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sur 139 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rivers Solomon se définit comme transgenre et utilise le pronom them/ils pour se désigner, ce qui sera donc utiliser dans cette critique
À l'exercice du premier roman, Rivers Solomon se lance dans une aventure spatiale où ils croise de façon savoureuse Twelve Years a Slave et le Transperceneige. Auteur noir et transgenre, Solomon jette son dévolu sur une science-fiction humaniste et engagée qui utilise le prisme d'une science-fiction pauci-technologique pour parler de ségrégation, d'esclavage, d'intolérance et de genres.
Particulièrement remarqué lors de sa sortie aux États-Unis, L'incivilité des fantômes intègre l'excellent catalogue des éditions Aux Forge de Vulcain.
Un premier roman qui risque de faire parler de lui en cette rentrée littéraire 2019.

Le Transpercétoiles
Sur le Matilda, immense vaisseau spatial divisé en ponts (de A à Z), une partie de l'humanité a embarqué pour survivre à un cataclysme que l'on devine à travers les légendes et les mythes entretenus par les humains vivants à son bord.
À la recherche de la Terre Promise, la population du Matilda s'est divisée en deux : dans les ponts supérieurs, les haut-pontiens sont des riches blancs vivant dans un confort et un luxe que sont loin de connaître les habitants des ponts inférieurs. Les bas-pontiens, des hommes et femmes noirs, vivent comme des esclaves, entretiennent les champs des ponts agricoles, respectent un couvre-feu sévère imposé par la Souveraineté et endurent les sévices et viols réguliers des hommes de la Garde.
Parmi ces malheureux, Aster, une personne transgenre dont l'identité sexuelle n'est pas fixé, hysterectomisée et mis au ban de la société à la fois pour sa couleur de peau et pour l'inadéquation entre ses organes sexuels et ses caractères sexuels secondaires. Obsédée par le passé (et notamment par le suicide de sa mère, Lune), Aster est également une personne qui ne comprend pas le second degré et qui se calque sur des rituels et des habitudes particulièrement rigides. Autiste de haut niveau (probablement Asperger même si rien n'est dit clairement à ce sujet) mais également médecin des ponts inférieurs, elle entretient des relations particulièrement complexes avec les autres personnages du récit : Théo, chirurgien métisse et homosexuel des ponts supérieurs à la fois révéré et détesté, Giselle, compagnon de chambrée psychotique et amie-ennemie d'Aster et enfin Mélusine, nourrice et mère du substitution pour Aster.
Avec ces quatre personnages, le lecteur endosse donc le fardeau du dominé face à des blancs cisgenres esclavagistes et ultra-religieux.
Car au fil du temps s'est créé une religion bâtarde sur le Matilda où la notion de péché a, bien évidemment, été défini par des blancs puritains à l'encontre d'une population noire maintenue dans le froid, l'ignorance et le désespoir.
Malgré tout, Aster tente à la fois de reconstituer les pièces de son passé (et de découvrir le secret entourant la mort de sa mère et les mystérieuses coupures de courant qui paralysent le vaisseau) mais également de veiller sur les siens, régulièrement passés à tabac, violés et méprisés.

Définir son identité
Chose particulièrement difficile mais brillamment négociée par Solomon, l'abord de la transsexualité et, plus généralement, du transgenre ne vient jamais étouffer l'histoire elle-même en parvenant à fondre les personnages dans la masse au lieu d'en faire des exceptions lourdement soulignées.
À aucun moment Theo ou Aster ne sont vus comme en dehors de la norme, ils sont juste des habitants naturels d'une population de dominés qui sévit les brimades et les règles religieuses/sociales d'une caste de dominants dénués de pitié et d'humanité.
Le message sur la tolérance, subtil et particulièrement poignant, accompagne ici une démarche de libération d'un carcan de genre qui fausse les relations entre les passagers du vaisseau, encore davantage que leur simple statut social. L'amour entre Aster et Théo, surtout intellectuel de prime abord, renvoie parfois au fabuleux roman de Francis Berthelot, Rivage des Intouchables, et offre une nouvelle fois un plaidoyer pour le droit à la différence.
Pour combler cette incertitude, Aster s'investit dans une autre quête identitaire, celle de son propre passé. Confrontée aux mythes d'un vaisseau dont les habitants ont quasiment tout oublié du passé et où la technologie n'a ouvert la porte qu'à une régression morale écoeurante, Aster décode les journaux de sa mère et reconstruit patiemment une assise historique à sa propre histoire personnelle. Régulièrement entrecoupée par des allégories et des contes, le récit nous parle finalement de la constance de l'esclavage et de la domination. Peu importe le lieu ou le temps.

