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Tibet, 1968, quelques années après l'annexion de ce territoire par la Chine entamée en 1950. le peintre officiel du dalai lama est retenu prisonnier car jugé contre-révolutionnaire. Il se rappelle sa jeunesse, sa progression dans la hiérarchie, son maître celui qui lui a tout appris. Et puis le lecteur assiste à la destruction de la culture tibétaine notamment religieuse, et à la torture du peintre.

Tout est décrit avec minutie, chaque fait historique ou mot tibétain fait l'objet d'une annotation en fin de livre. Cela a rendu ma lecture plutôt indigeste et laborieuse. Pourtant je me passionne pour le Tibet mais ici cela faisait trop d'informations pour si peu de pages. La lecture était trop hachurée pour pouvoir la savourer.

Une déception donc...
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C'est avec humilité et émotion que l'on découvre toute la finesse et la grandeur de l'art bouddhiste où pour les détails les plus fins, les cils des yeux, le peintre utilise un pinceau à… un poil. Tous les pigments sont obtenus à partir de minéraux ou de plantes les plus rares et les plus recherchés. Chaque acte, pour dessiner un tanka, est réfléchi, de la préparation à la touche finale qui fait l'objet d'un cérémonial ancestral, que Bstan Pa, peintre du Dalaï-lama, transcende, au point d'en devenir la cible des gardes rouges, d'en devenir le point d'affrontement pour opposer, un art ancestral entièrement tourné vers la beauté, la perfection et la pureté, a une brutalité bestiale, sans âmes, sans compassion, que la seule vue de ces oeuvres humaines retranche dans son effroi de son incapacité à en être ému. Les tankas tibétains devaient renvoyer à leur état primaire, les gardes d'une soi-disant révolution culturelle qu'étaient ces soi-disant étudiants en beaux-arts.
Heureux d'avoir pu effleurer toute la finesse d'une philosophie et d'un art portant au plus haut la perfection de la beauté et de l'élévation. Triste que les tibétains, ce peuple si bienveillant et si éloigné de la violence ait eu à vivre de telles violences, encore insidieusement à l'oeuvre aujourd'hui.
Théodore Monod disait que l'origine de la haine, c'était la haine de l'origine.
Merci pour ce beau partage qui bouscule au plus profond de soi, M. Dai Sijie.
Merci à Babellio et aux éditions Gallimard pour cette belle découverte d'un auteur et d'une oeuvre, on n'en doute pas, des plus intimistes.
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Lhassa, cité sacrée au Tibet, 1956 : Le Dalaï-lama doit s'enfuir et quitter le Potala, son palais.
Douze ans plus tard, son ancien peintre, devenu un vieil homme, affronte seul - ou presque - la sauvagerie qui a pris le pouvoir et investi cette demeure mythique. Ses armes : sa mémoire, spécialement la mémoire de son art.
Il incarne tout ce que de jeunes barbares incultes, avides de revanche et d'ordre nouveau, s'acharnent à détruire parce qu'ils ne le comprennent pas : une certaine idée de l'harmonie et de la beauté, et qui sait la prémonition confuse d'une transcendance à laquelle ils n'ont pas accès - à laquelle peut-être on ne les a pas laissé accéder... ( Pluriel ?)
Tandis qu'ils saccagent systématiquement des chefs-d'oeuvre irremplaçables, leur chef, dont le père était "boucher funéraire", particulièrement cruel, se déchaîne.
Dans ce haut lieu symbolique de grande spiritualité et de résistance à l'oppression, notre héros entre lui aussi en résistance. Dans les oubliettes du Potala, il se retire dans sa forteresse intérieure, faite de réminiscences, de rituels scrupuleux et de "multiples splendeurs".
Malmené, harcelé, confronté à la violence et à l'ignorance - qui vont si souvent de pair - il tient bon sous la torture en imaginant son prochain et dernier tableau, qui surpassera tous les autres. Et n'est-il pas un de ceux que l'on avait chargés de trouver la réincarnation du Bouddha sur terre ? Il se doit d'être fort,
jusqu'à un épilogue qui convoque la légende de la Déesse-Terre qui saura encore une fois noyer les forces du mal.
Cette histoire nous en rappelle tant d'autres, anciennes ou récentes - hélas.
On sait que les dictatures frappent d'abord les intellectuels et les artistes, ceux-ci parce qu'ils se réfugient dans leur propre monde où il peut être presque impossible de les atteindre.
L'écriture est à l'image de ce qu'elle évoque, minutieuse, flamboyante, terre-à-terre, fulgurante de grâce... Touchante aussi et nous accompagnons chaque minute du calvaire de Bstan Pa, que nous quittons avec compassion - vertu majeure prônée par le Bouddha - et un profond respect. Désolés aussi de la bêtise et de obstination de son adversaire.
Admirable lecture qui nous apprend beaucoup sur le bouddhisme, l'art tibétain, l'histoire de la révolution culturelle chinoise et aussi sur nos capacités d'humains à faire le mal ou le bien et à lutter pour des idéaux qui nous dépassent.
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En 1949, Mao Zedong instaure la République Populaire de Chine. A Lhassa, c'est une invasion sanguinaire, là où était revenu le treizième dalaï-lama en 1913. C'est dans son ancienne demeure que des gardes rouges retiennent prisonnier l'ancien peintre du chef spirituel : Bstan Pa qui a dessiné, notamment, une fresque monumentale. Il pensait terminer ses jours dans les anciennes écuries du Palais, où a été hébergé son superbe cheval, mais il est amené dans une des caves, horrible lieu de tortures et de supplices qui lui rappelle une de ses visites auprès d'un Lungshar, adepte de la médecine traditionnelle chinoise. Ses yeux lui avaient été arrachés. le crime que l'on reproche au vieux peintre est non seulement sa proximité avec le dalaï-lama mais aussi celui d'avoir osé peindre une femme nue.

