J'ai lu ce roman pour la première fois en 2009 et le souvenir que j'en avais gardé était qu'il était excellent. Bien que les détails aient été un peu flous après tant d'années, je me suis autant régalée que lors de la première lecture. J'y ai redécouvert des personnages qui s'étaient estompés.
«
Les fugitives », écrit en 1987, est un récit d'aventures sensationnel !
Voyage d'affaire pour les maris – d'agrément pour leurs épouses –, nos personnages s'envolent de Pittsburgh pour l'île de Paui (fictive), située à trois mille kilomètres au large de Sydney, pour profiter d'un hôtel de luxe sur une île plus sauvage que développée, île où les étrangers sont plus ou moins bienvenus. C'est que la compagnie, la Nexus, fait des milliards en exploitation minière et l'île convoitée regorge de ressources…
Le patron doit se rendre sur place pour négocier avec le gouvernement et…tandis que les femmes s'amusent, les hommes paient le prix fort. le président de Paui n'est en effet pas prêt à laisser l'affaire lui filer sous le nez ni à se faire rouler par qui que ce soit, surtout pas par ces voleurs d'américains.
Par une belle journée où Patty, Suzy, Carey, Silvana et Annie (pas véritablement amies mais seulement connaissances réunies lors d'activités organisées par l'entreprise quelques fois par année) partent faire une excursion en bateau avec le capitaine Jonathan (un australien dont l'occupation est d'emmener les touristes de l'île en balade), celles-ci seront contraintes de rester cachées dans l'île parce qu'un coup d'État a éclaté et un changement de pouvoir est survenu. Épouses de riches n'ayant jamais eu à se débrouiller par elles-mêmes, elles devront vite trouver le moyen de survivre dans la jungle dans des conditions que jamais elles n'auraient pu imaginer. Vivant au jour le jour, ces femmes aux caractères très différents (et parfois difficiles) devront apprendre à s'apprécier, à mettre leurs qualités de l'avant, unir leurs talents et travailler en équipe, chose qui leur sera parfois franchement pénible. Heureusement, Jonathan connaît rudement bien le territoire, la mer, la nature de l'île et pourra leur montrer comment survivre en ces lieux parfaitement incongrus pour elles.
"La règle dans la jungle, c'est: 'Ne mange jamais du rouge', sauf le gingembre, les plaquemines ou les mangues, dit-il en leur passant la petite baie aux graines mortelles qui contenait de la strychnine. Ne touchez jamais aux fruits ou aux baies trop colorés. Fuyez tout ce qui ressemble, même de loin, à une tomate. (...) Ne touchez pas aux plantes, aux arbustes et aux arbres qui ont une sève laiteuse. (...) Ne vous risquez pas à consommer quoi que ce soit qui ressemble à un champignon."
Au début, le scénario prend un certain temps à s'installer car nous avons cinq couples à rencontrer, une compagnie – celle pour laquelle les époux travaillent – à décortiquer, et le tout sert à comprendre dans quel mode de vie chacun d'entre eux évolue. Cependant, une fois cela fait, nous savons exactement à qui nous avons affaire et lorsque l'action commence vraiment, tout est bien mis en place sur l'échiquier.
Texte plutôt dense, rythme effréné, on lit avec avidité et il est impossible de lâcher une minute, l'action est continuelle. Ces femmes, elles en ont, du pain sur la planche ! On est bien loin de la vie en manoir avec des domestiques pour tout faire. Certaines journées peuvent nous paraître un peu redondantes mais imaginons une seconde retourner à l'âge de pierre, nos vies basculeraient du tout au tout et nous reviendrions bien vite à l'essentiel ; se nourrir, s'abriter, se tenir chaud, se soigner. Pas le temps pour s'amuser.
"Privés de tous les autres plaisirs de l'existence, la nourriture était devenue leur souci majeur. C'était une bonne chose, car le ramassage des fruits et des racines, la chasse et la pêche absorbaient tout leur temps et les préservaient de l'ennui."
L'auteure nous entraîne dans un monde sauvage et hostile, avec tous les problèmes qui peuvent survenir à tout bout de champ ; insectes, poissons, plantes dangereuses, blessures, maladies, manque de matériel essentiel, attaques par les tribus, etc. C'est un roman cent pour cent crédible dans tous ses aspects. On sent que
Shirley Conran est à l'aise avec son sujet. Je n'ai jamais eu l'impression que cette île n'existait pas, on peut tout visualiser comme dans un film, le texte est bien construit et les dialogues entre les six personnages toujours captivants. Ça bouge tout le temps ! Nous avons même des cartes pour voir où se trouve chaque lieu mentionné dans le livre. de plus, bien qu'écrit dans les années 1980, nous ne ressentons pas le temps qui a passé. Cela pourrait tout aussi bien se produire en ce moment, technologies en moins.
Verdict : après environ 15 ans, ce roman est toujours aussi excellent et sa note vaut pour moi toujours un beau cinq étoiles !
À lire si vous avez envie d'aventure, de la vraie, en nature reculée !
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