Libérer son peuple
Éminemment politique (notamment à l'heure où Donald Trump qualifie la communauté noire américaine d'infection), L'incivilité des fantômes convoque de façon franche et assumée les spectres de l'esclavage et des plantations négrières avec ses contremaîtres, ses coups de fouet et ses brimades journalières. Si notre héroïne ne veut pas volontairement faire la révolution et renverser un système horriblement totalitaire, le lecteur se rend vite compte qu'une telle ségrégation ne peut que conduire au désastre et devra forcément se terminer dans le sang.
En retrouvant les pièces d'un passé pour le moins brumeux, Aster va réveiller la voix des fantômes et donner corps aux malheurs de ses ancêtres, comme le fait précisément Rivers Solomon dans ce roman science-fictif et allégorique. C'est par la connaissance et l'apprentissage que les choses évoluent…et par la révolte, forcément.
Pour renforcer l'humanité de son histoire, Solomon permet à Melusine, Théo et Giselle de prendre la parole au cours de trois chapitres.
La première nous parle de perte et de son évolution émotionnelle pour survivre face au mépris des autres, le second de la difficulté à exister dans un monde où l'on ne tolère pas l'homosexualité, la dernière des ravages psychologiques causés par des sévices perpétuels.
Pourtant, parmi les opprimés des bas-ponts, tous ne sont pas solidaires et, finalement, ce qui facilite d'autant plus la domination des blancs des ponts supérieurs, c'est assurément le temps passé par les opprimés à se disputer entre eux. L'union fait la force, comme toujours. Peu importe le genre ou la couleur, seule l'humanité compte au bout du voyage.

