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3,74

sur 125 notes
Attention : propos déroutant mais bienveillant.


Quand mon jeune frère m'a mis ce bouquin dans les mains, je ne me doutais pas qu'il s'agissait d'une biographie romancée des pérégrinations de Gandhi en Afrique de Sud. Bon, j'aurais pu lire la quatrième de couverture qui résume bien l'histoire, c'est vrai. Sinoué, j'en apprécie le talent de conteur et c'est avec plaisir que j'avais lu de ses romans historiques en des temps pré-babeliens commençant par L'enfant de Bruges, dont je me souviens, enthousiaste, avoir recommandé la lecture ; et plus récemment, d'une toute autre veine, plus psychologique, L'homme qui regardait la nuit, peut-être mon préféré, le seul que j'ai chroniqué. Aussitôt reçu, aussitôt lu donc, pour pouvoir le rendre rapidement bien entendu^^.


Cela et le film Gandhi vu à sa sortie en salle début des années 80, difficile de nier un effet de halo même si je continue à défendre que tout livre mérite d'être apprécié dans l'absolu. Satyagraha : « le combat pour la vérité » entré dans l'Histoire marque l'inconscient collectif. Par honnêteté il me faut donc partager mes émotions contrastées au sortir du cinéma des galeries, aujourd'hui disparu. Admiration sans borne pour le courage physique, l'intelligence roublarde et la détermination sans faille du Mahatma, étonnement teinté de scepticisme par rapport à certains positionnements, colère quant à sa façon de traiter ses proches, sa famille. L'apôtre de la non-violence, je le considérais aussi tyran domestique, égoïste et égocentrique. Le passage qui m'avait le plus marqué ? Ce voyage en diligence (au départ de Charlestown en Afrique du Sud en date du 5 juin 1893) émaillé d'incidents, immédiatement suivi le 7 par la nuit de Maritzburg.


Point de basculement dans la vie de ce jeune avocat indien jusque là timide et qui s'engage à ce moment précis dans la résistance civique non-violente, pas étonnant que Gilbert Sinoué titre ainsi son roman à la fin duquel j'éprouve le même malaise vis-à-vis de la personnalité de Mohandas Karamchand Gandhi. Rien de changé si ce n'est que la colère aveugle s'est en partie transmutée en tristesse. Car effectivement ce nouvel éclairage confirme un type de personnalité que les psys ont maintenant associée à deux mots qui condamnent à la vindicte populaire toute personne ainsi étiquetée : Pervers Narcissique.


Gandhi : pervers narcissique, ouvre grand les portes à un questionnement multiple, pour moi la marque d'un grand livre ! Au cours des réflexions qui prolongent ma lecture, cette pensée notamment me traverse : Et si l'admirable accomplissement de Gandhi résultait justement du fait qu'il était ce qu'il était ? Aujourd'hui, serait-il emprisonné pour d'autres raisons ? Donc j'ai de loin préféré son fidèle Hermann Kallenbach parce qu'Allemand il embrasse par amour une cause étrangère, seule sa soumission excessive m'inpportune quelque peu, en fin de compte ma véritable héroïne sera une personne moins connue mais ô combien attachante Sonja Schlesin, au départ simple secrétaire…


Mais que l'on ne se m'éprenne pas, en ces temps troublés que n'avons-nous un nouveau Mahatma : « Grande Ame » pour prôner en toute dignité la Satyagraha ? Quant à moi si loin de ces engagements admirables je ne peux en juger aucun, juste émettre mon ressenti le plus honnête et espérer l'effet papillon.
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Une étonnante plongée dans ce que fut la genèse du destin hors du commun de Gandhi. le roman de Gilbert Sinoué nous raconte comment le simple petit avocat, timide et peu affirmé, débarqué en Afrique du Sud pour représenter une entreprise indienne va se transformer en "Mahatma" (grand âme). Découverte de la ségrégation raciale et des violences à l'encontre des "non blancs" ,humiliations directes,tout ceci va construire Gandhi qui sacrifiera tout à ce premier combat, sorte de répétition générale, même s'il ne le sait pas encore, de ce qui l'attend plus tard en Inde.

