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4,16

sur 403 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Le roman s'ouvre sur Esma en 1992, à Londres, qui s'apprête à aller chercher son frère à sa sortie de prison. Elle rumine, elle imagine la suite, elle se repasse le film... Parce que si son frère est en prison, c'est parce que c'est un meurtrier.

Voilà, le décor est planté, on sent qu'on ne va pas rigoler.

Grâce à une construction format puzzle, baladant le lecteur, à coup de chapitres courts, de la Turquie à l'Angleterre, des années 40 à l'année 1992, c'est toute la problématique de la place de la femme dans la culture kurde qui se pose. Les relations de couple, l'accès à l'éducation, le rôle de mère,... tout est abordé à travers une famille que l'on pourrait pourtant presque qualifier de moderne sous certains aspects, pas religieuse pour un sou. Sans compter que la moitié de l'intrigue se déroule à Londres où une partie de la famille a émigré et tente de s'intégrer bon an mal an.

Je découvre la plume d'Elif Shafak avec ce roman que j'ai beaucoup aimé. L'histoire de cette famille sur deux générations était très intéressante et la fluidité de l'ensemble a permis une lecture aisée. La psychologie des personnage est bien construite à travers différentes techniques y compris un aspect épistolaire qui s'intègre parfaitement à l'ensemble.
Les thèmes abordés restent d'actualité aujourd'hui, 30 ans après le moment où se situe le temps présent du roman. Au-delà de la question bateau de la cohabitation de cultures différentes, l'autrice aborde aussi subtilement les mécanismes activés ou qui font défaut, et qui peuvent entrainer certains jeunes sur une pente radicale là où le contexte n'y était a priori pas spécialement favorable. le fait d'avoir mis le focus sur une fratrie dans laquelle chacun a évolué différemment a partir d'un postulat de départ assez similaire (quoique le diable se cache parfois dans le détail) était assez crédible.

Je ne manquerai pas de découvrir un autre roman de cette intéressante autrice à la plume très agréable.
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Si j'ai été un peu perturbée au début par les fréquents changements de temporalité, j'ai finalement été transportée par l'histoire de cette famille.
Sans surprise, ce sont les personnages féminins qui m'ont le plus touchées : Esma parce qu'on sent l'impact de la société moderne sur sa vision du monde, Pembe qui essaye de se contraindre à ce qu'on lui a appris mais qui ne peut pas réfuter ses sentiments, Jamila (peut-être ma préférée, dont on ne parle pas assez) qui incarne incroyablement le féminisme de différentes façons.

Les personnages masculins sont en revanche profondément détestables, si ce n'est Elias et Yunus. Iskender, même si je comprends son geste et sa façon de voir, si j'ai conscience qu'il est suiveur plus que décideur, je n'ai pas réussi à l'apprécier.
Yunus est un personnage incroyablement doux et essentiel à l'histoire. Il fait effet de balance avec son frère avec sa naïveté et son altruisme.
Quant au père des deux garçons, on se serait volontiers passé de son existence (même si, comme Iskender, je comprends certains de ces agissements sans pour autant les excuser).
On sait dès le départ que l'histoire des jumelles va revêtir une importance capitale : l'autrice passe du temps sur leur histoire à leur naissance mais jonche aussi son roman d'allusions sur le fait qu'elles ont un lien incroyable. Sans avoir été surprise par les différents retournements de situations, j'ai pourtant sincèrement apprécié les côtés poétique et spirituel qui émanent de leur relation.
Même si le titre de l'ouvrage ne met en valeur qu'une des grandes lignes du roman, je comprends ce choix puisqu'il concerne tous les personnages. J'ai d'ailleurs trouvé la montée en tension bien maîtrisée : Iskender, cet enfant traité comme un roi qui se retrouve à endosser le rôle d'adulte alors qu'il n'a pas les clés pour y arriver.

Un roman vraiment incroyable qui va me pousser à en lire d'autres de cette autrice !
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Ce roman est l'histoire d'un exil, d'un village kurde sur les bords de l'Euphrate à la banlieue de Londres. C'est aussi celui de la confrontation entre les traditions et la modernité. Mais c'est surtout un roman qui retrace l'histoire de trois générations de femmes turques. La première, Naze vit dans un petit village rude et désolé, par delà les rives de l'Euphrate. La seconde Pembe est sa septième fille. Et enfin Esma, la fille de Pembe. C'est cette dernière qui raconte, tente de démêler les ficelles de cette famille kurde qui ont conduit à un crime.

