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sur 1407 notes
D'un point de vue strictement technique, et si l'on s'en réfère à mes meilleures indications statistiques, j'ai mis plus d'un mois à achever Il faut qu'on parle de Kevin, et j'ai même dû m'y reprendre à trois reprises pour dépasser les deux chapitres initiaux. Voilà qui n'est pas de très bon augure quant à la qualité de l'ouvrage, me direz-vous. Et pourtant.

Si j'ai mis plusieurs semaines à entamer vraiment le livre, ce n'est en aucun cas dû à sa qualité, assez étourdissante soit dit en passant. Non, si j'ai éprouvé pour ce récit une espèce de répulsion initiale, un inconfort, voire une quasi incapacité à me plonger dans ce qu'il esquissait en introduction, c'était purement et simplement parce que c'était trop bien.

Alors.
Je vous entends, là, déjà, me dire, mais enfin Capucine, tu es stupide ou quoi, les livres trop bien on adore ça nous, hein, et je vous dirai absolument, vous avez raison, mais là, dans ce cas très particulier, Il faut qu'on parle de Kevin, on est sur du trop bien limite douloureux.

Je ne suis résolument pas de ceux qui doivent, de façon très compréhensible, parfois faire une croix sur certaines lectures trop éprouvantes, violentes ou saisissantes, bien au contraire : j'ai un principe en littérature, plus c'est glauque, mieux j'aime. La sordide histoire de la mère de Kevin, adolescent incarcéré pour avoir assassiné sept de ses petits camarades de lycée, plus un employé de la cafétéria et sa prof de littérature (on est sur un cas), aurait donc instantanément dû capter mon goût pour l'insoutenable et l'irréparable, mais son incisivité, son âpreté, et surtout l'épouvantable et prodigieuse intelligence avec laquelle Lionel Shriver la raconte et la dissèque, ont été un gros coup de parpaing dans ma petite figure. Chaque paragraphe se reçoit, se digère, chaque chapitre est un roman en soi, et l'ouvrage entier d'une densité et d'une intensité assez incomparables. Rarement ai-je été confrontée à un tel degré d'analyse, à une telle exhaustivité dans le décortiquage d'un personnage et des tensions, secrets et ressentiments qui phagocytent sa famille. Rarement ai-je été frappée à ce point par l'exactitude des termes choisis par un ou une écrivaine, rarement ai-je été saisie à la gorge à ce point par l'injustice, l'horreur ou l'irréparabilité d'une situation. Voilà pourquoi il m'a fallu me casser un peu les dents sur ces chapitres introductifs, me laisser atteindre par la violence du propos, presque en rejeter ce bouquin si méchant, si noir, si empli de malheur et de regrets et de médiocrité, avant d'enfin l'embrasser et m'enfiler les 400 pages qu'il me manquait comme une course dont chaque kilomètre m'aurait autant éprouvée qu'exaltée.

Ce qui bouleverse, dans Il faut qu'on parle de Kevin, c'est l'amertume, le réalisme de cette mère simplement pragmatique face au désastre qu'est sa vie. On pourrait sans doute la trouver cynique, et en effet, il y a de cela dans la froideur parfois amusée avec laquelle elle analyse ses actions des vingt dernières années, mais elle n'est pas que cela, bien sûr, ce serait trop facile autrement. Non, Eva n'est pas blasée, elle souffre, encore, au très premier degré, et le raconte lettre après lettre à un ex-mari qui ne lui répond pas. Elle compose, souvenir après souvenir, une confession implacable, dont on ne saurait dire si c'est envers sa narratrice ou son destinataire qu'elle est le plus impitoyable. le texte, poisseux, étouffant, ne verse cependant jamais dans la facilité, la méchanceté gratuite, et certainement pas le manichéisme. On pourrait imaginer (et comprendre) qu'Eva se contente de décrire Kevin comme l'enfant mutique, puis l'adolescent brutal, provocateur et malveillant qu'il est, mais quelque chose d'infiniment plus ambigu surnage toujours dans le portrait qu'elle en brosse, un refus, bouleversant parce qu'indicible et incompréhensible, de le condamner tout à fait, de le haïr tout à fait, quand bien même la tentation en est immense. Eva s'accroche, et les 500 pages qu'elle passe à raconter Kevin sont la preuve ultime du fait qu'elle ne consent pas et ne consentira sans doute jamais à lâcher ce fils qui lui a pourtant brisé tout ce qu'elle avait réussi à constituer en garanties de son bonheur : son mariage heureux, son boulot galvanisant, ses voyages, sa vie à Manhattan, son insouciance. Ce n'est pas de l'aveuglement, encore moins un amour maternel inconditionnel, mais un besoin de comprendre, un refus d'abandonner, une injonction aussi, parce qu'elle est la mère de cet enfant et que personne ne l'autorisera jamais à l'oublier, en somme, un maëlstrom de besoins et passions contradictoires dans l'entremêlement desquels naissent parmi les questionnements les plus brutalement juste qu'il m'ait été donné d'affronter à propos de la maternité, de la famille, de la filiation, de la loyauté, de la transmission, de la trahison, du rejet, du devoir et de la faute.

