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Vous aimez les romans d'Emile Zola ? Les films de Ken Loach ? Vous rêvez d'Amérique et pensez encore que tout y est possible ? Si vous répondez positivement à au moins une de ces questions, ce livre est fait pour vous.
Upton Sinclair met en scène, en 1900, une famille lituanienne partie tenter sa chance de l'autre côté de l'Atlantique. Il parait qu'à Chicago, les abattoirs embauchent à tour de bras et que les salaires y sont élevés. Jurgis, Ona, Elzbieta, Marija et les enfants rassemblent leurs économies et quittent leur campagne lituanienne natale pour rejoindre la terre de l'oncle Sam. Ils vont y découvrir l'enfer.
L'enfer, Upton Sinclair le décrit avec un factuel glaçant. Quarante ans avant la publication des Raisins de la colère (Steinbeck), il expose la perversion du capitalisme sous tous ses angles possibles. Esclavage ouvrier, corruption des élus, impunité judiciaire, fraude alimentaire… Dans le quartier des abattoirs de Chicago, le pouvoir du trust de la viande n'a pas de limites. L'horreur des conditions de travail est indescriptible. L'hygiène alimentaire, inexistante. le destin des malheureux émigrés, aussi innocents à leur arrivée dans cette jungle humaine que le bétail qu'ils contribuent à transformer en chair à saucisse avariée, est scellé d'avance. Leur vigueur est siphonnée en quelques jours. Leurs économies volées par les rapaces de l'immobilier, des transports, de la médecine, de la justice et j'en passe. Leur avenir, nul. Tenter sa chance à Packingtown, c'est se condamner au désespoir et à une mort certaine.
Oui, tout est possible en Amérique. Upton Sinclair dénonce avec une telle force la réalité des conditions de travail aux abattoirs de Chicago, qu'après la parution de la Jungle et le scandale que le roman provoque, Theodore Roosevelt ordonnera une enquête qui conduira à la création de la FDA (Food and Drug Administration). C'est là une ironie bien amère qu'Upton Sinclair analysera avec les mots suivants : « J'ai visé le coeur du public et par accident je l'ai touché à l'estomac. ». Ou dit autrement, on se fout de protéger les ouvriers ; par contre, préservons le palais délicat des plus riches, n'est-ce pas ?
Je vous laisse découvrir par vous-même l'espoir vain sur lequel se termine La Jungle. La société américaine a-t-elle progressé en matière de protection sociale, cent-vingt ans après la parution du livre ? Rien n'est moins sûr.
Lien : https://akarinthi.com/2023/0..
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The Jungle, Upton Sinclair, Penguin Modern classics.

Voila un livre important que j'ai eu plaisir à lire dans sa version américaine, avec son vocabulaire particulier, les interventions compatissantes, discrètes, ou plus lyriques de l'auteur sur les aventures/mésaventures de Jurgis et de ses proches.

D'origine lithuanienne, « notre ami » débarque en candide aux USA, et plus précisément dans le complexe industriel de Chicago ; Comme tout immigré sans le sou, il doit affronter de multiples difficultés d'intégration, en particulier dans le monde des abattoirs où il travaille, ou se fait licencier dans tous les services de cette gigantesque boucherie/conserve.

L'analyse d'Upton Sinclair ne rejoint pas l'éloge de l'épopée industrielle du travail automatisé qui garantit une nourriture de qualité à grande échelle ! Bien au contraire, dans ce roman naturaliste, on suit le parcours du combattant, dépourvu de droits sociaux, comme celui du porc dont l'utilisation est intégrale, jusqu'aux poudres d'engrais et aux soies de brosse à dents. Tout est recyclé, « sauf le couinement du porc », dans un tableau qui annonce - livre paru en 1906, l'aspect industriel du génocide de la seconde guerre mondiale (abat-jours en peau, « ton grand père, ils en ont fait du savon » ! etc.)

Le monopole industriel, le règne de la publicité, du leasing et autres escroqueries commerciales qui bafouent le droit et la plus élémentaire honnêteté, est décrit avec une acuité convaincante, si bien que la vie entraîne « poor Jurgis » dans le dédale de la cité et de ses bas-fonds. Tous les méfaits du capitalisme sont explorés d'un regard acéré, avec les fléaux sociaux qu'il implique.

