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Clark Ashton Smith - Intégrale tome 1 sur 3
EAN : 9782354085889
Mnémos (21/09/2017)
3.99/5   72 notes
Résumé :
Zothique est le nom d'un continent. Un monde mythique de sortilèges, de prodiges, d'incongruités, de maléfices et de terreurs innombrables. Dans cet univers, l'amour et la mort ont les couleurs de l'illusion, et les hallucinations sont toujours moins effrayantes que la réalité. Dans les villes et villages, dans les forêts et les campagnes, les morts, les momies, les squelettes ne laissent aux vivants aucun répit et, sans cesse, les assaillent et les poursuivent. Si ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Fascinante dark fantasy
"L'étrangeté diabolique et la fertilité de la création de Clark Ashton Smith n'ont peut-être jamais été égalées par un autre écrivain, mort ou vivant. Qui d'autre a eu des visions aussi magnifiques, luxuriantes et déformées par la fièvre, de sphères infinies et de multiples dimensions, et y a survécu pour les exprimer ? " Ainsi Lovecraft proclamait-il son admiration pour Clark Ashton Smith dans Epouvante et surnaturel en littérature.
Cette admiration pour le "sculpteur de l'Invisible" ( Jacques Bergier ) , tous les lecteurs de ses oeuvres l'ont éprouvée : j'en veux pour preuve que les éditions épuisées de ses récits sont particulièrement recherchées par les amateurs et se vendent souvent à des prix astronomiques.
Aussi faut-il remercier les Editions Mnémos et les contributeurs à cette nouvelle édition, car il s'agit bien d'une nouvelle édition, et non d'une réédition : les récits de ce recueil bénéficient d'une nouvelle traduction par Julien Bétan, d'une grande qualité. Remercions-le lui aussi, car restituer le style somptueux de Klarkash-ton (surnom que lui donnait Lovecraft) n'est pas chose facile !
Ce premier volume concerne Zothique, dernier continent d'une Terre de la fin des temps, un univers baroque et décadent où se déploient sortilèges et fantasmagories, où nécromants, goules et squelettes dansent une sarabande infernale digne de Jérôme Bosch...
Grâce à son pouvoir visionnaire, grâce à la "magie de ses mots et de ses images", Clark Ashton Smith suscite dans nos imaginations enfiévrées de saisissants spectacles oniriques et macabres qui laissent un souvenir impérissable.
Un recueil fabuleux, à lire et à relire.
Coup de coeur, évidemment.
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Je suis bien embêtée pour parler de Zothique, parce que j'ai besoin de faire la part entre le travail de l'écrivain, et le travail éditorial, le second n'étant à mon avis pas vraiment à la mesure du premier. Or, il aurait été préférable que j'aie lu la totalité de l'intégrale Clark Ashton Smith pour avoir une vision d'ensemble ; seulement voilà, ça va prendre du temps pour que j'aie accès aux deux autres volumes. Je rectifierai donc au besoin dans les deux autres critiques mes propos d'aujourd'hui. En tout cas, l'idée de publier Smith en français aujourd'hui dans son intégralité était une bonne idée de départ.


Zothique, comme il est mentionné dans la quatrième de couverture, est un univers de fin du monde, hanté par les revenants, pourri par par les sciences occultes, un univers d'horreur, de décadence, de dégénérescence. Dernier des continents, il abrite une humanité à son déclin, et Clark Ashton Smith s'y entend très bien pour le décrire : on y sent véritablement le désert, les couleurs chaudes, où dominent les teintes innombrables de rouge, la désolation des paysages avec ses multiples ruines ou ses cités opulentes mais moribondes ; et en parallèle la cruauté, la soif de pouvoir pourtant inutile, l'ennui insondable, le désarroi et, souvent - très souvent - le désespoir des personnages font systématiquement écho à cet environnement fait de pourriture. Donc si Clark Aston Smith sait faire quelque chose, c'est bien de créer un univers dont le lecteur peut totalement s'imprégner.


Néanmoins, je trouve les histoires moins enivrantes que leur contexte. J'ai rapidement ressenti l'impression de relire un chouïa la même chose, disons des toutes petites variations sur un même thème, du moins surtout dans la première partie du volume. du coup, j'ai pris mon temps, j'ai lu une ou deux nouvelles un jour, puis une autre trois ou quatre jours plus tard, pour éviter le sentiment de saturation. Je pense que les conditions dans lesquelles écrivait Clark Ashton Smith y sont pour une bonne part : il vendait ses nouvelles une à une à des pulps tels que Weird Tales, les éditeurs et les lecteurs voulaient toujours un peu la même chose, et il fallait bien vivre. Il est beaucoup, beaucoup, mais vraiment beaucoup question de nécromancie dans ces nouvelles, au point que lorsque je m'éclipsais pour aller en lire une ou deux, je disais à mon copain : "Je vais lire des histoires de nécromancie" ; il savait tout de suite de quoi je parlais. de même, pas mal de nouvelles sont construites selon une même trame, avec une intrigue basé sur des ignominies commises par des personnages cruels, souvent aux dépens des quelques humains qui restent encore sains d'esprit à Zothique (on se demande pourquoi ceux-ci ne se suicident pas direct, vu le monde dans lequel ils vivent), puis avec une fin pour le moins ironique.