Autant j'ai davantage pleuré face à un écran de cinéma qu'au cours de toutes les séances de psychothérapie de ma vie (et croyez-moi, c'est déjà beaucoup), autant les ouvrages capables de m'arracher de vraies larmes de stupeur, de peine ou de colère ne sont pas légion, et Il faut qu'on parle de Kevin en fait partie. Face à ces derniers chapitres, dont les pages, lourdes et solennelles, constituent un moment de lecture d'une immersivité assez inégalée, j'ai plissé les yeux comme si isoler les lignes une à une pouvait en diminuer l'impact, j'ai tourné les 100 dernières pages dans une espèce de transe littéraire comme on a rarement la chance d'en connaître. Lire ce roman est tout sauf une promenade de santé, mais bon sang, qu'est-ce que c'est bien.

Lionel Shriver a du génie, vraiment, dans la façon dont elle semble accommoder le lecteur pour mieux retourner ses préjugés contre lui au chapitre suivant, dans son art de créer l'évidence dans la surprise, dans la maestria de l'intrigue qu'elle compose et du rythme savamment étudié auquel elle abat ses cartes, chacune plus tranchante que la précédente. C'est un ouvrage qui demeure, un ouvrage qui n'assène pas ses réponses, vu les démons qui continuent de torturer sa narratrice pour le moins biaisée, voire pas toujours fiable, mais dresse un personnage redoutablement complexe, redoutablement convaincant (comment, en tant qu'auteur, parvient-on à inventer une telle vie avec de tels détails, une telle complétude de pensée, un tel don pour rendre compte des nécessaires contradictions qui forment la personnalité du personnage sans jamais laisser naître la moindre incohérence ? Je ne me l'explique pas), dont la voix désabusée mais pas désarmée fait naître autant de frissons que de questions chez un lecteur, pour le coup, franchement sonné. Un épouvantable, formidable roman.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Dès le début du livre, le cadre est posé. La veille de ses 16 ans Kevin commet une tuerie de masse dans son lycée.
A travers les yeux de sa mère, on va découvrir Kevin, depuis sa conception jusqu'à après le massacre, lors des visites de sa mère en prison.
C'est le point de vue de la mère, ses questionnements sur son fils, ses perceptions, sa culpabilité. Est-ce vraiment un enfant maléfique ou bien c'est l'attitude de sa mère et le regard qu'elle pose sur lui qui fait que c'est un monstre.
Plus d'une fois durant la lecture on est profondément dérangé par cet enfant et par ces actes, mais on se questionne aussi beaucoup. le point de vue du père n'est pas donné dans ce livre, mais on découvre dans le récit qu'il n'a pas la même attitude, ni le même avis que sa femme vis à vis de leur fils. Est-il naïf ou simplement Kevin réserve t-il cette attitude à sa mère?
Le livre n'apporte aucune réponse mais on est captivé par cette histoire terrible et nous hante encore longtemps après.
Magistral.
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Avril 1999 aux États-Unis. A quelques jours de son seizième anniversaire, Kevin Katchadourian tue froidement et méthodiquement plusieurs élèves de son lycée de Gladston, ainsi qu'un professeur et un employé de la cafétéria.

Après ce massacre et le procès qui en découle, Eva Katchadourian, sa mère, s'interroge dans de longues lettres écrites à l'attention de son mari Franklin sur les raisons qui pourraient avoir amené leur fils à commettre un tel crime. Son récit débute un peu avant la naissance de Kevin et retrace sur plus de 500 pages la vie d'un petit garçon bien différent des autres, jusqu'à ce jour fatal.

