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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
«  Chacun de nous est une architecture d'amour » .
«  On marche , on marche et la terre s'ouvre devant soi, comme tranchée par un couteau . Car les vagues de souffrance , invisibles , acérées , puissantes , laminent les terres , se multipliant sur le chemin, rendant difficile l'excursion » ..

Deux extraits de ce roman sensuel , initiatique, d'une jeune fille confrontée à la passion, aux emballements et aux désordres de l'amour .

C'est l'histoire vibrante d'amour charnel, de découverte , d'espérance et de déchirement , un festin de jeunesse, d'amour et d'eau fraîche : «  Amours , vos mets âcres et salés , bien bête qui les boude car le temps file , file » …pour Corinne , vingt ans , orpheline de père , il était chirurgien, elle se consacre à ses études de mathématiques dans une université parisienne .

Nous allons la suivre entre passions et désillusions , de celles qui transforment en «  épaves » sauf le bonheur de réussir ses examens .

La dernière année des «  Seventies » une année charnière en 1979, du printemps à l'hiver , on va la suivre , elle a pour amant Baptiste , amoureux de Jean, son colocataire …

En se rendant à un concert Corinne rencontre un musicien de jazz, Toni , âgé de quarante - quatre ans , il a déjà été marié . Il se produit au Riberbop du Saint - André des Arts , Baptiste et Corinne s'y rendent : en ignorants …

C'est un musicien établi, il réalise des musiques et des films , il exprime toute sorte de nuances avec sa musique .
Il est perturbé , sombre, passionné , un peu ténébreux , ambigu, mufle, tourmenté , jaloux de la liberté supposée de Corinne, la possède debout avec violence , «  Les mains de Toni soulèvent, ouvrent , cherchent » ..puis petit à petit l'assigne à une espèce de prison mentale , en elle il sème l'expérience vaine, la douleur vraie …
«  Toni m'a prise pour son vide - ordures . Il désire détruire , Toni » tel un sadique .
Leur relation se délite ,il la harcèle de questions , ne désire pas vivre à deux, l'humilie et l'étire au téléphone , il fait ce qu'il veut d'elle , un jouet, une fille en filigrane .
Il entend sa tristesse , lui dit qu'il n'a jamais rien compris aux femmes.
Ils n'ont été amants qu'une brève saison.
Corinne , elle , si rieuse , si chatte, à la nature simple , affectueuse , démonstrative , juvénile , riche, aux côtés de Baptiste, si curieuse des hommes, , communiquera avec Toni , uniquement par téléphone .

Il croit , suspicieux et mufle , qu'elle fait l'amour avec tout le monde.

Elle part en Italie : l'eau du lac majeur n'est autre que ses larmes .
Elle revoit Baptiste , son ami, frappé par l'amour pour Jean.

Puis évoque avec Jean, sa souffrance pour Toni , son ancien amant musicien qui l'avait invitée à ses concerts .

L'hiver 1979 va s'achever : quelque chose d'effrayant , mortel, arrive , qui va faire des ravages chez les amoureux , les amants et les amantes .

Les années 70 prennent fin, un cycle où tout était permis , on pouvait changer d'amant ou d'amante si on le désirait , le sida paraissait très loin.

«  Au début, on va loin, va très loin, puis vers vingt ans , on va jusqu'à la fin de l'amour et on n'en revient pas » …
Le roman ne fait pas dans l'eau de rose : c'est cru, charnel , coquin , visuel et imagé ,pétri de poésie , d'entrain charnel et de rage , de bonheur scintillant , d'attention mutuelle , malgré la peine accompagné deux poèmes de Gérard de-Nerval.

«  Amours , vos mets âcres et salés, bien bête qui les boude car le temps file , file » …..
Plaisirs , désirs, mélancolie, initiation , désenchantement, incompréhension , silences lourds , derrière l'amour charnel s'expriment les regrets d'une époque bénie, insouciante , qui se meurt ..