De la spiritualité à la barbarie, qui l'emportera… parce que pour lutter contre les douleurs et les humiliations, Bstan Pa se remémore son enfance, son apprentissage et toute sa carrière dans ce haut lieu bouddhiste entouré de sagesse, de prières, de nature libre et de beauté. Une méditation pure et authentique en totale dichotomie avec ces très jeunes étudiants de l'école des beaux-arts qui s'y connaissent bien mieux en armement et outils de torture qu'en tankas.

Un roman – roman qui oscille entre récit historique et carnet de voyage – qui m'a fait découvrir un univers quasi inconnu pour moi, celui de l'art tibétain et de toute sa richesse en pigments et symboles. Dans une langue où les mots semblent prendre une couleur différente selon la tonalité de la narration, découle une harmonie extraordinaire malgré la dureté insoutenable des exactions commises par des êtres sans foi, ni loi. Une façon de rappeler ces décennies rouge sang et l'intolérable torture qui, hélas, perdure dans le monde d'aujourd'hui.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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D'un livre sur la beauté de l'art sacré tibétain, Daï Sijie fait un parallèle entre l'extrême subtilité des oeuvres d'art boudhique et la violence aveugle et destructrice des jeunes gardes rouges fanatisés.
Nous sommes en 1968, sous les yeux d'un vieux peintre disciple du Dalaï Lama dès son plus jeune âge, la horde se déchaîne et détruit.
Mais alors qu'un garçon particulièrement cruel "Le Loup" redouble de menaces et de tortures pour que le vieil homme se rallie à la cause, ou au moins renie sa foi, ce dernier vit en lui-même les souvenirs de son apprentissage, il revoit les oeuvres qu'il a réalisées, dans leurs plus infimes détails.
Un très bel hommage à l'art sacré.
Jamais l'auteur ne verse dans la sordide descriptions des horreurs des luttes de croyances, l'écriture reste pudique et respectueuse.
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Voici un livre fort dans lequel nous voyageons au Tibet. Nous alternons entre deux périodes complètement différentes l'une de l'autre : l'époque de la révolution culturelle (1966-1976) dans un Tibet sous domination chinoise et en proie aux atrocités (temps présent) et la période où le Tibet était un pays libre, paisible et pratiquant bouddhiste (avant 1959). le présent dans le roman (révolution culturelle) est une période de chaos et de violence, de torture et de destruction des temples, des oeuvres d'art ou religieuses. Dai Sijie ne nous épargne pas et met en scène un jeune garde rouge terrible, sans foi ni loi et guidé par la haine. Cette narration et les descriptions tranchent beaucoup avec le passé qui nous est narré par l'ancien peintre attitré du dalaï-lama et dans lequel règne une certaine sérénité et une quiétude, une joie de vivre simple et une pratique artistique très présente. le peintre nous raconte sa vie et son évolution dans le domaine de la peinture religieuse. Grâce à son récit, nous en apprenons plus sur le bouddhisme et sur l'histoire du Tibet.
Dai Sijie nous livre ici un témoignage sur les atrocités commises pendant la Révolution culturelle, la folie qui s'est emparée de ces jeunes sortant à peine de l'enfance et à l'esprit embrigadé. Il nous y montre les destructions systématiques de tout ce qui a trait à la religion alors que le bouddhisme est une part essentielle de l'identité tibétaine.
J'ai beaucoup aimé les passages nous décrivant l'apprentissage de la peinture religieuse, les motifs et surtout la manière de créer les couleurs, le tout baignant dans une grande sérénité.
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J'avais beaucoup apprécié Balzac et la petite tailleuse chinoise, il y a pas mal d'années maintenant.
Cette fois-ci par contre, une deception pour moi que cette lecture.
Alors que j'ai apprécié découvrir et en apprendre sur les techniques de peintures, le matériel utilisé, mais aussi sur le conflit entre étudiants des beaux arts chinois et moines tibétains, pour le reste, je n'ai pas réussi à comprendre certaines parties. Comme s'il y avait un mur transparent qui m'empêchait d'accéder au texte, à l'intrigue. J'ai ainsi alterné entre des dizaines de pages très intéressantes, puis d'un coup des dizaines de pages que je lisais sans rien retenir, pour repasser à une nouvelle série de pages qui m'ont intéressée, etc. Je n'ai pourtant pas vu de changement dans le style de l'écrivain, et ce n'est pas forcément lié aux 5 parties du livre. Il est vrai qu'il y a de nombreuses notes pour faciliter la compréhension, mais qui sont placées à la fin du livre et non en bas de page, ce qui casse aussi, selon moi, le rythme de lecture. Un choix de bas de page aurait peut-être facilité la lecture, mais même sans ces notes, je pense que je n'aurais pas réussi à accrocher à l'histoire.
J'ai réussi à le terminer, parce que le livre est court. (170 pages environ)

