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3,93

sur 191 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un livre qui commence doucement. À Putian , en Chine Méridionale,Yong Sheng , fils de menuisier, fabrique des sifflets pour colombes fort réputés .Placé chez un pasteur américain et sa fille Mary, il décide de devenir le premier pasteur chinois et va faire des études à Nankin.A ce moment du livre, quelques dizaines de page, je me dis que je vais lire la prose agréable de Dai Sijie à travers une belle histoire poétique et originale dans la campagne chinoise.Je repense avec plaisir à Balzac et la petite tailleuse chinoise, un livre magnifique et inoubliable
Mais non car tout bascule:l'Histoire , la Grande Marche ,1949,la révolution culturelle, les camps de travail.Tout bascule pour Yong Sheng
Le gentil roman prend une ampleur tout autre pour basculer dans la vraie littérature
À travers l'histoire tourmentée et douloureuse du pasteur, c'est l'histoire de la Chine au 20° siècle avec ses errances, sa cruauté et, avec le recul sa bêtise.
Yong Sheng , tant sur le plan spirituel que personnel, s' éloigne de son idéal religieux de départ en se confrontant à la réalité politique bien sûr mais aussi affective
Dai Sijie est un conteur exceptionnel
Il faut se laisser porter par cette histoire qui est celle de son grand-père
Le livre monte progressivement en puissance et en intensité dramatique
Un grand livre que je n'oublierai pas
Un grand écrivain et , pour moi, un chef d'oeuvre
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Dai Sijie est un conteur talentueux.
"L'évangile selon Yong Sheng" est une extraordinaire épopée romanesque à l'écriture somptueuse, foisonnante et poétique.

Largement inspirée de la vie de son grand-père Dai Meitai (1895-1973) auquel il dédie ce roman, l'histoire est surprenante et originale, aux rebondissements étonnants.

Le récit débute sur la pente d'une colline de Jiangkou, où depuis l'aguilaire, arbre planté à sa naissance, en passant par les montagnes du Hunan, du Guizhou, du Sichuan, on suivra Yong Sheng le fils du charpentier, dans ses pérégrinations, ses rencontres, tout au long de sa vie au fil du XXeme siècle.

L'histoire nous raconte les colombes, la fabrication minutieuse et fabuleuse des sifflets accrochés à leurs plumes et leurs douces mélodies, les croyances, la bonté, la symbolique, mais aussi la cruauté d'un régime ; à la manière d'un conte où spiritualité, merveilleux, étrangeté, et histoire de la Chine se déroulent.

Tout prédestinait Yong Sheng à devenir artisan comme son père, mais sensible à l'enseignement de Mary institutrice de l'école chrétienne et fille du pasteur américain chez qui il sera en pension, Yong Sheng choisira d'étudier la théologie à Nankin pour être le premier pasteur chinois de la ville de Putian.

Avec la révolution culturelle, les tourments, les humiliations, les destructions, le pillage de la mémoire comme pour la vider de sa substance, feront partie du tableau. Fresque lyrique, épique et musicale, à la puissance émotionnelle.

A lire tranquillement, en prenant le temps, afin d'apprécier pleinement la richesse de l'écriture de Dai Sijie et l'ambiance très artistique. Mais ce n'est que mon ressenti.
Un beau roman très marquant.

