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3,8

sur 592 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Splendide, magnifique, onirique, ce roman, qui frôle le recueil de poésie, me laisse en apesanteur...
Saga familiale dans un pays de tous les extrêmes, rien ne sert, dans un premier temps, d'essayer de comprendre ce qui lie les personnages, laissez-vous juste porter par la puissance de ce texte, tout s'assemble par la suite!
Il s'agit là pour moi d'un incontournable et, je ne saurai que trop remercier mon ami Babéliote qui se reconnaîtra de me l'avoir offert!
Amis poètes et voyageurs immobiles, offrez-vous ce magnifique voyage dans un pays où tout est figé par la glace, mais où les éruptions du coeur sont spectaculaires!
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L'étreinte.

"Etreinte est sans doute le mot le plus beau de toute notre langue. Ouvrir ses bras pour toucher une autre personne, tracer un cercle autour d'elle, s'unir à elle l'espace d'un instant afin de constituer un seul être au sein des maelströms de la vie, sous un ciel ouvert d'où Dieu est peut-être absent. Nous avons tous, à un moment ou l'autre de notre vie, et parfois terriblement, besoin que quelqu'un nous prenne dans ses bras, besoin d'une étreinte à même de nous consoler, de libérer nos larmes ou de nous procurer un refuge quand quelque chose s'est brisé. Nous désirons qu'on nous étreigne simplement car nous sommes des hommes et parce que le coeur est un muscle fragile."

Il est rare que je note des citations dans mes chroniques. Sauf avec Jon Kalman Stefansson. A chaque fois, il y a une page qui m'émerveille temps que toute ma perception du livre est chamboulée. Cette fois, c'est arrivé tôt dans ma lecture. Et tout le reste du roman aura été marqué par le sceau de l'étreinte. Amitié, amour, famille, les relations se tissent sur cette terre de lave où la mer relie les êtres. Marin, femme de marin, ouvrier, militaire, la mer est toujours le point de mire. On s'y noie, on s'y perd. Elle est là. Toujours.

D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds est le premier volet d'un diptyque. L'histoire d'Ari, éditeur, qui revient d'un exil danois sur la terre d'Islande. A Keflavik, un bout du monde. Il ne se passe pas grand chose, et pourtant toute la vie est contenue dans ces pages. C'est beau, fort, sensuel souvent, grave parfois. Comme une étreinte. Et qu'il est bon de lire un livre qui vous prend dans ses bras.

Mardi soir, après plus d'un an d'attente, Jon Kalman Stefansson sera notre invité à la bibliothèque dans le cadre @lesboreales avec son traducteur Éric Boury (#hscrepresent ). J'espère que cette rencontre sera une étreinte collective pour les remercier de porter des textes qui ne changent peut-être pas la vie mais qui la disent, et soulignent sa poésie.
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C'est décidément dans les nuits les plus obscures de l'Islande (de préférence dans les endroits les plus perdus de l'île) que battent les coeurs les plus amoureux de littérature ! Ce livre est à la fois un roman, un recueil de nouvelles et une anthologie poétique. L'auteur enfile les perles d'instants mémorables situés à trois périodes différentes, entre lesquelles on va et vient (au risque de s'y perdre un peu, mais c'est sans importance). Ce sont autant de récits, très prenants pour la plupart, qui finissent par donner une impression d'ensemble cohérente autour du personnage central d'Ari. le sujet ? Il faudrait dire « les sujets » : l'océan, ses tempêtes, sa métaphysique ; l'Islande reculée, perdue au bout du monde habité (« Celui qui habite Keflavik ne vit pas vraiment en Islande, ni tout à fait sur terre, il est ailleurs,à l'arrière de toute chose, perdu quelque part au sein de ces trois points cardinaux ») ; des amours puissantes ou mortes à peine écloses ; des pères et des fils ; des mères et des enfants ; bien d'autres choses encore. Peut-être grâce aux mérites du traducteur (Eric Boury, dont ce travail a été récompensé par un Grand Prix) la prose de Stefansson se fait poésie, avec ce qu'il faut de métaphysique ici, de réalisme cru là.
(Petite touche de raffinement : mais qui est donc ce narrateur qui parfois intervient directement, pour se superposer au récit principal mené classiquement à la troisième personne ?)
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En voilà un premier tome épatant !

Après avoir été charmé par le titre, j'ai été bouleversé par l'histoire.
La plume de l'auteur est belle, poétique, pleine de vérités et de justesse.
Même si la chronologie est complètement chamboulée au fil des chapitres, on suit avec impatience et grand plaisir l'histoire d'Ari et de sa famille.
Le fait d'avoir un aperçu des différentes générations qui ont donné vie à Ari est très puissant et cela nous dresse un tableau complet de sa famille, aussi brisée soit-elle.
Ce roman est également important, car il enfonce avec fermeté les non-dits et ouvre le discours sur le rapport des hommes et des femmes, sur la vie difficile des femmes en cette époque et la question du corps de la femme, qui ne lui appartient pas.
La révélation faite durant les dernières pages est un véritable boulet de canon, qui casse la rêverie dans laquelle nous avait plongé l'auteur. Il nous réveille aussi efficacement et brutalement qu'avec un grand seau d'eau glacée sur les conditions horribles de la société et ce qu'on laisse arriver dans notre peur de ne pas faire de vague et dans notre refus à comprendre et à voir ce qu'il se passe chaque jour pour des millions de femmes et de jeunes filles.