Un auteur moderne aurait certainement insisté sur les cruautés de l'abattage, la préoccupation de l'auteur est essentiellement focalisée sur le sort réservé au prolétariat. Jurgis fera partie des clochards, des travailleurs itinérants de l'agriculture, il connaîtra les grèves, les magouilles politiques et syndicales orchestrées par le patronat.

La dernière partie intéresse aussi puisque réservée à l'utopie socialiste dans ses différentes formes.

Après la condition du travailleur, l'éveil des idéologies, c'est donc un panorama complet du capitalisme effréné au début du XXe siècle. On est de plus concerné par la qualité de la nourriture mise en conserve.

L'ouvrage m'a paru passionnant, tant pour l'intérêt de l'histoire que pour ce tableau vécu d'un capitalisme fort bien organisé ; Là encore on voit que la prospérité de l'entreprise ne garantit pas intégralement le bien-être du travailleur…
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LA JUNGLE d' UPTON SINCLAIR
On suit l'arrivée d'une famille lituanienne aux États Unis plus particulièrement à Chicago. Ils vont découvrir les conditions de vie et de travail épouvantables dans les abattoirs puis les usines d'engrais. Véritable dénonciation de ces conditions dans les années 1900 ce livre sera directement à l'origine de plusieurs lois qui réformeront le marché du travail et les conditions d'exploitation. Un livre choc qui ne laisse pas indifférent.
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Quand l'on parle des lettres américaines l'on oublie trop souvent Upton Sinclair qui pourtant en quelques oeuvres est devenu l'une des plus grandes plumes de l'histoire. Cet opus publié en 1905 aborde les conditions de vie terribles des travailleurs des abbatoirs de Chicago. Cette plongée dans l'envers du décor n'épargne rien au lecteur. Tout est abordé frontalement ici , et l'okn suit sans lacher cette famille lituanienne qui a fuie son pays pour une vie meilleure .... La lutte contre le néant de cette famille est passionante , malgré la crudité qu'elle fait paraitre. Un tel naturalisme peut faire penser à Zola , pour autant Sinclair évite ici le misérabilisme de l'auteur de Germinal . Certes , rien n'est rose et la brutalité est omniprésente ici , y compris avec les syndicats , d'on l'on voit bien la main mise , pas toujours favorable aux travailleurs qui sont broyés implacablement par cette machine qui épuise les corps avant de les abandonner exsangues.... Une telle oeuvre de par l'urgence qui transpire dans ces pages , s'avére fondamentale pour qui veut réelement comprendre la détresse des travailleurs de cette époque ... Sutout que hélas rien n'a changé depuis....
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Roman naturaliste et social qui a le mérite de la pédagogie.
Au-delà des clivages politique, il peut se lire comme une description factuelle des conditions de travail des travailleurs, immigrés pour la plupart, il y a un peu plus d'un siècle.
Et comment le capitalisme sans garde-fou peu mener à une misère sans nom, au mépris des travailleurs, mais aussi des consommateurs.
J'ai lu quelques critiques qui affirmaient que cela n'avait pas beaucoup changé depuis ; je pense au contraire que personne, personne aujourd'hui ne pourrait cautionner cette exploitation institutionnelle, encadrée et régulée par la police.
Les raisons de se révolter ne manquent certes pas dans notre monde actuel, mais on ne peut nier le progrès réalisé depuis cette époque.
En revanche, on aurait pu se passer du discours militant final (que j'ai lu en diagonale, j'avoue !) car la démonstration par l'exemple était à mon avis suffisante.
J'ai apprécié le style évocateur, qui parfois me rappelait du Maupassant dans la façon de raconter un destin en quelques phrases.
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Contrairement à son roman ''pétrole!'', le roman ''La jungle'' de l'auteur Upton Sinclair est un roman coup de poing.

Un roman sur la condition ouvrière. Ce n'est pas réellement un roman d'éducation, excepté vers la fin. C'est plutôt un roman : «Je te colle le nez dans ta merde» (pardonnez-moi les termes utilisés). Ainsi, on aime ''la jungle'' et ''Pétrole'' pour des raisons assez différentes. le premier consiste à montrer à la face du monde plusieurs chemins de vie possible d'un ouvrier (peu reluisant) tandis que le deuxième cherche à éduquer son lecteur par rapport au monde qui l'entoure. En d'autres termes, un roman coup de poing versus un roman qui fait appel à la raison et à l'intellect.