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Ce roman est magnifique et, bien qu'il soit long, à aucun moment on ne s'y ennuie. Une écriture imagée poétique porte l' extraordinaire histoire de Yong Sheng , fils d'un charpentier de la Chine méridionale, également créateur de sifflet pour colombes sera placé chez un pasteur américain et suivra les cours de Mary, fille du pasteur, puis des études de théologie à Nankin. Marié par sa famille, il aura un destin tout en méandres et tourments. Il se définira comme pasteur chinois ce qui lui causera tourments et malheurs après l'avènement de la République Populaire Chinoise puis durant la Révolution Culturelle. Yong Sheng est un personnage étonnant d'une force et invulnérabilité qui le mettent en parallèle avec Jésus. Des personnages, l'auteur nous montre les strates les plus profondes et les plus secrètes . C'est souvent dans une image que naît une péripétie et les images foisonnent, cruelles ou merveilleuses jusqu'à la dernière page.
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Un roman à conseiller à tous ceux que n'effraie pas le vent de l'épopée. Il ne s'agit pas ici d'un de ces récits souvent qualifiés de « baroques » au motif qu'ils font plus de trois cents pages et qui s'étouffent sous la masse des digressions et des descriptions injustifiées. Comme il nous l'a dit (je parle des privilégiés qui l'ont rencontré grâce à Babelio), Dai Sijié aime raconter. C'est là sa motivation première, son impulsion, son bonheur d'artiste. C'est ce qui produit selon moi le souffle épique qui emporte le lecteur de L'Evangile selon Yong Sheng. Il se caractérise par l'agrandissement merveilleux des péripéties vécues par le héros, pasteur protestant chinois, fils de charpentier dont l'enfance est marquée par Mary, son institutrice et mère de substitution, martyr de la révolution culturelle maoïste, mais aussi par la poésie insolite des lieux, des objets, des coutumes, des colombes et d'un certain arbre magique…. ainsi que par l'expression de sensations concrètes, musicales, olfactives, tactiles, et enfin par le mystère qui subsiste jusqu'au bout de la personnalité de ce héros plus rêvé que connu. Vrai roman et vraie littérature.
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e me souviens encore du plaisir que j'ai eu à lire « Balzac et la petite tailleuse chinoise » , et lorsque j'ai vu ce roman à la médiathèque, je me suis souvenue avoir lu un billet sur le blog « Journal d'une lectrice », je n'ai pas hésité, je suis donc partie avec cet auteur qui raconte si bien son pays dans la ville côtière de Putian. Yong Shen est le fils du charpentier du village, il sera marqué à tout jamais par un sermon d'un pasteur américain qui parle lui aussi d'un fils de charpentier. Il devient chrétien et fabricant de sifflets pour des colombes.
l passe un certain temps auprès de ce pasteur et de sa fille Mary. Puis, il fait des études de théologie mais auparavant, il sera marié pour respecter d'obscures superstitions. Il revient chez lui, et il apprend que sa femme a donné naissance à une enfant aux yeux clairs, Helai, cette enfant fera son bonheur et son malheur à la fois. S'il n'en est pas le père biologique, il l'a élevée avec amour mais en périodes de folies révolutionnaires être fille de pasteur, être brillante intellectuellement, et avoir des yeux bleus , s'avèrent très dangereux . Alors, après la période de bonheur ou Yong Shen a été pasteur à l'abri de son arbre chéri, né en même temps que lui : l'aguilaire qui est ‑si j'ai bien compris- l'arbre qui donne de l'encens, viennent les différentes épisodes de la révolution communiste. le « grand bon en avant », sera suivi par la révolution culturelle et si Yong Shen n'y laisse pas sa vie, il y laisse son âme et sa foi.
Lien : http://luocine.fr/?p=10688
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S'il y avait 6 étoiles à ce livre, je les aurais toutes sélectionnées, c'est dire !
Très très belle écriture, poétique même dans ses descriptions de faits parfois fort cruels.
Ce livre est encore plus beau que ses précédents.
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L'Evangile selon Yong Sheng de l'auteur Chinois Dai Sijie est un livre captivant. L'auteur s'est inspiré de la vie réelle de son grand-père, premier pasteur chrétien chinois qui n'a malheureusement pas pu exercer longtemps puisque vite rattrapé par la révolution chinoise et traité d' « ordure impérialiste ».

La quatrième de couverture laisse entendre que le livre serait réellement autobiographique mais d'autres médias interrogeant Dai Sijie à la sortie du livre ne vont pas aussi loin. le jeune Dai Sijie a été marqué par les exactions dont son grand-père, puis ses parents (médecins) ont souffert, notamment lors de la révolution culturelle (1966-1976), mais l'histoire semble plutôt le fruit du talent de l'auteur, mettant en scène la vie de son grand-père dans les péripéties et les tragédies de l'Histoire de la Chine.

Le roman est une grande fresque, couvrant tout le 20è siècle. Dès les premières pages, nous découvrons Yong Sheng, le « fils du charpentier », et son père qui taille avec brio des « sifflets à colombes ». En grandissant, Yong Sheng a l'occasion de découvrir la foi chrétienne (de façon d'ailleurs très surprenante) auprès du pasteur américain Gu et de sa fille Mary. le pasteur en question est un personnage ambigu et pas très sympathique. Yong Sheng obtiendra une bourse de l'Eglise et partira étudier à Nankin. Il deviendra pasteur juste avant « La Longue Marche » (1934-1935) . Mais sa vie personnelle s'écroule et il partira à la recherche de Mary, prisonnière de l'Armée rouge, pour régler une affaire personnelle – la scène est une des plus fortes du roman. Il s'installe ensuite comme pasteur dans son village natal jusqu'à ce que les communistes l'arrêtent et le torturent. A partir de ce moment, c'est le chemin de croix pour Yong Sheng, il est exposé aux crachats, aux humiliations, aux travaux forcés. Il est trahi par tous et même par les plus proches. Mais tout cela est raconté sans pathos, on est horrifié mais ce n'est pas tire-larmes, au contraire il y a comme un humour détaché devant l'horreur du monde.