Pourtant, le style de Clark Aston Smith n'est pas déplaisant, basé sur un vocabulaire recherché (il est vraisemblable que son goût pour le symbolisme l'y ait poussé), parfois tombé en désuétude, renvoyant ainsi à des périodes révolues - ainsi des mots faisant référence à la Grèce antique, entre autres -, mais ne sombrant pas pour autant dans une manière ampoulée. Et ce qu'on remarque finalement, sous des dehors uniformes, c'est la capacité de cet auteur à à manier, non seulement l'ironie - j'ai dit qu'elle était toujours, ou quasiment, présente -, mais l'humour tout court, comme dans le Voyage du roi Euvoran (nouvelle qui, il est vrai, diffère du reste du corpus de Zothique), et surtout sa capacité à user de ses influences pour leur donner une nouvelle vie. Morthylla est un très bel exemple, qui fait débuter l'histoire à la façon décadente de Huysmans dans À rebours (le personnage principal est une espèce de Des Esseintes exotique), pour la transformer en une parodie très réussie de la nouvelle Arria Marcella de Théophile Gauthier. Autre exemple : dans le Jardin d'Adompha, on croirait que les fantasmagories d'Odilon Redon prennent vie sous la plume de Smith.


Cela dit, j'aurais nettement préféré que, pour une édition intégrale, les textes de Clark Ashton Smith soient publiés dans l'ordre chronologique d'écriture, et non selon des thématiques, quand bien même ces thématiques semblent logiques puisque d'ordre géographique. Je pense que j'aurais évité l'effet saturation, dont d'autres lecteurs ont bien plus souffert que moi, si les textes des trois volumes avaient été publiés dans l'ordre de composition, mélangeant les univers mais reflétant davantage le travail de l'auteur ; d'autant qu'on aurait pu croire qu'on a aujourd'hui assez pointé du doigt le côté néfaste des regroupements de textes par "univers" concernant l'oeuvre de Lovecraft pour ne pas refaire les mêmes erreurs avec Clark Ashton Smith. Eh ben non. S'ajoute à cela un manque complet d'informations sur les textes : les titres originaux des nouvelles ne sont même pas mentionnés, on ne connaît ni les dates d'écriture, ni les dates des différentes publications. Ce qui serait un minium pour une intégrale, et ce qu'avait très bien fait le Bélial' pour La Ménagerie de papier. Ajoutons enfin que dans l'édition de poche, la carte de Zothique est parfaitement illisible ; or la carte de Terremer dans l'intégrale d'Ursula le Guin récemment publiée dans le Livre de poche se lit très bien : comme quoi il est possible aussi de faire du bon travail de ce côté-là. Je suggère à la maison d'édition Mnémos, dont je n'apprécie déjà pas le recours au financement participatif (détourné de son but, puiqu'au départ destiné à des petits projets pour des associations et des particuliers qui en ont bien davantage besoin qu'une maison d'édition installée, fut-elle de petite taille), de s'attarder davantage sur son travail purement éditorial, avant de se préoccuper de goodies en tous genres qui, de toute façon, ne profitent qu'à une toute petite portion de lecteurs, c'est-à-dire ceux qui ont financé le projet.


Malheureusement, Mnémos est loin d'être la seule maison d'édition à bâcler une partie de son travail éditorial...
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LIVRES UNIVERS


Lire – enfin ! – Clark Ashton Smith… le financement participatif lancé par les éditions Mnémos il y a un peu plus d'un an de cela m'en a enfin fourni l'occasion – et quelle occasion ! le trouvage de corbeau ayant rencontré un beau succès, il a débouché sur un magnifique coffret comprenant trois très beaux livres, reliés avec signet et illustrés en couleurs (les couvertures de Zdzislaw Beksinski sont superbes, mais tout autant les illustrations intérieures de Santiago Caruso), sans compter quelques goodies, dont une carte de Zothique au format poster (c'est cool, j'aime les cartes), et comprenant, surtout, des dizaines de textes dans une nouvelle traduction plus que bienvenue, le cas échéant, et qui m'a l'air tout à fait satisfaisante, à en juger sur ce seul premier tome, un beau travail de Julien Bétan ; il faut d'ailleurs y ajouter un paratexte appréciable, avec ici une préface de Scott Connors et une postface de S.T. Joshi (il est partout), toutes deux traduites par Alex Nikolavitch.