Un très beau livre agréable à découvrir , à l'écriture fulgurante , tout en nostalgie …
Je remercie chaleureusement Masse critique et Babelio pour l'envoi de cet ouvrage première de couverture : «  le Minotaure caressant du mufle la main d'une dormeuse »Pablo-Picasso .
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Dans la postface de ce roman attachant, plein de nostalgies tendres, l'auteur écrit : « Plus de vingt-cinq ans ont passé sans que je m'en aperçoive, ou plutôt quand je relis ce roman, c'est pour moi si vivant que l'intervalle s'efface. »

En 1979, Rue de Buffon, Baptiste et Jean partagent une chambre. Corinne « est assez attaché à Baptiste et prendrait goût à la fidélité, quand lui a la liberté pour première maîtresse. »
Ils vivent à la façon d'un Douanier Rousseau au jardin des Plantes, « Là dans ces allées sages il voyait trois feuillages et peignait une jungle. »
« Ce sont des gens assez bénins en fin de compte. (…) ils s'inclinent devant leur propre sensualité. »

Toni Camarillo est trompettiste de jazz. Il se produit au Riverbop rue Saint André des Arts et, au Riverbop, ni Corinne ni Baptiste « (…) n'y vont en amateurs, ils y vont en ignorants. »
De retour rue de Buffon avec Baptiste, Corinne est ailleurs, « Demain c'est lundi, demain sera à Toni Camarillo, à Toni Camarillo (…) elle ne veut pas rêver mais le voir. »

Avec des mots enchanteurs souvent symboliques, parfois crûs, Dominique Sels raconte l'histoire de ces deux personnages « La rencontre charnelle est un geste d'approche ou bien qui se propose d'oublier les situations ennuyeuses »

Entre Toni, le musicien établi, la quarantaine, qui fréquente d'autres personnes établies, qui réalise des musiques de films, côtoient des gens célèbres, dîne dans des restaurants où l'on donne aux femmes une carte sans les prix, et Corinne, l'étudiante en mathématiques dont la vie est toute entière dédiée à ses études, que peut-il se passer ?
Elle découvre une vie sans contraintes, « Du raisin en mai ! du saumon fumé ! Dit-elle la mise gourmande. »
Le sexe ? «Toni aime bien avoir métamorphosé Corinne en animal qui râle. »
L'amour ? « La ville est une aube qu'elle traverse, c'est près de lui qu'il fait grand jour.»
Le mariage ? « Assez vite Toni a invité des mots que les hommes ignorent ces temps-ci : le mariage, l'enfant. »

Corinne veut à tout prix revivre ce que Toni a déjà vécu, comme si cela était une assurance pour le futur. Elle décide de passer quelques jours à Sienne en Italie, là où Toni autrefois a suivi les cours d'une académie de musique.
Sont-ce des retrouvailles réelles ? En ces lieux hantés par Toni, elle fuit la réalité, se réfugie dans le rêve « Corinne arrive à la gare. Une voiture s'arrête, elle connaît cette voiture, Toni a la même, c'est lui, elle court vers lui, elle pensait justement à lui. »
Elle imagine choses et les gens vibrer à l'unisson de son bonheur, les perçoit au travers du filtre de sa joie, telle cette femme de charge qu'elle voit comme une fée : « Quand elle parle on entend des clochettes, des barcarolles et l'on voit des rubis, des cascades. 

Le retour à Paris, dans la réalité, n'est pas simple. Toni semble la fuir. Homme établi, il jalouse la liberté supposée de Corinne la harcèle de questions sur des amants qu'elle n'a pas. Ils communiquent par téléphone. Il se dédie entièrement à sa musique. Parle de leur relation du printemps, crée de l'espoir chez Corinne. Mais leur relation se délite. Elle, tente de se raccrocher à lui, puis de guerre lasse, revoit ses anciens amis, Baptiste et Jean. Elle n'a plus que ses études pour survivre.
« Mais Toni, Toni pour Corinne est beaucoup plus difficile à comprendre qu'un cours. Elle n'est plus qu'une souffrance dans une cage de mots. »
Commencée au printemps, leur relation atteint difficilement l'hiver. L'année 1979 va s'achever. Un monstre tapi dans l'ombre guette les amants du monde entier et ne leur permettra plus jamais de s'aimer en liberté.
« Amours vos mets âcres et salés , bien bête qui les boude car le temps file, file. »
Merci aux éditions de la Chambre au Loup et à Babelio pour ce roman offert lors de la dernière masse critique.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Nous sommes façonnés par les rencontres que la vie met sur notre chemin. Pour le meilleur comme pour le pire…

Nous sommes à l'aube des années quatre-vingt. C'est le printemps à Paris. Corinne est orpheline, poursuit des études à la fac financées par une bourse et vit dans une chambre dont elle a hérité sur la rive gauche.

