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sur 1421 notes
Voilà un roman que j'ai découvert lors de son adaptation cinématographique : j'adore Tilda Swinton et l'affiche m'avait forcément tapé dans l'oeil ! le thème abordé dans ce roman n'est pas un sujet facile et en tant que mère, j'avoue qu'il m'attirait autant qu'il m'effrayait. Il m'aura fallu un peu de temps et une critique enthousiaste de Stoner pour me décider à le lire enfin !

Car dans ce roman, l'auteure se penche sur un thème difficile : les tueries commises par des adolescents, notamment aux Etats-Unis. L'angle d'approche de ces drames est dur et sans concession puisque le récit nous est conté au travers de lettres écrites par Eva Khatchadourian, la mère de Kevin, jeune adolescent incarcéré pour une de ces tueries. Et dans ses lettres, Eva va remonter le fil du temps, s'interroger sur le pourquoi de ce drame, les raisons, les signes, les erreurs. Elle se pose la question de ses sentiments à l'égard de son fils et sans doute n'a-t-elle pas été une mère aimante et attentive. Mais cela peut-il suffire à expliquer l'horreur commise par son fils ?

Je trouve que ce qui fait la force et l'intensité de ce livre est le style, la plume de Lionel SHRIVER. Je suis admirative de la façon avec laquelle l'auteure a été capable d'imaginer et de restituer les pensées et les sentiments d'Eva. C'est magnifiquement bien écrit, empli d'une tension sous-jacente mais bien palpable, d'une émotion juste et mesurée, d'une tristesse et de regrets à peine voilés. Je retiens la lucidité et l'honnêteté avec lesquelles Eva revient sur les faits, sur son histoire et celle de son fils, comment elle perçoit Kevin, la méchanceté, la duplicité, la froideur et l'intelligence qu'elle pressent en lui dès son plus jeune âge, sans toutefois aller jusqu'à imaginer ce dont il finira par se rendre coupable. Et à l'inverse, l'aveuglement dont est capable Franklin, le père, son impossibilité à croire Eva dans l'analyse de différents événements impliquant Kevin, dont certains sont pourtant graves. Tout cela est magnifiquement mis en scène par l'auteure qui livre dans cette série de lettres écrites par Eva, les souvenirs, les anecdotes, les incidents, les réflexions, le tout raconté avec le recul du crime commis par Kevin bien sûr, mais avec une sincérité et une clairvoyance émouvantes. La fin, la véritable fin se laisse deviner ; elle est évidemment terrible et ce qui en ressort est que Kevin n'était vrai et sincère qu'avec sa mère, et que c'était là, l'expression, la preuve de ses sentiments pour elle, de l'amour qu'il lui portait, malgré elle et peut-être même malgré lui.

Un seul petit bémol : le dernier tiers, voire le dernier quart, du livre m'a semblé un peu long et certains passages, très détaillés, un peu redondants, auraient pu être raccourcis sans nuire à la qualité et à l'émotion du récit. Mais exception faite de ce bémol, c'est un livre choc mené par une écriture puissante et vraie ; une lecture qui m'a un peu malmenée, beaucoup interrogée et qui m'a beaucoup plu ! Bref, c'est un livre à lire !
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A 16 ans, Kevin a tué plusieurs personnes lors d'un massacre dans son lycée.

Le roman est construit en lettres que Eva, sa mère, adresse à Franklin, son père.
Elle raconte les visites au parloir et se souvient de ce qui a mené au drame.

Pour ma part, j'ai pris une claque à la lecture de ce remarquable roman de l'Amérique contemporaine.

A lire !
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Kévin, un adolescent américain de 16 ans a abattu de sang froid 7 élèves et 2 adultes de son lycée.

Et celle qui d'après le titre du roman témoigne d' un besoin impérieux de parler de lui, c'est sa mère: Eva qui adresse au père de Kévin: Franklin, l'époux dont elle est séparée, une succession de lettres dans lesquelles elle revisite à la lueur de ce drame les vingt années de leur vie de couple et de parents.