Mais qu'en est-il du contenu proprement smithien de ces livres ? le titre global est hélas trompeur : il ne s'agit certes pas d'une « intégrale » de Clark Ashton Smith, bien évidemment – mais pas même, comme on avait pu le dire, une intégrale de ses récits de fantasy, ai-je l'impression ? Mais il y a quand même du matériau – plus que conséquent.


En fait d' « intégrale », il s'agit d'abord ici de reprendre tous les textes de Clark Ashton Smith se rapportant à ses quatre univers imaginaires récurrents : dans le premier tome, qui va nous intéresser aujourd'hui, nous avons donc tout Zothique, et tout Averoigne ; le deuxième volume, plus petit, comprend tout Hyperborée, et tout Poséidonis. Mais il y a aussi un troisième volume (dont je crois qu'il s'agit d'une spécificité du crowdfunding, indisponible autrement ?), qui comprend d'autres textes de fantasy, indépendants de ces quatre univers majeurs, mais pouvant correspondre je crois à des tentatives d'ensembles moins amples.


Aujourd'hui, nous nous pencherons donc sur Zothique et Averoigne… en relevant que le titre de ce premier volume n'est pas plus pertinent que le titre d'ensemble : Zothique est assurément un « monde dernier », c'est même une de ses caractéristiques essentielles, mais Averoigne n'est certainement pas dans ce cas, qui correspond à un monde passé...


UNE APPROCHE DE LA FANTASY


Je ne vais pas revenir ici sur la biographie de Clark Ashton Smith, et notamment sa décennie d'écriture de nouvelles (la quasi-totalité des textes ici compilés ont été composés durant cette brève période de production presque frénétique de fictions), ou encore son statut primordial de poète, avec la possibilité que ces nouvelles publiées dans des pulps (en fait, très concrètement ici, Weird Tales, systématiquement) puissent être envisagées comme des poèmes en prose : tout ceci, j'en ai parlé hier, en traitant de l'essai de Donald Sidney-Fryer The Sorcerer Departs: Clark Ashton Smith (1893-1961).


On peut cependant, en guise de préambule, dire quelques mots de l'approche du genre fantasy chez Clark Ashton Smith, et de ses implications en matière de style.


Smith était donc un poète avant que d'être un conteur – même s'il avait livré, adolescent, quelques nouvelles, où les influences essentielles (et communes avec le correspondant Lovecraft) des Mille et Une Nuits et du Vathek de William Beckford se faisaient particulièrement sentir ; Zothique témoignerait plus tard de ce que ce n'était pas un enthousiasme passager, mais bel et bien une influence déterminante.


En tant que poète, Smith ne donnait initialement guère l'impression de pouvoir être associé au monde des pulps (quand bien même ils publiaient de la poésie), mais il y viendra pourtant – peut-être via Lovecraft ? Car il prisait la littérature « d'évasion », l'imaginaire au premier chef – et il l'a sans doute toujours prisée. En fait, ce goût du fantastique et de l'irréalisme était si prononcé qu'il a débouché sur une (très) vague querelle avec son mentor, le poète George Sterling, qui louait par-dessus tout la poésie du jeune Smith, et ne renâclait, dans ce contexte, pas le moins du monde aux éléments proprement baroques qui y abondaient, mais ne comprenait pas l'engouement semble-t-il soudain du poète pour l'évasion à peu de frais des pulps… Lequel a répondu par un plaidoyer plus qu'enthousiaste. Mais c'était une très vague querelle, si même « querelle » est bien le mot : Sterling et Smith sont restés très liés jusqu'à la mort du premier, cette opposition relative n'était d'aucun poids dans les rapports entretenus par les deux poètes.


Quoi qu'il en soit, Smith n'avait rien de cette intelligentsia littéraire qui ne pouvait que conspuer la sous-littérature des pulps, et peut-être au premier chef de ceux traitant d'imaginaire – que l'on parle de science-fiction, genre tout juste naissant en tant que tel (Smith a régulièrement publié dans le Wonder Stories de Hugo Gernsback), ou de cette « nouvelle » forme de fantasy américaine dont Smith serait finalement l'un des pionniers, à l'égal de son correspondant Robert E. Howard, à moins d'englober tout cela et d'autres choses encore (le fantastique et l'horreur au premier chef) sous l'étiquette plus souple de « weird ».


