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3,33

sur 120 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une enquête du commissaire Maigret qui m'a quelque peu décontenancée, vu qu'elle ne cadrait pas bien avec les romans que j'avais lus, plus sombres, beaucoup plus tristes, voire plus sordides : le Pendu de Saint-Pholien, le Chien jaune, le Corps sans tête. Sans compter les épisodes de la série avec Jean Richard des années 70-80 - c'est étonnant comme je fais appel régulièrement ces temps-ci aux références des feuilletons de ma jeunesse. Je me souviens donc également de l'épisode du Fou de Bergerac, que j'avais trouvé à l'époque assez lugubre et qui m'avait quelque peu traumatisée. Et dire que la génération de mes parents trouvait que les animes japonais étaient violents, alors qu'on tremblait de peur devant L'Île aux Trente cercueils !


Mais passons. Ici, bien que le roman date de 1947, Maigret est bizarrement à la retraite, mais on sait qu'Agatha Christie a elle aussi effectué des voyages temporels avec Hercule Poirot. Il est surtout confronté à une histoire qui semble d'emblée très étrange : un jeune homme s'inquiète sérieusement pour la sécurité de son père qui vit à New York, et sitôt après l'avoir embarqué dans un voyage pour l'Amérique, il disparaît à l'arrivée au port. L'intérêt de l'enquête, au-delà d'un sentiment bizarre qui atteint aussi bien Maigret que les lecteurs, va vite se porter sur la découverte de New York et de la culture américaine. Ceci bien que, comme l'a fait judicieusement remarquer Meps dans sa critique, l'ancien commissaire retrouve très rapidement ses marques, qui ressemblent à celles de sa vie en France. Et on le verra s'agacer régulièrement devant les manières du capitaine O'Brien, dont l'ironie et sa façon de toujours introduire des sous-entendus dans la conversation ne sont pas toujours au goût de Maigret, d'ailleurs pas souvent de très bonne humeur.


Quant à l'enquête, qui porte maintenant sur la disparition du jeune homme susmentionné, elle conserve un bon moment son caractère étrange ; on va vite comprendre que tout est lié à une histoire qui remonte à loin, sans très bien saisir ce qui cloche. Et puis les choses vont s'éclaircir, un peu, pas beaucoup, pour qu'enfin Maigret comprenne d'un coup d'un seul, ce qui n'est pas forcément très crédible, comment toutes les pièces du puzzle se mettent en place. Tout ça est censé provoquer de l'empathie pour un des personnages qui a tout de même pas mal de choses sur la conscience et un mobile assez affligeant, ce dont je ne vois pas du tout l'intérêt, sinon que Maigret lui accorde sa sympathie. J'avais vu Maigret empreint d'empathie pour des criminels, ou pour d'autres personnages, et on comprenait la raison cette empathie ; mais là, on se demande bien quel mouche le pique.


Il m'a semblé que c'était la vision d'une New York soit riche, clinquante, voire artificielle, soit déshéritée et crasseuse, qui avait amené Simenon à écrire ce roman. Et on sent comme son ombre derrière un Maigret désabusé qui se fiche d'embrasser du regard la ville et de profiter de son pittoresque lorsqu'il débarque...
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Maigret est toujours en retraite et toujours à Meung-sur-Loire où viennent littéralement le supplier le jeune Jean Maura et son notaire, le vieux M. d'Hoquélus, afin qu'il accompagne le jeune homme à New-York pour y rejoindre son père, John Maura, lequel serait en danger. Un danger mal défini, auquel John Maura - né français et à Toulouse, sous le nom de Joachim Maura - fait allusion en transparence dans les lettres qu'il expédie régulièrement à son fils. Pour il ne sait trop quel raison et presque honteux de l'avouer à sa femme, Maigret finit par accepter. Après tout, il a tout de même quelques connaissances au niveau de la police new-yorkaise ...

Dès l'arrivée à New-York, premier gros problème, complètement inattendu : disparition pleine et entière de Jean Maura. Est-il descendu du navire avant Maigret ? La foule les a-t-elle faits se perdre de vue ? Quand on connaît le grouillement d'un port tel que celui-là, cela reste possible. Maigret se rend donc au Saint-Regis, hôtel cinq étoiles où se tient d'habitude John Maura lorsqu'il est à New-York, persuadé qu'il va retrouver le jeune homme chez son père. Mais là, entre l'employé hautain du desk, le secrétaire particulier de Maura, un dénommé Jos Mc Gill et Maura lui-même, sortant de sa chambre alors qu'on venait de le prétendre à Rio ou au Vénézuéla, il est pratiquement reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Pire : le fait d'apprendre la "disparition" de son fils ne semble faire ni chaud ni froid à celui que le milieu des affaires a fini par surnommer, en raison de sa taille, "Little John."