Son regard est celui d'un archéologue ou d'un chirurgien qui recherche les racines profondes de l'acte de celui qui incarne « le Mal absolu »
Elle revient sur l'éducation différente qu'elle et Franklin ont reçue, elle réfléchit à leur rapport respectif au travail et au besoin d'enfant, elle analyse son propre ressenti lors sa grossesse, de son accouchement, de ses premiers contacts avec le bébé.
Elle rappelle à Franklin les nombreux épisodes difficiles vécus avec cet enfant intelligent mais sournois, manipulateur et considéré comme dangereux dès l'école maternelle, les moments où ils se sont affrontés sur la manière de réagir face à l'énigme que constituait la personnalité de cet enfant « différent » apparemment apathique . Difficile de « maintenir la fiction d'une famille heureuse ».....
Elle rédige aussi pour lui le récit du massacre, du jugement au tribunal, puis le compte rendu de ses visites au parloir de la prison où Kévin est incarcéré pour de nombreuses années .
Toujours partagée entre le désir d' exonération et celui d'expiation, elle ne cesse de s'interroger sur sa propre part de responsabilité dans la dérive de celui qui reste son enfant.

IL FAUT QU'ON PARLE DE KEVIN constitue l'observation d'un microcosme familial d'une rare acuité qui interroge le lecteur ( et plus encore, je crois, les lectrices ), il témoigne également d'un regard acéré sur les valeurs de l'actuelle société américaine est roman
J'ajoute que ce riche et puissant roman est habilement construit car Lionel Shiver distille au fil de ses pages quelques surprises qui jettent un éclairage nouveau sur l'ensemble de l'oeuvre
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Un coup de coeur et un coup au coeur !
Je ne pense pas pouvoir me remettre de cette lecture, j'en suis ressortie totalement exangue et hors d'haleine... En tant que Maman, dont le fils est la personne la plus importante de ma vie, je ne peux que souffir avec celle de Kevin, et en même temps, comment cesser d'aimer son enfant ? Ce livre est totalement inclassable, et pourtant, tellement indispensable.
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D'un point de vue strictement technique, et si l'on s'en réfère à mes meilleures indications statistiques, j'ai mis plus d'un mois à achever Il faut qu'on parle de Kevin, et j'ai même dû m'y reprendre à trois reprises pour dépasser les deux chapitres initiaux. Voilà qui n'est pas de très bon augure quant à la qualité de l'ouvrage, me direz-vous. Et pourtant.

Si j'ai mis plusieurs semaines à entamer vraiment le livre, ce n'est en aucun cas dû à sa qualité, assez étourdissante soit dit en passant. Non, si j'ai éprouvé pour ce récit une espèce de répulsion initiale, un inconfort, voire une quasi incapacité à me plonger dans ce qu'il esquissait en introduction, c'était purement et simplement parce que c'était trop bien.

Alors.
Je vous entends, là, déjà, me dire, mais enfin Capucine, tu es stupide ou quoi, les livres trop bien on adore ça nous, hein, et je vous dirai absolument, vous avez raison, mais là, dans ce cas très particulier, Il faut qu'on parle de Kevin, on est sur du trop bien limite douloureux.

Je ne suis résolument pas de ceux qui doivent, de façon très compréhensible, parfois faire une croix sur certaines lectures trop éprouvantes, violentes ou saisissantes, bien au contraire : j'ai un principe en littérature, plus c'est glauque, mieux j'aime. La sordide histoire de la mère de Kevin, adolescent incarcéré pour avoir assassiné sept de ses petits camarades de lycée, plus un employé de la cafétéria et sa prof de littérature (on est sur un cas), aurait donc instantanément dû capter mon goût pour l'insoutenable et l'irréparable, mais son incisivité, son âpreté, et surtout l'épouvantable et prodigieuse intelligence avec laquelle Lionel Shriver la raconte et la dissèque, ont été un gros coup de parpaing dans ma petite figure. Chaque paragraphe se reçoit, se digère, chaque chapitre est un roman en soi, et l'ouvrage entier d'une densité et d'une intensité assez incomparables. Rarement ai-je été confrontée à un tel degré d'analyse, à une telle exhaustivité dans le décortiquage d'un personnage et des tensions, secrets et ressentiments qui phagocytent sa famille. Rarement ai-je été frappée à ce point par l'exactitude des termes choisis par un ou une écrivaine, rarement ai-je été saisie à la gorge à ce point par l'injustice, l'horreur ou l'irréparabilité d'une situation. Voilà pourquoi il m'a fallu me casser un peu les dents sur ces chapitres introductifs, me laisser atteindre par la violence du propos, presque en rejeter ce bouquin si méchant, si noir, si empli de malheur et de regrets et de médiocrité, avant d'enfin l'embrasser et m'enfiler les 400 pages qu'il me manquait comme une course dont chaque kilomètre m'aurait autant éprouvée qu'exaltée.

