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4,11

sur 1286 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce témoignage romancé est court et long à la fois.
Court, parce que le livre fait à peine 200 pages, et, sans chapitres ni divisions, se lit d'une traite. Court parce qu'il se résume à une seule des trois mille six cent cinquante-trois journées de la captivité de Choukhov dans un camp de travaux forcés.
Court parce qu'il ne s'embête pas de grandes descriptions, de pensées philosophiques ou de raisonnements politiques sur la dureté des camps. Il est à l'image de son personnage principal : simple, presque naïf, en racontant les choses comme elles surviennent, avec un langage oralisé pour nous faire entrer dans sa façon de vivre cette réalité.
Mais ce livre est long, long parce qu'il prend le temps d'entrer dans les détails, de ne rien oublier de ce qu'il se passe, des réactions que provoquent les évènements, des jeux de pouvoir entre les captifs, du calcul incessant des bénéfices de chaque action pour optimiser ses chances de survie, de la cruauté et de l'inhumanité qui en ressort.
Ce livre ne pose pas de lui-même les questions fondamentales : comment tout cela est-il possible ? Comment résister si longtemps dans cet enfer ? Et pourquoi résister, alors que dehors, là où le peuple est "libre", l'horizon ne paraît pas très lumineux ? Alors, c'est à nous, lecteurs, de nous poser ces questions. de continuer à réfléchir, d'essayer de trouver des réponses.
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La publication de l'ouvrage, bien qu'autorisée par le régime, a eu un fort retentissement, et pour cause, Soljenitsyne, y parle du Goulag, le système concentrationnaire où le régime communiste déportait ses opposants de toute sorte.

Ce livre se mérite ; il faut savoir prendre le temps et son temps pour l'apprécier mais surtout pour l'apprivoiser. Ce n'est pas tant le style qui est difficile, que le facteur temps qui serait presque un personnage à lui tout seul ; le lecteur rentre dans une autre dimension ; tout se passe à l'échelle de la journée. Alors forcément, cela laisse le temps aux choses et aux personnages.
En effet, sans être compliqué, Soljénitsyne est fidèle au " style russe ", riche en détails, en petits rien insignifiants qui demande une lecture attentive, une concentration maximum. L'effort vaut la peine. Soljénitsyne avec des mots simples, sobres parvient traduire l'ambiance concentrationnaire du Goulag, des conditions de travail, des difficultés et humiliations en tout genre que les prisonniers subissent.
Ce livre met en évidence le fatalisme, trait de caractère très russe. On ne sent pas de révolte parmi les personnages, seulement que es choses sont comme cela et qu'il faut les accepter comme elles viennent.
Et dans cet univers lourd, difficile, froid, l'humour n'est pas en reste.

« le travail, c'est comme un bâton, ça a deux bouts ; quand on travaille pour des hommes, on en met un coup ; quand c'est pour des cons, on fait semblant. »

« Une journée de passée. Sans un seul nuage. Presque de bonheur. Des journées comme ça, dans sa peine, il y en avait, d'un bout à l'autre, trois mille six cent cinquante-trois. Les trois de rallonge, c'était la faute aux années bissextiles. »

Soljenitsyne, après avoir été interdit, emprisonné, banni de son pays, a été réhabilité. Désormais son oeuvre est étudié des lycéens russes. J'ai hâte de lire d'autres de ses oeuvres, avec notamment l'imposant archipel du Goulag.



Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Je relis ce livre avec un grand intérêt. le goulag soviétique n'a rien à envier au goulag de Poutine actuellement. Des dissidents emprisonnés pour avoir osé s'exprimer librement. Dommage que la traduction laisse à désirer et que les fautes d'orthographe soient si nombreuses. Ce teste avait disparu de ma bibliothèque. J'en ai trouvé un exemplaire dans la boîte à livres à côté de chez moi.
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Une journée d'Ivan Denissovitch fait partie des grands chocs littéraires de ma vie. La liste n'en est pas très longue, une demi-douzaine de titres peut-être : Les Bienveillantes, The thin red line, Qui a peur de Virginia Woolf ?, L'Iliade, .... Vous serez peut-être surpris que quelques chefs d'oeuvre comme Madame Bovary, La recherche du temps perdu, L'Attrape-Coeur et quelques autres n'y figurent pas. Comprenez-moi bien, quand je dis "choc littéraire", j'entends ces bouquins qui vous laissent pantois, épuisé, effaré, révolté. Pas les chefs d'oeuvre qui vous laissent charmé, rêveur, admiratif, enthousiasmé. Pas ceux-là, non ; mais ceux qui vous flanquent un coup de poing dans le plexus.
Ce livre d'Alexandre Soljénitsyne a paru en URSS en 1962 pendant l'ère Kroutchevienne. A l'époque, la censure l'avait autorisé car elle n'y avait vu qu'une critique de la période stalinienne et non celle de la société totalitaire communiste qui apparaissait derrière. Des critiques de l'univers communiste oppressant, il y en a eu des centaines, des milliers peut-être. Mais combien ont atteint une telle efficacité, combien ont atteint une telle qualité littéraire ?
La "Journée" est un très court roman qui raconte par le détail un moment ordinaire de la vie de Choukov (Denissovitch) dans un camp de travail soviétique. Cela commence à l'aube et se termine le soir du même jour. le style est oral, familier, épuré, sans commentaire, sans lyrisme, sans pathos. Ivan vit sa journée sans plainte, sans révolte. C'est une journée ordinaire avec ses mauvais moments — les sorties de travail dans le froid intense — et ses bons moments — quelques instants volés auprès d'un poêle, un quignon de pain supplémentaire — et globalement, pour Choukov, ce sera plutôt une bonne journée.