Upton Sinclair, quelquefois appelé le Zola américain, à fait son roman à partir d'un travail journaliste sur les conditions de travail dans les abattoirs. Il a parcouru quelques abattoirs, un sceau à la main pour se fondre dans le décor et à lui-même assisté au travail acharné des ouvriers.Il a également assisté à des scènes de la vie quotidienne. À ce titre, son roman est une image des conditions de vie et de travail des ouvriers de cette époque pas très lointaine.

Toutefois, il est difficile de donner une note parfaite. Il a trop voulu faire vivre d'expériences à son personnage principal. Ainsi, il est ouvrier dans plusieurs départements, chômeur (jusqu'ici, ça va), , vagabond, gangster, responsable politique mineure, contremaître corrompu et finalement, à nouveau, ouvrier éclairé par une éducation socialiste. Tout cela, il aurait pu le séparer entre quelques personnages ou au moins, deux. Mais, il a voulu montrer plusieurs facettes, peut-être trop.

Cela dit, le livre est excellent. L'écriture n'est pas rebutante pour celui qui voudrait avoir une vue partielle sur ce que pouvait être la vie d'un ouvrier au début des années 1900.
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Un livre qui m'a bousculé, révolté par son sujet.
Je n'ai pas arrêté de relire sa date de parution et me suis dit mais est ce que les choses ont réellement changé depuis la parution de ce roman.
Samedi soir j'ai regardé sur LCP un documentaire sur les "opérateurs" des abattoirs et quel effroi d'entendre certains échos sur ces témoignages et des pages de ce roman de Upton Sinclair, écrit en 1906.
L'auteur va nous raconter la vie de Jurgis, lituanien, qui est venu chercher le rêve américain, une vie meilleure En 1900, il est à Chicago avec sa jeune épouse, Ona, sa belle mère et des cousins. Ils vont survivre dans cette jungle, trouver du travail dans les abattoirs, premier employeur de cette ville. Romanesque, avec un style journalistique, Upson Sinclair nous parle de cette Amérique du début du 20e siècle : le début du capitalisme, de l'industrialisation, de l'American dream, mais quel constat éprouvant. L'auteur décrit très bien cette vie d'ouvriers, de misères, d'espoirs, de désillusions, de combats....
J'avais lu Pétrole ! de cet auteur et avait déjà apprécié son texte, un peu plus romanesque que celui ci.
Un texte même si quelquefois sa lecture est éprouvante et révoltante, il faut le lire car c'est un grand texte romanesque mais aussi un témoignage sur Chicago, l'américan dream, la condition ouvrière.
Ironie de mes lectures, je suis en train de lire et apprécier la lecture de "la femme révélée" de Gaëlle Nohant et celui ci se passe un peu plus tard à Chicago en 1950-1960 et les conditions sociales ont un peu évolué.
Quand le romanesque nous parle de la vie, des espoirs, des combats menés et qu'il faut malheureusement continués à mener.

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Bien que l'histoire de ses héros soit fictive, le roman d'Upton Sinclair a la précision d'un témoignage, presque d'un documentaire. En nous plaçant aux côtés d'une famille d'immigrés lituaniens dans le Chicago du début du XXème siècle, il dresse un tableau exhaustif et terriblement réaliste de la condition ouvrière de l'époque, mais s'attache aussi à mettre en évidence le fléau que représente le nouveau modèle économique symbolisé par les trusts américains, en prenant l'exemple de la filière viande.

Ona et Jurgis sont au centre du clan dont nous faisons la connaissance, le roman s'ouvrant sur leur cérémonie de mariage, alors que le jeune couple est aux Etats-Unis depuis quelques mois. Ils se sont connus en Lituanie, et rapprochés à la mort du père d'Ona, propriétaire terrien qui voyait d'un mauvais oeil que Jurgis, travailleur et sincère mais pauvre et illettré, tourne autour de sa chère fille, cultivée et habituée à un certain confort. Ona orpheline, et la fortune paternelle n'ayant pas fait long feu, Jurgis n'a guère eu de peine à la convaincre de le suivre pour tenter leur chance en Amérique. Ils partent accompagnés de Marija, l'exubérante et vigoureuse cousine d'Ona, de sa belle-mère et de ses cinq enfants, du frère de cette dernière et du père de Jurgis.