Ce qui bouleverse, dans Il faut qu'on parle de Kevin, c'est l'amertume, le réalisme de cette mère simplement pragmatique face au désastre qu'est sa vie. On pourrait sans doute la trouver cynique, et en effet, il y a de cela dans la froideur parfois amusée avec laquelle elle analyse ses actions des vingt dernières années, mais elle n'est pas que cela, bien sûr, ce serait trop facile autrement. Non, Eva n'est pas blasée, elle souffre, encore, au très premier degré, et le raconte lettre après lettre à un ex-mari qui ne lui répond pas. Elle compose, souvenir après souvenir, une confession implacable, dont on ne saurait dire si c'est envers sa narratrice ou son destinataire qu'elle est le plus impitoyable. le texte, poisseux, étouffant, ne verse cependant jamais dans la facilité, la méchanceté gratuite, et certainement pas le manichéisme. On pourrait imaginer (et comprendre) qu'Eva se contente de décrire Kevin comme l'enfant mutique, puis l'adolescent brutal, provocateur et malveillant qu'il est, mais quelque chose d'infiniment plus ambigu surnage toujours dans le portrait qu'elle en brosse, un refus, bouleversant parce qu'indicible et incompréhensible, de le condamner tout à fait, de le haïr tout à fait, quand bien même la tentation en est immense. Eva s'accroche, et les 500 pages qu'elle passe à raconter Kevin sont la preuve ultime du fait qu'elle ne consent pas et ne consentira sans doute jamais à lâcher ce fils qui lui a pourtant brisé tout ce qu'elle avait réussi à constituer en garanties de son bonheur : son mariage heureux, son boulot galvanisant, ses voyages, sa vie à Manhattan, son insouciance. Ce n'est pas de l'aveuglement, encore moins un amour maternel inconditionnel, mais un besoin de comprendre, un refus d'abandonner, une injonction aussi, parce qu'elle est la mère de cet enfant et que personne ne l'autorisera jamais à l'oublier, en somme, un maëlstrom de besoins et passions contradictoires dans l'entremêlement desquels naissent parmi les questionnements les plus brutalement juste qu'il m'ait été donné d'affronter à propos de la maternité, de la famille, de la filiation, de la loyauté, de la transmission, de la trahison, du rejet, du devoir et de la faute.

Autant j'ai davantage pleuré face à un écran de cinéma qu'au cours de toutes les séances de psychothérapie de ma vie (et croyez-moi, c'est déjà beaucoup), autant les ouvrages capables de m'arracher de vraies larmes de stupeur, de peine ou de colère ne sont pas légion, et Il faut qu'on parle de Kevin en fait partie. Face à ces derniers chapitres, dont les pages, lourdes et solennelles, constituent un moment de lecture d'une immersivité assez inégalée, j'ai plissé les yeux comme si isoler les lignes une à une pouvait en diminuer l'impact, j'ai tourné les 100 dernières pages dans une espèce de transe littéraire comme on a rarement la chance d'en connaître. Lire ce roman est tout sauf une promenade de santé, mais bon sang, qu'est-ce que c'est bien.

