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EAN : 9782952845113
Chambre au Loup (30/05/2007)
3.5/5   2 notes
Résumé :

Ces Notes de nuit sont traversées par les figures de trois hommes, fougueux et fantasques : Bruce Cleveland, Toni Camarillo et Raphaël, d’un érotisme ardent et distrait, peints en mouvement. Inspiré de la littérature japonaise, où les écrits intimes féminins formaient un genre important.
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Suite de "Camarillo,,adios les seventies". Dans ce premier volume autobiographique, Dominique SELS racontait son premier amour passionnel à 19 ans avec Toni, un musicien de jazz italien plus âgé qu'elle de 25 ans. le musicien avait pris ses distances, préférant sa musique et les aventures sans engagement, se sentant sans doute incapable d'aimer cette jeune femme et de répondre à ses attentes.

Ici, on retrouve le même mécanisme relationnel. Après avoir fait le deuil de son premier amour, l'auteure s'éprend cette fois d'un autre musicien de jazz, Bruce, un américain, également de 20 ans son aîné, et simultanément d'un auteur/éditeur, Raphaël, qui n'est autre que Michel Bernard.
Les plus beaux diamants du monde" désigne les plus beaux amants du monde, véritables diamants pleins de richesse, qui transmettent leur fougue, leur art, leur savoir, leur maturité à la jeune femme. Il s'agit donc ici de faire trois portraits, de décrire trois liaisons, trois modes de relations, de faire des comparaisons entre ces trois amours.

Dominique SELS rend hommage aux trois hommes qu'elle a le plus aimés dans sa vie, qui vivent en elle pour toujours, qui ont été des initiateurs, des révélateurs, des caisses de résonance pour sa maturité de femme et de future auteure.

J'ai préféré "Les plus beaux diamants du monde" à "Camarillo" qui est encore un écrit de jeunesse. On y trouve le recul, l'analyse approfondie, la mise en cohérence des trois expériences. Et cette sincérité, cette sensualité, cette sensibilité, cette franchise à évoquer ses expériences sexuelles donnent de la valeur au récit.

Il faut aussi souligner le témoignage original et très intéressant sur l'amour et la sexualité à travers la musique d'un côté, et le verbe de l'autre.
Le musicien Bruce joue avec le corps de Dominique SELS comme avec un instrument de musique, il aime en esthète les notes et vocalises du plaisir qui sortent de sa gorge.
Raphaël l'écrivain est intarissable sur l'usage des mots pendant l'amour, il envoûte sa partenaire par des récits, des contes, des mots crus ou imagés. Il faut lire ces pages magnifiques sur Raphaël le séducteur.

Bref, je recommande ce récit d'une grande profondeur, d'une grande sensualité, d'une grande sensibilité, d'une grande sincérité. Je suis surpris qu'il n'ait fait l'objet d'aucune critique sur Babelio avant moi.
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La suite de Camarillo, Toni est loin mais omniprésent pour Corinne :"Je ne sais si j'arriverai à écrire simplement que j'aimais cet homme tellement il m'émeut encore. Je n'ai jamais aimé quelqu'un d'autre autant que je l'ai aimé, lui, Toni Camarillo. " Il s'agit d'écrire un livre digne de lui, ce qui provoque d'abord la terreur chez le musicien, sans doute parce qu'il est connu, puis il encouragera Corinne dans la réalisation de son projet, comprenant qu'il est vital pour elle de s'exprimer par l'écriture, que l'intention est noble. Corinne rencontre alors 2 hommes qui deviennent ses amants réguliers, mais non permanents. Chacun garde sa liberté, Bruce musicien de Jazz comme Toni qui voyage beaucoup et qui est marié, Raphaël, éditeur, homme de pouvoir, "implacable quand une femme est à lui", pas fort sympathique au demeurant (ce n'est que mon avis), Corinne également habituée à vivre seule, à son indépendance. Raphaël et Bruce sont plus âgés qu'elle, mais il ne me semble pas que ce soit l'essence même du propos. Certes, il y a une transmission d'expérience, d'écriture pour l'éditeur, mais j'ai surtout vu les 2 histoires d'amour. Pour moi, ce récit est un hommage aux hommes aimés et à l'amour. Ecrire ainsi l'intime, la sexualité féminine sans tabou d'une façon aussi vraie, sans tomber dans le vulgaire, ou tout bêtement dans les banalités, m'apparaît d'un grand courage de la part de l'auteure. C'est tout un art. L'ensemble est poétique, lucide, réaliste. Un bémol pour ma part : par moments je me suis lassée, comme si on tournait en rond, puis je revenais, happée par les passages suivants. La lecture n'est pas toujours fluide car aucune phrase n'est artificielle. En tout cas, je n'ai jamais rien lu de pareil et me suis certainement retrouvée quelque part dans un cheminement de vie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
SUR RAPHAËL L'AUTEUR ET EDITEUR

* Le désir lui donne les yeux brillants. Ses phrases déroulent des volutes qui vous charment et vous enserrent. Son discours soumet charnellement une femme. En cet ensorcellement il se rapproche du musicien, attendrissant les ventres des femmes qui écoutent, mais son verbe va autrement loin dans l’efficace du plaisir. Raphaël, c’est un cran au-dessus de l’amour humain. Ce sont ses paroles mêmes autant que sa chair qui conduisent vers le fameux néant exténuant.

* Il est beaucoup plus drôle que ses livres érotiques. Et même, le plaisir charnel et le rire sont des rivaux sérieux quand nous nous retrouvons, puisqu’on ne peut pas simultanément se livrer au plaisir et se livrer au rire. Il faut donc alterner avec habileté : je ne sais si ce détail se trouve dans les livres de ce genre. On ne peut jouer tour à tour à l’esclave, au maquereau, au roi, au despote, au serviteur, au dévot sans sourire à l’entracte. Il dit un conte pour chaque rendez-vous d’amour donc ses romans imprimés, il les doit aux quelques heures de la journée où son corps lui intime le repos.

