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EAN : 9782952845144
Chambre au Loup (16/03/2010)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Quand on a vingt ans, il arrive qu'on soit la jeune maîtresse ou le jeune amant de quelqu'un, ce sont des amours de construction : où on apprend quelque chose et où on se bâtit.

4ème de couverture
Il existe des couples avec écart d’âge, il existe des amours dont les fruits sont des livres, des tableaux, des carrières, plutôt que des enfants. Ces amours qu’on appelle célestes étaient dans l’Antiquité strictement masculines ; Dominique Sels, qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je vous recommande de lire d'abord les récits autobiographiques de Dominique SELS "Camarillo, Adios les seventies" et "Les plus beaux diamants du monde" pour apprécier vraiment cet essai et ces discussions issues d'un débat sur les couples avec écart d'âge.

L'auteure repart du Banquet de Platon déjà abordé dans "Les mots de l'amour arrivent d'Athènes" avec les figures grecques du philéraste, l'aîné qui aime son éraste plus jeune. Les grecs ont théorisé et vécu avec ce modèle du couple avec écart d'âge.

Elle ajoute cette fois le personnage de l'Arlésien, celui qui brille par son absence et se fait désirer, comme Socrate qui arrive en retard au Banquet et tarde à s'exprimer.

Toni Camarillo, le premier amour de l'auteure était un Arlésien, comme l'était la fiancée du Grand Meaulnes, la dulcinée de Don quichotte, la danseuse Carlotta Grisi, pour Théophile Gautier, le Chat du Cheshire de Lewis Carroll, et à leur façon Zorro, le renard, Dieu, Jésus, et "nos copains qui préfèrent rester une soirée au téléphone plutôt que de se rapprocher de vous".

L'amour pour un Arlésien ou une Arlésienne peut rendre malheureux mais il peut aussi être source d'inspiration, comme le dit l'auteure :
"Quand le grand amour malheureux pour l'absente est confondu avec l'amour pour la littérature, pour la politique ou que sais-je, cela devient un amour d'ambition, un étai pour travailler."

Dans la petite maîtresse le débat porte sur ce modèle de couple avec écart d'âge et Dominique SELS revient sur ses trois passions amoureuses avec trois hommes mûrs lorsqu'elle était jeune. Elle justifie ces et ses expériences enrichissantes et formatrices, initiatiques , où un(e) jeune assoiffé de connaissances et curieux de découvrir la sexualité se met sous l'aile protectrice d'un(e) aîné(e) prêt (e) à transmettre son savoir et ses expériences de la vie.

Les amours célestes, dont les fruits ne sont pas des enfants de chair mais des oeuvres d'art, peuvent se constituer avec écart d'âge, mais pas forcément, l'essentiel est qu'ils soient fécondants. Sont évoqués dans cet essai Rodin et Camille Claudel, Picasso et ses modèles, Sartre et Beauvoir, Verlaine et Rimbaud, Jean Cocteau et Jean Marais, Georges Moustaki avec Edith Piaf, etc.

L'auteure justifie la formation de ces couples avec écart d'âge mais en évoque les risques. le tableau de Picasso du Minotaure couché sur la femme endormi est largement commenté. ll la couvre, la couve, il peut la tuer ou la dévorer, mais tel un Dieu il peut en faire sa créature et l'épanouir telle une graine qui deviendra fleur. La jeune femme offre sa beauté, son corps au désir masculin et l'artiste est inspiré par sa muse, crée, se dépasse. A la muse de faire attention de ne pas perdre son âme. Dans le cas de Dominique SELS, cette fréquentation d'artistes mûrs a été fécondante. Sa sensibilité d'artiste a été stimulée, elle s'est enrichie au contact de ces hommes, tant sexuellement qu'humainement qu'artistiquement.

Le dernier chapitre est consacré aux musons, muses masculins pour des artistes féminines, cas moins fréquents dans l'histoire de l'art, mais l'égalité hommes-femmes devrait davantage mettre en lumière des exemples de cette nature.

Récit que j'ai trouvé personnellement passionnant. Voir en Citations des extraits. Un ouvrage qui forme une trilogie avec les deux romans cités plus haut.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mission de l’aîné : casser l’éblouissement
L’aîné aide celui sur qui il veille à ne plus être impressionné. Un Arlésien, me semblait-il tout à l’heure, s’il est bienveillant, doit casser l’éblouissement dont il est la cause. En amours célestes, un amant qui est là et bien là, en chair et en os, a aussi cette mission.