Un récit puissant, aussi fort et brutal qu'il est doux et beau. Un roman sur l'amour, la famille, le travail et l'espoir en un avenir meilleur.
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Je n'avais pas encore lu Jón Kalman Stefánsson et je suis totalement conquise. Cette lecture a été un coup de coeur. Des phrases belles à en pleurer, une profondeur, une sobriété, une puissance évocatrice ; un génie poétique. J'ai regretté de ne pas lire l'islandais, mais cette version française est déjà une pépite.

Ari, la cinquantaine, revient en Islande après une longue absence tourmentée de deux ans au Danemark. Il est éditeur. Son ami d'enfance l'attend à Keflavik, où ils ont passé une partie de leur jeunesse ; « Nulle part ailleurs en Islande, les gens ne vivent aussi près de la mort ». Cet ami jamais nommé, alter ego, narrateur, n'est peut-être qu'une voix dans la tête de Ari, qu'importe ; il raconte. le passé de jadis, lorsque la mer faisait les hommes et que les hommes semblaient des Dieux, Oddur le grand-père, sa rencontre avec Margrét, la soeur de Tryggvi son meilleur ami, leurs vies. « En sa présence, chaque instant devient poème, symphonie insolente. C'est la réponse que Dieu a trouvé à la Mort, voyant qu'il avait échoué à sauver l'être humain de sa fin certaine, il lui a offert cette étrange lumière, cette flamme qui depuis réchauffe les mains de l'homme et le réduit en cendres, change les taudis en palais célestes, les palais grandioses en minables ruines, les réjouissances en solitude. Nous le nommons Amour, faute d'avoir trouvé mieux. »

Il raconte Ari, sa mère décédée trop jeune, son père remarié, et puis Keflavik entre 1976 et 1980, leurs années du passage de l'adolescence, les petits boulots, les éblouissements, les errances. Des personnages admirables. L'histoire nous mène et nous attire d'avant en arrière dans le temps, entre digressions et souvenirs, évolution de l'Islande et quêtes d'un sens à la vie, à chacune, à toutes.

« Ce qui nous empêche de nous désagréger […], de tomber en morceaux, de nous transformer en malheur, en plaie suintante ou en pure cruauté, c'est la poésie, la musique : l'art. »

Cette immersion dans des paysages sauvages et splendides, nature âpre et humanité farouche, m'a ravie. « le vent qui hurlait, ce géant transparent et fou, puissance invisible et démentielle. » L'écriture m'a profondément touchée. Je me suis certes un peu perdue entre les personnages et les époques, mais qu'il est bon et salutaire de s'égarer, parfois ; c'est ainsi que l'on se trouve. Car en lisant cette chronique familiale, c'est aussi sa propre humanité que l'on arpente, l'envolée et le poids des générations passées.

« Il s'agissait là d'une course contre la mort, laquelle ne plie jamais, ignore ce que signifie renoncer, elle est infatigable, ne presse jamais le pas, mais rattrape toujours les coureurs les plus rapides et les plus endurants. »

