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4,03

sur 767 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 2017, l'auteur islandais Jón Kalman Stefánsson publie Ásta, une histoire familiale où les voix s'enchevêtrent pour faire jaillir les secrets et les peines.
Ásta, c'est le nom que donnent à leur fille Helga et Sigvaldi, parce que dans ce mot se cache celui de l'amour. le roman commence par une scène de sexe passionnée entre eux deux, moment que se remémore le vieux Sigvaldi tombé d'une échelle alors qu'il est au travail. Les quelques secondes qui le séparent de la mort sont le contenu du roman : il se souvient de son amour pour Helga, qui était si belle mais qui l'a abandonné en même temps que ses deux filles. La voix d'Ásta nous fait parcourir aussi les époques de la vie, de son adolescence à aujourd'hui, d'une manière jamais linéaire : Jón Kalman Stefánsson a vraiment une façon bien à lui de mener les récits, de nous perdre, de nous faire nous interroger jusqu'au dévoilement des réponses.
Les vies sont faites, chez lui, de renoncements, d'absences, de silences, d'amour qu'on aurait voulu voir durer ou naître. Comme dans Ton absence n'est que ténèbres, l'auteur a le goût de la formule, souvent mise en exergue pour débuter les chapitres ; la musique, sous forme de chansons de variété, est aussi présente dans la vie de ses personnages. Il nous conduit dans les fjords de l'Ouest, crée des personnages que l'existence brime ou qui, sous des airs simples, cachent certains secrets.

La suite sur le Manoir des lettres
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J'avais ADORE "entre ciel et terre" pour sa magnifique écriture poétique et son histoire.
Cette fois, en raison de la narration complexe , j'ai eu plus de difficulté à entrer dans l'histoire malgré l'écriture toujours aussi sublime et envoutante.
Ce choix d'alterner plusieurs histoires sur plusieurs époques nécessite un effort de concentration et je comprends que certains ont été déroutés.
Il y l'histoire d'Ásta (sublime femme libre) personnage éponyme, la retranscription de ses lettres d'amour( d'une beauté à pleurer); l'histoire de ses parents Sigvaldi et Helga( couple déchirant ); les souvenirs que voit défiler Sigvaldi au seuil de sa vie, l'histoire d'un écrivain ( l'auteur?) qui analyse son choix de roman , évoque ses doutes, nous parle de la société Islandaise ,de politique et de l'influence de Trump sur le monde, ...
La vie s'engouffre dans ce roman tel un tourbillon dévastateur et nous laisse comme un goût de bonheur perdu
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Jon Kalman STEFANSON. Asta.

Helga a dix-neuf ans, son époux Sigvaldi la trentaine et deux filles en deux ans, Sesselja et Asta. Asta, en islandais, en supprimant le a final signifie amour. Il faut dire qu' Helga est une femme superbe, bien plus belle que des stars du cinéma, une beauté hors du commun, à faire se damner un saint. Ce récit de Jon Kalman relate la vie de cette enfant née de l'amour passion, de Helga et Sigvaldi. Nous sommes dans les années 1950 à Reykjavik. La narration s'ouvre sur une scène d'amour très passionné, bestial. Nul ne peut résister à la beauté physique de la belle Helga. Son mari succombe à ses charmes, à toute heure du jour !

Asta, cette jeune femme, va connaître un destin hors du commun. Son père, Sigvaldi va abandonner sa mère, posséder une nouvelle épouse, jettera sa fille, oui, Asta hors de la demeure familiale. Une nourrice la recueillera et lui donnera toute la douceur d'un foyer à la mesure de ses moyens financiers. Suite à une bagarre avec un jeune garçon, Asta subira un exil. Elle sera confié pour quelques mois à un paysan, aux fins fonds du pays, dans un lieu inhospitalier à souhaits. Lorsqu'elle regagnera la capitale, sa nourrice sera décédée. Désemparée, Asta va prendre son destin en mains. Elle accomplira de brillantes études, à Vienne, en Autriche. Elle subira un lourd traitement psychiatrique.

le récit de son existence est entrecoupé par les pensées qui émanent de son père. Ce dernier vient de tomber d'une échelle alors qu'il peint la façade d'un immeuble. Inconscient, il revoit sa propre existence, ses joies, ses peines, ses espérances, ses échecs, son désespoir. Les épisodes de sa vie se déroulent sous ses yeux hagards. Ce père qui a reporté tout l'amour de sa fille sur sa petite-fille, la fille de Asta. Il implore cette femme qui l'écoute, mais lui parle-t-il vraiment ?

Ce roman est écrit de façon étrange, déstabilisante. Il faut jongler avec les lettres que Asta a écrites et adressées à son unique amour perdu. Nous sommes confrontés à des paysages féeriques, des auréoles boréales indescriptibles, sublimes, des zones inhospitalières, incultes, gelées quasi en permanence, où l'homme a des difficultés à subvenir à ses besoins, Ce sont les décors réels de l'Islande. L'écriture est poétique, alternant les paysages d'été, d'hiver, la luminosité accablante de la neige et de la glace, la différence entre les longs hivers et la brièveté de la période estivale.