Mais le roman est aussi et surtout celui de sa relation "amoureuse" bien que chaste avec Hermann Kallenbach, architecte juif allemand, le mieux placé pour observer la mue progressive de cet homme, qu'il aime mais dont il mesure également les dégâts collatéraux causés par l'acharnement de celui qui ne veut pas dévier de la cause qu'il défend. Sous le grand homme se cache un vrai tyran domestique, exigeant de sa famille en premier lieu, les sacrifices exemplaires qu'il demande à tous dans le combat (chasteté, végétarisme, obéissance, dépouillement…).

"Suis-je cet homme impitoyable? Un despote? Un personnage qui se sert des gens comme des instruments?"

Ces paroles prononcées par Gandhi résume parfaitement le portrait que nous dresse l'auteur à travers les mémoires d'Hermann Kallenbach, juif allemand, architecte à Johannesburg qui a rejoint la cause indienne et partager le quotidien et l'intimité du Mahatma pendant dix années.

Un roman historique passionnant qui nous laisse songeur sur la personnalité de Gandhi et qui nous fait découvrir un épisode peu connu de sa vie, prémices à son combat futur pour l'indépendance de l'inde.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Un portrait en noir et blanc qui ternit quelque peu la légende de Gandhi, l'apôtre de la non-violence. Alors qu'il est plus connu pour son action de résistance pacifique en faveur de l'indépendance de l'Inde, Gilbert Sinoué nous raconte sa vie d'avant, en Afrique du Sud où il initie sa croisade contre la discrimination raciale, les humiliations, la soumission aux colons européens.
Sa vie d'ascète prônant le jeûne et l'abstinence, le recours aux médecines naturelles, la chasteté et la pauvreté semblent bien excessives et me font penser aux flagellants du Moyen Age. Ce qui est le plus choquant, c'est sa façon d'imposer ses austères règles de vie à son entourage : femme, enfants et à son disciple et ami Hermann Kallenbach envers qui il se comporte en gourou fanatique.
"Vraiment, Hermann, suis-je cet homme impitoyable décrit par lui ? un despote ? Un personnage qui se sert des gens comme d'instruments ?"

Je m'interroge sur la part de vérité de ce récit qui révèle des aspects inconnus et troublants de la personnalité du Mahatma et de sa non moins troublante relation avec Hermann qui écrit : "J'avais vécu dix années auprès de Gandhi dans un état second. Dix années, plongé dans un maëlstrom géant".
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Un ouvrage à l'écriture plutôt simple, pas recherchée, pas stylisée. Choix qui s'explique par le fait que Gilbert Sinoué fait raconter à Hermann Kallenbach, architecte juif allemand immigré en Afrique du Sud, sa vie, qui, de fait, recherche une forme de simplicité suite à sa rencontre avec Gandhi et à l'amitié inconditionnelle qui s'est développée entre eux.
Nous assistons aux années africaines de Gandhi, vingt-trois années pendant lesquelles il a forgé progressivement son arme de résistance passive (mais pas sans violence - surtout vis-à-vis de soi-même) pour défendre les droits des Indiens en Afrique du Sud. Arme qu'il utilisera par la suite de retour en Inde, pour la libérer du joug britannique.
Le style ne m'emportant pas, j'ai été surprise d'être happée par le récit de cette lutte mais elle est loin d'être monotone : des combats sans relâche, la persévérance et l'abnégation d'un homme et d'un peuple, jamais à court d'idées et de sacrifice pour essayer de faire plier des politiques sans foi ni loi, un environnement quotidien aménagé par ces hommes et ces femmes (communautés à peu près auto-suffisantes) pour mieux répondre à leurs besoins et à leurs valeurs. Cela force le respect.
Pour autant, ce roman n'est pas un éloge de Gandhi, de ses méthodes, de son style de vie. Il est montré dans toute sa dureté, qui peut prendre une certaine forme de violence, vis-à-vis de lui-même et de son entourage, en particulier de sa famille.
Dans la dernière partie qui évoque l'entre deux geurres mondiales, on découvre davantage Hermann Kallenbach, qui mène de nouveau sa propre vie, et qui s'investit dans le mouvement sioniste en recherche de l'appui de Gandhi.
J'ai trouvé très intéressant d'observer les convergences et divergences des luttes entre les différentes minorités (indiennes d'Afrique du Sud, indiennes d'Inde face à l'Empire britannique, juives d'Allemagne et de Palestine), les jeux de réseaux très forts entre ces différents activistes. Un panorama intéressant de la première moitié du XXème siècle dans des parties du monde que j'ai pour ma part peu l'habitude de fréquenter. J'ai appris beaucoup de choses et cela m'a donné envie d'en savoir plus sur l'histoire de l'Inde, de l'Afrique du Sud et de la région Israël / Palestine.
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Ce livre est un roman historique très documenté sur le parcours de Mohandas Karamchad Gandhi. Nous assistons à la naissance du Mahatma.

