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sur 191 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est une vie très extraordinaire que celle du grand-père de Dai Sijie.
Fils de charpentier confectionneur de sifflets pour colombes et premier pasteur chinois de Putian, une ville côtière du sud de la Chine, Yong Sheng avait fait son église de la grande chaumière construite de ses propres mains. Lieu transformé à son initiative en orphelinat au départ des congrégations américaines en 1942 et confisqué au moment de la révolution culturelle pour y installer un pressoir à huile, il y avait vécu l'enfer, condamné à la rééducation par des travaux forcés monstrueux. Des vicissitudes pour Yong Sheng, devenu très vieux, qui malheureusement ne s'arrêtèrent pas là...

Dai Sijie est un conteur hors pair qui nous emporte dans la vie hautement romanesque de son grand-père, de la République populaire chinoise à la Chine de la Longue marche et de la révolution culturelle de Mao qui broient les opposants ou supposés tels. Les images de Dai Sijie (il est cinéaste) sont magnifiques et envoûtantes, tellement sordides aussi qu'elles nous brisent le coeur devant tant de souffrances et d'humiliations infligées aux hommes. Dai Sijie qui ne finit pas sur une note triste ; alors que Yong Sheng se meurt dans des circonstances indignes, il dit encore de son vieil aguilaire calciné : « Mon vieil arbre avait connu toutes les vicissitudes de la vie. Il était mort, avait vécu l'enfer, mais dans les profondeurs de la terre, il était ressuscité. » preuve qu'au seuil de la mort le vieil homme n'avait pas perdu sa foi.
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«  Mon dieu ! pourquoi ne m'a t- on pas condamné à mort plutôt que de m'infliger la peine de travailler dans cet atelier primitif ?
Quand mon corps éreinté tombera - t- il enfin sous le rouleau de pierre de la meule , sous les
sabots des boeufs , sous le marteau suspendu, dans la chaudière ou à l'intérieur du tronc creux, où il sera réduit en purée dégoulinante ?

«  Lorsqu'un groupe de colombes volaient dans le ciel, les sifflets attachés à leur queue offraient un concert symphonique grandiose d'une étonnante qualité ...Chaque instrument présentait une tessiture différente , il y avait des barytons, des ténors , des contraltos, des sopranos qui se répondaient subtilement ...pour enchanter le spectateur d'une symphonie flamboyante ... ».

Voici deux extraits ——significatifs et contrastés——- de cette autobiographie flamboyante où l'auteur fait revivre l'histoire extraordinaire, surprenante de son grand- père YONG SHENG .

Né en 1911, fils de charpentier, confectionneur de sifflets pour colombes ,sifflets qui coûtent très cher, recherchés par les connaisseurs, premier pasteur chrétien, chinois de Putian , une ville côtière du sud de la Chine, placé en pension chez un pasteur américain Yong Sheng suivra l'enseignement de sa fille Mary, institutrice de l'école chrétienne.

Marié très jeune , de force pour que sa grand- mère vive, une tradition séculaire , il fera des études de théologie à Nankin..

Il restera pasteur pendant quatorze ans jusqu'en 1949 .

Tout bascule la même année avec l'avènement de la République populaire ....

Je n'en dirai pas plus sauf que cet homme bon, naïf et vertueux ne baissera jamais les bras , animé par une force de résilience extraordinaire il sera arrêté , broyé , torturé , brisé par le nouveau régime totalitaire sans jamais oublier l'aguilaire , un arbre planté à sa naissance ...

Ce livre foisonnant , somptueux , poétique —— difficile à lire lors des passages qui relatent la cruauté et les années de souffrance ——-de cet homme modeste et digne —-nous conte une partie instructive de l'Histoire de la Chine au 20 ° siècle ,ses errances , ses horreurs, sa cruauté aveugle , ses brimades monstrueuses , ses raffinements liés à la torture, à l'ignorance et au fanatisme ....
Les expressions sanglantes côtoient des passages de la bible, certains moments sont lumineux, lyriques , inspirés , poétiques, l'écriture est visuelle, ample et cinématographique.