En voici les premières lignes :
"A cinq heures du matin, comme tous les matins, on sonna le réveil : à coups de marteau contre le rail devant la baraque de l'administration. de l'autre côté du carreau tartiné de deux doigts de glace, ça tintait à peine et s'arrêta vite : par des froids pareils, le surveillant n'avait pas le coeur à carillonner.
La sonnerie s'était tue. Dehors, il faisait noir, noir comme en pleine nuit, quand Choukhov était allé à la paracha. Sauf les trois phares jaunes tapant dans la fenêtre : deux depuis l'enceinte, et un de l'intérieur du camp.
Personne, comme qui dirait, n'était venu décadenasser la porte. Et on n'avait pas, non plus, entendu les dortoiriers enfiler leur perche dans les oreilles du jules, signe qu'ils vont l'emporter.
Il ne dormait jamais une seconde de trop, Choukhov : toujours debout, sitôt le réveil sonné, ce qui lui donnait une heure et demie de temps devant soi d'ici au rassemblement, du temps à soi, pas à l'administration, et, au camp, qui connaît la vie peut toujours profiter de ce répit : pour coudre à quelqu'un un étui à mitaines dans de la vieille doublure ; pour apporter ses valienki – secs et au lit – à un riche de votre brigade, histoire que le gars n'ait pas à tournailler nu-pieds tant qu'il ne les a point retrouvés dans le tas ; pour trotter d'un magasinier à l'autre, voir s'ils n'ont pas besoin d'un coup de main ou de balai ; ou, encore, pour s'en aller au réfectoire empiler les écuelles laissées sur les tables et les porter à la plonge, ce qui vous vaudra aussi du rabiot, mais, là, les amateurs ne manquent pas, ça désemplit jamais et, le principal, s'il y a un reste dans une écuelle, vous résistez mal à l'envie de licher. Or Choukhov s'était enfoncé dans la tête la leçon de son premier brigadier Kouziomine, vieux cheval de retour (en 43, il avait déjà tiré douze ans) qui, dans une clairière près du feu, avait expliqué au renfort qui lui arrivait du front :
– Ici, les gars, c'est la loi de la taïga. N'empêche que, même ici, on peut vivre. Ce qui ne fait jamais de vieux os au camp, c'est le licheur d'écuelles, le pilier d'infirmerie et celui qui va moucharder chez le Parrain.
Là, il en rajoutait. Qui va moucharder chez le Parrain s'en tire toujours. Avec la peau des autres.
Il restait donc couché, Choukhov, lui toujours debout sitôt le réveil sonné. Depuis la veille au soir, ça n'allait pas : des espèces de frissons, ou bien de courbatures. de toute la nuit, il n'était pas arrivé à se réchauffer. Même qu'il y avait eu des moments où, au travers de son sommeil, il se sentait vraiment mal, alors qu'à d'autres le mal avait l'air de passer. Si seulement le matin avait pu ne pas venir…"
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Extraits de "La Vérité par le mensonge" de M. VARGAS LLOSA:

- Une Journée d'Ivan Denissovitch est plus près de l'histoire que de la littérature. (p.223).