Jón Kalman Stefánsson, un auteur à suivre.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Dans le roman D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds, on en revient toujours à Keflavik, petite ville connue comme étant la contrée la plus hostile de l'Islande. Les personnages s'échappent mais finalement reviennent toujours à ce point d'ancrage qu'est la ville de Keflavik, ville de leur enfance.
Au delà de la description des magnifiques et à la fois terrifiants paysages islandais, l'auteur nous emmène dans cet univers, celui des pêcheurs islandais du XXème siècle, univers empreint de tristesse et rancœur. Rancœur à cause des quotas de pêche instaurés qui ont profondément nuit à leur activité principale, celle grâce à laquelle ils faisaient vivre leurs familles, faisant parfois de ces vaillants marins des vendeurs de hamburgers. Car qu'y a-t-il d'autre à faire à Keflavik que de pêcher ? La présence de l'armée américaine sur ces terres est maintes fois évoquée, en effet la ville de Keflavik est une base militaire qui était jusqu'en 2006, le siège de l'armée américaine chargée de protéger l'Islande, celle-ci ne possédant pas d'armée propre. Ces militaires et ce qu'ils apportent de nouveautés comme une ouverture sur le monde dans cette ville coupée de tout, sont rapportés au travers de souvenirs d'enfance qui ressurgissent dans l'esprit des personnages.
Le ciel semble toujours gris à Keflavik, l'air froid et humide. On y découvre la vie rude des différents protagonistes, celle de Margret revenue du Canada pour rejoindre son premier amour mais dont la vie n'est finalement pas ce dont elle rêvait, peu à peu la folie gagnera son esprit. La dureté des hommes nous y est contée, comme la volonté des jeunes de fuir pour un monde plus doux.
Le fil conducteur du roman est cette idée du temps qui passe, de la peur de vieillir, de perdre ce qui était et ne sera jamais plus. Le roman est construit comme un va-et-vient entre passé et présent, entre deux époques bien différentes. On replonge dans le passé grâce aux souvenirs d'Ari et du narrateur puis on se retrouve à nouveau dans le présent. On sent beaucoup de nostalgie dans l'écriture très poétique de Jon Kalman Stefansson et c'est sans doute cela qui donne ce caractère si particulier au roman.
Ce roman fut pour moi une très belle expérience et je remercie encore Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir fait découvrir ce talentueux auteur.
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Lumineux, c'est le mot qui me viens chaque fois' que je referme un roman de Jon Kallman Steffansson. Je ne ferai pas un énième résumé de ce roman, avec 133 critiques, d'autres l'ont déjà fait et bien mieux que je ne l'aurais pus faire moi-même. Je ne peux qu'exprimer mon/mes ressentis :magnifique' comme avec chaque chefs d'oeuvres de Steffansson. Chaque phrase est de pure beauté, les mots comme fait de pure poésie. La force de Steffansson: nous faire ressentir l'Islande, nous la faire aimer. Aimé ses rudesses' ses beautés, ses personnages magnifiques qui parlent au coeur du lecteur. En un mot: ce roman, comme les précédents, est un véritable plaisir littéraire d'un auteur à découvrir pour ceux qui ne le connaisse pas et à goûter encore et toujours pour les autres. Pour moi, en tout cas, je recommande vivement
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Encore un beau livre de Stefansson. Portrait d'abord de son Islande, de la mer, des montagnes, de son âpreté, qui va disparaître, on sent une nostalgie et une blessure entre l'Islande du poète et la réalité voire le futur proche.
Un très beau roman d'amour entre la nature et l'homme, entre le jour et la nuit, entre le pôle et l'équateur.
Un long et tragique poème très sensuel.
Il faut se laisser glisser tout en douceur.
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Je ne connaissais pas Jon Kalman Stefansson, jusqu'à un échange imprévu à l'étage d'un café parisien, entre deux macarons et le fantôme de Jim Morrison. Je ne connaissais pas, mais on parle livre... J'ai des envies de romans dont j'ignore tout... Au détour de la conversation, voilà "D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds". On me dit que c'est beau, que c'est magnifique. Et que c'est triste, d'une infinie tristesse. Est-ce l'idée du mariage entre la beauté et la tristesse qui m'a poussée à chercher et à trouver le livre? La chaleur du lecteur conquis qui parlait du roman, sans chercher à convaincre mais avec tellement de conviction pourtant? Les deux sans doute.
Est-ce un livre aussi beau que ce quoi je m'attendais? Oui. Et plus encore.
Est-ce aussi triste que ce qu'on m'avait dit? Oui. Et bien plus que cela.
"D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds", c'est, en Islande, l'histoire d'une famille sur trois générations, des grands-parents -le fier Oddur et sa belle mais si fragile Margret- au petit fils Ari qui rentre sur leur île après un exil triste de plusieurs années.
A travers le récit de ces vies qui se croisent, s'aiment et se font parfois du mal, l'auteur nous raconte aussi l'Islande des cinquante dernières années, sa beauté âpre et sauvage, parfois violente, et celle de la mer et des bateaux. Il parle du temps qui passe et qui ne revient jamais, des temps qui changent. Il invoque les morts-aimés dont l'absence est à jamais une inguérissable blessure. Il dit la nostalgie de ce qui n'est plus, les rêves oubliés ou écorchés par le quotidien et la réalité, les regrets, l'amour fou qui s'enfuit ou qui se perd.
Le texte est d'une beauté incroyable et presque douloureuse, d'une sensibilité et d'une poésie à fleur de mots. Il est poignant aussi, triste, d'une incurable nostalgie.
C'est le chant d'un oiseau blessé, le papillon aux ailes brisées et ça faisait longtemps qu'un oiseau ne m'avait pas autant touché et fait pleurer... c'est bon... ça fait se sentir vivant.
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Je ne savais plus quoi lire, alors, j'ai demandé à une libraire son ouvrage favori. Elle m'a conseillé Jon Kalman Stefansson. Je l'ai dévoré. Nul autre que lui n'est capable d'exprimer de manière aussi vivace et juste les profondeurs de la conscience humaine. Son langage est une poésie à part entière, la traduction d'une beauté et d'une souffrance assimilable à nos propres expériences du vécu. Je le conseille à quiconque qui doute, qui se questionne : il est à la fois remède et compagnon, allié à chaque étape de notre évolution.
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