaux émanant du passé. L'utilisation d'un pigeon voyageur (Wittekop) pour communiquer est un symbole d'une communication indépendante de la technologie de pointe. Mortimer fait confiance aux chats pour le guider car l'instinct des animaux les pousse à éviter ce qui pourrait leur faire du mal : à nouveau la sagesse ne vient pas de la technologie, mais de la nature. Les soins prodigués par Lisa relèvent d'une forme de médecine alternative qui devient un savoir thérapeutique héritée de la sagesse ancienne, et plus efficace que les cachets et les pilules. le fait que Mortimer se retrouve devant des statues égyptiennes sens dessus dessous finit par évoquer que c'est le monde moderne qui marche sur la tête. La nostalgie d'un monde plus simple, plus maîtrisé submerge alors le lecteur. Très habilement, 2 personnages évoquent le syndrome chinois : hypothèse selon laquelle le matériel en fusion d'un réacteur nucléaire situé en Amérique du Nord pourrait traverser la croûte terrestre et progresser jusqu'en Chine. Là encore le lecteur peut y voir une angoisse d'applications scientifiques non maîtrisées, et qui en plus ne date pas d'hier.

En ouvrant ce tome, le lecteur sait qu'il s'agit d'un album de Blake & Mortimer qui sort de l'ordinaire, à la fois parce que les personnages principaux ont vieilli, à la fois parce que l'artiste a bénéficié de plus de libertés créatrices que les autres équipes ayant repris la série. Il plonge dans une bande dessinée d'une rare intensité, non pas parce que la narration est dense ou l'intrigue labyrinthique, mais parce qu'il s'agit d'un projet ayant mûri pendant 4 ans de durée de réalisation, parce que les phrases prononcées par les personnages portent en elles des échos des préoccupations des auteurs, parce que la narration visuelle est d'une grande beauté plastique et d'une grande minutie, parce que la mise en couleurs semble avoir été réalisée par la même personne que les dessins. En refermant cet album, le lecteur reste sous le charme de ce récit pendant de longs moments, touché par une oeuvre d'auteur jetant un regard d'incompréhension sur le monde qui l'entoure, comme s'il s'était trouvé dépassé par la modernité, finissant déconnecté de son époque.
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le retour de Blake et Mortimer, dans une aventure coécrite et dessinée par l, auteur des
cités obscures, est une réussite et un bonheur
une histoire originale, ancrée dans notre époque.
et fidèle à l, esprit d, Edgar
p. Jacobs créateur des héros cultes.
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Sans hésitation, le meilleur album de la série, à mon humble avis. Les graphismes donnent vraiment un coup de jeune. de plus, l'histoire prend aux tripes. C'est un peu de la science fiction prémonitoire, en ce qui concerne le fond de l'intrigue : un monde divisé en deux avec d'un côté ceux qui acceptent d'effectuer un retour en arrière et les autres. J'apprécie également la morale de l'histoire. Bravo aux auteurs qui ont su donner une autre dimension à cette série.
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Avec "Le Dernier Pharaon" les personnages mythiques de "Blake & Mortimer" se retrouvent entre les mains du dessinateur François Schuiten, du cinéaste Jaco van Dormael, du romancier Thomas Gunzig et de l'affichiste Laurent Durieux.
Evidement cet événement majeur a crée d'immenses attentes dans le monde de la bande dessinée, et les avis seront sans doute partagés quand à la réussite du quatuor sur cet album.
Pourtant le scénario est bourré de qualités, mélangeant les références de l'oeuvre d'Edgar P. Jacobs à des considérations plus politiques sur la nécessité de bâtir un nouveau monde. Tout ceci est plutôt bien vue, avec cet épisode se passant dans le futur de Blake et Mortimer, à un âge ou ils semblent plus proche de la sagesse que de l'aventure...
Au final, cela donne un opus très réussies, avec le mérite de "casser les codes" par rapport à la narration jacobsienne.
Au niveau du dessin, chaque planche de Schuiten est un régal pour les yeux, et la version à l'abandon de Bruxelles et de ces rues de la capitale belge retournées à l'état sauvage est un travail extraordinaire. Quel plaisir de voir enfin un dessinateur s'approprier les personnages de Blake et Mortimer sans pour autant renoncer à son style et à son univers.
On pourrait dire que cela ressemble à "Brüsel", un épisode de la série des "Cités Obscures", plutôt qu'à un album de Jacobs, mais rien que pour les dessins, "Le Dernier Pharaon" est un album absolument indispensable !
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Depuis la mort d'Edgar P. Jacobs, survenue en 1987, et contrairement à Tintin, les aventures de ses deux mythiques personnages (Blake et Mortimer) ont perduré, avec plus ou moins de bonheur.
On saluera la suite des Trois Formules du professeur Satō, orchestrée par Bob de Moor, qui a notamment travaillé aux côtés d'Hergé. Pour les albums suivants, on louera leur fidélité, laquelle les dessert en même temps, de mon point de vue. Car la fidélité excessive bride, en effet, l'imagination.
Mais avec le Dernier Pharaon, inspiré par la découverte « d'un synopsis de Jacobs qui mettait en scène Olrik, ennemi célèbre de Blake et Mortimer, et le Palais de justice de Bruxelles » (source : France Culture), c'est une tout autre affaire. Nous avons là une grande oeuvre de bande dessinée, sous la houlette de François Schuiten (aidé, pour le scénario, par Jaco van Dormael et Thomas Gunzig, et pour la couleur, remarquable dans cet album, Laurent Durieux), un maître du 9e Art, auquel on doit, en compagnie de Benoît Peeters, la fabuleuse série des Cités obscures.
Après quatre années de travail, le résultat est ahurissant, et l'on n'aurait osé l'espérer.
Ainsi, l'histoire reprend le canevas d'une vieille aventure en deux tomes de Blake et Mortimer : le Mystère de la Grande Pyramide, avec cette fois un autre décor que l'Égypte ; un décor où l'architecture à une place prépondérante. Ce décor c'est Bruxelles, capitale belge que Schuiten avait déjà hantée de son trait aussi précis que celui d'un graveur. Ainsi, en lisant cet album, quelques-uns se souviendront sûrement avec délectation de l'inoubliable Brüsel, de Peeters et Schuiten.
C'était donc presque une évidence d'y retrouver le monument le plus étrange autant que le plus emblématique (avec le Manneken-Pis, évidemment !) de Bruxelles : le palais de Justice, qui trône au-dessus de la ville comme une ombre surnaturelle. Débauche architecturale de Joseph Poelaert, l'édifice devient le coeur de l'intrigue, une intrigue qui multiplie les clins d'oeil aux premières aventures de Blake et Mortimer – lesquels ont bien vieilli –, du temps de leur créateur.
Surtout, le Dernier Pharaon est une ode à la vie dans ce qu'elle a de plus essentiel, loin du consumérisme ambiant, qui est, à bien y regarder, un suicide programmé de l'humanité. Dans l'air du temps, diront certains, mais si c'est pour refuser la destruction du monde – et, par voie de conséquence, la nôtre –, alors respirons cet air !
En introduction de l'histoire, Schuiten écrit ceci à propos des aventures de Blake et Mortimer : « Leurs images nous reviennent avec la même force qu'à la première lecture, et on ne peut s'empêcher d'y revenir, inlassablement, comme pour percer à jour le secret de leur envoûtement. » Eh bien, l'envoûtement est total dans ce que je n'hésite pas à appeler le plus bel hommage rendu à l'oeuvre de Jacobs.
Enfin, l'objet proprement dit est un vrai bonheur…bonheur qui me fait dire que la bande dessinée virtuelle n'est pas prête de détrôner le support papier !