Passées les vicissitudes du voyage, qui voit fondre leurs maigres économies -ils sont bien sûr la proie de profiteurs en tous genres-, ils s'installent à Packingtown, quartier des abattoirs de Chicago, où les hommes de la famille et la solide cousine trouvent rapidement du travail. Les nouveaux arrivants sont alors subjugués par l'ampleur et la perfection technique de ce qui représente une ville à part entière : les abattoirs sont sans doute la plus grosse concentration de main-d'oeuvre et de capitaux qui ait jamais existé. Comptant trente mille employés, ils nourrissent trente millions de personnes de par le monde, et des milliers de boeufs et de cochons y sont tués chaque jour.



Bientôt, nos héros quittent la chambre crasseuse et minuscule dans laquelle ils s'entassaient depuis leur arrivée pour une petite maison soi-disant neuve qu'ils achètent, comptant sur le cumul des revenus des hommes de la famille pour en régler les traites...

La réussite semble leur sourire, mais ce n'est qu'une illusion...

Le travail à la chaîne pour un salaire de misère, à des cadences toujours plus soutenues, sans aucune mesure de sécurité, l'absence de protection sociale, rendent quotidien le risque d'accident ou de mort, par ailleurs exhaussé par des conditions de vie insalubres. Jurgis perd son père, emporté par la tuberculose, puis un accident de travail le maintient alité pendant plusieurs mois. A partir de là, tout semble se liguer contre eux. Les dépenses imprévues se multiplient, ils découvrent avoir été arnaqués lors de l'achat de leur maison, Marisa se retrouve elle aussi au chômage suite à la fermeture de la conserverie où elle peignait des boîtes... Lorsque Jurgis peut de nouveau travailler, il a perdu sa constitution robuste et son endurance, et doit se contenter de tâches de plus en plus viles, difficiles et mal payées.

Même le climat est contre eux, chaque saison faisant subir ses contraintes. Au printemps, c'est la pluie qui transforme tout le quartier, dépourvu de rues, en marécage, ses habitants devant parfois progresser plongés jusqu'aux aisselles dans une eau souillée pour rejoindre leurs logements. En été, ce sont les températures accablantes qui rendent les ateliers irrespirables, et provoquent de nombreuses morts par insolation. le froid et la neige de l'hiver font des trajets pour joindre les lieux de travail une aventure parfois fatale pour les doigts et les oreilles...

Une véritable descente aux enfers, en somme, que partage le lecteur horrifié.

Les conditions de vie et de travail de tous ces hommes et femmes, de ces enfants aussi -puisque malgré la récente interdiction du travail aux moins de seize ans, les parents, pour survivre, n'ont souvent d'autre moyen que de mentir sur l'âge de leur progéniture- sont si dures, si dangereuses, si méprisantes du respect de l'individu que c'en est à peine supportable.
Ces ouvriers sont considérés non pas comme des individus d'ailleurs, mais comme de la main d'oeuvre, dont on tire le maximum au meilleur prix, et que l'on jette sans scrupule lorsqu'ils ne sont plus utilisables. Et c'est d'autant plus facile quand on a affaire à des travailleurs immigrés, ignorants de la langue et des usages de leur nation d'accueil.



C'est ainsi une nouvelle forme d'esclavage que dépeint Upton Sinclair, confortée par la toute puissance d'industriels engagés dans la course du profit à outrance, justifiant les pratiques les plus malhonnêtes, voire les plus délétères pour ceux qui en sont les victimes. Ainsi, dans les abattoirs, rien ne se perd : la graisse évacuée dans des eaux polluées est récupérée pour fabriquer du saindoux (auquel s'ajoute parfois les restes d'un ouvrier tombé dans la cuve), les carcasses de boeufs tuberculeux sont vendues après avoir été "maquillées", des alchimistes colorent les déchets pour en faire des conserves... Et ces mystifications à but lucratif s'étendent aussi au quotidien des habitants de Packingtown, dont les logements sont construits, en l'absence de tout-à-l'égout, sur des déjections, dont les aliments sont frelatés (des sels de cuivre sont ajoutés dans les conserves pour rehausser la teinte des légumes, le lait est étendu d'eau et additionné de formol...) dont les vêtements sont faits de coton additionnés de déchets de laine retissés,...

Tous les niveaux de la société sont d'ailleurs gangrenés par la corruption : la police, la justice, les services d'inspection sanitaire... sont à la solde des trusts dont ils servent les intérêts.

