Citations sur Le cas Eduard Einstein (298)
Il (Albert Einstein) n’entrera pas dans le monde de son fils. Ce monde n’est pas le sien. Ce monde n’est pas le monde. Ce monde le terrorise. Il doit l’admettre. Il a peur. Voyager lui fait peur. Retrouver son fils le remplit d’effroi. Il doit assumer la terrible vérité. Voir son fils lui est plus douloureux que ne pas voir son fils. Comment imaginer cela ? Comment admettre cela ? Comment l’avouer à quiconque ? Il a peur de son ombre. Son ombre, sa descendance. Sa descendance qui vit à l’ombre. À perpétuité.
On raconte que des agents du FBI rôdent sur Mercer Street autour du 112. Edgar Hoover, le nouvel homme fort de l’Agence, serait convaincu qu’Einstein est un agent à la solde de Moscou. Son visa provisoire ne le protège pas d’une expulsion. Ses appels au pacifisme, sa critique du système capitaliste, ses sympathies socialistes, son engagement en faveur des Noirs américains plaident en sa défaveur. Des groupes américains rêvent toujours de le voir renvoyer en Allemagne.
Il (Albert Einstein) a eu tous les courages. Braver la Gestapo, soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création de l'Etat juif, braver le FBI, ne pas baisser l'échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l'Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les Juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Etre en première ligne. Mais aller voir son fils est au-dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l'univers ne connaît pas de limites.
(Albert Einstein) a eu tous les courages. Braver la Gestapo, soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création de l’état juif, braver le FBI, ne pas baisser l’échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l’Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Etre en première ligne. Mais aller voir son fils est au dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l’univers ne connait pas de limites.
Tout le monde a sa petite idée sur Einstein. Des types comme lui, il y en a un par siècle. Des types comme moi remplissent votre salle d'attente.
Il remonte Mercer Street sous le soleil encore bas du ciel de Princeton. (...) Il croise un groupe d'étudiants qui ne font pas cas de sa présence. Quelques éclats de rire se font entendre. Se peut-il qu'en un même instant, de part et d'autre d'un océan, une même jeunesse brûle, ici, des cigarettes, là, des livres ? Il songe à ce qu'il adviendra de ces jeunes Américains-là, à l'air naïf, au visage radieux, lorsqu'ils se retrouveront, combattant face à la jeunesse allemande préparée à la lutte, avide de sang et de pureté raciale. Puisqu'il y aura la guerre. Il en est convaincu. Le seul espoir d'Albert Einstein repose dans ce conflit. Voilà ce que les Allemands ont font fait du chantre du pacifisme, un pousse-au-crime.
Lui-même n’a jamais caché à Freud ses réticences à l’égard de la psychanalyse. « Je préfère de beaucoup vivre dans l’obscurité de celui qui n’a pas subi d’analyse… Il n’est peut être pas toujours utile de fouiller dans l’inconscient … Vous croyez que d’analyser nos jambes nous aiderait à marcher ? » p 183
Savez-vous vers quelle spécialité je compte m’orienter ? Vous êtes sur la voie. Je rêve d’être psychiatre ! Finalement, je crois avoir pris le meilleur raccourci : je suis entré à la clinique par la grande porte. P 22
Aux dires de maman, cela fait cinq ans que mon père est en Amérique. Il est parti à temps. Sinon on l’aurait emprisonné à Dachau. Dachau n’est pas très loin d'ici. Ç'aurait été unique, deux Einstein internés en même temps, à deux cents kilomètres de distance. Peut-être aurait-on pu regrouper les familles ? Quoique la perspective de passer le restant de mes jours derrière des barbelés au côté de mon père n’a rien de réjouissant. Mais ça n’aurait pas duré si longtemps. Si mon père avait été arrêté, le monde entier aurait essayé de le faire sortir. Tandis que moi, nul ne s'en préoccupe.
Quelques éclats de rire se font entendre. Se peut-il qu’en un même instant, de part et d’autre d’un océan, une même jeunesse brûle, ici, des cigarettes, là, des livres ?
Il songe à ce qu’il adviendra de ces jeunes Américains-là, à l’air naïf, au visage radieux, lorsqu’ils se retrouveront, combattant face à la jeunesse allemande préparée à la lutte, avide de sang et de pureté raciale.