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4,17

sur 409 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Londres, 1992; une jeune femme, Esma, écrit l'histoire de sa famille, en particulier celle de sa mère, Pembe. La première phrase du livre est : " Ma mère est morte deux fois". Dès le début, il est clair que Pembe a été poignardée par son fils aîné, Eskender. Chez les Tariq, émigrés de Turquie en Grande-Bretagne dans les années soixante-dix, ce fils aîné était le "sultan, l'adoré" de sa mère. Pembe avait une soeur jumelle, Jamila, restée en Turquie, qui ne s'est pas mariée et est devenue sage-femme. L'histoire des parents de Pembe et Jamila, qui ne mettaient au monde que des filles, huit en tout, est très savoureuse; l'auteure creuse les caractères de chacun et explique comment on a pu arriver, dans cette famille, à la situation de matricide. Elle passe en revue leur vie en Turquie, les coutumes inculquées et les différences avec la vie londonienne, les enfants arrivés petits, vite immergés dans leur nouveau monde, croit-on ... L'histoire est très intéressante, bien écrite, instructive; jusqu'au coup de théâtre final qui donne beaucoup de sens au récit.
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Des filles, des filles, rien que des filles. Dans le village de Mala Çar Bayan près de l'Euphrate, Naze espérait avoir enfin un fils. Mais elle accouche de jumelles : Jamila et Pembe. Une véritable malédiction pour cette famille très traditionnelle : encore deux filles qu'il faudra marier. Des deux soeurs, seule Pembe se marie. Jamila devient sage-femme aux fins fonds de la Turquie, aidant et guérissant ceux qui viennent la chercher. Pembe épouse Adem qui l'emmène à Istanbul. Iskender et Esma naissent dans la capitale turque, avant que leurs parents ne décident de s'installer à Londres. Un eldorado où la vie sera forcément plus douce et où Pembe met au monde un dernier enfant : Yunus. Mais le mirage londonien est de courte durée. Adem se perd dans les salles de jeu, Iskender dans la colère jusqu'au terrible drame qui le conduit en prison.

"Crime d'honneur" est une formidable saga familiale couvrant plusieurs générations (des années 50 au début des années 90) et plusieurs pays. Les chapitres alternent les époques, les points de vue et nous transportent des bords de l'Euphrate à ceux de la Tamise où la famille de Pembe est venue vivre. A travers la trajectoire de Pembe et des siens, Elif Shafak aborde de riches thématiques : le poids des traditions, du déracinement, la place des femmes, l'éducation. Les trois enfants de Pembe incarnent les différentes réactions des immigrés. Iskender, l'aîné et "sultan" de sa mère, est le plus perdu. Il n'arrive pas à trouver sa place à Londres, il se cherche et pense trouver des réponses dans le repli communautaire. Ce retour irréfléchi aux traditions l'amènera à commettre un crime d'honneur impensable et impardonnable. Yunus, le cadet, est né à Londres et la question de l'intégration ne se pose pas pour lui. Ses souvenirs sont ancrés dans les rues et les squats londoniens. Esma est entre les deux mondes. Jeune femme moderne, elle n'a pas pour autant oublié ses racines turques : "Istanbul … Dans les circonvolutions de ma mémoire, le nom de la ville se distingue des centaines de mots que j'ai rangés tout au fond, au fil de ma vie. Je le pose sur ma langue, je le déguste lentement, avec envie, tel un bonbon. Si Londres était un bonbon, ce serait un caramel – riche, intense et traditionnel. Istanbul, par contre, serait un morceau de réglisse à la cerise – un mélange de saveurs opposées, capable de transformer l'aigreur en sucre, la douceur en amertume." Les femmes de la génération précédente n'auront pas la chance de profiter de la libération de la femme. Pembe et sa soeur Jamila sont les deux sacrifiées, leurs vies gâchées et gaspillées par l'impossibilité d'échapper à la tradition.

