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À l'occasion de la sortie du film sur Mme de Sévigné, je ressors mon vieil exemplaire folio classique pour en lire la préface, que généralement j'ai tendance à ignorer.

J'attends de Roger du chêne qu'il m'apporte quelques appréciations sur la rédaction des fameuses Lettres qui ont fait la gloire de la Marquise.
Cette noble et illustre épistolière, qui a vécu éloignée de la Cour, s'appliqua à faire une chronique à la fois juste et spirituelle de son siècle. Selon Mlle de Scudéry, la Marquise "écrit comme elle parle". "C'est à dire le plus agréablement et le plus galamment qu'il est possible. "
En effet, selon les témoignages, la conversation de Marie de Rabutin-Chantal était "aisée, divertissante et naturelle." Ses contemporains ne tarissent pas d'éloges sur sa vivacité d'esprit, ses remarques spirituelles et originales. Qualités qu'elle conserve en prenant la plume.
Ces qualités ne font pas d'elle une intellectuelle, au sens où on l'entend aujourd'hui. Elle écrit au gré de son inspiration, sans se relire, sans s'efforcer de se donner un style. Les émotions l'animent, elle s'adresse à des amis, à des proches. Ce qui rend ses lettres si vivantes et touchantes.

Ces précisions corroborent l'impression très décevante que j'ai éprouvée devant le film d'Isabelle Brocard, qui nous présente une mère névrosée, dépressive et solitaire.
Les dialogues sont d'une pauvreté affligeante, et les personnages sans nuance.
Le contexte historique est à peine évoqué, alors que nôtre héroïne a vécu intensément les événements de son époque. Ce film ne rend pas justice à cette grande femme de lettres, qui fut un bel esprit tout en conservant son indépendance en ces temps de monarchie absolue.
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Les "Lettres choisies" de Madame de Sévigné plongent le lecteur d'une drôle de façon dans l'ambiance de la glorieuse époque de Louis XIV; c'est-à-dire elles ont été écrites par une personne exclue du cour du Roi Soleil et envoyées à d'autres personnes surtout sa fille qui étaient elles aussi en exile parce qu'elles étaient liées aux Frondeurs qui s'étaient opposés à l'idée d'une monarchie absolue à la personne du Cardinal Mazarin le principal ministre d'état en France pendant la minorité de Louis XIV.
Les "Lettres choisies" sont un festin pour les amateurs de la culture française du dix-septième siècle. On trouve chez Mme de Sévigné le même style et la même vision du monde que ceux de sa grande amie Mme de la Fayette, l'auteure de "La princesse de Clèves". Sévigné raconte des anecdotes intéressants sur la Rochefoucauld qui était aussi très proche d'elle. Elle décrit des premières des pièces de théâtre de Racine et des opéras de Lully. Elle parle beaucoup de ses auteurs préférés (Tasse, Arioste, Virgile, et Corneille parmi d'autres.) On aime Mme de Sévigné pour son grand enthousiasme pour la littérature et les arts
On accepte généralement que les lettres de Mme de Sévigné ont donné un très grand souffle au roman épistolaire. Mme de Sévigné a démontré tout le potentiel de genre. Dans ses lettres elle présente des portraits très complexe d'elle-même et de sa fille. Encore on voit l'évolution des attitudes et des émotions des individus dans ses épitres.
Les lettres de Mme de Sévigné vont plaire très peu aux lecteurs qui ne connaissent pas les oeuvres des grands écrivains de l'époque de Louis XIV. C'est à vous de décider si vous avez le bagage nécessaire pour profiter.
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Les lettres choisies de Madame de Sévigné ont un intérêt à la fois humain et historique. Elles forment une sorte de gazette de la cour et de la société, comme ont pu l'être les Historiettes de Tallemant des Réaux sur les règnes de Henri IV et Louis XIII.

Au jour le jour, nous apprenons comment on vivait à Paris, à la Cour, à la campagne ou à Marseille, quels étaient les sujets de conversation (la mode, les fontanges, la découverte de la douche, le chocolat), comment on jugeait les nouveaux livres et spectacles (la première représentation d'Esther), comment on voyageait et se déplaçait (le carrosse renversé, l'incident sur le Rhône, les difficultés de la poste).

Comment se préparait un mariage (le mariage de la Grande Mademoiselle et du duc de Lauzun), se perdait un procès (celui de Nicolas Fouquet), comment un cuisinier pouvait se suicider pour un problème de marée (Vatel), comment on exécutait une sorcière (la marquise de Brinvilliers), ce qu'était un salon…

Ces lettres complètent à merveille la grande et la petite histoire du XVIIè siècle : la marquise donne des détails précis sur le procès de son ami Fouquet, sur le mariage de la Grande Mademoiselle et du duc de Lauzun (ma lettre préférée, d'une grande virtuosité), sur la mort de Turenne, de Vatel, de la Brinvilliers et de la Voisin, sur la disgrâce de Pomponne (qui est l'un de ses correspondants préférés)…

La plume de la marquise a une verve, une acuité et une intelligence extraordinaires. Elle connait tout le monde, a un avis sur tout, dit une chose et son contraire et elle nous enchante par ses réflexions.

Mais la marquise ne peint le monde que pour le plaisir de ses proches, son cousin Bussy-Rabutin, auteur de la guerre des Gaules qui lui valut l'exil tant il s'y moquait du Roi et avant tout sa fille, la Marquise de Grignan, vivant en Provence depuis son mariage, ce dont elle ne se remet pas !

On recense à ce jour 1120 lettres de Madame de Sévigné dont 764 à sa fille, 126 à Bussy-Rabutin et 220 lettres destinées à vingt-neuf autres destinataires. Seules les lettres de la marquise ont été conservées, les réponses de sa famille ont été détruites par sa petite-fille, ce qui donne l'impression d'un monologue et nous prive de la dimension du dialogue, qui fait aussi l'intérêt d'une correspondance.