L'auteur est un fabuleux conteur, cette vaste fresque romanesque ——biographie romancée ——tourmentée et inoubliable questionne sur la foi en la vie, la capacité de résilience , la sensibilité et la transformation par la religion .
Comme « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » ce roman ne se raconte pas ...
Il se lit ...
Je le conseille mais il faut prendre son temps, il ne se dévore pas d’une traite .
Bien sûr , ce n’est que mon avis .


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Étant agnostique, je suis venu vers ce roman autobiographique avec beaucoup de curiosité. L'Évangile selon Yong Sheng est bien un roman, avec toute sa richesse romanesque qui le caractérise, mais il puise aussi dans l'histoire, la petite et la Grande Histoire de la Chine, fascinante et terrible si l'on mesure à quel point cette histoire a pesé de manière effroyable sur le destin de millions de femmes et d'hommes. La petite histoire concerne plus précisément l'itinéraire de vie du grand-père de l'auteur, Dai Sijie. C'est donc une sorte de biographie teintée de romanesque.
Ce récit s'ouvre sur l'enfance de Yong Sheng. Nous sommes dans un village proche de la mer, en Chine méridionale, au début du vingtième siècle.
Les premières pages m'ont enchanté, je me suis pris de tendresse pour un vol de colombes, découvrant ainsi que dans ce lieu, une sorte de coutume incitait à accrocher des sifflets aux rémiges de ces oiseaux, faisant entendre de merveilleuses sonorités, parfois d'une harmonie étonnante, au-dessus des maisons. J'ai trouvé ces premières pages d'une grâce inouïe.
Placé en pension chez un pasteur américain, le jeune Yong Sheng va suivre l'enseignement de sa fille Mary, institutrice de l'école chrétienne. C'est elle qui fait naître la vocation du garçon. Elle éveille aussi en lui une forme de désir féminin qui ne le quittera jamais, la vision des seins de cette femme, un jour par hasard, ne le quittera jamais.
Yong Sheng, tout en fabriquant des sifflets comme son père, décide de devenir le premier pasteur chinois de la ville.
Au début du récit, viennent se mêler quelques superstitions ancestrales, notamment ce merveilleux épisode où l'enfant qu'est Yong Sheng doit être opéré d'une ectopie testiculaire. La grand-mère vient alors, comme une furie, faire irruption dans la salle d'opération, invoquant les dieux, pensant qu'il s'agit d'une circoncision, empêchant l'opération et déterminée à tuer le chirurgien. C'est drôle.
Plus tard, moins drôle, nous découvrons les méfaits de l'avènement et de l'installation de la République Populaire de Chine en 1949 et bien après, la révolution culturelle...
Rien n'est épargné dans l'humain lorsqu'une dictature s'installe à jamais, pose ses jalons comme une pieuvre. Ceux qui étaient amis hier, peuvent devenir ennemis demain. Et pourquoi pas dès aujourd'hui...
Yong Sheng vivra ces événements quasiment au même endroit, d'où il est issu. Il y a presque comme une forme d'unité de lieu dans ce récit. Tour à tour, sa maison devient un lieu religieux, une sorte d'église, puis un lieu d'accueil pour les orphelins au départ des congrégations américaines en 1942. Lors de la révolution culturelle l'endroit devient un pressoir à huile.
Yong Sheng traverse ce temps avec sérénité et douleur et nous avec lui. Il affronte avec sa seule bonté la cruauté du régime communiste qui va broyer l'âme de la Chine. Un arbre semble suivre cela dans sa courbure et sa capacité de résilience, survivre aux vicissitudes, c'est un aguilaire. Il vit, meurt, renaît de manière improbable.
J'ai beaucoup aimé l'art de conter de l'auteur, entre poésie et douleur. C'est une des grandes beautés de ce roman. Même si parfois certaines longueurs existent, il faut patienter car le récit mérite ce temps qu'on peut accorder à sa lecture, être appréhendé par cette patience pas à pas jusqu'à sa fin. Vraiment jusqu'à sa fin ultime, jusqu'à la note finale, puisqu'il est question du magnifique concerto pour violon en ré majeur de Beethoven qui s'invite à la toute fin du récit.
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Ce qui surprend à la lecture de cet ouvrage c'est le décalage entre la légèreté de l'écriture et la gravité du sujet traité. le style mis en oeuvre par Dai Sijie pour écrire cet ouvrage, en évocation de l'histoire de son grand père, est souvent assimilé à celui d'un conte. Cet aïeul a pourtant connu un sort aux antipodes de ce que relate habituellement le genre. le nouveau régime fort montant en Chine en ce milieu du 20ème siècle, se légitimant comme émanation du peuple, a réservé à ceux qu'il avait classés parmi les ennemis de la révolution humiliation, torture physique et mentale en forme de lavage de cerveau. C'était rentrer dans le rang ou mourir. le rang étant celui d'un peuple sorti vainqueur de la longue marche conduite par Mao Ze Dong.