Dès le départ, on sait qu'un drame va se produire. le titre et les premières lignes sont explicites. Aucun suspense, ce n'est absolument pas l'objet de ce roman.

En revanche, en retraçant l'histoire de sa famille sur trois générations, en alternant le passé et le présent, on comprend l'ambivalence de cet exil où les traditions des uns se confrontent aux libertés occidentales des autres. Dans cette culture patriarcale, l'autrice met subtilement en avant le rôle de ces femmes qui tiennent leur famille à bout de bras, en opposition à leurs hommes qui boivent, trompent ou fuient. Les portraits des uns et des autres sont à la fois singuliers et attachants (mention spéciale aux deux frères d'Esma, Yunus et Iskender).

Le regard qu'Elif Shafak porte sur cette histoire dure et terrible est d'une grande douceur et abordé avec beaucoup de pudeur. Et c'est bouleversant.
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Voici un roman "fort" sur un sujet douloureux. Nous sommes en Turquie; un fils ou un frère peut se sentir obligé de tuer sa mère ou sa soeur si celle-ci a "fauté". Nous suivons ici, sur 3 générations, une famille Turque émigrée vers Londres. La teneur du drame nous sera très vite révélée, et le récit remontera le temps, pour disséquer l'origine et le processus qui y a conduit. L'auteure utilise le procédé - un peu trop à la mode - des va-et-vient chronologiques permanents, et du parler tournant de chaque personnage. Si l'on accepte ce jeu, peu clair au début mais qui se simplifie au fil du texte, on est séduit à la fois par "l'histoire" et par le style du roman. Tout cela est très travaillé et conduit à un beau résultat. Mieux: la complexité du drame nous surprendra progressivement, jusqu'à la fin. Au milieu de personnages douteux, apparaissent quelques belle figures, notamment celle de Jamila, sage-femme dévouée, altruiste et lumineuse.
Joli livre, dont on devrait se souvenir. (Prix Relay 2013).
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Une histoire qui s'étend sur trois générations, une fresque de destins tissés sur un crime de pression culturelle.
Elif Shafak continue de nous impressionner par son talent de grande conteuse !
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Jolie découverte pour moi, quel abîme de voir le danger qu'encourent ces femmes, victimes d'une éducation qui rend les hommes fanatiques. Acceptant elles-mêmes de se sentir coupables. Ici les porcs se transforment en fauves
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J'ai commencé à lire ce livre avec beaucoup de préjugés sur le sujet, les personnages et l'époque. Je n'ai pas honte de l'avouer car tous ont été balayés et cette lecture s'est d'elle-même muée en un véritable coup de coeur. Comment ne pas être chamboulé et transformé par cette oeuvre ?
Les thèmes qui y sont abordés sont forts et importants (l'immigration, la xénophobie, le sexisme) et abordés sous divers angles : l'intégration, la racisme, la misogynie, pour n'en citer que quelques-uns. Mais il y est aussi question d'amour, d'amitié, de la famille ou de grandir.
Les quatre-cent-dix pages ont défilé en un rien de temps. J'ai rarement lu aussi vite. Il faut dire que ce roman est passionnant. le récit nous fait passer de 1992 à 1952, en passant par 1969, 1978 et j'en passe, et ce sur trois générations, sans jamais nous perdre. C'est là un formidable tour de force de l'autrice.
Ce roman est un coup de poing aux idées reçues. Une oeuvre à part, un drame social sur fond de crime(s). Crimes au pluriel car le titre et le résumé en présentent déjà deux : un crime d'honneur et un meurtre.
Les coupables et les victimes sont connus dès le départ. Mais alors, quel est l'intérêt de lire ce roman si l'assassin est déjà connu ? me demanderez-vous. Lisez et vous comprendrez, car l'important dans cette histoire n'est pas tant le crime en lui-même que ses personnages. le contexte socio-culturel et géographique sert à leur évolution. Les drames sociaux (le destin ?) qui les unissent et les désunissent se jouent sur plusieurs générations d'une même famille.
