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EAN : 978B0000DODY3
(30/11/-1)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Le Tibet du XVe et du XVIe siècle, monde de chevalerie, de féodalité et de puissante église, où la brutalité et l'obscurantisme côtoient la sainteté et l'esprit critique, est à la fois proche de notre propre civilisation de la même époque, et très différent par ses aspects proprement asiatiques. La philosophie extrêmement subtile et affinée du bouddhisme du Vajrayâna, qui est inséparable de pratiques psycho-physiologiques et de techniques très poussées de maniement ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage se démarque totalement de l'édition d'Albin Michel (1982) « Le “Fou” divin » dans la traduction de Dominique Dussaussoy* ; ici c'est un recueil de “dohàs”(1) au même titre que ceux de Sangye Tsenchen “Le Fou de Tsang”, compilateur des célèbres « Cent mille chants » de l'hagiographie de Milarépa, de la « Lignée de Bouche à Oreille de Rétchoungpa » (Dordjé Drak).
Ce que nous propose donc R. A. Stein est bien tout autre chose !
C'est une épopée mystique poétique, dont tout un chacun peut bien évidemment faire la lecture, mais qui s'adresse tout de même plus particulièrement aux pratiquant(e)s du Vajrayana et autres “sādhaka”, ou du moins à des personnes très au fait de la dite culture spirituelle tibétaine. Nombre d'aspects risquent d'être fort “hermétiques” aux personnes qui n'ont pas l'habitude des sujets abordés …
Kunley est ici au plus près de ce que fut sans doute sa vie en son temps au Tibet féodal du XVIe (assez sombre et violent pour tout dire !).
Il nous apparaît tantôt d'une grande compassion, non dénué d'une certaine tendresse envers la vie, mais pour autant par ailleurs, parfois rude et rugueux comme ce à quoi il avait à faire face à son époque, qui n'a finalement pas tant changé que cela si l'on considère ce qui se passe actuellement en nos contrées concernant les lieux de cultes du bouddhisme tibétain en occident !
Il fustige (p. 168 et 359) les comportements de cinglé(e)s (smyon-spyod [p. 22]) tels que des Sogyal Lakar (et autres … ) de Rigpa récemment exclu de l'U.B.F.(2), décrivant sans ambiguïtés p. 305, 312, 368 et 377 ce qu'il en est de l'authentique relation au “maître vajra” … à bon entendeur … !
Pour notre part c'est avec une certaine surprise très agréable que nous avons pu lire une longue invocation de Kunley de toutes les traditions se réclamant de Siddhārtha Gautama et des Lignées(3) tel que décrit dans le « Yoga-Racine »(4) de feu Khyabjé Dilgo Khyentsé (1910 – 1991), soit il y a déjà cinq siècles ! L'un et l'autre véhiculaient le même genre d'état d'être, et nous ne pouvons que nous en réjouir !
Kunley était proche des populations, des humbles comme des prélats et “seigneurs de fiefs” qui étaient souvent les mêmes, déclamant ses chants inspirés :
« Ces maximes morales, même dites par des imbéciles, sont dignes d'être acceptées même par des savants, ce testament en quarante, de Kun-legs sur le point de mourir, fut dit en présence du yogin sNan-grags rdo-rje »
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(1) “dohàs” chant mystique (ou vajra) de réalisation spirituelle.
(2) https://www.facebook.com/hridayartha/posts/825884624238145
(3) voir pages 247 à 250
(4) donné en 1992 et 93 à la Sonnerie en Dordogne.
* https://www.babelio.com/livres/Chaphu-Le-fou-divin/858485/critiques/784938
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
« Tant qu'on n'a pas dompté l'ennemi de l'attachement à soi, on aura souvent l'occasion de dompter des ennemis du dehors. Pour cela, par l'armée d'Amour et de Compassion, on soumet sa propre pensée : voilà la pratique du bodhisattva.
Tant qu'on n'a pas dompté l'ennemi qu'est la misère de notre propre chaîne (de pensée), tous les phénomènes se lèveront en ennemis. Ainsi, que vous soyez un lama doué de puissance magique, maître tantrique ou bon-po, vous devez tous exécuter le rite d'expulsion de la Purification de l'Esprit sur la tête de l'attachement à soi ! »
Il me dit : « Comment faire cela, » Et je répondis : « Je ne saurais , en réciter les mots mêmes comme il faut, mais le sens est le suivant :
« Bhyo ! Comprends que c'est ça, l'ennemi, le démon ! Comprends que c'est ça, celui qui fait mal ! Si tu ne comprends que c'est ça l'ennemi qui fait mal, depuis le début des temps et jusqu'à maintenant, tantôt d'aspect ennemi et tantôt d'aspect ami, en général ça préparera un karman mauvais : tantôt ça te vaudra de rester pour toujours dans les incarnations mauvaises, parfois tu pourras fréquenter les régions célestes. Mais si maintenant tu ne tues la notion de sujet-objet, ce sera l'éternel démon qui empêche de devenir buddha. En vue de le vaincre, (le dieu que) tu dois évoquer, c'est l'Inébranlable*, le grand Amour, de miracles plein.