Une lecture que je vais malheureusement vite oublier
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Dai Sijie est un écrivain d'origine chinoise qui n'a pas toujours été publié dans son pays. On le traite d'auteur subversif. Les caves du Potala a obtenu le Prix du roman historique aux Rendez-vous de l'Histoire de 2020.

Bstan Pa, à sept ans, est entré à l'atelier de tankas du Dalaï-Lama au Tibet. Mais voici qu'en mars 1968, les gardes rouges de la révolution chinoise l'emprisonnent et le torturent dans le but avoué de le voir calomnier le quatorzième Dalaï-lama. C'est son histoire que Dai Sijie raconte avec brio nous entraînant dans la culture et les paysages tibétains. Il y a de nombreux renvois qui alourdissent un peu la lecture, mais le roman se comprend aussi sans qu'on y fasse nécessairement référence. J'ai aimé plonger dans cette atmosphère et m'initier tranquillement à l'art tibétain. le dénouement, surprenant, renvoie à une part de sacré qui m'a plu. C'est une oeuvre parfaite pour qui aime le dépaysement et l'hétéroclite.
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Belle écriture, une histoire cruelle, des moments oniriques, et l'Art....
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Mars 1968, de jeunes étudiants des Beaux-arts devenus gardes rouges de la Révolution culturelle de Mao Zedong, ont envahi le Palais du Dalaï-lama . Dans les écuries transformées en prison, Bstan Pa, peintre du dalaï-lama, subit les violences du chef des révolutionnaires, surnommé le Loup.

Le Loup veut contraindre Bstan Pa à profaner les reliquaires du dalaï-lama et lui faire avouer les pensées scabreuses des hommes saints.

Alors que les premières lueurs de l'aube marquaient le début d'un nouveau jour de mars 1968, dans les profondeurs de son cachot, Bstan Pa dressait le bilan de la journée précédente : les gardes rouges avaient découvert son tableau de femme nue et le Loup avait promis de le torturer s'il refusait de calomnier le quatorzième dalaï-lama.

Pour supporter les violences et humiliations, Bstan Pa se réfugie dans son passé et nous conte son histoire.

Entre sept et douze ans, Bstan Pa a fait son apprentissage auprès de Snyung Gnas, peintre du Potala du treizième dalaï-lama dans le bâtiment des tankas ( rouleaux de peinture sur toile, originaires de l'Inde et caractéristiques de la culture bouddhique tibétaine) du monastère de Drepung. L'art des tankas a été interdit à l'enseignement en 1959.

Nous le suivons lors de deux longs exils avec son maître et le treizième dalaï-lama, notamment à Pékin où ils rencontrent l'impératrice Cixi, découvrons les monastères, les temples, les montagnes et lacs sacrés, berceaux de la civilisation tibétaine.

Puis commence, à la mort du treizième dalaï-lama le 22 décembre 1933, la quête du successeur.

A sa mort, son principe conscient quittait son enveloppe corporelle et se transférait dans un autre corps.

Dai Sijie propose ici un récit beaucoup moins romanesque que Balzac et la petite tailleuse chinoise ou L'évangile selon Yong Sheng. Nous découvrons la civilisation tibétaine. de nombreux mots, lieux sont annotés pour rejoindre une note explicative en fin de roman. Mais l'effort est récompensé par une réelle découverte d'un art et d'une culture uniques. Sous le joug de la révolution culturelle, la foi de Bstan Pa est inaltérable. le dénouement prouve toute la puissance de l'imagination artistique du peintre des tankas.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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