Traduit du japonais par Sophie Refle
« Ce récit dont les héros sont les gens de lettres »...une pluie d'étoiles filantes. Des lucioles qui nous font signe à travers l'oeuvre de Natsuo Sekikawa et de Jiro Taniguchi « les gens et la société de la fin de l'ère Meiji sont les mêmes qu'aujourd'hui, et la seule différence est qu'ils ne disposaient pas des produits de consommation qui sont destinés avant tout à gagner du temps.Il serait d'ailleurs plus juste de dire que le fondement de l'esprit et du quotidien des japonais, du point de vue de la culture et du gouvernement, n'ont pas changé non pas depuis quatre-vingt ans mais depuis deux cents ans. Les gens de Meiji nous paraissent former un groupe dans L Histoire, mais en réalité ils sont très proche de nous. Si nous pouvons partager leurs paroles et leurs actions, leurs tourments et leurs joies, c'est que leurs drames sont ceux que nous connaissons aujourd'hui. J'ai eu l'idée de ce long récit au moment où je me suit dit que les gens d'aujourd'hui ne pouvaient pas s'enorgueillir d'être d'aujourd'hui ». Quatrième tome de cette manga qui met en scène le sort des 24 victimes de « l'affaire dite de la haute trahison » ( 1909). Face à la marche effrénée du capitalisme au Japon durant l'ère Meiji , se lèvent de nouveaux mouvements politiques d'opposition jusqu'à lors inconnus dans l'Empire du Soleil : l' anarchisme, le socialisme, le communisme. le gouvernement japonais copiant les Lois antisocialistes de Bismark, et ceci après quelques oscillations, opta pour la censure et la répression. Partis politiques interdits. Journaux interdits. Surveillance accrue des opposants.
L'affaire de la haute trahison sera pour le pouvoir l'occasion de « purger » toute opposition à la bonne marche de sa politique économique.
C'est donc à l'histoire de certains de ces jeunes militants que ce quatrième tome se rapporte.
La différence entre « Droits gagnés » et « droits accordés » allait être gravée profondément dans la poitrine du peuple japonais. Et il n'allait pas être le seul .
Astrid Shriqui Garain
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Dans ce tome, le lecteur découvre le personnage de Shusui Kotoku, un homme de 39 ans qui fut l'un des instigateurs du parti socialiste au Japon.
Le récit, qui débute au début du XXème siècle (ère Meiji) avec la guerre russo-japonaise se construit par la suite essentiellement sur la naissance de ces idées nouvelles et l'entrée du Japon dan la modernité. Les partisans su socialisme, qui ont tiré beaucoup de leçons du peuple russe, en viennent rapidement à la conclusion que sans violence, ils ne pourront jamais faire de révolution. Aussi, une idée qui, au départ, devait simplement inciter les japonais à prendre conscience de leur situation (situation dans laquelle la liberté de penser par soi-même n'existe pas et que si l'on a des idées contraire au gouvernement en place, on se fait rapidement réprimander, voire même enfermer) va vite prendre une toute autre tournure et se transformer en anarchie. C'est ainsi que le parti anarcho-communisme naquit dans la tête de ces intellectuels, qui ne sera malheureusement pour eux, pas sans dégâts.
Magnifique ouvrage qui, cette fois-ci apporte au lecteur beaucoup de connaissances historiques sur le Japon du début du XXème siècle, tout en continuant à lui faire découvrir qui étaient les grandes figures qui ont marqué cette époque, que ce soient des intellectuels, des journalistes ou encore des écrivains qui se sont battus corps et âmes pour la liberté de leur pays !
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Ce 4eme tome est assurément plus politique que les précédents, ce qui nuit à mon sens à l'empathie que l'on peut ressentir face à cette galerie de protagonistes engagés dans des évènements qui auront des répercussions durables sur le Japon.
Ceci étant dit, ce manga est très agréable à lire, le dessin de Taniguchi est sublime et la langueur sensuelle de Kanno Sugako m'a beaucoup touché.
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"La liberté, l'égalité et la fraternité sont les conditions indispensables à la vie humaine. Parce que la liberté humaine ne peut s'acheter, nous sommes là pour la démocratie. Parce que l'égalité est indispensable à l'homme, nous sommes pour le socialisme. Parce que l'humanité ne pourra progresser que grâce à la fraternité, nous sommes pour le pacifisme."
Quatre ans plus tôt, il avait subi une tentative d'assassinat et déclaré "Vous pouvez me tuer, mais vous ne tuerez jamais la liberté."
Un sage chinois a dit : "Jadis il y avait un pays sans roi mais il n'y a jamais eu de pays sans peuple."
"_Vous pouvez me tuer mais vous ne tuerez jamais la liberté."
Le socialisme et l'alcool sont inséparables.