En fait, il faut associer ici deux tendances complémentaires, mais peut-être pas parfaitement équivalentes : le goût de l'évasion, et le mépris du « réalisme » dans sa forme la plus vulgaire – et, ici, Smith rejoint largement Lovecraft. Pour le Barde d'Auburn, la fantasy constitue une « libération bienvenue et salutaire de la tyrannie oppressante de l'anthropocentrisme » ; en effet, à l'instar du gentleman de Providence, Klarkash-Ton est bien au contraire persuadé de ce que l'homme n'a pas de place significative dans l'univers. Mais cela va au-delà :


To me, the best, if not the only function of imaginative writing, is to lead the human imagination outward, to take it into the vast external cosmos, and away from all that introversion and introspection, that morbidly exaggerated prying into one's own vitals—and the vitals of others—which Robinson Jeffers has so aptly symbolized as "incest." What we need is less "human interest," in the narrow sense of the term—not more. Physiological—and even psychological analysis—can be largely left to the writers of scientific monographs on such themes. Fiction, as I see it, is not the place for that sort of grubbing.


Une position assez radicale, donc.


Mais, sur un mode plus pondéré, Smith traitant de la fantasy ici ou là, probablement surtout dans sa correspondance, peut faire penser à ce que son contemporain J.R.R. Tolkien exprimerait bientôt devant de doctes savants oxoniens dans sa fameuse apologie des « contes de fées », figurant dans le recueil Faërie et autres textes. du moins se reconnaissent-ils essentiellement, vocabulaire spécifique ou pas, dans les fonctions qu'ils attribuent au genre fantasy – mais sans doute à une exception près, notable : l'eucatastrophe, si essentielle à la conception tolkiénienne de la féerie, ne signifie sans doute pas grand-chose pour Smith – même si, ai-je envie de préciser, ce concept-clef chez le philologue catholique va bien plus loin que le seul « happy end » ; or la préface de Scott Connors est quelque peu ambiguë à cet égard, notamment en appuyant sur les chutes « négatives » récurrentes chez le Barde d'Auburn (ce qui n'exclut pas des « bonnes fins » de temps à autre)… Même s'il est sans doute pertinent de relever que, dans la fantasy de Smith, les « mauvaises fins » sont régulièrement choisies par les protagonistes, de préférence à une « bonne fin » qui ne leur était en rien inaccessible.

UN STYLE ADAPTÉ


Quoi qu'il en soit, cette fantasy implique un style adapté, et Clark Ashton Smith le dérive de son expérience de poète – plus particulièrement de poète en prose ; au point où l'on a pu dire, comme Donald Sidney-Fryer dans The Sorcerer Departs, que nombre de ces nouvelles de fantasy pourraient tout aussi bien être envisagées comme autant de poèmes en prose, ou du moins de poèmes en prose « développés ». Il est vrai que, dans ce volume, même en faisant la part de la narration, certaines nouvelles de Zothique, par exemple, pourraient coller – ainsi, disons, « L'Empire des Nécromants », qui ouvre le cycle, ou peut-être davantage encore « le Sombre Eidolon » ou « Xeethra ».


En fait, à cet égard, l'approche de Clark Ashton Smith a quelque chose de savamment délibéré. Voici ce qu'il pouvait en dire :


My own conscious ideal has been to delude the reader into accepting an impossibility, or series of impossibilities, by means of a sort of verbal black magic, in the achievement of which I make use of prose-rhythm, metaphor, simile, tone-color, counter-point, and other stylistic resources, like a sort of incantation.


D'où cette langue à la fois chatoyante et peu ou prou « extraterrestre » (une chose qui ne pouvait que séduire un Lovecraft, j'imagine). Sans doute peut-on au moins pour partie la dériver, au-delà des modèles poétiques de l'auteur (et plus particulièrement en termes de poésie en prose), Poe et Baudelaire, de choses bien plus anciennes – en fait, la fascination enfantine pour les contes, et notamment ceux des Mille et Une Nuits, ressurgit ici, complétée au registre de l'orientalisme par Vathek : au fond, ces influences primordiales n'ont jamais lâché l'auteur. Mais cette langue largement incantatoire emprunte sans doute dans une égale mesure à d'autres sources, dont peut-être cette Bible du Roi Jacques qui, vingt ou trente ans plus tôt, avait fourni le substrat stylistique des contes oniriques de Lord Dunsany (S.T. Joshi, dans sa postface, fait explicitement le rapprochement entre les deux auteurs – et c'est encore une autre manière de lier Smith à Lovecraft).


Mais le « style » doit probablement être entendu au sens large – ce qui dépasse le seul registre de la langue, aussi baroque et chatoyante soit-elle, lequel pourtant suffit probablement à placer Smith au-dessus des deux autres « mousquetaires » de Weird Tales (avec toute la passion que m'inspire Lovecraft, je n'ai aucun doute quant à la supériorité formelle de Smith, écrasante). le Barde d'Auburn ne fait pas qu'aligner des mots, même colorés, il sait aussi parfaitement raconter des histoires, avec toute la compétence d'un conteur madré, conscient et maître de ses effets, et sachant en outre véhiculer le récit via des personnages autrement complexes, là encore, que ceux souvent « fonctionnels » d'un Lovecraft ou d'un Howard – une remarque avancée notamment par E. Hoffmann Price, confrère en pulps qui a eu l'insigne privilège d'être le seul homme à avoir rencontré successivement les trois maîtres de Weird Tales.


