Con comme la lune

« Seattle, on a une odeur suspecte dans le poste de pilotage. Je ne sais pas, on dirait...

– La merde, dit Pansharit. Ça sent la merde. »

Les deux astronautes professionnels se tournèrent vers leur patron.

« Monsieur Besace, c'est vous ? interrogea Connelly.

– Moi ? Pourquoi moi ? Pourquoi pas vous ? Pourquoi pas elle ? La princesse indienne ne chie pas, peut-être ?

– Si, c'est vous, grogna Pansharit. Pourquoi il y a cette odeur d'excrément ? On est censés porter des protections hygiéniques en prévision des "accidents de culotte". Alors expliquez-vous.

– Je croyais... Je croyais pouvoir me retenir le temps de la mission. J'ai pris du... du lopéramide avant de partir. Et ils m'ont fait un putain de lavement ! Il aurait fallu que je mette une couche ?... à même pas cinquante balais ? Est-ce que Musk aurait accepté de mettre une couche ?

– Je pense que Musk ne se serait pas chié dessus de trouille comme vous l'avez fait. »

Le tir toucha sa cible.

« Je n'ai pas eu peur, Pansharit. C'est à cause de ces barres protéinées. Il y a quelque chose là-dedans qui dérègle le transit. Du gluten, si ça se trouve. Les toubibs savent bien que je suis intolérant au gluten, pourtant ! Je vais faire virer celui qui a eu l'idée de nous faire avaler ça.

– Et il trouvera plus jamais de boulot nulle part, oui, on sait...

– Je vais vomir, prévint Connelly, dont le teint ne semblait plus aussi bistré que la minute auparavant.

– Remettez votre casque, ordonna Yanis. Et baissez la visière.

– Qui ça ? Moi ? Pourquoi moi je devrais remettre mon casque ?

– Vous avez assez embaumé le poste de pilotage. C'est votre merde, gardez-la. Connelly et moi, on n'a pas à supporter vos conneries. Vous n'aviez qu'à respecter les consignes.

– Mais... Je...

– C'est un ordre, Besace. »

Il n'y avait plus de « Monsieur » qui tenait. Le richissime patron du conglomérat Talisman obtempéra, non sans marmonner de nouvelles imprécations dont Yanis se fichait éperdument. Dès qu'il eut verrouillé son casque, l'intrépide James Besace devint livide, empoisonné par ses déjections.

« C'est inhumain, Pansharit. Vous êtes inhumaine. Le monde entier en est témoin.