"Crime d'honneur" est l'histoire déchirante de deux soeurs, de leur famille cherchant désespérément la liberté, le bonheur et qui ne trouve que la violence et la peur.
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Crime d'honneur : dès les premières pages du dernier livre d'Elif Shafak, il est clair que toutes les pistes narratives de cette immense saga familiale vont mener à cet acte horrible : le meurtre d'une femme par son propre fils décidé à laver un affront indélébile. Patiemment, la romancière remonte tous les fils d'une histoire qui débute dans un petit village du Kurdistan turc, se pose un temps à Istanbul, avant de se déployer dans le Londres de la fin des années 70 alors que le mouvement punk secoue l'Angleterre avec les riffs des Clash pour bande son. Elif Shafak bouscule la chronologie, passe d'un personnage à l'autre, tous en lutte pour échapper à leur destin, les principaux, loin de leur terre natale, se débattant entre le respect des traditions ancestrales et une hypothétique aspiration à la liberté. La tragédie a ses racines et il faut tout le talent d'une conteuse orientale pour entremêler une douzaine d'histoires sans jamais perdre de vue son thème central. Entre l'honneur et l'horreur, celle d'un crime, Elif Shafak s'insinue dans les interstices, donne de l'ampleur à l'intime, cherche et trouve l'empathie avec des hommes et des femmes qui ont tous et toutes leurs raisons d'agir, que l'auteur détaille sans porter le poids du jugement. Avec Crime d'honneur, la romancière se renouvelle, explore de nouveaux rivages, tout en affinant sa plume, et pétrit la pâte des sentiments humains avec virtuosité et maîtrise.
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Fille de diplomate, élevée par sa mère, Elif Shafak est profondément enracinée dans la culture turque mais s'enrichit d'autres univers. Ainsi, on retrouve souvent dans ses romans les superstitions et les coutumes orientales mais aussi la défense de la femme et surtout le lien très riche de la mère à l'enfant.
L'auteur dit " J'aime me perdre quand j'écris, me trouver au niveau de mes personnages...". Effectivement, Crime d'honneur nous perd dans les différentes générations pour mieux comprendre le destin d'Iskender, fils chéri de Pembe.
Pembe et Adem quittent Istambul pour l'Angleterre avec leurs deux enfants Iskender et Esma. Yunus, le troisième enfant naîtra ensuite.
L'auteur nous dévoile les sombres histoires des familles d'Adem et de Pembe. Adem a vécu la déchéance de son père dans l'alcool et la fuite de sa mère. La mère de Pembe est morte en couches, espérant enfin mettre au monde un fils après la naissance de huit filles, dont les dernières jumelles, Pembe et Jamila.
Dans chaque famille, il y a la honte de la femme salie que ce soit avec Aïsha, la mère d'Adem ou avec Hediye, la soeur aînée de Pembe. Si la femme est salie, le mari ou à défaut le fils aîné doit défendre l'honneur de la famille.
Lorsqu'Adem se perd dans le jeu et s'installe avec une danseuse, Pembe se retrouve seule avec ses enfants. Si l'homme peut tromper ou mettre enceinte une anglaise, la femme doit rester fidèle et droite.
Dans ce mélange de cultures, ces familles turques ou immigrées, le poids des traditions se trouve confronté à une Angleterre où les extrêmes (punks, immigrés...) cohabitent. Si la jeune génération comme Yunus s'adapte facilement, les mentalités des pères, oncles et même fils aînés évoluent peu. le devoir d'aînesse se jouera mais Elif Shafak qui mêle habilement les histoires des uns et des autres réserve un dénouement inattendu.
Avec une construction originale, l'auteur nous plonge au coeur de liens familiaux troublés par le poids ancestral d'une société patriarcale, enrichis des superstitions orientales. Mais c'est toujours la force du lien entre la mère et ses enfants, les liens familiaux quelquefois renforcés par la gémellité qui sauve les destinées.
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On suit la vie d'une famille turque, d'abord dans leur pays natal et ensuite lorsqu'elle émigre à Londres. Pour les parents, l'intégration est assez difficile. La père finira par déserter la maison familiale pour aller avec une danseuse de cabaret alors que la mère, qui parle mal l'anglais trouvera finalement l'amour. C'est justement cela qui déclenchera le drame, car le fils aîné, désormais devenu chef de famille au départ du père, n'acceptera pas cette relation extra-conjugale. En effet, son honneur est en jeu et il ferait tout pour le préserver. Même le pire...

Un livre qui nous fait réfléchir sur l'islam et ses conséquences, sans poser de jugement.
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