Le grand timonier n'admettait d'autre culte que celui orienté vers sa personne. Pas étonnant donc que Yong Sheng, représentant d'une minorité religieuse, chrétienne en l'occurrence, devenu de ce fait ennemi public numéro un soit livré en pâture à un petit peuple revanchard, nourri aux promesses d'une prospérité inédite par le nouvel homme fort de la Chine. La révolution culturelle était en marche et comme dans tout régime autoritaire "chaque mot pouvait être une balle tirée dans la tête de l'ennemi, un poignard à lui planter dans le coeur". Les mots : la seule arme du prêche, des sermons que Yong Sheng s'ingéniait à écrire pour guider ses ouailles sur le bon chemin qu'il leur désignait, celui de la foi chrétienne.

Ce grand père de Dai Sijie devenu pasteur par la volonté de son propre père a vécu son calvaire des années durant comme le Christ sa passion, avec la conviction obstinée que ce sort misérable lui était réservé par Dieu pour le rachat des péchés de ce bas monde. Il a accepté souffrances et trahisons des siens sans formuler la moindre plainte, le moindre esprit de revanche, en rédemption des fautes de ses congénères. le style sobre et affable employé par l'auteur venant en confirmation de la volonté de Yong Sheng de pardonner à ses tortionnaires. L'épilogue nous confirme dans le pacifisme, la générosité et le sens du sacrifice du pasteur. Sans rejoindre les idées de ses tortionnaires, il n'émet jamais aucune parole de malédiction à leur encontre.

Ce conte triste comporte ses symboles. Tel cet arbre sacré en chine, l'aguillaire. Il en devient un personnage à part entière de l'ouvrage. Planté à la naissance de Yong Sheng, il est devenu l'arbre du pasteur et manifeste sa présence sur l'ensemble du récit. Brûlé lors de l'incendie de la maison du pasteur, tel le Phénix il renaît de ses cendres en allégorie de survivance d'une foi qui commande à l'esprit. A cet arbre sont prêtées des vertus non pas magiques, cette notion ayant une connotation par trop païenne, mais miraculeuses, propres à tempérer les ardeurs vindicatives. Comme un apaisement provoqué par l'ombre de sa ramure. Il était devenu aux yeux de Yong Sheng le symbole de la religion chrétienne.

Un autre symbole est celui des sifflets que fabriquait le père de Yong Sheng, et ce dernier aussi sur le tard. Accrochés au plumage des oiseaux ils jouaient une forme de symphonie aérienne rythmée par le battement de leurs ailes. Harmonie de l'homme et de la nature que la révolution culturelle a un temps étouffée sous la chape de plomb qu'elle avait répandue sur le pays. Symphonie qui a timidement fait entendre à nouveau ses mélodies à la mort du grand timonier.