J'ai longtemps repoussé la lecture de ce livre, un peu effrayée sans doute par ce que je pourrais y trouver… et puis j'ai franchis le pas. Une fois plongée dans ma lecture, je n'ai pas pu relever le nez avant d'avoir tourné la dernière page. Dès le départ, la fin est connue et pourtant ! J'ai cherché la lueur d'espoir qui pouvait me faire croire que tout ceci n'était qu'un cauchemar, que Kevin allait finalement se réveiller ce jeudi matin-là et décider de sécher l'école… mais le récit d'Eva, écrit à la lumière du terrible acte de son fils, nous mène inexorablement à la fin macabre que nous connaissons avec un cynisme glaçant. Il n'y a aucune longueur et j'ai été comme hypnotisée par les intenses réflexions d'Eva et sa façon de voir les choses, fruit d'une introspection jusqu'au coeur de son âme. Dans un souci d'authenticité, elle dissèque tout, sans fausse pudeur et loin de toute hypocrisie.
L'intention de l'auteur, Lionel Shriver, est bien évidemment de décortiquer le processus qui mène un adolescent à tuer ses camarades de classe mais nous n'obtiendrons pas de réponse nette et définitive sur ce sujet.
Tout est-il de la faute de la mère, qui n'a pas su aimer son fils ? D'après Eva, son fils n'est tout simplement pas aimable, au sens littéral du terme. La théorie de l'instinct maternel en prend un coup car ce roman vient illustrer la célèbre thèse de Simone de Beauvoir développée dans son essai « le deuxième sexe » selon lequel cet instinct n'est qu'une construction des hommes visant à culpabiliser les mères qui ne fondent pas immédiatement d'amour devant leur progéniture.
Alors, si ce n'est pas la faute de la mère, est-ce celle du fils ? Existerait-il des individus mettant à mal le concept de l'enfance innocente ? Kevin, d'après sa mère, a toujours été désagréable et mal intentionné… ce sentiment dont Eva n'arrive pas à se débarrasser, malgré toute sa bonne volonté est-il une façon pour elle de rejeter la faute de son manque d'amour pour son propre fils sur ce dernier ? Ou bien au contraire, en tant que mère, n'est-elle pas la mieux placée pour détecter les mauvaises intentions qui animent son fils ?

Un roman dense, d'une maitrise absolue avec un style précis et incisif… Saisissant !

Petite remarque pour rassurer ceux qui s'inquièteraient d'une intrigue molle à cause de la révélation du crime de Kevin dans les premières pages (un peu à la façon de « Chanson Douce » de Leïla Slimani) je dirai que toutes les pièces du puzzle ne s'assemblent que dans les dernières pages et qu'il serait dommage de passer à côté de ce livre à cause de cet a priori ;-)
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Une magnifique performance d'écrivain, un « puissant » roman épistolaire. Peu de dialogues mais juste assez pour ne pas rendre le livre pesant. L'auteur parvient à se mettre dans la peau d'une mère qui découvre, depuis sa naissance, que son fils ne va « pas bien ». Son fils qui l'a rejeté et qu'elle a rejeté. Elle écrit à son mari et lui raconte pourquoi, toutes ses années, il lui a semblé que Kévin avait une double personnalité. Elle lui raconte sa version à « elle ». Femme libre professionnellement elle aime son mari et ne dit rien quand il ne la croit pas, il faut dire que Kévin est un grand manipulateur terriblement intelligent et dangereux. Un roman sur la culpabilité maternelle et ses nombreux, très nombreux questionnements à propos de son fils. Une oeuvre remarquable qui nous questionne profondément. le manque d'amour maternelle peut-il engendrer un Kevin ou Kévin est il né ainsi ? Hérédité ou Education ? La rédemption à la fin du roman me semble un peu irréelle mais ok pour la note d'espoir.
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Une analyse minutieuse, sensible et sans concession des sentiments de l'héroïne qui dissèque au scalpel sa relation avec son fils. C'est violent, sarcastique, mais chaque mot est analysé et sincère. le final est simplement ahurissant !
Je vous conseil le film qui est très bien fait avec un jeu d'acteurs magnifique !
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J'avais emprunté ce livre à la bibliothèque sans réellement savoir de quoi il pouvait bien parler (ou l'art d'avoir une confiance aveugle dans les jugements littéraires des lecteurs de Livraddict...) et je ne suis pas du tout déçue de cette lecture, au contraire !
J'ai vraiment été happée par cette lecture qui est aussi dérangeante que terrifiante et j'ai vraiment passé un très bon moment avec (c'est vraiment spécial d'écrire un truc pareil sachant les horreurs que contient ce bouquin).