Magnifique premier roman, L'incivilité des fantômes use de la science-fiction de la meilleure des façons en condamnant intolérance, racisme et ségrégation. Rivers Solomon double son voyage spatial d'un voyage humain tout en peuplant son histoire de personnages particulièrement poignants pris au piège de leur peau et de leur vaisseau-prison.
Lien : https://justaword.fr/lincivi..
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C'est un roman dystopique que j'ai beaucoup aimé pour son univers auquel je me suis attachée même si les exactions inhérentes aux régimes autoritaires avec une forte hiérarchie de classe sont toujours aussi horribles et inacceptables.
Dans une société future qui a dû fuir une Terre rendue invivable plusieurs siècles auparavant, les humains vivent à bord d'un vaisseau spatial, le Matilda, dont les ponts étagés et désignés alphabétiquement (du sommet A aux ponts les plus inférieurs) abritent des classes sociales par niveau avec des degrés de confort correspondant (les riches, bien nés, éduqués et oisifs dans les ponts supérieurs ne croisent presque jamais les ouvriers et agriculteurs proches de l'esclavage parqués dans de misérables cabines dans les bas-fonds - pardon, bas-ponts !).
Aster est une bas-pontienne mais sa mère était éduquée et en grandissant, différente, marginale, elle se révèle douée pour les sciences et la recherche. Aster est hantée par le fantôme de sa mère disparue trop tôt, laissant dans son sillage un mystère persistant.
Je ne veux pas en dire plus parce que le récit est tellement riche qu'un résumé ne saurait lui rendre honneur. le personnage de l'héroïne est extrêmement fort et une des forces du roman est également à mon avis de suggérer sans les détailler le contexte et l'environnement dans lequel évoluent les protagonistes (l'Histoire socio-politique des matildiens, l'organisation des "avantages" et des relations hommes-femmes entre les différentes classes sociales, les spécificités des différents ponts, leurs modes de vie et compétences spécifiques...). L'auteur a su créer un monde riche dans lequel pourraient naître d'autres histoires en suivant d'autres personnages.
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J'ai reçu l'incivilité des fantômes dans le cadre des explorateurs de l'imaginaire. Merci aux forges de Vulcain et au site lecteurs.com pour cette belle découverte.
Une excellente lecture
La Terre a été dévastée ce qui a fait fuir les terriens sur un vaisseau, le Mathilda et ses 26 ponts, un pour chaque lettre de l'alphabet. Dans cet espace confiné, il vaut mieux habiter le pont C que T et être un homme blanc, hétérosexuel qu'une femme noire homosexuelle. le principe clé de cette communauté est la ségrégation et le retour de l'esclavage. On suit Aster, une jeune personne intersexe et noire comme la majorité des personnes de bas-ponts mais même pour le pont Q, elle est différente, elle est autiste.
On ne va pas se mentir, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas exceptionnelles dans ce roman mais ce qui est réussi fait oublier tout le reste. L'intrigue ne casse pas trois pattes à un canard : Aster cherche ce qui est arrivée à sa mère disparue peu après sa naissance. La résolution de l'énigme n'est pas très originale et ne tient pas bien la route. La science évoqué est pleine de failles et d'incohérence. le rythme est inégal et les transitions ne sont pas toujours très fluides. le personnage de Gisèle est une purge et pourtant ce livre est vraiment bien. La force de ce roman réside dans l'émotion, il nous prend aux tripes tout du long. Rivers Solomon est non binaire, noire et autiste et ça se ressent dans la construction de son héroïne. Aster est criante de vérité et les personnages secondaires aussi. La ségrégation et tous ces corollaires crée une lecture en apnée.
Maltraitance, violences physique et psychologique, viols, tout est gratuit et banalisé. Et pourtant à aucun moment, on ne tombe dans un débordement de gore. On sait que c'est là, que c'est omniprésent mais seules quelques scènes sont décrites. La majorité du temps la violence n'est que ambiancée, sans surenchère tout en réussissant à ne rien minimiser. On a la réalité crue dans tout ce qu'elle a de malaisant, de révoltant. Et c'est pour ça que ça marche on ressent les choses sans avoir besoin de lire une liste détaillée de sévices. Différence et haine ambiante se répondent. Rien n'est oublié, racisme, homophobie, et autres haines des différences en tout genre : religion, mode de vie, sexe, catégorie social, handicap… C'est un reflet de notre monde amplifié par le confinement. Ca fait peur, ça révolte et ça permet de ne pas avoir envie de lâcher le livre. Ce microcosme où il ne fait pas bon d'être différent vaut vraiment la peine d'être découvert.
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J'ai découvert Rivers Salomon voilà de cela quelques semaines seulement avec la lecture d'Abysses chez le même éditeur - Aux Forges de Vulcain.
Cette auteure m'avait tellement bouleversé que je me suis hâté de lire son premier roman, L'incivilité des fantômes, histoire d'en prendre encore une dose.
Quel bonheur !
Rivers Salomon déclenche chez moi quelque chose de très particulier, une certaine forme d'empathie esthétique assez exceptionnelle qui va au-delà de la simple reconnaissance de sa qualité d'écriture.
Elle porte un regard anxieux et révolté sur le monde et ceux qui le composent, elle dégage une énergie résolument positive même si c'est une forme de résignation qui l'alimente.
Justice et équité, amour et fraternité, sous sa plume ce ne sont plus des chimères mais des idéaux qu'il faudra toutefois réussir à trouver ailleurs que dans ce monde corrompu.
Comme Aster, comme Rivers, je veux poursuivre ma quête.
Mon petit doigt me dit qu'un troisième roman devrait sortir l'année prochaine.
Je l'attends dès sa sortie.
Lien : https://christophegele.com
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Cela fait plus de 300 ans que les humains ont quitté une Terre en ruine et inhabitable, ils vivent désormais sur un vaisseau spatial en quête d'une nouvelle planète pouvant les accueillir.
Sur ce vaisseau la discrimination fait rage, et les castes sociales se mesurent en fonction du pont sur lequel vous vivez et de votre couleur de peau. Nous suivons Aster, jeune femme à la peau noire, vivant sur les bas-ponts. Héroïne incroyable de par son intelligence et sa différence, elle nous entraîne dans un monde régressif, qui fait froid dans le dos.

L'histoire est passionnante et le lecteur est entraîné dans cet univers futuriste dramatique. Action, drame, politique, flashback, on ne s'ennuie pas une seconde au cours de la lecture. Mais la vraie force de ce récit est Aster. Aster est la voix principale de ce roman. C'est un personnage attachant, passionnant, brillant. Sa voix, sa façon de penser et d'aborder les choses de manière très littérale donnent un ton apaisant au récit. Un ton inébranlable, un ton qui défie le monde. C'est une héroïne comme on en voit rarement, mais assurément, elle restera dans les mémoires par son exceptionnalité.

Le roman se lit tout seul, et l'auteur, à travers ses écrits, parle de racisme, de politique, d'autisme, de transgenre, d'écologie, de famille, d'amour... Jamais elle ne met des mots dessus et pourtant on ne peut pas les rater. C'est très bien écrit et très bien abordé. Et cela prend encore un sens plus profond quand on sait que l'auteur, River Solomon, se définit comme transgenre et non binaire.