Érige sa statue pour tuer la notion du moi : lui, Moyen, sa parèdre Sapience, et leur entourage dans l'amas de feu de Sapience claire par elle-même, vêtu de l'armure d'Amour et de Compassion, ses gens l'entourent, libérés d'attachement à soi.
L'ennemi qui fait ta ruine, quant à lui, ton malheur, tu te l'a acheté toi-même. Et maintenant appelle donc, appelle les pensées discursives, fais-les venir du sombre espace de l'esprit obtus, fais-les venir du
Ligote-les, ligote-les, ligote-les maintenant ! Par la corde des acquis de savoir et mérite ligote-les au roc sans erreur de la concentration ! Par le jeu terrible de la Sapience bois donc le sang de ce qui souille ta Propre Nature !
Quand ce corps est livré aux cinq poisons de misère, il n'est plus le support de Félicité Suprême et devient l'habitat d'égarement et de misère. Depuis le début des temps et jusqu'à maintenant il a enduré la misère des incarnations mauvaises, et pourtant maintenant, sans crainte ni chagrin, il n'en a point assez.
Bhyo, bhyo ! Sus à l'ennemi qu'est l'attachement à soi ! Bhyo, bhyo ! fais-lui courber la tête, au mal qu'on se fait à soi-même !
Ils désirent pour eux-mêmes le bonheur, mais n'achèvent que leur propre misère, leur ardeur est grande mais ne dure pas longtemps. Ils ont beaucoup d'intentions, mais ne réalisent finalement rien, leurs entreprises sur les lèvres, ils les ratent à chaque coup. Bhyo Bhyo ! Sus à l'ennemi qu'est l'attachement à soi ! Bhyo, bhyo ! fais-lui courber la tête, au mal qu'on se fait à soi-même !
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* Acala , divinité terrible d’Akshobhya (Vajrapāņi).
p. 329-30
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À vous attacher ainsi à des mots, sans penser à, leur sens, cela vous vaudra sûrement de commettre une faute à la fin. Maintenant, si vous avez décidé de manger de la viande, la viande de porc convient encore le mieux. Car les vêtements (faits de la laine) du mouton revêtent depuis les statues de Buddha en haut jusqu'aux figures de soie de l'oncle Khro-thun1 en bas. Les vaches, les vaches métis, etc. donnent le lait et le beurre. Les yaks, les bœufs, etc., labourent et portent des charges. Mais le porc ne donne pas de laine, ne porte pas de charge, ne donne pas de lait. S'il y a une viande qui convient, c'est bien la sienne. (Le proverbe ne dit-il pas) : « flèche et (autres) armes ont leur raison dans le combat » ? L'homme qui a tiré sa lame l'a bien tirée parce qu'il a pensé qu'il y aura une bataille ! L'homme qui donne à manger aux porcs a bien pensé qu'il aura sa viande, sinon pourquoi le ferait-il ? Chacun à sa place a son propre emploi. De nos jours, tous ces moines font comme s'il n'y avait pas de péché en mangeant de la nourriture. Mais leur bol à aumônes est presque percé (à force de manger beaucoup). Dans leur bouche, un morceau gros comme le poing d'un enfant s'avale comme s'ils croquaient un sucre. Mais la racine même du péché descend jusqu'à cette nourriture. Par exemple, quand on a écrasé (les mottes de terre) d'un champ et qu'on y a lâché l'eau (d'irrigation), (les petites bêtes) qui ont été retournées sens dessus-dessous sont à peu près mortes. Et le pêcheur (ne) va-t-il pas au bord de l'eau quand il y a des abeilles ? Il serait difficile de trouver une meilleure méthode de tuer des êtres vivants. Il est aussi impossible de savoir et de mesurer combien (de petits animaux) meurent dans le feu ou dans le bois du foyer sur lequel on fait bouillir beaucoup de thé. Il en est de même pour le miel et la mélasse, il est difficile de savoir et de compter les abeilles mortes qui ont peiné pour faire du miel, combien de petites mouches pas plus grandes qu'un grain de sésame sont mortes au milieu de la masse gluante de la mélasse. Par cet exemple on voit qu'on ne reconnaît pas les petits (péchés). Mais qu'on ait tué un yak ou un ver, pour mesurer la rétribution karmique qui résultera de la viande (mangée), peu importe que ce soit difficile ou facile, du point de vue de la rétribution résultant de la vie (prise à autrui) il n'y a aucune différence.
p. 100
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Ils veulent quelque chose pour eux, mais prétendent que c'est pour quelqu'un, faisant peu d'effort eux-mêmes, ils envient autrui, les lamas sont bien nombreux, la Pensée-de-Bodhi est rare, les disciples sont rares, les briseurs de vœux nombreux. Bhyo, bhyo ! Sus à l'ennemi qu'est l'attachement à soi ! Bhyo, bhyo fais-lui courber la tête, au mal qu'on se fait à soi-même !