Oh ! Maigret est bien tenté de reprendre le premier paquebot en partance pour la France mais ... Mais il ne serait plus Maigret s'il le faisait. Il renoue donc avec un homologue new-yorkais, le capitaine O'Brien - dont le lecteur se souviendra, je pense, toute sa vie, qu'il est roux et ressemble à un mouton - et, malgré les conseils (officiels) de celui-ci et peut-être avec ses encouragements (tacites et officieux), il décide de tirer l'affaire au clair.

John Maura a beau sortir son carnet de chèques et jouer de tout son mépris, Mc Gill a beau faire preuve tour à tour d'ironie et d'attention, de curieux individus ont beau sortir des trottoirs new-yorkais pour suivre un Maigret en pleines cogitations bougonnes et humiliées, rien n'y fait : notre commissaire finira par avoir la clef de l'énigme.

Mais, pour ce faire, Simenon recourt ici à un procédé qui ne m'a vraiment pas convaincue. Ca aurait pu marcher, notez, mais non, j'ai lu ce livre deux fois et, toujours, cette scène m'a paru aussi artificielle : devant les témoins concernés, dont Mc Gill et John Maura, convoqués pour cela à une heure moins dix du matin dans la chambre du commissaire à l'hôtel Berwick, dans le Bronx, Maigret se livre, tenez-vous bien, à un véritable interrogatoire téléphonique auprès d'une personne alors en France, à La Bourboule, très précisément, où, décalage horaire oblige, il est sept heures du matin. Alors, c'est gros, c'est énorme ... et ce n'est pas crédible. le "coupable" - en tous cas le responsable de tout cela - qui ne connaît pas Maigret, qui n'a jamais eu affaire à la Police, qui possède un casier vierge et qui n'a jamais trempé dans aucune affaire louche, un homme qui peut aisément passer pour un notable, cet homme s'effondre au téléphone presque immédiatement. Deux ou trois timides protestations mais c'est tout : il avoue tout de suite, ou presque. Evidemment, le personnage est un lâche patenté mais tout de même ...

Non, ça ne passe pas. En tous cas pour moi. Il me semble que, dans ce "Maigret" - qui regorge par contre de personnages secondaires tout bonnement merveilleux comme le "clown" Ronald Dexter, l'impassible lieutenant Lewis, Germain, l'ancien M. Loyal et Lucile, voyante extra-lucide, sans oublier Jim Parson, un journaleux qui vous postillonne sa haine à la figure et qui finira en outre très mal - Georges Sim étouffe Georges Simenon au moment même où, justement, il aurait dû le soutenir de toutes ses forces et de toute son imagination.

Cela dit, vu le rythme d'écriture de l'écrivain, on ne s'étonnera pas de trouver, dans sa production, y compris celle qui ne se rapporte pas à Maigret, quelques "flops" mémorables. C'est la rançon du génie et l'imperfection aussi à son charme. Peut-être, en définitive, New-York ne convenait-il à ce moment-là ni à Maigret, ni à Simenon. Pourtant, l'ambiance est superbement rendue et certaines manies anglo-saxonnes en prennent pour leur grade. Mais on préfèrera certainement à ce roman "Maigret chez le Coroner" qui se déroule, lui, dans l'Amérique profonde et qui, bien que rappelant assez un film américain avec duel de prétoire, possède plus l'"esprit Simenon" que "Maigret à New-York."

Toutefois, ce n'est qu'un avis personnel. Pour vous faire votre idée de "Maigret A New-York", lisez-le. Qui sait, vous adorerez peut-être de bout en bout. ;o)
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1ère rencontre littéraire avec Maigret et il a fallu attendre qu'il soit à la retraite. de lui, je n'ai que des souvenirs du feuilleton avec Jean Richard qui était rediffusé à la télévision quand j'étais jeune. Roman écrit en 1946, policier d'un autre temps, policier qui prend son temps, celui de s'interroger, de humer l'atmosphère, de s'imprégner des éléments. Néanmoins, sans vouloir le comparer aux publications actuelles, le tout m'a semblé assez vieillot. Je n'ai pas accroché, il est vrai que ce n'était peut-être pas le bon moment, je venais de sortir d'un chef-d'oeuvre littéraire. Où alors, je ne suis pas tombé sur le meilleur de la série. Je retenterai le coup à l'occasion, peut-être.
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A mon avis il ne faut pas commencer par celui-ci si on veut apprécier le talent de Simenon.

Évidemment c'est ce que je viens de faire!

Mais j'ai cependant pu appréhender l'art de l'auteur dans sa manière de créer une atmosphère et un Maigret fatigué, trop frenchy,
Et pourtant toujours incisif.
Pour moi il manque ,cependant du tragique à l'intrigue.
Je vais tenter d'autres ouvrages de l'Auteur.





























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