Le tout est accompagné de textes bibliques plein d'à-propos (Livre d'Osée, Esaïe (Isaïe), Jérémie, parabole de la Brebis perdue…). Il lui arrive ainsi d'écrire de mémoire des paroles de Jésus au lieu de recopier le petit livre rouge de Mao – ou de se rappeler le texte d'Isaïe du Serviteur souffrant au moment de la destruction de l'orphelinat dont il s'occupait – ou encore de braver ses gardiens en récitant l'hymne à la Charité de saint Paul devant tous les prisonniers …

D'autres livres, d'autres romans ont bien sûr déjà raconté les ravages de la révolution communiste en Chine mais j'ai trouvé ce roman de Dai Sijie particulièrement bien écrit, sans longueurs excessives, avec une touche de fantaisie.
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Dans "L'Évangile selon Yong Sheng", Dai Sijie nous convie à un voyage original dans la Chine du XXe siècle. On y retrouve bien sûr les coutumes et les paysages de l'Empire du Milieu de l'avant-communisme jusqu'à aujourd'hui, mais on découvre également un pays dans son rapport à la foi chrétienne avec une forte dimension spirituelle dans le récit et de nombreuses références bibliques. Roman inspiré par la vie de son grand-père, Dai Sijie nous raconte l'histoire de Yong Sheng, le fils du charpentier qui fabriquait des sifflets de colombes dans la région côtière du Fujian. Une découverte merveilleuse pour moi que ces petits sifflets très légers fabriqués en bois, fixés sur la queue des colombes et qui, lorsqu'elles volent, émettent des sons harmonieux. Yong Sheng, à qui l'on avait promis enfant un destin peu ordinaire en raison d'une particularité de son anatomie intime, va progressivement enrichir son identité biologique de fils de charpentier d'une identité spirituelle, celle de fils du Christ. Il deviendra un pasteur paisible et respecté puis un responsable d'orphelinat, mais l'arrivée du communisme, la révolution culturelle et les camps de rééducation lui feront vivre des moments douloureux et humiliants, un véritable chemin de croix. Cette épopée tragique est cependant racontée par Dai Sijie avec beaucoup de poésie, de merveilleux et de sensualité. Comme les personnages du roman, le lecteur est envouté par l'omniprésence des parfums tout au long du récit. Un aguilaire, arbre aromatique sacré aux pouvoirs magiques et à l'odeur exquise, est planté à la naissance de Yong Sheng devant sa maison et sera un élément central tout au long du récit comme lors de la scène burlesque de réunion politique où son odeur rend tout le monde fou. "L'Évangile selon Yong Sheng" est un roman fantaisiste et drôle, épique et tragique, souvent bouleversant, mais raconté de façon lumineuse et douce. L'écriture est belle, simple, recherchée mais sans préciosité. Dai Sijie est un conteur exceptionnel et un génie de la narration. Les scènes les plus ennuyeuses deviennent passionnantes. Il donne au récit une ampleur romanesque avec des épisodes incroyables, de l'aventure, un fond historique très fort, de l'amour, de la vengeance, des rebondissements, des retournements de situation. Un livre magnifique que je recommande vivement.
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Une écriture serrée au plus près de l'humain à travers la vie du grand père de l'auteur, dans la Chine du 20ème siècle, souvent barbare.
La poésie des images ajoute pourtant sa propre force aux turbulences de l'histoire, à travers le souffle de l'aguilaire, arbre magique, les sifflets chantant des colombes, les seins de Mary dignes d'un Quentin La Tour, jusque dans la mort où c'est la musique de Beethoven qui triomphe de la tragédie.
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Magnifique livre dans lequel Dai Sijie nous livre l'histoire romancée de son grand-père Yong Shen, pasteur protestant chinois. le livre en quatre parties qui correspondent aussi aux différentes grandes époques de l'histoire de la Chine. Un superbe livre, avec des moments très durs et des moments très poétiques. Moments très durs comme les épisodes de la Longue marche ou de la révolution culturelle en Chine pendant lesquels Yong Sheng a beaucoup souffert en tant que pasteur. Moments très poétiques avec les descriptions des sifflets réalisés par le père, charpentier, pour les colombes ou l'aguilaire, arbre quasi -magique, présent tout au long du roman.
Un grand merci à Babelio et Gallimard pour cette rencontre du 15 avril avec l'auteur qui nous a fait partager sa joie de raconter et de partager. Une gentillesse et un humour communicatifs malgré les moments très durs vécus par Dai Sijie en Chine.
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