Lionel Shriver a du génie, vraiment, dans la façon dont elle semble accommoder le lecteur pour mieux retourner ses préjugés contre lui au chapitre suivant, dans son art de créer l'évidence dans la surprise, dans la maestria de l'intrigue qu'elle compose et du rythme savamment étudié auquel elle abat ses cartes, chacune plus tranchante que la précédente. C'est un ouvrage qui demeure, un ouvrage qui n'assène pas ses réponses, vu les démons qui continuent de torturer sa narratrice pour le moins biaisée, voire pas toujours fiable, mais dresse un personnage redoutablement complexe, redoutablement convaincant (comment, en tant qu'auteur, parvient-on à inventer une telle vie avec de tels détails, une telle complétude de pensée, un tel don pour rendre compte des nécessaires contradictions qui forment la personnalité du personnage sans jamais laisser naître la moindre incohérence ? Je ne me l'explique pas), dont la voix désabusée mais pas désarmée fait naître autant de frissons que de questions chez un lecteur, pour le coup, franchement sonné. Un épouvantable, formidable roman.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Eva écrit des lettres à son mari dans lesquelles elle se confie sans réserves ni tabous sur sa relation tourmentée avec son fils, Kevin, duquel, dès sa naissance, elle s'est sentie éloignée. La maternité, elle ne l'a pas vraiment désirée et quand elle a mis au monde ce garçon inerte et ombrageux, elle n'a pas su/pu l'aimer. Ainsi, dans cette correspondance très dense et nourrie en analyse car ces lettres sont une introspection nécessaire et cathartique, Eva revient sur la trajectoire tragique de sa famille qui a implosé ce fameux JEUDI, journée noire durant laquelle Kevin a tué neuf de ses camarades. Ce roman est un coup de poing ! Il happe le lecteur et l'entraîne dans cette relation mère/fils terriblement toxique. Il écoute cette femme qui se livre avec une sincérité mordante, troublante, qui force le respect aussi et assiste, impuissant, à l'anéantissement de cette famille. C'est éprouvant, on se sent comme vidé à la fin de cette lecture. Un roman extrêmement puissant !
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LIVRE CHOC
... et c'est peu de le dire.
Je n'ai pas mis 5 étoiles parce que c'est un livre odieux, mauvais, désagréable... qui vous laisse un goût de fiel tenace, un relent fétide au coeur...
L'horreur est humaine, ce livre s'y apparente...
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J'ai extirpé ce livre de ma PAL sans réellement savoir ce qui m'attendait…
Un récit bouleversant, l'histoire d'un drame qui percute une famille américaine ordinaire de manière brutale. Une mère anéantie, perdue, seule face à ses interrogations et aux regards des autres, qui cherche désespérément les réponses à ses interrogations. Comment assumer les 9 assassinats commis par son jeune fils de 18 ans ? Le format épistolaire de cette histoire met en lumière l'impuissance et la détresse de la narratrice. Tandis qu'il fait naître chez le lecteur un sentiment de malaise et d'empathie.
L'écriture est profonde et puissante. Les thèmes abordés autour de ce « JEUDI-carnage » sont nombreux : devenir parent, l'amour filial et parental, l'éducation d'un enfant et posent des questions embarrassantes : un enfant est-il forcément innocent? une mère est-elle obligée d'aimer son enfant ?
Un récit glaçant. Une lecture que je ne suis pas prête d'oublier.
Je suis maintenant curieuse de découvrir l'adaptation cinématographique de ce roman.
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Je ne pense pas être la seule à faire ça mais parfois j'achète tellement de livres que j'en oublie quelques-uns dont j'ai à peine lu les premières pages avant de décider que, pour l'instant, ils resteraient ranger dans ma bibliothèque. Et puis en quittant ma chambre d'enfant, j'ai abandonné certains de ces livres que j'avais presque oubliés. Pourtant, le titre de celui-ci me revenait souvent à l'esprit. Pourquoi je n'avais pas accroché avant ? Peut-être qu'à l'adolescence, lire une histoire racontée par une mère au sujet de son fils adolescent n'était pas ma priorité. J'étais plus intéressée par l'autre point de vue. Quoiqu'il en soit, je suis ravie d'avoir re-pioché ce livre et de ne pas être passée à côté de ce chef d'oeuvre.

Le roman se présente sous forme de lettres que Eva adresse à son ex-mari. Dès le départ, on connaît le but de ces lettres (le titre était déjà en lui-même assez explicite !). Il s'agit de parler de leur fils, Kevin qui, à la veille de ses 16 ans, a tué sept de ses camarades de classe et une enseignante. le lecteur est d'ores et déjà conscient de l'atrocité des événements, ou en tout cas d'une partie de ces événements.

Ce qui rend ce roman si fort, c'est certainement l'originalité des sujets abordés. L'originalité n'est certainement pas le terme, disons que l'auteur brise des tabous importants. Ainsi, on lit assez rarement qu'un enfant n'est pas mignon, que ses actions ne sont pas toutes bien intentionnées. C'est bien simple, à certains moments on n'en oublie que la mère décrit son enfant, on se retrouve face à la description méticuleuse d'un monstre. Peu de personnages de mère racontent leur absence d'amour pour leur enfant. Personnellement, j'ai tout de suite ressenti de l'empathie pour le personnage d'Eva. J'ai lu que certains lui reprochaient son narcissisme et son égoïsme. Dans ses discours sur sa réussite professionnelle, son hésitation profonde à avoir un enfant, son regret d'avoir quitté sa vie d'avant, je l'ai juste trouvée très humaine et très crédible. L'auteur a su donner du caractère à ce personnage. Quant au fils, on ne peut rien ressentir d'autre que de la haine à son encontre, mais il faut se rappeler bien sûr que son portrait n'est dépeint qu'à travers les lettres de la mère. Deux personnages viennent compléter la photo de famille : le père, Américain typique, presque caricatural, républicain et idéaliste, et Célia, la petite soeur, sage, timide, craintive, qui arrive comme pour sauver la mère de l'enfer qu'est devenu sa vie.

