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Citations sur Le Neveu d'Amérique (69)

Dans chaque ville où je m’arrêtais je rendais visite à de vieilles connaissances ou tentais de me faire de nouveaux amis. A quelques exceptions près, la plupart me laissèrent un sentiment amer et uniforme : les gens vivaient dans la peur et en fonction de la peur. Ils en avaient fait un labyrinthe sans issue ; [...] La nuit, ils ne rêvaient pas de jours meilleurs ou du passé, mais se précipitaient dans les marécages d’une peur obscure et épaisse, une peur passive qui au lever du jour les arrachait du lit les yeux cernés et encore plus effrayés.
[...]
En d’autres temps c’était facile d’arriver au pays du bonheur. Il ne figurait sur aucune carte, mais tout le monde savait y aller. Il y avait des licornes et des forêts de marijuana. C’est notre frontière perdue.
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Les carnets de moleskine étaient fabriqués depuis le début du siècle par une famille de relieur de Tours, dont aucun descendant, à la mort de ce dernier, n'avait voulu perpétuer la tradition. Inutile de le déplorer; ce sont les règles du jeu imposées par une prétendue modernité, qui s'emploie jour après jour à éliminer des rites, des coutumes et des détails, dont nous nous souviendrons bientôt avec nostalgie.
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Puerto Bolívar est au bord du pacifique, tout près de Machala, au sud de Guayaquil. La mer est présente dans la brise qui parvient par moments à dissiper les bouffées d’air humide et chaud provenant de l’intérieur des terres. On peut voir et entendre la mer, mais on ne la sent pas. A Puerto Bolívar on embarque les bananes équatoriales pour le monde entier. A cinq kilomètres de la jetée s’ouvre un trou vaste comme un stade de football et d’une profondeur inconnue. C’est là que finissent les tonnes de bananes impropres à l’exportation, soit qu’elles ont mûri trop tôt, soit qu’elles présentent des taches suspectes de parasites ou encore que le propriétaire de la plantation, ou le transporteur, a refusé de payer l’impôt prélevé par les mafias du secteur.

Le lieu se nomme La Olla et il est en ébullition permanente. Les milliers de tonnes de fruits en décomposition forment une pâte épaisse, nauséabonde et troublée de bulles. Tout ce qui ne sert plus finit à La Olla et ce monstrueux ragoût ne se nourrit pas seulement de matière végétale, mais aussi des adversaires des caciques politiques qui y pourrissent avec plusieurs grammes de plomb dans le corps ou mutilés à coups de machette. La Olla mijote sans trêve. Sa puanteur est telle qu’elle repousse l’odeur de la mer et que même les charognards ne s’en approchent pas.
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- Mon petit fils fait grève, putain, c'est mon sang.
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Le dépit de mon grand-père dura jusqu'au jour où je lui annonçai que je n'irai pas en classe parce que nous, les élèves, avions décrété une journée de grève en solidarité avec les mineurs des puits de charbon. Je ne l'ai vu qu'une seule fois boire plus que de raison et ce fut le jour de cette grève. Eméché par le vin, il réprimait de grosses larmes en murmurant :
-- Mon petit-fils fait grève, putain, c'est de mon sang.
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Cette conversation avec mes amis me confirma une fois de plus qu'on est de là où l'on se sent le mieux.
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Une vieille chanson chilienne dit: "Le chemin a deux bouts et aux deux quelqu'un m'attend." L'ennui c'est que ces deux bouts ne limitent pas un chemin rectiligne, mais tout en courbes, lacets, ornières et détours, qui ne conduisent nulle part.
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Il avait été, dans sa jeunesse, missionnaire chez les Indiens. Il voulait être un saint, mais les Indiennes lui ont fait perdre sa chasteté. Comme elles sont jolies et vivent nues, il a vite oublié le célibat. On dit qu'il a eu cinq enfants avec elles. Après, il est devenu fou en pensant que ces pauvres bâtards allaient tous nus, mangeaient de la viande crue et sautaient d'arbre en arbre comme des singes.
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L'horloge sert à peser les retards. Il arrive aussi que l'horloge tombe en panne et comme l'auto perd de l'huile, l'horloge perd du temps.
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Un jour de juin 1976, mon voyage à nulle part s'acheva. Grâce aux interventions d'Amnesty International je sortis de prison et, quoique tondu et amaigri d'une vingtaine de kilos, je m'emplis les poumons de l'air grisant d'une liberté que limitait la peur de la perdre à nouveau. De nombreux compagnons qui restèrent prisonniers furent assassinés par les militaires. Ma grande fierté est de n'avoir ni oublié ni pardonné à leurs bourreaux. La vie m'a offert de nombreuses et belles satisfactions, mais aucune n'est comparable à la joie de déboucher une bouteille de vin en apprenant qu'un de ces criminels s'est fait trouer la peau au coin d'une rue. Je lève alors mon verre et dis : - Un salopard de moins, vive la vie !
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