Avocat en Afrique du Sud, "il gagnait beaucoup d'argent, vivant comme un patriarche, mais n'en tirait guère de satisfaction" (p 99). Jusqu'à cette nuit de Maritzburg où, victime de ségrégation, il prend conscience du combat à mener pour que la minorité indienne d'Afrique du Sud obtienne l'égalité des droits.

Commence alors un parcours de plus de dix ans pour le narrateur, Hermann Kallenbach, juif allemand, architecte à Johannesburg. ''Comment a-t-il pu aimer un homme si peu attachant''? Cette question, Hermann se la posera régulièrement après leur séparation en 1914.
Pendant dix ans, il a rejoint la cause indienne, investissant sans compter, partageant le quotidien, l'intimité de Gandhi. Il est ''envoûté'', et il a la ''jubilation de servir enfin à quelque chose''. Mais surtout, il avait conscience du Gandhi en devenir.

Ses mémoires, sous la plume de Sinoué, oscillent entre temps de l'écriture ( en janvier 1945, lorsqu'il décide de les rédiger), temps de la narration (le retour sur ses dix ans de vie commune avec Mohan, comme il appelle Gandhi), et retour en arrière, de la bouche de Gandhi, pour rapporter un événement antérieur à la rencontre entre les deux hommes.

Gilert Sinoué replace ces trois strates d'écriture dans le contexte international, pour mieux situé l'action de Gandhi. L'Afrique du Sud, l'Angleterre, la première Guerre Mondiale, la montée de l'antisémitisme et du nazisme dans l'entre-deux guerre, le sionisme.
On se rend compte alors que Gandhi était à la fois un visionnaire ( il avait compris avant tout le monde que la création d'un état d'Israël ne se ferait pas sans heurt), mais en même temps, il faisait preuve d'une grande naïveté et d'une incroyable crédulité. En effet, il ne pouvait concevoir la noirceur du coeur humain, il faisait spontanément confiance aux hommes, ce qui l'amena à appeler Hitler "cher ami" dans un courrier daté de 1939.
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Gandhi, le grand homme, n'était pas parfait, c'est ce que l'on apprend ici à travers le regard d'Hermann Kallenbach qui l'a vénéré jusqu'à s'oublier lui-même. Il nous montre l'autre visage de l'homme, exigeant pour ses proches, car il voulait que tous adhèrent à ses propres convictions. On assiste à l'évolution de Ghandi en Afrique du Sud et à sa lente montée. Cette oeuvre est si bien construite qu'on ne se lasse pas d'aller d'un chapitre à l'autre. L'équilibre est parfait entre les moments plus intimes et les luttes sociales. Sinoué est vraiment un maître du roman historique et il sait garder notre intérêt. Quelle plume et comme il sait nous montrer l'homme sous l'image !
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A l'origine de cet achat, l'enthousiasme de Gérard Collard. L'homme, célèbre libraire, a effectivement beaucoup apprécié l'histoire, racontée par Gilbert Sinoué, de cette relation particulière qui liait Gandhi à Hermann Kallenbach, architecte juif allemand. Séduite par la présentation qu'il a faite du roman, influencée par son opinion, je n'ai pas su résister à son acquisition. Celle-ci n'est pas à regretter mais, je dois l'avouer, je ne partage pas l'enthousiasme du chroniqueur puisque j'ai été, moi, un peu déçue de ma lecture.