Ils prennent des vœux nombreux, mais ont peu de courage, leur renommée est fort grande, mais faible leur méditation, faibles en méditation, mais forts à exciter*, étroits en préceptes, tout en citant beaucoup. Bhyo, bhyo ! Sus à l'ennemi qu'est l'attachement à soi ! Bhyo, bhyo fais-lui courber la tête, au mal qu'on se fait à soi-même !

Les serviteurs sont nombreux, rarement on peut s'y fier, les seigneurs sont multitude, mais faible leur aide, les moines sont vieux, mais leur vertu est méchante, les lamas sont grands, leur bonté est petite. Bhyo, bhyo ! Sus à l'ennemi qu'est l'attachement à soi ! Bhyo, bhyo ! fais-lui courber la tête, au mal qu'on se fait à soi-même !

Leur contemplation est bonne, mais leur conduite violente, portés à la méditation, ils ne savent que la diriger sur un sujet, leur conduite partiale, cause de péché monacal, ils prient pour le Fruit, mais l'espèrent hors d'eux-mêmes. Bhyo, bhyo ! Sus à l'ennemi qu'est l'attachement à soi ! Bhyo, bhyo ! fais-lui courber la tête, au mal qu'on se fait à soi-même !
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(1) Ce sont les snags-pa, — “sorciers tantristes” qui doivent évoquer des divinités terribles en méditation pour les lancer sur les ennemis démons. Les deux mots ici traduits par « méditation » sont différents. Le premier (thugs-dam) désigne l'objet de la méditation (divinité, Vacuité, etc.), le second (fiams-len) : la pratique de cette méditation.
p. 331
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Padampa Sangye a proféré ces paroles : «  Tout ces religieux du Tibet construisent des supports des Triratna avec le péché et le mensonge, mais prétendent jeter leur vie présente au vent. Cherchant des richesses, ils érigent une bonne marchandise en religion, mais prétendent qu'ils s'abstiennent de péchés. Ils érigent les mandala des mantra secrets (du tantrisme ésotérique) en enclos pour chèvres et chiens, en prétendant que c'est dans un but ésotérique terrible*. Par leurs affaires de religieux ils jettent les bases d'une vie en enfer, mais prétendent que c'est un conseil sur des affaires importantes. Ils dépensent pour eux-mêmes les biens communs du clergé, mais prétendent qu'ils les ont employés là où il le fallait. Ils recherchent des richesses par péché, mensonge et tromperie, mais prétendent que ce sont des provisions pour leur méditation. Tous ces religieux du Tibet me font bien rire. Pour chercher nourriture et vêtement, ils disent n'importe quoi, ceci ou cela, ils n'ont aucun souci de la forme (de leur apparence). Hé hé Au Tibet, écouter la religion, faire le bien des êtres, obtenir la réalisation (de la méditation), je connais tout cela : c'est pour la renommée et le désir d'être flatté qu'on y prêche ou écoute la religion. Nombreux y sont les bodhisattva qui font le bien de leur femme et de leurs enfants, les siddha qui prêtent à intérêt et accumulent des réserves. Tous ces religieux du Tibet, tout heureux qu'ils sont dans cette vie, seront abattus au moment de leur mort. Ah ! si c'était dans l'Inde (dans mon pays), ils seraient même punis par le roi ! ». Il n'y eut alors personne qui ne donnât raison à (Pha)-dam-pa et ne renonçât à répondre.
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*gizan-pa, « sacré », avec une connotation de (rite) secret voué à des divinités terribles.
p. 143
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Je n'ai pas érigé beaucoup de supports extérieurs, mais j'ai médité mon propre corps comme un Corps de divinité ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix. Je n'ai pas copié beaucoup de livres sacrés, mais j'ai médité la parole comme un écho ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix. Je n'ai pas davantage érigé des « vases »*, mais j'ai médité la Pensée comme exempte d'activité ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix. Je n'ai pas demandé beaucoup d'initiations, mais j'ai un peu saisi le sens de l'abhiseka** ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix. Je n'ai pas beaucoup étudié, mais j'ai trouvé partout quelque chose à comprendre ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix. Je me suis bien battu un peu pour manger, mais par la méditation sur (la vertu de) Patience, j'ai accepté d'être vaincu ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix. J'ai eu un enfant, et comme ce fut un fils, j'ai l'esprit en paix. Bien que je ne sois pas capable de voir en tous les êtres mes père et mère, du moins je ne considère pas les phénomènes comme des ennemis ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix. Bien que je n'aie pas développé une vénération impartiale, du moins je n'adhère pas à un lama de parti pris ; c'est pourquoi j'ai l'esprit en paix.
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* stûpa ; les statues sont les supports (rien) du Corps, les livres les supports de la Parole, les stûpa les supports de la Pensée (des buddha).
** En sanscrit dans le texte. Le verbe abhi-sic signifie 1) oindre, consacrer (cf. abhiseka) et 2) verbe réflexif : se consacrer soi-même. 'Brug-pa Kun-legs semble plaisanter : je n'ai pas reçu beaucoup de consécrations (abhiseka) d'autres lamas, mais je me suis consacré moi-même.
p. 409
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