Même avec ce que la publication des cycles de Zothique et Averoigne en intégralité peut comporter de faiblesses et de redites, le tableau final est néanmoins celui d'un auteur puissant et habile avec les mots comme avec les thèmes – un auteur parfois joueur sur ces deux plans, aussi.


ÉROS ET THANATOS


Mais ces thèmes, donc : quels sont-ils ? Multiples, sans doute – d'abord et avant tout : une oeuvre de pareille ampleur ne saurait probablement être résumée à deux ou trois formules, même si l'analyse impose plus ou moins de procéder ainsi…


Chaque cycle a ses propres préoccupations : Zothique, ainsi, est une ode à la décadence, où l'idée de « fin » est omniprésente, et bannissant comme futiles toutes les prétentions à la civilisation, au progrès et aux oeuvres de la raison. Cette décadence, en dehors du seul chatoiement paradoxalement coloré d'un univers en fin de vie, s'exprime aussi dans un regard ambigu sur le passé, très concrètement incarné dans la pratique perverse et pourtant presque commune de la nécromancie. La sexualité a son mot à dire, à tous les niveaux, en tant que figure marquée de la décadence.


Averoigne, moins fantasque, est un terrain propice à la mise en scène d'une pseudo-rationalité d'ordre essentiellement religieux, luttant vainement contre les connotations les plus sombres (et en même temps parfois très prosaïques) d'une sorcellerie dont les abbés, etc., souhaiteraient qu'elle ne soit plus qu'un mauvais souvenir, et fort lointain – à moins bien sûr qu'ils ne soient eux-mêmes corrompus à cet égard, tel saint Azédarac, ou que leur pureté, très fâcheusement, ne leur offre pas le moins du monde les clefs pour l'emporter dans cette lutte eschatologique, ne leur laissant pour seul recours... que de faire appel à une autre sorcellerie. D'autant que le « mal » contre lequel nos saints hommes se dressent avec plus ou moins d'assurance, sinon de conviction outragée, relève souvent d'une sexualité qu'ils ne sauraient percevoir autrement que comme une menace à réprimer – un autre combat futile…


Globalement, l'amour et la mort, l'inévitable duo des instincts, sont cependant presque toujours de la partie. La fantasy de Smith, dans ces deux cycles en tout cas, a un caractère morbide marqué, auquel je ne connais guère d'équivalents ; bien sûr, le rôle essentiel de la nécromancie, surtout dans Zothique, en est un témoignage éloquent, sur lequel il me faudra revenir en temps utile. Mais, même sans recourir à ce procédé, la mort, qui est aussi la fin, la destruction parfois, l'oubli autrement, est toujours là – tapie non loin.


Or la mort entretient souvent des relations complexes avec l'amour – lequel peut être envisagé à la « romantique », voire « platonique », ou tourner bien plus concrètement à la mise en scène d'une sexualité franche et même outrée, porteuse à l'occasion de restrictions morales ou au contraire farouchement libérée sinon proprement libératrice. En fait, les deux univers de Zothique et Averoigne jouent de cette thématique de manière paradoxale : la décadence du dernier continent implique son lot de scènes d'orgie ou peu s'en faut, mais, hypocrisie ou pas, elle s'accompagne souvent de « critiques » d'ordre moral, dans des récits empruntant parfois des allures de fables ; Averoigne, au contraire, met en scène un monde « médiéval » où la sexualité est strictement réprimée par l'Église omniprésente, mais elle n'en apparaît que plus libératrice hors du mesquin contrôle des institutions.


Dans les deux cas, le ton peut se montrer moqueur, ou plus généralement provocateur. Plusieurs de ces nouvelles s'illustrent par un contenu érotique assez marqué, à un point parfois surprenant – et qui a pu choquer un Farsnworth Wright, retournant furieux quelques textes à Smith au prétexte qu'il s'agissait d'une « pure histoire de sexe », ou que « le satyriasis [n'était] pas dans la ligne éditoriale de Weird Tales » (magazine qu'on aurait pu supposer moins frileux, à regarder simplement ses couvertures, notamment celles de Margaret Brundage, mais c'est sans doute un biais guère significatif) ; il faut dire que la conception du « spicy », chez Smith, pouvait passer par des séquences fort étranges – pensez à « La Mère des crapauds » étouffant le pauvre « héros » sous ses énormes mamelles ; ce en quoi la nouvelle faisait d'ailleurs écho à la très narquoise « Vénus exhumée », immédiatement antérieure dans le cycle d'Averoigne, où l'auteur raillait méchamment les pulsions charnelles plus ou moins vertement réprimées des hommes d'Église…


Mais ce jeu ambigu de l'amour et de la mort imprègne bien davantage de nouvelles d'un ton moins léger, dérivant son traitement des deux notions, davantage associées qu'opposées, des canons d'une école décadente portée sur le scandale et l'ironie. L'orientalisme de Zothique y a d'ailleurs sa part. Quoi qu'il en soit, des « triangles amoureux » les plus chastes (dit-on) aux quasi-orgies frontalement lascives et perverses, les jeux pas si contraires d'Éros et Thanatos ne sont pas pour rien dans la réussite des contes, au plan de l'ambiance comme du fond.