Belle écriture aux élans délicats que celle de Dai Sijie pour nous conter, on en convient au terme de cette lecture, une histoire douloureuse, inspirée de la vie de son ascendant. Au-delà du dogme, de la croyance c'est le courage, l'abnégation, la force de la foi et pourquoi pas aussi une solidarité filiale qu'il a voulu souligner à l'égard de ce personnage englouti par le ressentiment de ses congénères, eux-mêmes aveuglés par l'endoctrinement, en un temps où la personne humaine ne valait pas la balle qui lui ôterait la vie.
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Ce livre nous parle de la propre vie du grand père de Dai Sijie. Il est retourné en Chine, pour marcher dans les pas de son grand-père, Yong Sheng. Sa vie était loin d'être un « long fleuve tranquille ». Marié très jeune pour que sa grand-mère vive, sans son avis, il va découvrir la vie du pasteur Gu qui l'a pris sous sa coupe, dans un premier temps, pour que sa fille puisse l'instruire et dans un deuxième temps, pour s'occuper de ses colombes. D'autant plus, que Yong Sheng a un talent qu'il tient de son père, fabriquant de sifflets pour ces oiseaux. Sifflets qui coûtent très chers et sont très recherchés par les connaisseurs.

Il va vouloir se convertir et devenir Pasteur. Ce qui lui engendrera pas mal de déboire au cours de sa vie, surtout lors des révolutions en Chine qui engendreront bien des drames. Mais jamais il ne baissera les bras. Il sera force de résilience et son nerf de guerre restera un arbre planté à sa naissance, un aguilaire, dont il tirera la force pour tenir bon.

C'est un livre foisonnant, qui relate la vie d'un homme sous la plume de son petit-fils, Dai Sijie, superbe conteur.

A lire ! Je remercie d'ailleurs Jérôme GARCIN, car c'est en écoutant son émission « le masque et la plume » que j'ai découvert ce livre.
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Ce roman c'est la vie très romancée du grand - Père de l'auteur .
Vie mouvementée pour ce futur pasteur chrétien qui vécut les pires années de l'histoire de Chine , la grande marche et la révolution culturelle .
L'auteur en profite pour évoquer les pires horreurs commises dans cette période cruelle , les mises à morts , les brimades , humiliations diverses , la rééducation par le travail des intellectuels ou supposés ennemis du peuple , la frontière est poreuse , les excès monnaie courante .
Il y a des passages poétiques qui contrastent fortement avec les années de répression sanglantes , d'aveuglements des masses , de fanatisme et c'est ça qui fait la force du livre .
Ah cette description des sifflets à colombes , la parabole de la colombe blessée qui revient chez le pasteur Gu , l'enfance de Henai et j'oublie certainement d'autres passages car pour moi il y a un peu trop de descriptions qui n'apportent rien au récit , c'est le petit bémol qui fait pencher la balance et qui fait que ce n'est pas le coup de coeur attendu , espéré aux premières pages si prometteuses .
De l'auteur j'ai lu le très célèbre Balzac et la petite Tailleuse Chinoise dont on a sorti un film , l'auteur est également cinéaste et ça se sent dans son écriture , lu Trois vies chinoises et le complexe de di , moins connus mais qui permettent eux aussi une découverte de la Chine des années de jeunesse de l'auteur né en 1954 .
Car bien entendu ses romans ont pour inspiration la vie de ses parents et sa propre adolescence .
Dans ce cas la littérature permet de ne pas oublier ses années de souffrance impitoyable.
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Il y a un an exactement, le 15 avril 2019, les éditions Gallimard avait organisé une rencontre pour un groupe de lecteurs de Babelio avec Dai Sijie à l'heure où débutait l'incendie de Notre Dame. Dai Sijie est un enthousiaste qui sait captiver son auditoire A ma sortie les badauds massés sur le pont du Carrousel m'ont fait levé les yeux en direction de la cathédrale en feu. Je suis rentrée complètement abasourdie et n'ai pas écrit ma chronique.
Et pourtant quel roman passionnant! Il n'est jamais trop tard pour donner envie de lire cette fantastique histoire inspirée de l'enfance de Dai Sijie et de la vie de son grand-père, un des premiers pasteurs chinois. Dans ce roman épique, burlesque, touffu l'auteur raconte, entre-autre, la montée du communisme et la révolution culturelle. Les sujets graves sont abordés avec poésie à la manière d'un conte.
Petite précision, ce n'est pas une traduction, Dai Sijie écrit directement en un français remarquable.
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Quelle grandeur d'âme et quelle délicatesse dans l'écriture ! Cette histoire romancée du grand-père de l'auteur est touchante. Bien que se déroulant pour une grande part dans le contexte très violent de la révolution chinoise, la poésie, la musique et la pureté qui cohabitent dans le coeur du pasteur chinois Yong Sheng réconfortent et apaisent.
Avec le récit de l'enfance insouciante de ce fils de charpentier jusqu'à sa fin de vie sous la torture et le sacrifice, avec la présence de l'arbre de vie, il est impossible de ne pas faire un rapprochement avec le récit des évangiles. On comprend mieux alors le titre du livre : l'Evangile selon Yong Sheng. Au seuil de la mort, Yong Sheng s'émerveille encore de l'aguilaire planté le jour de sa naissance : "Mon aguilaire, que je croyais mort, était toujours en vie… Mon vieil arbre avait connu les vicissitudes de la vie. Il était mort, avait vécu l'enfer, mais dans les profondeurs de la terre, il était ressuscité".
Les autres personnages du roman sont également intéressants. Leur forte personnalité et leurs engagements donnent du relief à l'histoire avec un petit comme un grand h.
Les 440 pages du livre sont d'une grande humanité emplie d'amour, de bonté et de générosité, mais aussi une humanité plus noire faite de trahisons, de violence et d'injustice. Cependant l'espérance et la fidélité demeurent.
Un très beau et poignant témoignage.
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J'ai beaucoup aimé ce livre. Je ne mets pas 5 étoiles car je trouve qu'il y a quelques longueurs - qui ont failli me faire stopper la lecture de ce roman à plusieurs reprises. Etonnant de rebondissements et péripéties, il est très bien écrit. On voit que D. Sijie à fait du cinéma : des descriptifs de scènes, de paysages comme si on y était !
On voit aussi que D. Sijie aime raconter, comme il l'a dit lors de la rencontre Babelio chez Gallimard. On sent dans ce livre son très grand talent de conteur.
Bref, un très grand roman, époustouflant de détails et de finesse, une remarquable fresque historique, si l'on est prêt à affronter quelques longueurs.
Merci à Babelio pour cette belle découverte !
Merci aussi pour la chaleureuse rencontre avec Dai Sijie.
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Ce roman a fait l'unanimité du Masque et la Plume, c'est suffisamment rare pour donner envie de le lire. le récit, fortement inspiré de la vie du grand-père de l'auteur, nous entraine en Chine méridionale, dans la province de Putian.