- C'est là que réside la grandeur de cet être obscur [I. Denissovitch] sans culture ni relief, dépourvu de grands traits intellectuels, politiques ou moraux: il personnifie la survie de l'humain dans un monde minutieusement construit pour déshumaniser l'homme et le transformer en zombi, en fourmi. (p.225).
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UNE JOURNÉE d' IVAN DENISSOVITCH d' ALEXANDRE SOLJENITSYNE
On suit la journée de Choukov, un Zek, au bagne pour 10 ans. La survie quotidienne, les petites victoires pour avoir une ration supplémentaire, pour récupérer une truelle plus adaptée, toutes choses qui vues du côté des hommes libres semblent bien dérisoires. le travail par -30/-35, les brimades et malgré tout Choukhov travaille dur et à la fin de la journée il pourra dire »presque une bonne journée « puisqu'il a survécu. Paru en 1962, un peu expurgé, ce témoignage sera utilisé par Khroutchev ( et le Parti communiste français) pour charger Staline et dédouaner le communisme. le choc sera bien plus léger que la sortie de l'Archipel du goulag, éminemment plus politique et aux effets ravageurs pour cette idéologie.
A noter l'incroyable humour et le côté fataliste qui se dégage de ce texte.
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Cinq heures du matin. Ivan Denissovitch, "Choukhov", incarcéré dans un camp de travail, se réveille fiévreux en cette froide journée d'hiver et se demande comment il va tenir jusqu'à la fin du jour sans aller à l'infirmerie. Cela fait 8 ans qu'il est emprisonné, et ses chances de sortir sont quasi nulles : personne n'est jamais sorti. Surpris encore au lit par un surveillant qui le punit, il commence sa journée par une corvée avant d'aller voir le médecin qui lui refuse le repos et le renvoie au travail. Heureusement, Choukhov est une force de la nature et malgré ses douleurs, il se démène avec ses camarades pour construire un mur. A la fin de la journée, Choukhov est satisfait d'avoir réussi à survivre tout en manigançant pour grappiller de la nourriture ou des cigarettes. Choukhov restera 10 ans et 3 jours dans son goulag (les 3 de plus à cause des années bissextiles).
***************
Inspiré par sa propre expérience, Soljenitsyne décrit les pensées lancinantes qui surnagent dans le gouffre au fond duquel il est tombé lorsqu'il a été envoyé aux travaux forcés. C'est lors de sa cinquième année de goulag, que l'auteur conçoit ce récit qui met en scène un double de lui-même, débrouillard, respectueux de ses comparses, et prompt à la recherche de toute manière d'éviter la faim ou le froid qui sévissent dans les camps aussi pugnaces que les mauvais traitements, la malpropreté et une certaine cruauté des habitudes. Certains passages ne sont pas exempt d'un humour timide qui montre à quel point même en captivité, l'homme garde une forme d'espoir en se détachant de certaines contingences matérielles.

Un classique de la littérature étrangère que je recommande mais que j'ai mis du temps à achever, moins intéressant que LE PAVILLON DES CANCEREUX que j'ai vraiment adoré et dévoré.
Lien : http://lecturesencontrepoint..
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Avec une journée d'Ivan Denissovitch, Alexandre Soljenitsyne, dissident soviétique, nous fait la narration des conditions de vie concentrationnaire dans un goulag, expérience qu'il a vécu lui-même en Sibérie. Et quelle est longue cette journée vécue par des milliers de zeks par 40 degrés au dessous de zéro ! Il se dégage malgré tout de l'optimisme de ce court récit qui est écrit dans un langage très populaire, la plupart des prisonniers politiques étant des paysans russes.
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Ecrit par Alexandre Soljenitsyne alors qu'il se trouvait lui même au goulag, ce roman retrace dans le détail une journée d'un prisonnier lambda "Ivan Denissovitch", dit "Choukhov".

Ce roman a, de ce fait, une forte charge émotionnelle, car même s'il ne s'agit pas d'un récit autobiographique, le lecteur ne peut s'empêcher de replacer le texte dans son contexte : l'univers concentrationnaire soviétique.

L'histoire même du manuscrit et de sa publication, qui fait l'objet de la préface de la présente édition, est révélatrice du miracle. Cette édition est agrémentée des passages que la censure soviétique avait amputée au manuscrit pour autoriser sa publication (à bien des égards, très révélatrice).

Soljenitsyne, avec talent, nous fait vivre le quotidien des ces milliers de prisonniers dans un camp de travail, où l'on pourrait croire que l'humanité a disparu. Ces hommes se raccrochent au peu qui leur permet encore de se considérer comme humain dans cet univers à la fois clos et absurde.

Ce texte dense aura une portée symbolique très importante dans tout le monde occidental des années 60.

Même 50 ans plus tard, même si le contexte géopolitique est complétement changé, la lecture de ce roman est riche d'enseignement pour tout un chacun.
Lien : http://www.canalblog.com/cf/..
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Là encore un témoignage de vie, de condition de vie. On a l'impression d'y être ....d'où le malaise.
Relecture en 2023. Toujours aussi dérangeant, la description des conditions de vie est extrêmement minutieuse : les petites combines pour améliorer le quotidien (avoir du rabiot, du tabac, conserver le bois glané pour mieux se chauffer) les colis, les règlements absurdes, l'appel, le contre-appel, le réfectoire et les repas, les baraques. Les dix pages décrivant la construction du mur montre une équipe soudée, zélée malgré ses conditions de vie. Malgré la dureté de cette journée, celle-ci est bien vécue par Ivan Denissovitch car il ne lui est rien arrivé de négatif.


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