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Quel beau cadeau fait aux lecteurs adeptes de bande dessinée que ce retour en Égypte mené d'une main de maître par le grand François Schuiten. Qui dit Schuiten dit architecture, soin millimétré des perspectives et des détails. Les aventures crées par E.P. Jacobs sont-elles dénaturées ? Non. Au contraire elles ont pris un chemin inattendu qui ravit les inconditionnels (dont je fais partie) de Blake et Mortimer et de Schuiten. Détail d'importance, les deux héros sont physiquement vieillis.
Bien entendu, cette aventure devait se passer à Bruxelles. Bien entendu elle devait être fantastique. Bien sûr, si Philip Mortimer oeuvre sur place au sein du Parlement de Bruxelles, Francis Blake fait équipe avec son ami depuis Londres où, avec plaisir, on ne parle pas encore de Brexit. D'ailleurs, posons-nous la question : « Auraient-ils été favorables à une sortie de l'Europe ? Je parie sur le « non »
Prenez autant de plaisir à cette lecture que j'en ai pris.
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J'ai un aveu à vous faire, je n'ai jamais lu les aventures de Blake et Mortimer de Jacobs mais je sens que cela ne saurait plus trop tarder.

Je suis belge et j'ai comme vous le savez l'envie de découvrir et de faire découvrir des auteurs de chez nous, alors c'est tout naturellement que j'ai eu envie de découvrir cet album de François Schuiten, Jaco Vander Maelen, Thomas Gunzig et Laurent Durieux.

Un album publié en deux formats, j'ai lu l'horizontal - grand format- et je me suis régalée.

Direction Bruxelles, plus précisément sous le palais de Justice imaginé par Poelaert. de mystérieux hiéroglyphes, le bureau de l'architecte, le signe d'un passage, des éléments troublants, le professeur Mortimer est présent à la demande d'un ami qui s'engage dans un passage marqué du Dieu Seth, et c'est le chaos.. Un énorme faisceau de lumière se propage, émergeant de l'édifice.

Les rayonnements perturbent les champs magnétiques provoquant coupures d'électricité. La ville est évacuée, une immense cage de Faraday est construite entourant le palais de justice pour contenir les rayons.

Quelques années plus tard, malgré les précautions, le phénomène s'étend provoquant pannes et anéantissant les ordinateurs, les transports, les télécommunications, on risque le chaos total.

Mortimer doit rejoindre Blake à Londres, il partira en mission à Bruxelles pour stopper le tout, l'armée risquant d'intervenir et de provoquer plus de dégâts.

C'est une aventure palpitante dans un monde en perdition, la ville est en ruines laissée à la nature et ses dangers. Un groupe de survivants ? Blake arrivera-t-il à résoudre ce mystère?

Le graphisme de Schuiten est magnifique, on retrouve des traits de ligne claire revisité. Une réussite qui est le résultat de la collaboration entre un cinéaste, un écrivain, un dessinateur hors pair et un artiste de la couleur. Ils nous donnent 4 regards différents.


Sauver le monde, un sujet d'actualité Un album que je vous conseille vivement.

Ma note : ♥♥♥♥♥


Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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