Face à cette puissance a priori invincible, à cette iniquité a priori inéluctable, que faire sinon capituler ? La prérogative quotidienne de la survie, créent une angoisse permanente. La misère est âpre, cruelle, mais surtout sordide, triviale, laide, et humiliante : beaucoup perdent tout respect d'eux-mêmes, sombrent dans l'alcoolisme, se perdent dans la prostitution... L'enthousiaste et responsable Jurgis devient dur, cynique. Il reprend toutefois espoir le jour où, ayant pénétré dans une salle de réunion pour s'abriter du froid, il entend un discours nouveau, qui invite à la lutte...

"La jungle" est un récit dur mais édifiant, dans lequel Upton Sinclair a su allier le souci d'une rigueur quasi journalistique (il a passé six mois à enquêter dans les abattoirs, où il s'est même fait embaucher) à un sens du romanesque justement dosé. Bien que riche en descriptions parfois très détaillées, son récit n'est ainsi jamais fastidieux, la dimension sociale de son texte n'occultant pas l'importance de ses personnages. Son écriture est par ailleurs très vivante, faisant naître images et odeurs à l'esprit du lecteur, et enrichie d'un humour -certes noir- et d'une implication ironique qui met d'autant plus en lumière l'absurdité monstrueuse du monde qu'il évoque.

A lire, bien sûr !

N.B : à sa sortie, en 1906, cet ouvrage fit scandale. Mais au grand regret de son auteur, c'est davantage le scandale sanitaire qui interpella ses concitoyens que les conditions de travail inacceptables des ouvriers. Un rapport d'enquête sera exigé par le président Roosevelt à la suite de la parution de "La jungle", qui aboutira à l'adoption de deux lois sur l'inspection des viandes.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Upton Sinclair (1878-1968) était un journaliste et écrivain américain socialiste. La jungle est parue en 1906. Ce roman raconte l'histoire d'une famille de migrants lituaniens venue chercher fortune à Chicago. le personnage principal est Jurgis Rudkus, un jeune homme grand et fort, courageux, enthousiaste et naïf. Il est prêt à travailler toujours plus pour améliorer le sort de ses proches. Il va s'apercevoir assez vite que l'honnêteté ne fait pas le poids face au capitalisme sauvage et aux corruptions de tous genres.



Les membres de la familles trouvent à s'embaucher dans différentes entreprises liées de près ou de loin aux abattoirs de Chicago : abattage des animaux, découpe de la viande, fabrication de saucisses, conserverie, fabrication d'engrais... C'est l'occasion pour l'auteur de dénoncer de nombreux scandales :



Le scandale des conditions de travail et de vie des ouvriers : aux abattoirs, les conditions de travail sont extrêmement pénibles (efforts physiques, bruit, odeurs, longues journées) et dangereuses vu les machines utilisées et les cadences infernales. Les emplois sont précaires, les ateliers ferment de façon saisonnière, souvent l'hiver et de nombreux travailleurs se retrouvent alors à la rue dans le froid et la neige. Dans l'espoir de garder son logement, la famille Rudkus est obligée de mettre au travail vieillards et enfants. L'auteur dépeint tous les abus dont sont victimes les travailleurs pauvres : marchands de sommeil, prostitution, insalubrité, pollution, manque de soins... Les Etats-Unis étaient alors un pays émergent, on pourrait lire quasiment la même chose sur des ouvriers chinois aujourd'hui.




Le scandale de l'abattage des animaux : Les cochons, notamment, sont présentés comme des individus distincts : "Chacun d'entre eux était un être à part entière. Il y en avait des blancs, des noirs, des bruns, des tacheté, des vieux et des jeunes. Certains étaient efflanqués, d'autres monstrueusement gros. Mais ils jouissaient tous d'une individualité, d'une volonté propre ; tous portaient un espoir, un désir dans le coeur. Ils étaient sûrs d'eux-mêmes et de leur importance. Ils étaient pleins de dignité. Ils avaient foi en eux-mêmes, ils s'étaient acquittés de leur devoir durant toute leur vie, sans se douter qu'une ombre noire planait au-dessus de leur tête et que, sur leur route, les attendait un terrible Destin."

Le parallèle est fait entre le sort des bêtes et celui des hommes : "Jurgis se rappelait combien il avait été frappé, à son arrivée à Packingtown, par la cruauté sauvage qui présidait à l'abattage des cochons, et comme il s'était félicité de ne pas faire partie du troupeau. Son nouvel ami lui prouva qu'en fait il n'avait été qu'un des innombrables porcs passés entre les mains des patrons des conserveries. Ces gens-là ne s'intéressaient à ces animaux que pour les profits qu'ils pouvaient en tirer. Eh bien, leur attitude envers les travailleurs et la population était la même. Ce que la bête pensait ou ce qu'elle endurait n'entrait pas en ligne de compte, et ils faisaient preuve de la même indifférence vis à vis de la main d'oeuvre et des consommateurs de viande."