Cette alternance entre l'enfance, l'adolescence, la vie adulte, de femme, de mère de famille de notre héroïne, le présent mêlé au passé nous déstabilise momentanément. Une lueur sur l'amour fou, la vie difficile sur ces terres, les odeurs, bonnes ou nauséabondes nous interpellent. Nous découvrons Asta, aussi belle que sa mère, fougueuse, entière, vive, se brûlant les ailes. Sans cesse, elle se relève et affronte le présent. Cette écriture , poétique m'a permis de poursuivre ma lecture. J'ai failli renoncer mais j'ai persévéré. Une belle découverte originale. Bonne journée.
(18/06/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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J'avoue avoir eu une forte appréhension après la lecture des premières lignes d'Ásta.
Le style de l'auteur me paraissait alors cru et l'intrigue compliquée.
Je me suis toutefois laissé portée et j'ai été finalement conquise par la beauté brute et la sensualité de l'écriture de Jón Kalman Stefánsson.

La particularité de ce roman tient en sa construction narrative complexe mais bien ficelée.
C'est en effet à travers les récits de divers personnages mêlant passé et présent que nous découvrons l'histoire tragique de cette famille islandaise.
L'intrigue se présente au lecteur sans précipitation, lui demandant confiance et patience.
L'auteur donne la voix à deux générations, permettant de comprendre les conflits, les rancoeurs, qui ont gangrené cette famille au fil des ans. Un vrai roman de vie.

L'Islande, pays des fjords sauvages, est la merveilleuse toile de fond de cette fresque familiale touchante de réalisme et de violence.
La violence des sentiments, l'auteur sait la décrire, il nous l'expose toujours avec sagesse, parfois avec humour ou sarcasme.
Les relations humaines sont complexes, les individus uniques, les destins aussi, mais l'amour est universel. Amour filial, amitié ou passion amoureuse, ce sentiment humain qui peut élever comme anéantir est le sujet central du roman.

Une lecture envoûtante qui offre aux lecteurs de belles réflexions sur la vie, l'amour, la famille.
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Asta, c'est un livre de femmes. le personnage éponyme, pour commencer, femme qui traverse le temps, qu'on suit dans sa jeunesse à la campagne, auprès de Joseph, puis quelques années plus tard, en Europe, perdue, seule la fin dévoilera pourquoi, puis des années plus tard, âgée d'une cinquantaine d'années. Ses parents, Sigvaldi et Helga, trop beaux pour rester heureux. Et le temps, personnage central si ce n'est le personnage principal, temps qui brise et apaise :

« Avons - nous un autre but dans la vie que celui de naître, de tousser deux ou trois fois , puis de mourir ? »

Le temps est primordial car il change les personnages, Asta n'est pas la même à quinze ans qu'à vingt ou à cinquante, manière de montrer l'évanescence de l'identité, et comment les mots, comme nous l'avions vu dans Entre ciel et terre peuvent changer la trajectoire d'une vie.

Tu iras loin avec ta chatte, ces 6 mots briseront la vie d'Asta, la réduiront elle et tout ce qu'elle pourrait entreprendre à son sexe, résumant la misogynie et le ressentiment de tous les hommes dans la bouche d'un seul. Puisqu'elle est libre, puisqu'on ne peut l'enfermer dans ce rôle de mère et de femme, rôle qui avait déjà enfermé sa mère, on lui rogne les ailes et sa destinée.

La forme est à présent rodée : labyrinthe de poésie, de musique, qui parle de famille, d'abandons, de renoncement mais aussi d'amour : Asta, qu'on pourrait traduire par le prénom Aimée en français, c'est aussi le livre de l'amour familial aussi bancal qu'il puisse être, de l'amour de jeunesse, qui sert de moule à tous les autres, sans doute trop fortement. Allégorie, symbole, cette histoire n'est pas seulement à prendre au premier degré, mais comme une frise des relations humaines, où chaque personnage pourrait être l'archétype d'un membre familial, comme un jeu des 7 familles agrandi, dans lequel on se perd parfois, mais où la poésie nous rattrape.

On voit à présent son style tel qu'il l'est : les exergues, le mélange entre passé et présent, le fait que ce ne soit pas raconté de manière linéaire aussi, les dialogues longs de retrouvailles, les lettres envoyées souvent trop tard.


Si on faisait partie d'un jury du bac, on dirait à Stefansson de prendre garde encore à ses aphorismes : « Parfois, le silence est plus parlant que les mots. », « La lecture ouvre tant d'espaces à l'intérieur des gens. » qui plombent le texte, et à ses analyses politiques pas toujours des plus précises (à peu près tout le monde en Europe est d'accord pour dire que Trump, c'est pas la panacée, qu'un auteur le fasse sans préciser son propos (comme Knausgaard par exemple, qui, lui, apportera une réflexion personnelle et argumentée sur le sujet,) donne juste l'impression de vouloir monter pate blanche, qu'on est dans l'équipe des gentils.