Ce livre bouleverse et transporte le lecteur dans un univers qui fait écho à notre passé et notre présent mais, espérons-le, pas à notre futur.
Lien : http://wlatetedanslesetoiles..
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Avant toute chose, pour ceux qui, comme moi, seraient tombés amoureux de la couverture VO et veulent tenter la lecture en anglais, An unkindness of ghosts m'a semblé très accessible et je n'ai ressenti aucune difficulté de compréhension insurmontable à mon humble niveau. L'extrait en fin de chronique peut vous aider à voir si c'est compréhensible pour vous. Ce roman est en tout cas une véritable claque qui secoue non seulement nos émotions mais critique aussi fortement les inégalités sociales et de genres et le racisme tout en dénonçant les dérives d'une société ultra contrôlée, tyrannique et violente. le vaisseau Mathilda [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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« Asperger welcome », disent parfois les offres d'emploi dans les labos de recherche internationaux actuellement. Est-ce l'influence de Rivers Solomon ? En tout cas celle de ses semblables, des autistes de haut niveau que la recherche et la création osent solliciter pour leurs qualités exceptionnelles, et leur sociabilité singulière, souvent à fleur de peau. Ce roman L'incivilité des fantômes, ISBN : 978-2373050561, a été traduit (très finement et ce n'était pas simple, saluons la performance consistant à respecter les décalages de langue : sa miman, iel…, mais aussi les qualités de traduction des termes inventés, tel le siluminium, ou pire et sans recours possible au latin) par Francis Guévremont pour les éditions AFDV, Aux Forges de Vulcain. L'univers de ce roman est constitué par le Matilda, un hyper-gigantesque vaisseau spatial bien au-delà de nos proportions et notre imagination. le Matilda a quitté la Terre pour échapper à l'anéantissement et vogue entre les galaxies ; mais ses concepteurs et promoteurs ont reproduit les divisions sociales, comme si elles étaient essentielles. Pourtant l'auteur donne au vaisseau ce nom de Matilda, sans doute en hommage à Matilda Joslyn Gage, féministe américaine qui a donné son nom à « l'effet Matilda » désignant la dépréciation systématique des réalisations féminines. Et puis la figure centrale, Aster, semble parente d'Uhura, la lieutenant afro-américaine de Star-Trek, qui inspirera la vocation de la première astronaute noire, Mae Carol Jemison, scientifique titulaire d'un doctorat en médecine. Aster à la peau sombre et aux doigts agiles mais épais (dit-elle) est une soignante, dont les sources sont la nature et la pharmacologie, et une physicienne, capable aussi de chirurgie, autopsies, opérations. Elle assiste le Lieutenant-chirurgien, figure toute proche des hautes sphères (!!) du pouvoir (on verra par quels mystères de sa naissance), des ponts supérieurs, plutôt. En effet, haut et bas ont été reconstitués dans le Matilda, avec une atmosphère et une pesanteur propres à maintenir les divisions sociales.
Pour autant, et justement, ce roman vogue par-dessus les genres littéraires, et de même pour les identités socio-sexuées : Aster, qui vit avec ses compagnes sur un pont inférieur, est soumise comme elles à la vigilance et aux violences des gardes à la solde du pouvoir d'en haut, symbolisé par Petit-Soleil, mystérieuse source d'énergie, qu'il va falloir localiser et percer à jour pour envisager une libération de ce destin socio-ethno-cosmique ; sommes-nous dans la science-fiction, oui, dans la politique-fiction, oui, dans le roman d'aventure et d'action, oui, dans l'enquête et même la quête, oui aussi. Aster, en effet, cherche à comprendre le destin de sa mère, Lune, qui se serait suicidée en laissant un cahier personnel incompréhensible, qu'il va falloir décoder pour apprendre l'essentiel sur le Matilda, ses plans, ceux des circuits électriques et la localisation des sources d'énergie. Mais au fait, Lune s'est-elle suicidée ? Ou alors ? Et qu'avait-elle découvert ?
Nous suivons les tribulations d'Aster et de ses compagnes tout au long de ce récit fermement construit, en trois parties motrices chacune à sa manière : I. Thermodynamique, II. Métallurgie, III. Phylogénie, IV. Astromatique. Et l'autre intérêt de ce récit inclassable est qu'il mêle l'archaïsme au futurisme, par exemple, les châtiments corporels violents, les croyances sacralisées. Est-ce donc cela l‘avenir de nos successeurs ? Des luttes abolies dans une catastrophe plus que géante et une prise de pouvoir par une élite auto-proclamée déployant sa religion et ses forces de maintien de l'ordre social établi ?
Mais Aster et ses compagnes, dont la fantasque Giselle, vont accéder au saint des saints, l'énorme voûte de verre du Matilda et le coeur du réacteur propulseur et, avec l'aide du Lieutenant-chirurgien, comprendre ce que Lune a révélé dans son cahier codé, et ainsi pouvoir agir sur leur destin de filles dominées, noires quand les femmes des ponts supérieurs sont de peau claire. Reverront-elles la Terre, et dans quel état ? Vous le saurez en… lisant cet exceptionnel roman de SF et bien plus. Vous ferez confiance au pilote, qui le mérite bien. Vous ne le regretterez pas.
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Solomon Rivers reprend dans L'Incivilité des fantômes le trope du vaisseau générationnel pour dépeindre le Matilda, au sein duquel une population blanche réduit en esclavage une population noire. L'autrice aborde ainsi dans un contexte science-fictif les thématiques de l'esclavage et du racisme systémique, en montrant les violences et les exactions commises par des oppresseurs sur une population discriminée, à la fois par des descriptions explicites et des sous-entendus glaçants.
À travers le regard profondément sensible d'Aster, personnage non-binaire atteint de troubles autistiques, l'autrice rend compte d'une révolte grandissante au sein du vaisseau, en proie à un durcissement de son régime.
Ce roman m'a profondément secoué, et je ne peux que vous le recommander.
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Matilda: un vaisseau immense, qui emmène les reliquats d'une humanité survivante vers le mieux. Dans cette prison de métal, les riches blancs se pavanent sur les ponts supérieurs alors que les femmes de couleur, moins qu'esclaves, triment dans les entrailles du navire, sur des champs imitant les fermes de la Terre, planète en décrépitude laissée loin derrière.