J'ai été assez étonnée de découvrir Eva : elle est loin d'être une mère exemplaire, elle n'a jamais vraiment aimé son fils et pourtant, elle reste là, à venir le voir toutes les semaines en prison, alors qu'il a commit l'irréparable et gâché toute sa vie. J'ai l'impression que leur relation s'est franchement améliorée depuis le drame, peut-être parce qu'ils savent dorénavant exactement à qui ils ont affaire.
J'ai été assez énervée pendant tout le bouquin de voir finalement dans quel solitude était Eva quand elle racontait ses déboires avec Kévin quand il était plus petit. C'est étonnant de voir avec quelle force les personnes peuvent être capable de refuser certaines choses... Je pense que c'est surtout le fait de ce dire que tout ça aurait pu être éviter si certaines personnes avaient accordées plus de crédit aux paroles d'Eva qui m'a autant agacée.
La fin m'a vraiment bouleversée, je suis sûre et certaine que j'avais pensé à cette éventualité pendant ma lecture mais je n'y croyais pas du tout ! du coup, la réalité de la situation m'a vraiment frappée de plein fouet... Cette fin est vraiment très forte.

Pour être honnête, Eva ne m'a pas vraiment plu : elle se décrit dans ses lettres comme étant une femme très froide et solitaire... du coup, je ne me suis pas sentie réellement proche d'elle surtout du point de vu de sa sphère familiale.
Idem pour son mari que j'ai trouvé un peu trop gnangnan et crédule. Par contre Kévin et sa petite soeur m'ont davantage plu. Elle, parce qu'elle m'a beaucoup touchée avec sa gentillesse et lui, parce que je n'en reviens toujours pas de ses dons de manipulation.