À travers ses lettres, Eva essaie de comprendre l'acte de son fils. Elle essaie également de savoir dans quelle mesure elle peut être tenue pour responsable ‒ une des mères l'a poursuit d'ailleurs en justice pour négligence parentale. Chercher dans l'enfance et l'adolescence de Kevin des signes précurseurs semble finalement assez simple tant la mère peut citer d'anecdotes dévoilant la monstruosité dont son fils est capable. Dès sa naissance, ce dernier semble se lancer dans une lutte contre la mère. Ou bien serait-ce l'inverse ? À de nombreuses reprises, je me suis demandé si je pouvais vraiment juger Kevin alors que l'auteur de son portrait n'était en rien objective. Mais les actes du jeune homme ont toujours mis fin à mes interrogations. le regard du père est complètement à l'opposé. Mais sa naïveté (sa stupidité même !) semble évidente ! Kevin prouve par ses actions qu'il est un enfant, puis un adolescent, froid, calculateur, manipulateur et cruel (même si l'auteur glisse de façon très intelligente des épisodes où la mère avait accusé à tort son fils, histoire de montrer que rien n'est jamais tout noir ni tout blanc). Encore une fois, il est difficile de trouver une trace d'humanité dans le personnage de Kevin.

Je savais en commençant cette critique que j'aurai du mal à rendre compte du talent de l'auteur et de la réussite de ce roman. Notamment parce que je rédige cette critique juste après avoir refermé le livre ! Mais je ne peux que vous inciter à le lire parce que : l'écriture est dense, précise, la forme épistolaire est idéalement choisie pour respecter la parole mais aussi les pensées les plus secrètes de la mère et pour mener l'intrigue jusqu'à la fin (elle-même magistrale) ; le personnage d'Eva est un des personnages les mieux construits que j'ai pu rencontrer, riche, complexe, d'une honnêteté sidérante et rafraichissante ; parce que le personnage de Kevin est un cas d'école et que les frissons que l'on ressent face à la description que sa mère en fait et face à ses actes prouvent que l'auteur sait nous faire oublier qu'il ne s'agit que d'une fiction ; parce que justement l'auteur, en rappelant des faits similaires réels, nous rappelle que de tels histoires existent vraiment et que cela est bouleversant ; parce que j'ai eu du mal à refermer mon livre dès que le métro arrivait à ma station ; enfin et surtout, parce que je sais que cette histoire restera longtemps gravée dans ma mémoire et me traumatisera toujours, signe d'un très bon roman selon moi.
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Un livre de Lionel Shriver que j'ai lu il y a quelques années maintenant, qui m'a bouleversée et que je conseille vivement à tous ceux qui aiment lire.

C'est une analyse rétrospective profonde et complète, sous une forme épistolaire, d'une mère qui s'interroge sur les raisons qui ont poussé son fils à en arriver à ce tel degré de violence, de démence et de cruauté dont il fait preuve en assassinant de sang froid et de façon très calculée des élèves de son école. Elle cherche les failles qui les ont conduits à cette situation tragique. Elle analyse et retrace ce qu'a été la vie de son fils, de sa naissance à son emprisonnement, ses rapports avec les autres, ses comportements, ses émotions, leur relation familiale, elle examine sa vie de couple et se retourne sur sa vie intérieure, opère une psychanalyse rigoureuse. Elle se remémore avec lucidité ses convictions profondes, ses envies, ses attentes, ses espoirs de jeunesse « d'avant Kévin » et les met en relation avec ce qu'ont été ses vies de femme et de mère et le lot de déceptions qu'elles lui ont apportées. Roman très fort et très abouti, doté d'une puissance dramatique rare et d'un processus d'analyse et de psychanalyse très bien mené.
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