LE FRÈRE DU LEVANT


Par ailleurs, lecteur de Lovecraft, j'ai été tout naturellement incité à guetter dans les nouvelles de ce beau volume des allusions « lovecraftiennes » : Clark Ashton Smith avait après tout participé à l'élaboration du « canular » cthulhien, et les deux auteurs s'appréciaient énormément, et s'empruntaient régulièrement.


En fait, les références lovecraftiennes « explicites » sont très rares : en dehors de « Iog-Sotôt » mentionné dans « Saint Azédarac » (dans le cycle d'Averoigne), on ne trouve pas grand-chose. Sans doute faut-il chercher de telles allusions dans un registre davantage implicite – mais sans aller jusqu'au principe même d'une « horreur cosmique », trop vague en tant que tel, même si Zothique en serait probablement une très parlante illustration (pas Aver
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S'il fallait contextualiser ma lecture de Zothique, je serai forcé de parler d'un autre recueil du même auteur : Averoigne.
Ce dernier avait été une magnifique découverte à l'époque (novembre 2018) et, depuis, peu de livres (voire aucun) ont réussi à l'égaler. Alors, la lecture de Zothique (et d'Hyperborée, à venir) était toute naturelle, et, sans entrer dans les polémiques éditoriales, je suis simplement reconnaissant aux traducteurs / éditeurs d'avoir mis l'oeuvre de Clark Ashton Smith à notre portée.

Là où Averoigne désigne une petite région qui rappelait étrangement la France médiévale en mode fantastique/fantasy (allez voir ma "courte" critique), Zothique, à l'inverse, est le nom d'un continent, d'une Pangée au crépuscule de son Monde. L'humanité est à son grand âge, et la déchéance est déjà là. Dans les déserts arides et sur les mers traitresses de cette terre vieillissante, démons et nécromanciens, incubes et tyrans, assassins et goules pullulent. Tout espoir est perdu si ce n'est celui de quelques derniers excès avant le rideau final.

Vous l'aurez compris, Zothique présente une Fantasy que l'on pourrait qualifier de "sombre" ou "dark", même si elle présente également un certain niveau de comique ou de dérision. On reconnait parfois (après la lecture de la courte préface) les traits de l'auteur dans ceux de certains personnages, de ceux qui veulent croire aux rêves et à l'imagination et ne se satisfont pas du manque de saveur d'une routine quotidienne, et du terre à terre d'un monde sans magie ou sans imaginaire.

Mais finalement, qu'est-ce que j'en retiens ? Car je vois des critiques dithyrambiques, des analystes qui crient à la merveille, et d'autres encore.

Hors de tout contexte, Zothique est un recueil très intéressant, divertissant, certes un peu redondant, mais également trop peu approfondi. Intéressant car le nombre de nouvelles le composant est tel qu'il offre au lecteur de vivre de multiples vies, diverses aventures, qu'il s'agisse d'entrer à la cour d'un Roi sorcier, de suivre le périple de mercenaires, ou d'assister aux offices d'un dieu nécrophage. Divertissant car l'écriture est plaisante, riche, parfois un peu compliquée tant le vocabulaire est spécifique (j'ai appris l'existence du mot Athamé ^^), que les scénarios sont bien ficelés, et que leurs fins font souvent réfléchir et transposer les événements à notre monde. Redondant car à part des sorciers, des rois, des nécromanciens et des goules ou démons, on a rapidement fait le tour de ces mêmes palais jaunis par les sables du désert, de ces mêmes nécropoles enfouies sous les sables du désert, et de ces être maléfiques tapis dans les recoins des sables du désert... et c'est bien là que le bât blesse, car autant les récits sont nombreux, autant la variété n'est pas des plus présente et l'on a l'impression que n'importe quel badaud habitant de Zothique connait facilement quatre ou cinq nécromanciens, côtoie fréquemment son Roi ou a pour ascendant un sorcier ou quelque lamie.
Mais en recontextualisant, ce petit écueil fond comme neige au soleil. Je ne suis pas spécialiste, et j'aurais beaucoup apprécié un travail éditorial plus poussé, mais Smith écrivait dans les pulp des années 20, des courts récits qui devaient se suffire à eux-mêmes et emmener leurs lecteurs en dehors de leur quotidien morose et grisâtre. Et là, la mission est complètement réussie. Car si en format intégrale les récits s'enchainent et viennent à s'emmêler ou se ressembler, à rythme mensuel ou plus ou moins étalé, ils mettent en place tout un univers et ne sont que des petits morceaux de vies et d'aventures dans un monde plus vaste et plein de mystères que le lecteur pourra combler à l'envi.