Ovide dit : Si vous aimez quelqu’un, ne caressez pas l’espérance d’être aimé, faites plutôt en sorte que l’être que vous aimez accepte de l’être ; le bonheur est à la clé.
Facile à dire. Lui (Toni Camarillo, le musicien), il n’a même pas voulu. Quand il me jouait quelque chose, il savait peut-être cela, qu’il n’allait pas se laisser aimer. D’avance il connaissait l’histoire, parce qu’il se connaît. Simplement en jouant pour moi de si beaux morceaux, il me montrait avec amitié que je pouvais aussi partir pour certains voyages, si je le décidais. Voilà ce qu’il m’a appris. J’étais enchantée par lui, mais il souhaitait m’emmener plus loin alors il a dit : « Je ne veux pas de pouvoir sur toi. »

* L’élan admiratif se compose d’inexpérience, d’incompétence, d’inhibition, de timidité, de langueur érotique et de paresse. L’aîné vous aide à passer de l’éblouissement au travail, à la discipline, aux gammes. Celui qui sait agir ainsi est un être de qualité. Il a vécu et réfléchi. Dans la chambre l’amant vous débarrasse de la pudeur juvénile pour vous conduire vers certains gestes, Au sujet de votre ambition intellectuelle, puisque cet amant a de la bonté, il vous conduira aussi vers des gestes.

* Etiez-vous possédé, l’aîné vous tire de cet état, désormais vous agirez, vous formerez quelque chose.
Voilà ce que ça apporte, d’avoir un amant. Quelles belles heures de la vie ! Le conservatoire, ça conserve, la Sorbonne ça commente ; mais être dans la chaleur du corps de son amant qui joue de la musique ou qui écrit auprès de vous, c’est tout autre chose pour le bonheur de vivre et pour vous donner confiance en soi. C’est unique.
Ces amis je les appelle les plus beaux diamants du monde, parce que ça scintille tellement, une maturité accomplie, quand on est jeune. Vous avez donc ce rôle de l’amant qui est, pourtant, de casser l’éblouissement.

* Mission de la jeune personne : dévorer les minotaures
Picasso a dessiné un minotaure au-dessus d’une jeune femme endormie. Un jour il a dit : « Il ne sait s’il veut l’éveiller ou la tuer. »

Les amours célestes cheminent vers la genèse d’un être humain. Quand on est soi-même la jeune pousse, cette ambivalence de l’amant, comment la nommer, la reconnaître ? Comment se débattre entre le mâle dominant et l’honnête homme ? En voilà un obstacle à franchir par la jeune femme qui souhaite s’accomplir. L’amant joue-t-il double jeu ?
Ou bien produit-il par nature un double effet sur sa jeune maîtresse ? Car on peut intérioriser cette lutte et supprimer l’idée de tort masculin...
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Parfois les féministes se trompent en désignant comme leurs adversaires ces vieux amants bizarres que prennent de très jeunes femmes. Ils sont peut-être les seuls alliés de celles qui veulent devenir chercheurs, musiciennes ou peintres. Des féministes sc coalisent avec les femmes conservatrices pour les fustiger, ces vieux amants. Elles se trompent d’ennemi.
Ce sont les seuls qui ne compteraient pour rien le fait que vous vous donniez à eux, s’il vous en venait l’envie. Parce que pour eux seul l’art a une valeur, l’art ou leur domaine de connaissance. Ils sont donc bienvenus pour sortir les femmes de l’ornière où elles marchandent leurs corps.
Ce sont eux qui transmettront quelque chose à leur petite maîtresse, quelque chose qui ne soit pas de l’argent, une pension alimentaire, des enfants, un niveau de vie, mais au contraire quelque chose de l’énergie créatrice ou civilisatrice jusqu’alors aux mains des hommes.
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* Ces amours célestes sont un éloge de la dissymétrie.

* Un musicien m’avait prise pour amie autrefois, lui plutôt arlésien. Il s’appelait Toni. Maintenant je pense à deux autres personnes : un écrivain et un deuxième musicien (un Américain à Paris) : au contraire chacun de ces deux amis-là se trouvait heureux en ma compagnie.
Ces trois hommes, des artistes accomplis et mes aînés, m’ont beaucoup encouragée. J’ai donc vécu ce qui porte le nom d’amours célestes, où le jeune artiste est ébloui par la maturité du talent d’un aîné, où il lape ses paroles, et devient progressivement cet aîné.
A la lecture du Banquet je trouve davantage de similitudes avec mes propres amours que lorsque je lis des romans français. La Princesse de Clèves, qu’on estime ce livre n’y change rien, est un livre d’horreur, la mère choisit le mari. C’est en majesté la femme qui n’a pas le droit d’exister dans la littérature française. Par bonheur il y a l’anglaise. Le Lys dans la vallée, Balzac : je ne vois pas. Ici et là les femmes sont des fleurs ou des places fortes à conquérir ; les métaphores de la conquête militaire, je bâille, c’est pour les garçons.
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