L'écriture de Lionel Shriver est assez froide et représente parfaitement l'idée que je me fais d'Eva à travers ses lettres... Après, c'est peut-être aussi que je me représente une Eva froide à cause de l'écriture de l'auteur ! Cette froideur m'a vraiment gênée par moment parce que du coup, l'on ne s'identifie pas aux personnages et l'on se sent un peu dans une position de voyeur. Il y a du coup une vraie distance entre le ressenti de la jeune femme et les actes de son fils... J'ai beaucoup apprécié ce recul qui nous permet vraiment de poser un regard différent sur les évènements qui se produisent dans ce roman : on n'est ni dans le jugement, ni dans la compréhension... on apprend seulement à accepter ce qui s'est passer et à faire avec.
Il faut qu'on parle de Kévin est sans aucun doute un roman à découvrir.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Ce livre m'a énormément touché. Une brique mais pas ennuyante du tout, d'ailleurs elle m'a paru trop courte, car arrivé à la fin j'étais triste de tourner la dernière page. J'ai vraiment été transporté par cette histoire – atroce disons-le. Eva retrace sa vie avec Kevin, ce qu'elle a fait, ce qu'elle aurait peut-être du faire, ce qu'elle n'a pas fait. Sa relation avec Kevin est très complexe, on sent bien qu'elle a du mal à l'aimer, elle explique même à un moment qu'elle croyait qu'aimer son enfant c'était cadeau, et que ce n'est pas exactement ce qui s'est passé. Alors est-elle pour autant responsable de ce qui est arrivé? Honnêtement vu le caractère affreux de Kevin je comprends qu'elle ait eu du mal à s'attacher à lui. de plus chaque fois qu'elle voulait le punir, lui montrer qu'il faisait mal, Franklin – son mari – cassait son coup, surgâtant l'enfant. Autant le dire tout de suite j'ai détesté Franklin, certes il adorait Kevin mais je l'ai trouvé franchement aveugle, et incapable d'écouter sa femme. Il en faisait beaucoup trop, et à aucun moment je n'ai pu l'aimer. Alors que je me suis attachée à Eva, à ses difficultés, à ses peurs, ses doutes et parfois même à une sorte de sadisme qu'elle éprouve à énerver Kevin, à le faire réagir (il ya des dialogues terribles dans ce livre entre les deux, c'est à se demander qui sera le plus méchant envers l'autre, et pourtant leur lien paraît vraiment fort), et malgré son caractère difficile et son côté un peu « psychopathe » je me suis également attachée à Kevin. Il y a quelque chose de triste chez lui, certes il est hyper désagréable et ne regrette rien de son acte, et pourtant il m'a vraiment touché. Il a une armure ce gosse et se cache derrière, et parfois elle se fissure et on voit un bout de lui, et c'est ça que j'aime. Oui il est horrible, et non ce qu'il a fait n'est pas pardonnable, mais c'est tout je me suis attachée à lui quand même. Bien plus que son père d'ailleurs. La fin est pfiouuu, vraiment touchante, j'ai pleuré (alors que j'étais dans le bus). C'était un livre vraiment magnifique, je l'ai dévoré, je me suis pas ennuyée du tout. Si au début j'ai eu un peu de mal avec le vocabulaire utilisé et la façon de parler (il faut réfléchir en lisant quoi), je me suis très très vite plongée dedans et chaque fois c'était trèèèèèèès dur d'en sortir. Maintenant je veux voir le film. Et vraiment je vous recommande ce livre.
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Dans ce roman épistolaire, on suit le parcours de Kevin et de sa relation avec sa mère, notamment, via les longs monologues qu'elle écrit à son mari. Crûment, elle y parle de son absence d'envie de porter un enfant mais plus encore du manque d'attachement à cet enfant.
Dès la naissance, la relation entre Eve et Kevin vire à l'affrontement et c'est avec beaucoup de froideur que cette femme traite son enfant, qui le lui rend bien en retour, jouant à merveille le fils chaleureux avec son père. Rapidement, la lecture devient dérangeante. Les propos de cette mère envers son propre enfant sont violents, emplis d'égoïsme et d'égocentrisme.
Alors que Kevin comment l'irréparable lors de son adolescence, chaque événement qui a marqué son enfance résonne comme les prémices de l'horreur qui suivra. Dans cette relation complexe entre ces 2 personnages, on en vient à se demander qui est le plus coupable d'entre les 2 et c'est extrêmement déstabilisant, notamment dans cette situation ( si vous ne connaissez ni le livre, ni le film, je vous laisse découvrir vous-même ce dont il s'agit). On est constamment partagé entre l'horreur, la colère mais aussi, on cherche à comprendre. Comment une mère a pu ne rien ressentir pour son fils, comment celui-ci a pu aller au bout de l'atrocité… Chaque page est prenante, intense et ne laisse pas indemne.
Lionel Shriver signe un roman osé et brise de nombreux tabous notamment sur l'amour que doit ou peut porter une maman à son enfant. Bien que le sujet soit difficile à lire, il est abordé avec force et permet de se rendre compte que rien n'est acquis dans une vie, pas même ce sentiment qui parait le plus naturel et le plus fondamental aux yeux de tous. de ce manque d'affection découlera de nombreuses conséquences qui rendront Kevin presque sympathique et l'on se demandera finalement qui est le plus blâmable dans cette histoire. Et la fin, surprenante, achève le roman comme il l'a commencé…
Voilà une lecture qui ne laisse vraiment pas insensible, on ressort marqué par toute cette histoire. Et alors que dans le film, je n'avais pas saisi la personnalité de la mère, dans le livre elle m'a sauté violemment à la figure, éclairant ainsi de nombreuses zones d'ombres. Ce livre met incontestablement mal à l'aise mais c'est réellement ce qui fait sa force. Et le rend inoubliable.
Lien : http://lalydo.com/2014/01/il..
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Waouh, quelle claque! Rarement un livre ne m'aura autant marquée, et durablement je pense.D'une précision effrayante, il parlement crûment de ce que c'est que d'être mère et engage de nombreuses réflexions pour le lecteur. Quant au personnage de Kevin, il n'a rien à envier à son jumeau diabolique Damien, sauf qu'ici il n'y a rien de diabolique, juste de la pure "méchanceté". Plus on avance dans le livre, plus on plonge dans l'horreur... jusqu'au massacre final. A lire absolument
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Je termine cette lecture après 12 jours. Et je suis complètement bouleversée par ce roman.
Eva, cette mère, qui écrit à son mari tout ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a traversé et ce qu'elle a vu. Eva qui est mère. Eva qui est une femme avant tout. Eva qui se livre sur des moments de vie. Sur ces souvenirs de famille. Sur cet enfant qu'elle a vu grandir. Ce jeune garçon qui a commis un massacre dans son école, c'est son fils. Kevin.

Ces lettres écrites par Eva retracent l'histoire d'une vie. de plusieurs, même. Et on en prend plein la figure. Ça éclabousse. Et ça fout parfois en rogne. Ça fait serrer les mâchoires, grincer des dents.

Mais c'est encore un sujet qui frappe là où ça fait mal. Et c'est bien écrit. Ça interroge, ça questionne. On n'est pas d'accord avec tout, mais on ne peut pas nier certains faits.

Ce qui est indéniable c'est la relation entre Eva et Kevin. Ce n'est pas un lien fort, pas maternel, mais il y a quelque chose que Eva voyait en Kevin que son père n'a jamais décelé.
J'avais ce roman dans ma PAL depuis longtemps et je ne suis pas déçue.

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