Le scandale de l'industrie agro-alimentaire : tous les déchets de viande les plus infâmes sont utilisés dans la fabrication du jambon et des saucisses. La description en a choqué les consommateurs américains, ce qui a entraîné la mise en place de contrôles sanitaires les abattoirs. Upton Sinclair déplorait d'avoir été plus entendu sur ce point que sur la condition ouvrière : "J'ai visé le coeur du public et par accident je l'ai touché à l'estomac".



L'ouvrage se termine par une présentation de la solution à tous ces maux : c'est le socialisme. J'apprécie particulièrement la description par un militant enthousiaste à un public émerveillé de ce que sera l'agriculture de demain, mélange de science et de collectivisation : "Ayant grandi dans une ferme, je sais l'épouvantable monotonie du travail des champs et j'aime à me représenter ce qu'il deviendra après la révolution. Je vois déjà l'énorme machine à planter les pommes de terre, tirée par quatre chevaux ou mue à l'électricité, qui creusera les sillons où elle enterrera à intervalles réguliers les tubercules qu'elle aura au préalable découpés, le tout à raison de vingt arpents par jour ! Je vois aussi le superbe engin à ramasser les pommes de terre, fonctionnant à l'électricité peut-être, qui parcourra un champ de mille arpents, soulèvera la terre pour en extraire les tubercules et les entasser dans des sacs ! (...) J'imagine déjà les moissons futures : des millions d'hommes et de femmes qui se réjouiront de venir passer l'été au grand air, transportés par trains spéciaux, libérés de la crainte du chômage puisque la quantité de bras nécessaires aura été calculée à l'avance". Mais c'est l'URSS de Staline, ma parole ! L'enfer est pavé de bonnes intentions.



J'ai apprécié cet excellent ouvrage que j'ai trouvé passionnant, bien documenté manifestement. C'est un récit coup de poing, pas toujours agréable à lire car Jurgis descend aux Enfers mais j'en ai dévoré les 500 pages en trois jours. C'est instructif sans être ennuyeux ou fastidieux. La fin est un peu moins réussie à mon avis mais je reviendrai sans doute prochainement vers Upton Sinclair.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Jurgis, lithuanien, jeune homme plein de vitalité, de force et de courage s'exile avec sa future femme Ona et sa famille à Chicago pour sortir de la misère de son pays.
Ils se retrouvent tous près « des abattoirs », le plus grand « Trust de la viande » et là commence pour eux, une vie d'enfer.
Entre la recherche d'un travail, d'un logement, puis le maintien au poste de travail difficilement acquis, sans se faire écraser, blesser, frapper, escroquer par des contremaîtres, des chefs tout puissants et surtout qui ont tous les pouvoirs, ils ne s'en sortent pas. La maladie, le froid, la famine, la vermine sont leurs lots quotidiens.
Et puis un vrai malheur arrive dans cette famille, c'est la goutte d'eau qui décide Jurgis à fuir, tout laisser : la famille dans la misère, les enfants tout il quitte tout, il s'enfuit. Il ne veut plus s'occuper que de lui.
Va suivre pour lui une vie de malfrat, de voleur, de proxénète où il a enfin de l'argent, sale certes, mais de l'argent. Naif, il se fait encore et encore avoir, et il rechute. Il se retrouve clochard, dans la rue, mendiant grelottant de froid et de faim couvert de vermine. Et puis un soir il entre dans une salle où un tribun parle encore et encore très longuement. Les mots endorment Jurgis, il se fait sortir d'ailleurs. Mais i l y revient et là il prend conscience en écoutant des « camarades » que cette vie peut changer, il suffit de le vouloir tous…. Il est subjugué, il devient militant socialiste. : Un jour Chicago sera à eux…
Un récit passionnant, très dur où les détails ne sont pas écartés. On plonge dans la fange d'une société qui manipule les hommes et les animaux avec la même cruauté mais qui dispose de tous les pouvoirs et a mainmise sur toutes les instances.
Un livre à lire absolument. Il remet les pendules à l'heure et nous montre le chemin….
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