Dans
Peur, nous retrouvons le commisaire Erick Flamand, son équipe, son entourage... des personnages avec lesquels nous avons faits connaissance dans
La nuit interdite, que j'ai adoré.
Cette fois-ci, d'étranges suicides croqués sur le vif par un photographe pro mettent les nerfs d'Erick à rude épreuve. En effet, des individus meurent non pas de désespoir, mais avec le sourire aux lèvres. Pourquoi choisir cette mort? Quel est le point commun entre ces personnes?
Les photos sont des indices précieux là où les témoignages sont inefficaces... Les morts eux-mêmes vont livrer une parcelle de vérité... Seulement une parcelle car le mobile est ancien et puissant: la
peur.
Qui n'a pas rêvé de s'affranchir de cette émotion intrinsèque à notre état d'humain? La
peur: la fuir, l'apprivoiser ou la vaincre?
Thierry Serfaty nous emmène sur son chemin, entre phobie et combat, entre expérimentation et psychologie.
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle incursion dans la psyché, au côté d'un flic maniaque, insomniaque à certains moments, phobique à d'autres. Ce n'est pas un super-héros, on se retrouve dans ses petites manies et le lecteur aimerait tout autant qu'il trouve la paix que l'éclaircissement de ces décès. La volcanique Laura remue tout sur son passage, un véritable cataclysme épuisant! La maternelle Marina est la co-équipière calme et discrète qui recentre les énergies.
La participation du photographe de la mort à l'enquête pose le sujet d'un certain voyeurisme froid tout en dévoilant la richesse de l'expression par la photographie. La photo n'est pas qu'un morceau de papier glacé, elle n'est pas que beauté, elle est un témoin, un acteur, un passeur de messages. Il faut juste lui apporter l'attention qu'elle mérité. Il faut savoir regarder... et pas seulement voir.
Et, bien entendu, cette intrigue pose le questionnement sur le coaching, un certain shamanisme pervers qui, sous couvert d'apporter de l'aide à des personnes fragiles et en demande de solutions par une pseudo-médecine, n'a pour but que la manipulation et l'expérimentation humaine. Aucun traumatisme ne peut se régler d'un coup de scalpel... n'est-ce pas? Mmhh, pas sûr... Avec
Peur, la frontière entre la réalité et le roman est mince... le sentiment d'attraction-répulsion créé un malaise au fil de la lecture car si le suicide n'emporte pas les suffrages, ne plus être paralysé par la
peur est une recherche quotidienne pour certains...
Mais aura-t-on la réponse à cette question: mourir par l'objet de sa
peur est-il une victoire ou un échec? Pourquoi cette finalité choisie? Pourquoi cet aveuglement des disciples du Maître?
Ce roman est passionnant, dérangeant parfois lorsque nous sommes les voyeurs des suicides relatés, des derniers moments de vie de ces victimes. Mais la réflexion sur le thème de la
peur, les dérives qui en découlent et cette volonté farouche d'éradiquer ce sentiment fondateur m'ont scotchés du début à la fin et je n'ai eu qu'une hâte, à la dernière page, celle d'attraper la suite:
Agônia.
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