Ce roman est pourtant bien construit. L'histoire est bien racontée. La plume est agréable. Il a, je pense, de quoi satisfaire le plus grand nombre; celui qui n'est pas forcément informé sur Gandhi faute d'intérêt pour sa vie, sa trajectoire et son combat. Pour les autres, celles et ceux qui en savent beaucoup ou à peu près, comme moi, le roman perd un peu de son intérêt car on entend beaucoup plus Gandhî que Hermann Kallenbach. Alors oui, c'est Gandhî raconté par son ami/amant allemand qui le vénère mais c'est Gandhî quand même. C'est son combat en Afrique du Sud, sa personnalité, son mode de vie ... qui ont influencé Hermann Kallenbach au point qu'il disparaît complètement - ou presque- du récit pour apparaître véritablement une fois séparé de Gandhî, soit aux toutes dernières pages du roman. Sans doute, l'auteur veut-il nous dire par là que, dans le duo, la personnalité de l'indien était si imposante qu'elle en venait à écraser l'allemand tenu sous influence. Et c'est peut être là une construction réussie mais ça n'a pas empêché l'ennui. Je n'ai rien appris, rien découvert. J'ai lu ce que je savais déjà, le parcours de Gandhî ayant été découvert à travers certains films, certains documentaires et, dernièrement, à travers la biographie écrite par Jacques Attali. Je pensais, moi, que j'allais, dans ce roman, découvrir une nouveauté, quelque chose longtemps tenue au secret mais non. C'est l'histoire banale d'une amitié que certain(s) appellent un amour non consommé. Banale parce que cette relation n'a rien pour surprendre ou étonner. En tout cas, elle ne m'a pas du tout fait décoller. Gandhî et Hermann se sont aimés. Pas de quoi fouetter un chat. Pas de quoi en faire la découverte du siècle. Ce roman est à conseiller à toutes celles et ceux qui ne connaissant de Gandhî que le nom.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Je pense être dans une période de découverte de personnages.

Après Averroès, voici donc Ghandi.

C'est amusant de constater qu'on peut avoir une vue tronquée d'une personne juste parce qu'on ne nous en présente qu'une seule facette.

En effet, si tout le monde connaît le sage Mahatma Ghandi, figure de proue de la non-violence,il est intéressant de porter une attention à l'homme, au père, au mari.
C'est ce qu'on découvre dans ce roman par la voix de son ami Herman Kallenbach.

Personnellement, je ressors de cette lecture ébranlée par le constat qu'en vérité Ghandi est loin d'être le personnage public qu'on croit connaître.

Quel homme dur et impitoyable envers sa femme et ses enfants.
Je relève encore que, si la défense des droits des Indiens, l'a occupé toute sa vie ( ce que je trouve très bien), il était largement moins sensible aux droits des femmes quand il abusait de la sienne ai si qu'aux droits des Juifs quand il a estimé que cela n'avait pas de sens de leur donner un territoire.

Je pense que Gilbert Sinoue est un auteur de grand talent et qu'il a su, par le biais de documents sans doute, reconstituer cette amitié entre Herman et Ghandi pour nous la présenter le plus fidèlement possible.

Ma conclusion est la suivante : si le roman est un grand roman, Ghandi, lui, en tant qu'humain est, à mon sens, un petit personnage manipulateur.
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Ce n'est pas le premier de livre de Sinoué que je lis, et j'apprécie généralement son talent de conteur. En outre, le personnage de Gandhi, dont il retrace les années de formation, suscitait grandement mon intérêt. En effet, si je connais comme tout le monde cet apôtre de la non-violence, j'ignorais en revanche tout de sa personnalité et de sa trajectoire.

De ce point de vue, ce livre est tout à fait instructif: loin du personnage certes déterminé mais indulgent que l'on pourrait imaginer, on y découvre un Gandhi autoritaire et intransigeant plutôt inattendu... du moins au premier abord. Car si on y réfléchit bien, non-violence ne veut certainement pas dire indolence. Sinon, comment aurait-il pu faire plier la nation anglaise pour obtenir l'indépendance de son pays ?

C'est donc en Afrique du Sud que Gandhi a initié et affûté l'arme de la non-violence pour faire respecter les droits des Indiens qui s'y trouvaient alors et subissaient une discrimination. Sinoué nous permet de comprendre la stratégie de Gandhi : en refusant de s'opposer de manière frontale à l'oppresseur, il poussait ce dernier vers ses limites et ses contradictions, et le contraignait à devoir assumer les conséquences de sa politique au-delà de ce qu'il avait lui-même envisagé et de ce qu'il était en capacité de gérer. Il se voyait ainsi déstabilisé par une forme de résistance passive à laquelle il n'était pas préparé et ne savait clairement comment répondre.

Il fallait sans doute une personnalité telle que celle de Gandhi pour que cette conception de la lutte aboutisse au succès que l'on sait. A lire le livre de Sinoué, «obstination» paraît un terme bien faible pour caractériser le Mahatma. Là où l'on s'attendait à découvrir un être d'une infinie tolérance, on voit un homme s'infligeant une hygiène de vie extrêmement stricte, voire d'une cruelle sévérité. Surtout, on apprend qu'il imposait à son entourage de suivre les règles qu'il avait édictées, n'hésitant pas à mettre leur vie en danger pour ne pas y déroger. C'est le portait d'un homme déterminé mais tyrannique qui nous est brossé.