Zothique et son soleil rouge sang n'ont pas fini de hanter mon imaginaire, si bien qu'en écrivant ces lignes je vois l'infinité du désert que seuls brisent les vestiges d'un tombeau oublié d'où proviennent les ricanements de quelques créatures maléfiques recherchant l'obscurité...
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Autant identifier tout de suite le coupable : c'est la critique élogieuse d'Apophis qui m'a convaincu d'acheter ce recueil de nouvelles, me donnant ainsi l'occasion de découvrir Clark Ashton Smith, l'un des grands anciens de la fantasy dont il était devenu difficile de se procurer les oeuvres en français. Poète, il traduisit entre autres Baudelaire pour le public américain. Écrivant principalement dans les années 30, il n'était pas de son temps : tout dans "Zothique" rappelle la littérature décadente ou "fin de siècle", aussi bien dans les thématiques abordées que dans le style, magnifiquement ciselé, voire précieux. Cette lecture m'a rappelé Jean Lorrain et ses contes macabres dont je m'étais délecté dans le recueil "Princesses d'ivoire et d'ivresse" publié en 1902... Il y a pire comme filiation !

Cités perdues, tombeaux royaux et catacombes, liches et momies, malédictions et nécromancie : voilà en gros le programme de ces seize nouvelles, toutes de très bonne facture. La corruption, la ruine, la mort, sont omniprésentes dans ces pages, et sous la plume élégante de Clark Ashton Smith les pires horreurs deviennent esthétiques. C'est un recueil qui ne se dévore pas mais qui se déguste. Impossible de le lire d'une traite. À vrai dire, j'ai rarement lu aussi lentement, non pas par ennui ou manque d'intérêt, mais parce que chaque mot nécessite d'être apprécié, et de nombreuses phrases méritent d'être relues pour mieux en goûter la beauté et la force d'évocation, comme un bon vin qui se garde longtemps en bouche. En outre, si la quatrième de couverture ainsi que plusieurs lecteurs mentionnent une écriture envoûtante, je ne pouvais imaginer que ce serait à ce point : de nombreux passages sont littéralement hypnotiques, si bien que je me suis surpris à rester de longues minutes sur la même page sans avancer dans ma lecture, car je m'étais laissé aller à rêvasser devant les mots imprimés sur la page... Quelle sorcellerie est-ce là ?

Saluons la belle initiative de Mnémos, qui dans une édition soignée remet à l'honneur un auteur qui mériterait de connaître la renommée de ses compères Lovecraft et Howard, même s'il est sans doute moins "facile" et donc moins susceptible de parler à un très large public. Sans avoir lu le texte original, on peut aisément imaginer que rendre en français le style si particulier de Clark Ashton Smith a dû être une sérieuse gageure. Un petit regret néanmoins : il aurait été intéressant d'avoir, pour chaque nouvelle, quelques informations la replaçant dans son contexte, avec les dates de rédaction et de parution, les éventuelles péripéties éditoriales, etc., à la manière de ce qu'a réalisé Patrice Louinet pour l'intégrale de R.E. Howard chez Bragelonne.

Ravi de cette découverte, il est certain que je garderai un oeil sur les parutions à venir, consacrées aux autres univers créés par Clark Ashton Smith : Averoigne, Hyperborée, Poséidonis.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
02 juillet 2017
Cette parution […] vient combler un vide regrettable et se doit de figurer dans la bibliothèque de tout amateur de la part sombre de la fantasy ainsi que, plus généralement, de tous ceux qui éprouvent de la curiosité envers une des premières plumes de la fantasy, artiste au talent certain.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
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Le roi Adompha se promène dans son jardin...

"Sur des troncs palmés, sous un feuillage touffu et duveteux, pendaient en grappes, à la façon de drupes noires, des têtes d'eunuques. Sur un arbuste nu et rampant fleurissaient les oreilles de gardes inconséquents. Des cactus déformés, couverts de cheveux féminins, produisaient des fruits en forme de seins. Des torses et des membres entiers avaient été unis à des arbres monstrueux, des coeurs palpitaient sur les plus larges feuilles, des yeux cillaient au centre de petits boutons floraux. Et il y avait d'autres greffes encore, trop obscènes pour être ici relatées.
Adompha s'avança entre les cultures hybrides, qui remuèrent en bruissant à son approche. Les têtes semblèrent se tendre un peu vers lui, les oreilles tremblèrent, les seins furent parcourus d'un léger frisson, les yeux s'écarquillèrent ou s'étrécirent pour suivre sa progression. Il connaissait l'existence léthargique de ces restes humains qui vivaient à la manière des plantes et partageaient leur activité subanimale."