Je suis en train de préparer une vidéo sur Jon Kalman Stefansson " La naissance d'un poète", je vous partagerai le lien très prochainement. Lien : https://www.youtube.com/watch?v=IKgRikgsnoU
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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deuxième livre que je lis de Stefansson et toujours le même plaisir .
l'histoire dAsta se déroule avec des allers retours qui nous déstabilisent au départ et qui nous révèlent peu à peu la complexité de sa vie et de sa relation avec ses parents .
un livre bien fait
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La superbe trilogie de J. K. Stefansson découverte précédemment décrivait le combat de l'homme face à une nature plus forte que lui.
Asta relate le combat d'hommes et de femmes face à leurs démons intérieurs, le combat pour une vie simple et digne, sur une terre qu'il faut apprivoiser. Ici, les rêves n'ont pas leur place. Et quand on les laisse s'infiltrer dans l'esprit comme la brume qui avance pas à pas, il reste peu de choix sinon partir ou se noyer dans l'alcool. Ou chercher l'amour libérateur.

Un très beau roman qui se lit et se délit comme des pelotes de laine toutes mélangées mais qui, au final, dévoilent des vies entières. Les livres et la poésie viennent en toile de fond comme si les mots, qu'ils soient lus ou écrits, faisaient parti d'eux et leur apporte force ou désespoir.

Quelques passages m'ont frappé dans ce roman. Lorsque, dans des conversations, il est question du touriste prêt à payer une fortune pour goûter pendant quelques jours à la vie rude que la terre et le ciel réunis engendrent. Incompréhension de leur part... L'Islandais serait-il devenu une bête curieuse que l'on paie pour s'en approcher ? S'en suit évidemment la joie du profit.

Et je m'interroge.
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Vivre quoi qu'il arrive.

Elle s'appelle Asta. Ses parents Sigvaldi et Helga l'ont nommée ainsi car ce prénom signifie amour à une lettre près. Ce prénom est supposé lui apporter chance.

Deux voix s'expriment: celle d'Asta et celle de Sigvaldi. Par moments elles se cofondent. Toutefois le sujet reste le même: Asta. Qui est-elle? Pourquoi fait-elle ça? Que ressent-elle? Parfois des regrets apparaissent. Malgré cela Asta reste mystérieuse et insaisissable. Femme libre ou fille perdue?

Que dire? J'ai été un peu destabilisée au début du roman et j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. La plume de l'auteur est très particulière. En effet, la narration et les paroles se mélangent. Cependant, au fur et a mesure que les pages défilaient, je me suis mise à apprécier ce style et à lire avec plaisir. L'histoire est intrigante et la narration en tiroir sublime celle-ci.

Le personnage d'Asta m'a beaucoup plu. Il s'agit d'une jeune fille, puis femme qui se bat pour tout simplement vivre et être heureuse. Elle fera ainsi des choix difficiles. Son père Sigvaldi est aussi complexe. En effet, celui-ci apparaît tout d'abord comme fou amoureux de la mère d'Asta, puis comme froid et rejetant sa propre fille.

Au final, même si j'ai eu du mal à entrer dans le roman au début, celui-ci fût une agréable surprise.
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Voici une construction originale et déroutante, tout au moins au début, car le lecteur entre ici dans un roman sans chronologie, mêlant les voix, les époques et les lieux, pour évoquer plus d'un demi-siècle de la vie d'Asta, son héroïne. L'histoire d'Asta commence dans les années 50 à Reykjavik dans les turbulences de la vie de ses parents; elle se poursuit au milieu de ses propres contradictions, passions, blessures, excès d'humeur, de la culpabilité qui s'attache à certains souvenirs, mais elle est aussi marquée par un désir omniprésent de liberté. Elle va s'achever sur des années où la mélancolie s'est invitée depuis longtemps au coeur de sa vie quotidienne.
Au fil des pages, les récits des narrateurs de cette fresque familiale vont s'emboiter pour donner au roman sa cohésion. de quoi y parle t'on, si ce n'est de la vie elle-même, de la mort, de l'amour dans toutes ses dimensions, de la poésie et de la littérature en général. L'auteur lui-même interfère de temps en temps directement, pour rappeler la proximité évidente d'un écrivain avec son sujet. Nous sommes en Islande, un pays qui, de par sa beauté austère, son climat difficile, ses saisons contrastées, son isolement géographique, est un de ceux où la lecture a une place primordiale dans la vie de ses habitants.
Au fond, le thème du livre pourrait se résumer dans le sous-titre que Jon Kalman Stefansson a donné à ce roman: " Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde?" S'aidant d'une écriture empreinte de poésie, mais aussi de réalisme, l'auteur apporte à cette question quelques pistes de réflexion.
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J'ai été littéralement envoûtée par cette histoire. Tellement absorbée et accrochée aux mots de l'auteur, que je me suis laissée porter entre les époques, les personnages, les différentes histoires, sans essayer de faire les liens. J'ai aimé l'écriture, la poésie, les personnages, les relations entre eux, et le cheminement de chacun.

J'ai été un peu déstabilisée par la façon dont l'auteur traite les sujets sensuels, on passe de la poésie, de la sensibilité au langage cru voire pornographique. Mais cet aspect un peu contrastant de l'écriture n'a aucunement gâché le plaisir de ma lecture.
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