Oula la !! Je me suis bien tracassé les méninges à la lecture de cet ouvrage, en ne comprenant rien dans un premier temps, mais en me posant aussi beaucoup de question et pour finir à réussir à donner un sens à cette hallucinante histoire presque absurde.
Le livre, la couverture :
Comme à son habitude, Rue de Sèvres nous a confectionné un livre beau et imposant.
La couverture de
Sfar, avec son trait bien à lui, éveille la curiosité : Pourquoi 4 femmes et un homme sont-ils confinés dans cette pièce. La réponse se trouve évidement dans le livre.
Et le titre, peu évocateur, prends finalement tout son sens à la fin de l'ouvrage.
Le quatrième plat est tout aussi bizarroïde avec cette vignette surréaliste et ce résumé presque incompréhensible...
Le doute et la curiosité sont donc bien attisés avec ce procédé complexe, et l'on veut connaître la suite !
Le dessin, le style, le trait, les effets, les mises en scènes, les couleurs :
Le trait de
Sfar est toujours aussi incisif, fin et longiligne, presque difforme et bien particulier, mais tellement tranchant, hors du commun et si attachant....
Le style de réalisme transfiguré, un brin surréaliste, se prête ainsi parfaitement à l'hommage rendu à
Salvador Dali.
Les effets sont classiques, peu déployés, préférant jouer sur les émotions des personnages, sur les ombres et les mises en scènes parfois chaotiques !
Sfar aime les traits, et il en fait de partout. Ses vignettes sont chargées, détaillées, et chaque case pourrait être considérée comme un tableau.
Et ça tombe bien car l'un des buts de l'aventure est de reproduire, ou plutôt réinterpréter, certains tableaux du grandissime
Salvador Dali.
Nous aurons donc ainsi plaisir à essayer d'identifier les différentes vues de
Sfar en regard de l'oeuvre de
Salvador Dali comme l'évident "la Tentation de Saint Antoine" ou le "Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une pomme-grenade une seconde avant l'éveil" etc...
Les couleurs sont vibrantes, mordantes et contrastées.
Son dessin ne peut donc pas laisser indifférent, le nu, le sexe et l'art en deviennent obnubilant.
Le scénario :
Le scénario, en première lecture, m'a paru plutôt tiré au couteau, totalement absurde et délirant, quasiment torturé, mais à force d'y réfléchir, celui-ci devint tout au contraire puissant, ravageur, provocateur etc... Et faisant le plus beau et le plus catégorique des pieds de nez à tous ces prédicateurs terroristes de l'anti-culture et de l'abolition du plaisir quel qu'il soit.
Et le titre prend ainsi vraiment tout son sens.
En effet,
Sfar par son récit fou et supplicié, offre une vraie parenthèse à l'actualité.
Il nous offre ainsi un divertissement, une bulle fortement imagée, pour nous rappeler que la vie doit être prise du bon côté avec tous les plaisirs exploitables, poussant le vice presque jusqu'à la drogue (mais sans incitation !).
C'est en quelque sorte une supplique adressée à toute la population pour ne pas baisser les bras et se révolter contre les méthodes des abrutis armés et sans cervelle à répandre la peur.
Le choix du surréalisme par la BD est donc parfait pour aborder ce soulèvement, car il touche évidement au dessin, à l'absurde, à la luxure, la drogue, l'art etc...
Bref tout ce que l'on tente de nous enlever par la violence.
Donc pour résumé, ma première impression a été complètement faussée, et ce n'est qu'en prenant du recul que j'ai pris une vraie claque.
Ce livre est simplement une ode à la vie, le plus beau (mais aussi peut être le plus tourmenté) des respects pour les victimes d'attentats.
J'aime.
Lien :
http://www.7bd.fr/2016/10/fi..