* Il est physiquement et chimiquement absorbé par ces deux passions d’une très grande intensité : l’une pour les femmes qui déborde des mouvements humains ordinaires et l’autre pour les livres. Ces deux passions, qui sont deux cultes, se confondent lorsqu’il me voit. De sorte que je ne l’ai jamais connu que dans le paroxysme, dans une telle ferveur… dans une fiction sans cesse renouvelée… d’une violence que je n’ai jamais connue ni avant ni après… je me laissais emporter par ses mots et par les plaisirs qu’il m’offrait, mais de temps en temps, je m’étonnais et songeais que je n’entrais pour rien dans sa fureur, laquelle avait ces deux causes : premièrement le goût qu’il avait de prononcer des mots d’amour, de former des phrases, et deuxièmement le goût qu’il avait pour ma chair.

* Raphaël et les écrivains sont d’emblée orgiaques et déchaînés dans le plaisir que procure le langage. Dans mon lit, dans ses livres, les mêmes mots parfois reviennent. Les volutes de la syntaxe écrite et ses retardements laquent les visions, tandis qu’auprès de moi la syntaxe de Raphaël est à terre, hachée, incisive, impérative, durcie par le désir cru. Raphaël en moi c’est de la syntaxe au poumon, de la syntaxe rivée aux muscles des hanches, les fantaisies sont lancées comme des instructions. Les mots noirs et les mots d’or des louanges sont aussi près les uns les autres que dans un feu on voit ensemble et le bois qui se calcine et la braise qui rougeoie.
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SUR BRUCE LE MUSICIEN

Avec Bruce, voici pourquoi dans nos actes la qualité d’abandon est totale. Dès qu’il me pénètre, je sais qu’il écoute mon chant, mon souffle qui s’altère, ma bouche qui gémit. C’est son attente : il vient donner et écouter ce concert qui lui plaît. La première fois qu’il me l’a dit, j’ai pensé de la part d’un musicien à un simple trait d’esprit, en passant.
Simplement son désir et sa volonté s’épanouissent ainsi. Il vient, résolu, jouer de son corps et du mien pour m’entendre. Il ne s’exclame pas à cela, ou rarement. Il le rappelle de temps à autre, ce désir, et s’exprime alors avec une autorité certaine : désormais c’est une évidence qu’il vient en moi renouveler. Pour ma part, cette source de félicité mutuelle, je ne l’ai pas rencontrée chez un autre homme. Au contraire, les hommes qui ne sont pas Bruce Cleveland sont au mieux accoutumés, gênés, au pire épouvantés par la musique d’une femme. Ils la tolèrent, la commentent, la couvrent, cette musique, la raillent ensemble au moyen de mots orduriers. Ils sont étrangers au chant d’une femme. Bruce, lui, est dans son élément.
Sur le pouvoir charnel des sons : avec Raphaël la parole nous emporte de vague de plaisir en vague de plaisir. Tandis que le style de Bruce est différent, il donne un concert de musique de femme. Raphaël, lui, on ne peut pas dire qu’il n’agrée pas la musique de femme, mais sa parole rivalise avec celle-ci, c’est bien autre chose. Bruce n’a pas nécessité de dire mot, il joue de l’instrument qui est moi. Mon chant est son mot.
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SUR TONI CAMARILLO LE MUSICIEN

* Je ne sais si j’arriverai à écrire simplement que j’aimais cet homme, tellement il m’émeut encore. Je n’ai jamais aimé quelqu’un d’autre autant que je l’ai aimé, lui, Toni Camarillo, le premier de mes amis de passage. Chez lui il me jouait de la musique. Je l’ai suivi à quelques concerts, j’ai connu les coulisses de la scène et les dîners après le spectacle. La cause de mon bouleversement, c’était son langage, j’étais très jeune. Ce musicien a plaisir à s’entendre et entendre la voix d’une femme. Il est si musicien que sa voix regorge d’une musicalité dont il n’a même pas idée. D’une syllabe à l’autre il change complètement d’accent ou de note et me bouleverse par une brève pause avant un mot. Mis à part les moments de trivialité, sa retenue dans l’expression souvent me foudroie. On dirait qu’un morceau de musique s’interprète par Toni qui parle, sans que celui-ci s’en rende compte.

* Cher Toni, crois que mon cœur demeure, si je n’ai su te plaire, peuplé d’une force pure contre quoi je ne peux rien, et qui a pu te surprendre, mais pas autant que moi. Je vis comme je peux avec. Où es-tu, Toni disparu de ma vue ? Trouve en moi une amie dans l’amour et au-delà de l’amour, et quelle que soit l’année, et quel que soit le jour… Ah, ces rêves emportés où tu reviens, m’enlèves… et les corps se tressent…

* Pour Toni, la chair et l’amour n’ont pas d’importance devant l’art – musique ou littérature.
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Il faut une force colossale pour aimer un artiste, heureusement il en faut un peu moins pour an aimer deux, car l'un distrait puissamment de l'autre.

Quelquefois je ne suis pas sûre de l'existence réelle des hommes qui m'ont tenue entre leurs mains.

Bruce et Raphaël sont venus dans ma chambre ...C'est un double coup d'état, ce sont des êtres de rêve, leur vie est ailleurs. Ils n'en veulent pas à ma liberté ni moi à la leur.

A propos de Toni : si je n'avais pas écrit, il m'aurait effacée.

Nous écrivons pour nous dépasser, et sortir de notre médiocre enveloppe.
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