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Difficile, de nos jours, de mesurer la valeur littéraire des lettres de Madame de Sévigné, comme de goûter la saveur d'allusions à des personnes ou des événements totalement disparus dans les sables du temps. Les notes regroupées en fin d'ouvrage sont aussi nécessaires à la lecture que responsables de coupures incessantes. Demeure l'intérêt de lettres écrites à brûle-pourpoint, sans souci de la postérité, qui trempent les personnages statufiés des livres d'histoire dans le quotidien d'une vie réelle, Condé et Turenne évoqués pêle-mêle entre les coliques de la comtesse de Grignan et les rhumatismes de sa mère. Et c'est ainsi que l'on touche d'un peu plus près une France surplombée d'un monarque divin, échangeant quelques mots d'une amusante platitude avec l'épistolière, au terme d'une représentation d'Esther - du grand Racine - par les jeunes protégées de Madame de Maintenon ; une France où la guerre incessante se déroule aux frontières, balançant les grandes familles d'aristocrates entre la crainte d'une issue funeste et la félicité d'une blessure bénigne assurant un florilège de compliments empressés ; où le passage du Rhin de 1672 occasionne de glorieuses représentations picturales, hautes en couleurs, tout en plongeant Madame de Longueville et le duc De La Rochefoucauld dans une profonde affliction ; où les mariages comme les régiments sont affaires d'argent ; où la question de la prédestination est âprement disputée tandis qu'une femme sur deux meurt en couches, provoquant Madame de Sévigné à faire preuve de volontarisme en exhortant sa fille à éviter les grossesses, tout en restant fataliste en considérant le concours de circonstances qui valut à Turenne d'être fauché par un boulet ; une France, encore, où quelques menus bretons sont exposés publiquement au gibet pour ne pas consentir à toutes les impositions royales, mais où la petite vérole frappe sans distinction toutes les familles. Ainsi, de la disgrâce du surintendant Fouquet au couronnement du prince d'Orange, s'écoule une vie d'un tempérament léger, quoique cerné par la mort, qui eut l'amer privilège de survivre aux complices de son temps : le sulfureux Bussy-Rabutin, le sage La Rochefoucauld, ainsi qu'une autre dame de renom, la comtesse De La Fayette, morte "tristement". Pour illustrer sans fard que tout destin s'inscrit dans les moeurs du temps, mêle la trivialité et le drame, dans une éternelle fin.
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Délectable. À lire lettre par lettre en prenant son temps.
On connaît tous Mme de Sévigné au moins de nom, souvenir lointain d'école. Renommée pour ses lettres qui ont traversées les siècles.
Réputée pour sa plume frivole parfois acerbe et souvent drôle. Et oui dans ses lettres, elle parle de la pluie, du beau temps et de sa fille. Mais à travers sa correspondance bien écrite et distrayante on découvre également une femme aguerrie à la politique de son temps. Qui gère ses domaines et son argent au mieux pour son intérêt et celui de ses enfants. Cancanière oui mais pas seulement.
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(Lecture de 2017)
Retour vers un auteur que j'avais apprécié quand j'avais 12 ans...
Toujours séduite par le langage du 17ème siècle, j'ai eu du mal à terminer ces lettres... Je ne pense pas que ça doit se lire en une traite... du fait que les lettres ne se suivent pas et qu'il faut compléter les éléments manquants...
Je pense que je vais garder ça sur ma liseuse pour en lire quelques-unes à la fois quand j'aurai digéré cette relecture.
A ce jour, 12/08/2019, je n'ai toujours pas relu ces lettres...
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C'est par curiosité que j'ai lu ce petit livre trouvé dans les livres d'école de ma mère... Il est amusant de découvrir la mentalité de l'époque de Louis XIV. Ce qui m'a frappé, c'est la présence de la religion à toute les pages...
Je ne lirais pas Mme de Sévigné tous les jours, mais ce fut quand même une découverte délassante.
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Voilà une correspondance passionnante ! avec naturel et vivacité, madame de Sévigné nous dessine l'agréable tableau d'un XVIIème siècle, qui virevolte sous sa plume. Superbe !
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Découvrir, tout jeune, la correspondance de Madame de Sévigné, c'est un exercice périlleux.

C'est aussi souvent une erreur pour un enseignant, un père ou une mère, que de coller un recueil de ses lettres sous les yeux d'un enfant car, presque toujours, celui-ci sera complètement rebuté par l'expérience.

Normal : la lecture en est ardue, tant le style épistolaire d'une noble lettrée du XVII° siècle est éloigné du français contemporain; quant à son contenu, il n'a aucune raison d'intéresser le jeune lecteur qui, la plupart du temps, aura même du mal à comprendre les thèmes développés dans cette correspondance.

C'est donc en lecteur adulte, ou tout du moins vraiment confirmé qu'il faut aborder les rivages de ses missives pour en goûter toute la qualité, toute la finesse et l'esprit. C'était mon conseil du jour.

Ceci posé, quel plaisir de (re)découvrir les subtilités d'une correspondance qui, déjà il y a trois siècles et demi, avait charmé les contemporains de la spirituelle Marquise, qui n'avait pas son pareil pour semer les pages des innombrables missives adressées à ses correspondants (dont, principalement, sa fille Mme de Grignan) de mots d'esprit et de remarques étonnantes.

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Toujours eu un faible pour l'épistolaire,
intimiste à souhait,

les lettres choisies reprennent la correspondance de Madame, et en plus j'ai eu le plaisir de l'étudier en oeuvre intégrale.
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