(Le Jardin d'Adompha)
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Sur Zothique, dernier continent de la Terre, le soleil ne brillait plus de sa blancheur primordiale, mais d'une lueur faible, ternie d'un sang vaporeux. De nouvelles étoiles, innombrables, étaient apparues dans les cieux, et les ombres de l'infini s'étendaient, toujours plus proches. Sortis de l'obscurité, les anciens dieux avaient repris place parmi les hommes : des divinités oubliées depuis Hyperborée, depuis Mu et Poséidonis, dotées d'autres noms mais des mêmes attributs. Les anciens démons, eux aussi revenus, attisaient puissamment les braises de sacrifices maléfiques et favorisaient à nouveau la magie primordiale.

(début du "Sombre Eidolon", également cité dans la préface de Scott Connors)
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Cependant, Vemdeez, qui avait servi Altath, le père de Fulbra, et n'était pas moins dévoué au nouveau régent, avait façonné un anneau enchanté destiné à protéger, en tout temps et en tous lieux, le roi de la Mort argentée. Faite d'un étrange métal rouge, plus sombre que le cuivre ou le vermeil, la bague était sertie d'une gemme noire, oblongue, inconnue des lapidaires de ce monde, qui dégageait en permanence un arôme puissant. Le sorcier avait prévenu le souverain qu'il ne devait jamais la retirer de son majeur, pas même dans des régions éloignées du Yoros ou dans celles que la Mort avait déjà traversées : une fois exposé à son souffle, Fulbra garderait à jamais dans sa chair cette subtile contagion, et s'il ôtait le bijou, elle le frapperait alors avec sa virulence habituelle. Mais Vemdeez n'avait pas dévoilé l'origine du métal rouge ni de la pierre sombre, pas plus que le prix payé pour cette magie protectrice.

L'Île des Tortionnaires
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Le maître des oiseaux parut plus stupéfait encore et indigné qu'auparavant. Il fit interroger Euvoran, le questionnant vivement au sujet du gazolba. Apprenant que le volatile avait été abattu par des marins, puis naturalisé, et que le seul but du voyage d'Euvoran était de le tuer une seconde fois pour l'empailler de nouveau si nécessaire, le maître tonna, d'une voix pleine de courroux : "Ceci n'arrange pas ton cas, mais te désigne coupable de deux crimes et d'une triple infamie, car tu as été en possession de cette abomination sans nom qui bafoue toutes les lois de la nature. Ici, en cette tour, comme il est juste et bon, je garde les corps des hommes empaillés pour moi, mais en vérité, il est intolérable, inacceptable que l'homme fasse de même avec les oiseaux. Aussi, la justice impose que tu sois confié sur-le-champ à mes taxidermistes. Et je pense qu'un roi empaillé - même si c'est le roi des vermines - contribuera sans nul doute à embellir ma collection."

Le Voyage du roi Euvoran
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La chose ressemblait au rêve impie d'un démon fou. Sa partie principale ou son corps, en forme d'urne pâle et piquée d'innombrables petits trous, reposait sur un piédestal de blocs de pierre curieusement penchés, au centre de la crypte. De multiples appendices, jambes ou bras cauchemardesques et boursouflés, partaient de son ventre et de sa base pour rejoindre le sol ; deux autres membres, inclinés et tendus telles des racines, plongeaient derrière elle dans un sarcophage de métal doré, gravé d'étranges symboles archaïques, et apparemment vide.
Le torse en forme d'urne était doté de deux têtes. La première avait un bec de seiche et deux longues fentes obliques en guise d'yeux ; la seconde, serrée contre elle sur les épaules étroites, était celle d'un vieillard à la peau sombre, terrible et majestueux, dont les pupilles brillaient comme des spinelles rouges et dont la barbe grisonnante, aussi luxuriante que la mousse d'une jungle, retombait sur la poitrine affreusement percée. En dessous de cette tête, le torse présentait les contours vagues d'une cage thoracique, et certains membres se terminaient par des mains et des pieds humains, quand ils n'étaient pas dotés d'articulations anthropomorphiques. De ce corps tout entier émanait le gargouillement qui avait attiré Milab et Marabac dans la crypte. À chacune de ses occurrences, une rosée gluante sourdait des pores monstrueux et ruisselait lentement avant de perler en gouttes visqueuses sur le sol.

[Le fruit de la tombe]
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Vidéo de Clark Ashton Smith
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