Elle fréquente Baptiste, qui ne refuse aucune étreinte sauf celle des sentiments. Il n'est pas très à l'aise avec l'idée de montrer son affection. Il semble pourtant épris de son colocataire, Jean, un bel adolescent impertinent. L'air du temps est à l'amour libre et détaché.

Puis vient la rencontre bouleversante, le feu dévastateur, Camarillo, trompettiste de jazz d'au moins deux fois son âge.
L'atmosphère va rapidement devenir étouffante et la nonchalance du début va céder la place aux tourments les plus cruels. Il joue avec elle comme un chat avec une souris. Il s'amuse, il l'abuse. Elle n'y comprend pas grand chose. le printemps aura été bien éphémère et les saisons suivantes, que nous suivons jusqu'à atteindre la dernière nuit de 1979, capiteuses de soufre, resteront à jamais gravées en elle.

La plume de Dominique Sels est poétique et sa façon d'écrire m'a fait penser à un appareil Polaroïd. Une série de flashs décrivant son environnement et ses pensées intimes. J'ai beaucoup aimé.
Par contre, j'ai développé une hostilité envers ce personnage qui prend sans aucun égard, qui tourmente et maintient une emprise violente même à distance. C'était difficile d'être le témoin de ce saccage humiliant qui s'éternisait au fur et à mesure des mois qui passaient. Je cherchais la porte de sortie mais je ne voyais pas la lumière.
Un livre qui ne m'a donc pas laissée insensible.