Entre le Transperceneige, Underground Railroad et La Servante Écarlate, ce roman assez fulgurant et très militant fictionnalise les grands thèmes féministes actuels. Et plus précisément afro-féministes: personnes racisées, avortement, esclavage, transexualité, homosexualité, patriarcat, suprémacisme blanc, culte divin comme fondement de la hiérarchie sociale, violences sexuelles institutionnalisées... Mais c'est fin, jamais pontifiant, et ça se lit comme une grande oeuvre SF bien plus que comme un essai à thèse.

L'héroïne, asociale et rebelle mais pas sans faille, se débat ainsi dans un univers proto-carcéral d'une violence insoutenable, où courber l'échine vaut parfois mieux que de bomber le torse. Avec quelques bribes de livres et les micropousses d'une pharmacopée cultivée en vase clôt, elle essaye de reconstituer la carte de cette prison céleste. Afin d'en trouver la sortie...

Le lecteur, lui, n'en sortira pas indemne.
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Ecrite par une personne transgenre noire américaine, cette science fiction magistralement dépeinte nous raconte l'histoire d'Aster.

Dans un vaisseau spatial colossal, l'humanité cherche une terre plus hospitalière que celle, en ruine, qu'elle a quittée il y a fort longtemps. A l'intérieur, des ponts se sont organisées, comme autant de strates qu'il y a de lettres de l'alphabet. Avec en bas, les plus pauvres et les plus noirs et en haut les plus riches et les plus blancs.

On suit les aventures de cette femme à la peau matte notamment sur le pont Q. Celle-ci sait soigner et connaît plusieurs formes de sagesses anciennes que sa mère, décédée, et sa tante (cuisinière entre autres) lui ont transmises. La dédicace qui précède le premier chapitre prend son sens très vite : "A ma mère et à sa mère et ainsi de suite jusqu'à Eve". de générations en générations les femmes vont imaginer des solutions pour contrer le racisme, la violence, l'ignorance.

En créant une langue remplie de secrets, voire même une infinité de langues qui se mélangent d'un pont à l'autre, le roman nous fait entrer dans une profondeur poétique incroyable. Dans le même temps, la violence est omniprésente et celle que les hommes infligent aux femmes est quotidienne. Les plus pauvres d'entre elles travaillent aux champs, cultivables grâce à la chaleur faiblissante d'un petit soleil artificiel dont l'énergie diminue progressivement. Et tout en bas, il fait un froid glacial et les plus défavorisés peinent à survivre.

Grâce aux carnets que sa mère a laissés derrière elle, Aster entrevoit une manière nouvelle de décoder les signes et peut-être d'envisager un espoir au milieu de cette obscurité insondable.

Très lentement, on se dirige ainsi vers une fin ineffable et bouleversante.

Ces fantômes vous accompagneront longtemps. Car même s'ils sont dans l'espace, ils nous parlent de nous sur la terre ferme.

Ce livre, c'est un cri dans la nuit. Inoubliable.

Lien : https://fromtheavenue.blogsp..
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