Les personnages sont terriblement attachants et intéressants, qu'il s'agisse de la famille Toprak, des squatteurs ou des autres personnages secondaires. L'autrice nous fait pénétrer leur histoire, leur intimité (les drames qu'ils traversent) avec une pudeur touchante. Elle réussit à construire des personnages vivants en quelques lignes à peine. Même ceux ne faisant qu'une brève apparition acquièrent une présence marquante sous la plume de l'autrice.
Le roman nous fait passer de la chaleur de la Turquie à la grisaille de Londres, et pas seulement en terme de couleurs. La Turquie, c'est le foyer des Toprak, l'enfance, l'union, la joie, la vie. Londres, c'est la ville des ruptures, des drames, de la survie. Si la Turquie représente le pays des contes de fées de l'enfance, Londres est la réalité et le monde des adultes. Ce roman, c'est aussi le roman de personnages qui ont dû grandir trop vite et devenir adultes avant l'heure.
Et la fin... La fin ! J'aurais la sentir venir à des kilomètres mais l'autrice a tellement bien mené son intrigue que je n'y ai vu que du feu. J'ai été scotchée ! Et presque littéralement puisque je ne n'arrivais plus à décoller du livre avant même d'avoir atteint la moitié. Une histoire brisante (pour les personnages mais aussi pour notre pauvre petit coeur) se joue sous la plume brillante de l'autrice.
Décidément, les suggestions de lectures issues d'algorithmes font toujours mouche. J'avais déjà découvert Joyce Maynard et Nicholas Sparks par ce biais, eh bien « jamais deux sans trois » comme le dit le vieil adage : Elif Shafak vient s'ajouter aux très belles plumes que j'ai pu découvrir de cette manière, plumes auxquelles je ne me serais jamais intéressée autrement.
Ce roman mérite d'être lu. Vraiment. Et jusqu'au bout. Plus qu'une oeuvre, un chef-d'oeuvre.
Lien : https://lecturoir.wordpress...
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Une histoire déchirante.
Il est vrai que j'ai trouvé certains passages un peu longs et le passage dune période a une autre assez troublant, néanmoins ce livre vaut vraiment le coup daller jusqu a à la fin, jen ai été troublé en le refermant, même sentiment que j'ai eu en lisant "la bâtarde d'Istanbul".
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La plume d'Elif Shafak est vraiment belle et l'histoire qu'elle a écrite est enivrante. Les pages défilent rapidement, mais ce qui se passe le long du récit fait mal, ça m'a énervé et j'ai eu dû mal à m'identifier ou à comprendre les agissements des personnages. A chaque chapitre, on suit le point de vue d'un des membres de la famille, et l'histoire s'étend sur plusieurs décennies. le grand mystère tourne autour de la mère d'Esma, Pembe, qui a été assassinée par son fils Iskender "pour l'honneur". On ne sait pas pourquoi, et dans le fond, ce n'est pas cela qui m'a intéressé car j'ai ressenti zero empathie pour cet homme qui a commis l'irréparable. Les traditions et la religion sont au coeur de l'histoire, et s'ensuit plusieurs vies brisées à cause de ça, et autant vous dire que pour moi, ça a été dur à comprendre. Mais Elif Shafak a bien montré le rôle des femmes, qu'on cherche à cloisonner et à priver de bonheur pour des raisons qui me mettent hors de moi. L'autrice a aussi bien mis en lumière la prédominance de la religion et des traditions et les conséquences désastreuses qui peut en découler. Il y a aussi un plot twist assez prévisible, mais cela n'a pas entaché ma lecture (même si je n'adhère pas à la fin). J'ai bien aimé ma lecture mais ça demeure un sujet qui m'irrite.
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Très beau roman choral où l'on retrouve tout le talent, l'humanité et l'intelligence d'Elif Shafak.
Du Kurdistan au Royaume Uni, sur 4 générations, nous suivons une famille à travers ses histoires d'amour, de filiation et d'honneur.
Il s'agit des femmes, de leur place et de leurs droits. Et il s'agit des hommes aussi, de la place et des droits qu'ils peuvent où non donner aux femmes de leur vie. Il s'agit de la difficulté à faire avancer les choses, du chemin qui reste encore à parcourir, dans notre monde, pour qu'une femme puisse vivre avec honneur quelques soient ses choix.
A lire! Petite pépite!
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