Le père de Yong Sheng réalise des sifflets de colombe ; notre héros s'initiera avec lui à cet art traditionnel chinois et y gagne un titre de fils de charpentier, clin d'oeil un peu appuyé qui se prolonge tout au long du roman.

Le roman fourmille d'anecdotes et de magnifiques descriptions. Plusieurs épisodes de la vie de Yong Shen scandent le roman. Il y a d'abord dans l'enfance la fascination pour les rites chrétiens de Mary, la fille du pasteur Gu, qui l'héberge pour qu'il puisse aller à l'école. Adulte, il travaille pour le pasteur et s'occupe de ses colombes, puis veut devenir pasteur à son tour et part étudier. Alors qu'il apprend que sa femme l'a trompé avec le pasteur, il entreprend une recherche vengeresse qui va croiser le parcours de la Longue Marche pour retrouver Mary.

Il rentre chez lui et transforme sa maison en temple, devient pasteur, s'occupe de sa fille et crée un orphelinat ; mais son parcours est interrompu par la Révolution. Devenu ennemi du peuple, il est condamné à des travaux pénibles et sera dénoncé par sa fille lors de la révolution culturelle. L'épilogue nous apprend que Yong Shen a retrouvé un statut après la mort de Mao, qu'il a repris la fabrication de sifflets et s'est occupé de son petit-fils.

Ce roman est beau et terrible, la vie sous la Révolution culturelle fait penser au Dit de Tianyi. J'ai trouvé la comparaison christique un peu lourde et je ne suis pas persuadé par la fin mais l'histoire de l'aguilaire, les colombes, la vie traditionnelle ou plus moderne sont magnifiquement racontées et je recommande ce livre, qui m'a enchanté par son style, son rythme et ses descriptions.


Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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