Mes remerciements à Babelio et son opération Masse Critique ainsi qu'aux Éditions de la Chambre au Loup pour m'avoir offert cette lecture.
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Autant j'avais trouvé "La petite maîtresse"un peu trop cérébral et m'étais quelque peu ennuyée, autant il aurait été dommage que je passe à coté de Camarillo. Ce roman (récit autobiographique) m'a littéralement happée, transportée dans son sillage de chair, d'amour, de sensualité, de sincérité, que ce soit le fond ou la forme. le verbe est puissant, imaginatif, voire baroque, même si certains passages sembleraient mériter un peu plus de sobriété, ce qui ne nuirait en rien à l'ensemble. Une jeune étudiante en mathématiques vit à la fin des Seventies comme à peu prés toutes les filles de son âge, plus ou moins avec des amants-amis. Corinne aime Baptiste, du moins ils s'entendent bien, puis arrive une tierce personne, Jean colocataire de Baptiste qui en tombe amoureux. le décor est planté. C'est alors que Corinne découvre la passion amoureuse absolue pour un musicien de Jazz, de 20 ans son aîné. Pour ainsi dire elle se jette dans se bras, de crainte qu'il ne passe à coté d'elle , d'un amour , de l'amour avec un grand A. Qui n'a pas connu le coup de foudre ne sait pas ces choses-là. On pourrait voir dans cette affaire l'initiation d'une jeune fille par un homme plus âgé. Je me trompe peut-être, mais je crois qu'il s'agit de la rencontre entre deux êtres faits pour s'aimer, qu'elle l'initie autant que lui le fait. Toutefois le musicien Toni, est marié, marié sous serment avec la musique, il ne peut assumer 2 passions. Ce n'est pas pour défendre sa muflerie, mais cela explique à mon sens ses éloignements, ses retours, sa jalousie, ses coups de téléphone pour rester malgré tout en contact avec Corinne. Les descriptions de la douleur amoureuse sont des phrases coup de poing dans le coeur ou l'estomac, fulgurantes. Corinne finit par retrouver Baptiste et Jean avec lesquels elle peut parler de tout. Une happy end entre guillemets , Corinne et Jean se consolent tous deux fin 1979, dans la tendresse et le respect mutuel, non sans avoir philosophé auparavant sur les relations amoureuses. La jeune fille part pour l'aventure de sa vie de femme. Je termine ma critique me disant qu'elle est un peu fade par rapport au ressenti à la lecture de Camarillo.J'en suis encore toute imprégnée. A découvrir ou à redécouvrir absolument.
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Dominique Sels a écrit ce roman pour la première fois en 1979 , probablement après avoir vécu cette histoire d'amour torride avec un génial trompettiste de jazz , Toni Camarillo ( qui n'est pas son nom véritable , on s'en doute un peu) .
En définitive , le roman a été publié pour la première fois en 2007 , puis à nouveau maintenant .
Corinne vit en colocation avec Baptiste et Jean , rue de Buffon . Elle a une liaison avec Baptiste , puis c'est Baptiste qui tombe amoureux de Jean .
Autant dire que la liberté sexuelle règne ! Un soir , ils vont au Riverbop , une boîte de jazz , et , là , c'est une révélation pour Corinne , elle flashe complètement sur ce trompettiste qui a pourtant la quarantaine bien sonnée (elle n'a que 20 ans ) . C'est aussi une rencontre musicale , jamais elle n'a été auparavant autant emportée par cette musique qui se renouvelle sans cesse .
Le musicien cède très rapidement au charme de cette jeune femme , on a l'impression qu'il l'aime , mais c'est avant tout une relation charnelle , surtout une recherche crue du plaisir .
En réalité , Camarillo a un peu peur de cette relation , il craint qu'elle ne prenne le pas sur son travail de création , son art est ce qui le motive avant toute chose . Il ne veut pas s'engager .
"Il n'est content que lorqu'il jouit ou qu'on l'applaudit" .
Pourtant , Corinne fait tout son possible pour gagner son coeur . "Corinne est une braise qui brûle d'amour . Toni a paru et le monde n'était plus que la ligne droite allant à lui ". Mais Toni fait corps avec son art , voilà tout .
Adios les seventies est un merveilleux roman d'apprentissage , avec un délicat parfum de nostalgie et d'inaboutissement . On aurait aimé (le lecteur) que cette belle histoire ne s'arrêtât jamais , mais les histoires d'amour finissent mal en général (je paraphrase ! )
On peut surtout parler de mélancolie pour ce roman : derrière ces histoires d"amour charnel , il y a le regret de cette époque où tout était permis , on pouvait changer d'amant ou d'amante comme on voulait , le Sida paraissait encore bien loin . Il y a évidemment une grosse part de désenchantement , c'est du moins ce que j'ai ressenti , un peu comme une vilaine gueule de bois après une fête bien débridée et ... réussie .
Un grand merci à Babelio et aux Editions de la Chambre au Loup pour ce roman .
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J'ai bien aimé ce livre que pour ma part je ne trouve absolument pas daté. Certes l'auteure nous dit une époque de libéralisation des moeurs, toutefois le récit déroule une histoire intemporelle , l'amour n'est-ce pas de façon universelle une histoire que l'on raconte et une histoire que l'on se raconte? Nous sommes en 1979.Avec beaucoup de poésie , l'auteure narre en quatre parties , les quatre saisons de l'amour,comment Corinne, jeune étudiante en mathématiques de 19 ans tombe sous le charme puis sous le joug du trompettiste Camarillo de 20 ans son aîné et comment ce musicien va abuser avec cruauté de son ascendant sur Corinne.En ce sens c'est un roman d'apprentissage.La jeune fille en souffrance confie son désarroi dans cette relation à son ami Jean homosexuel et la libération de sa parole lors de cette confrontation est pour elle une amorce de résilience . La relation réduite à une relation téléphonique avec Camarillo c'est «  du pipeau ».Puis elle fait de son cas un cas universel et cette prise de distance la libère, beaucoup de jeunes femmes ont dû s'amouracher de Mozart aussî conclut-elle. C'est pour elle la fin de l'adolescence.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
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