À 18 km à l'est de la capitale, au coeur d'un vaste parc de 85 hectares, patiente un château encore trop méconnu : Champs. Un petit air de l'Élysée côté cour, de Matignon côté jardin. Et pour cause : la maison de plaisance que l'architecte Bullet de Chamblain livre au financier Poisson de Bourvallais en 1707 a été construite selon des plans novateurs qui très vite seront érigés en modèles dont s'inspireront une décennie plus tard nos futurs palais nationaux. L'ouvrage que vient de lui consacrer l'historien de l'art Renaud Serrette se lit comme un roman où se croisent la princesse de Conti et la marquise de Pompadour, éphémère locataire entre 1757 et 1759, tandis que s'enchaînent les péripéties, de la suppression complète de la toiture du château dans les années 1830 à l'effondrement du plafond du merveilleux salon chinois en 2006, en passant par les exactions des Prussiens lors de la guerre de 1870. L'ouvrage fait légitimement la part belle aux Cahen d'Anvers, richissime famille de banquiers qui se porte acquéreur du château en 1895 et lui offrira une somptueuse restauration orchestrée par l'architecte Walter-André Destailleur et les paysagistes Henri et Achille Duchêne. Un faste dont bénéficieront les hôtes étrangers de la République suite à la donation à l'État en 1935. Richement illustrée, cette belle monographie vient couronner l'importante campagne de travaux menée de 2006 à 2013 par le Centre des Monuments nationaux afin de rendre tout son lustre à l'édifice.
Par Olivier Paze-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 541, janvier 2018
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