Enfin, Sinoué nous fait toucher les limites de la philosophie de Gandhi lorsqu'à la fin du récit, il reproduit une lettre qu'il adressa à Hitler en juillet 1939. Interpellant son «cher ami» au nom de la sauvegarde de l'humanité, il le conjure en des termes fort déférents de tout faire pour éviter que n'éclate à nouveau la guerre. On imagine sans peine le crédit qu'accorda Hitler à un tel courrier...

Si le récit m'a parfois semblé un peu poussif, il offre néanmoins un intérêt historique et permet de mieux comprendre comment l'arme de la non-violence, qui pourrait paraître vaine face à un oppresseur, peut permettre d'accéder à la victoire. Pour autant, une telle posture exige d'être inflexible et n'est pas sans faire de victimes.
Un livre qui permet d'amorcer une réflexion intéressante.
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Mohandas Karamchand Gandhi, nous le connaissons tous. L'apôtre de la Satyagraha, le père fondateur de l'Indépendance de l'Inde est une des grandes légendes humaines du XX° siècle. Mais dans son Livre La nuit de Maritzburg, Gilbert Sinoué nous emmène à la rencontre du jeune avocat indien débarquant en Afrique du Sud. Une étape moins connue de sa vie qui pourtant va le façonner et fera de lui un jour le Mahatma, la Grande Ame…

Ce livre bien documenté nous fait découvrir au travers des yeux de son ami Herman Kellenbach, architecte juif allemand avec lequel il entretiendra une relation hors du commun pendant 10 ans, et d'un certain nombre d'écrits de MK Ghandi lui-même, sa lente et progressive transformation, la genèse de son devenir.

Point de départ du livre et sans doute événement marquant dans sa vie, le 7 juin 1893 est une date que n'oubliera jamais Ghandi, humilié par la police sud-africaine qui le contraint de descendre d'un wagon de 1ère classe où il n'est pas admis bien qu'ayant acheté son billet. Il fait connaissance avec la ségrégation raciale… Dès lors le combat pour l'égalité de droits ne cessera jamais. Au travers du journal « Indian Opinion » qu'il fonde, Ghandi devient le porte-voix de la communauté indienne d'Afrique du Sud et se battra pour leur obtenir ces droits, sans jamais abandonner un seul instant la lutte pour ses frères, faisant peu à peu plier le pouvoir britannique.

Ce livre dévoile l'homme qui grandit en lui, l'homme qui fédère, qui théorise la non-violence et la désobéissance civile pour en faire une arme au service de sa cause. L'auteur nous montre les rapports de Ghandi avec la Grande Bretagne tout au long de cette première moitié de XX° siècle, sa vision des conflits, son côté visionnaire, lui qui comprit avant tout le monde que la création d'un état d'Israel ne se ferait pas sans heurt.

Mais ce livre n'est pas une hagiographie de Ghandi, il révèle aussi la part sombre de l'homme, sa tyrannie domestique pour ses proches, son égoisme, son égocentrisme, son absolutisme de pensée le conduisant au refus du compromis, et à certains égarements politiques lorsqu'il écrira à Hitler en l'appelant « Cher Ami ». Car il y a en tout homme, aussi grand soit-il, un revers à la médaille hagiographique que l'histoire et les hommes peuvent lui dresser.

Gilbert Sinoué est un habitué des fresques historiques ( Avicenne ou la route d'Ispahan – Inch Allah – Un bateau pour l'enfer…). Avec la Nuit de Maritzburg il ne déroge pas à la règle. Il livre ici avec son écriture habituelle, un récit simple mais agréable à lire sur un homme, dont la vie croise l'histoire. Il nous livre une part de vie qui se transformera en destinée, celle d'un homme qui sans arme et sans violence, avec la seule force de sa conviction transformera la vie de millions de personnes. Il nous fait découvrir un Ghandi moins connu avec ses forces et ses failles, sans doute plus humain.

C'est un livre idéal pour aller un peu plus loin sur Ghandi, avec la richesse de l'argumentation dont s'est fait une spécialité Gilbert Sinoué. Une bonne façon d'apprendre l'histoire en dehors des manuels scolaires. Bonne Lecture !
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