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3,9

sur 248 notes
Quelle aventure ! de Robert Louis Stevenson, j'avais lu enfant « L'île au trésor » puis adolescent « Dr Jekyll et M. Hyde ». C'était tout. Récemment, je suis tombé sur un autre livre du même auteur, « le Maître de Ballantrae ». Pourquoi pas, me suis-je dit. En lisant l'avant-propos, j'ai appris qu'il s'agissait de son oeuvre la plus aboutie. Encore mieux. Je l'ai lu, j'ai adoré et j'en suis encore tout imprégné. Je confirme, il s'agit de son oeuvre la mieux réussie – et ce n'est pas peu dire ! –, une des plus passionnantes histoires que j'ai lues, tout auteur confondu. Ce roman est en fait une longue narration d'Ephraïm MacKellar, fidèle régisseur du domaine Durrisdeer, frappé par les luttes fraternelles. Quelques lettres du colonel Burke viendront combler les pièces manquantes.

En 1745, alors que le prétendant au trône d'Écosse Charles Stuart veut disputer sa couronne au roi d'Angleterre, lord Durrisdeer veut lui apporter son soutien mais ne veut pas tout perdre si la révolte jacobite échoue. Heureusement, il a deux fils. Pile ou face ? C'est l'aîné, James, le maître de Ballantrae, qui ira se battre. Mais, après la défaite de Culloden, ce dernier doit chercher refuge à l'étranger. Ainsi, son cadet Henry resté fidèle au roi Georges peut dorénavant jouir du manoir et des titres de noblesse de la famille. Ici commencent les vraies péripéties. Dans sa fuite, Ballantrae est capturé par des pirates et se voit forcé de devenir l'un des leurs. Il réussit à s'échapper du côté de New York et, de là, il parvient à se faire un chemin jusqu'à Paris où il trouve une position honorable. Mais le destin s'acharne sur lui et il doit à nouveau se faire un nom, dans les Indes britanniques cette fois-ci. Pendant toutes ces années, Ballantrae n'aura cesse de tourmenter son cadet pour lui rappeler qu'il lui doit sa position et pour lui soutirer de l'argent. C'est le début d'une longue lutte entre les deux frères qui se terminera dramatiquement sur les rives de la rivière Hudson.

Milord Henry est effacé, terne, ennuyeux, presque maladif. Il éprouve beaucoup de difficulté à tenir tête à son frère le maître de Ballantrae, vif, courageux et flamboyant. D'autant plus que la préférence du père semble aller à l'aîné et que même Milady Alison (fiancée à James avant sa démise) et sa fille Katharine ne peuvent s'empêcher que d'être séduites par cet homme plus grand que nature. Cette oeuvre est une véritable étude de caractères.

Si Ballantrae peut se montrer cruel et machiavélique, il n'en demeure pas moins un personnage sympathique. le lecteur, même s'il le redoute, ne peut s'empêcher de s'émouvoir sur son compte et espérer qu'il survive à toutes les péripéties que le destin lui envoie. Et que lui-même provoque, parfois… D'une rivalité grandissante entre frères – les protagonistes allant même jusqu'à comparer leur situation avec le récit biblique d'Esaü et Jacob, fils d'Isaac –, le récit s'engage dans une lutte entre le Bien et le Mal.

Ainsi, même s'il nous fait voyager des Highlands d'Écosse au Nouveau Monde, sur l'océan Atlantique et mêmes jusque dans les Indes, « le Maître de Ballantrae » est beaucoup plus qu'un simple roman d'aventures. Cette histoire peut sembler complexe mais, étonnamment, elle se lit facilement. La narration de MacKellar y est pour beaucoup. Il s'en tient à l'essentiel et se permet, ça et là, d'apporter quelques explications nécessaires à la bonne compréhension de son récit. Rien de superflu ! du grand art ! Aussi, il réussit à nous livrer fidèlement les états d'âmes et les passions de chacun des personnages, à nous y faire croire et parfois même à nous les faire vivre. Évidemment, derrière la plume du régisseur se trouve celle de Stevenson, un grand maître de la littérature.
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En 1745, les Jacobites souhaitent chasser les Hanovre du trône de Grande-Bretagne pour y restaurer les Stuart. Lorsque le prince Charles débarque en Ecosse avec ses hommes, les Duries, une grande famille installée dans le Sud-Ouest du pays, doivent choisir un camp. le vieux Mylord décide de ménager la chèvre et le chou. Un de ses fils rejoindra les rangs des insurgés tandis que le second donnera des gages de fidélité à la couronne. Quant à savoir lequel des deux, personne ne s'entend, cela sera tranché à pile ou face. Il faut dire que tout oppose les deux frères. Henry n'est ni très mauvais, ni très capable ; c'est un garçon neutre et discret. James, son aîné, surnommé "le Maître de Ballantrae", est bagarreur, joueur, libertin et rusé. Ses défauts ne le privent pas des faveurs de ses proches. C'est lui que le sort désigne pour partir à la guerre. C'est le début d'une longue série d'aventures à travers le monde mais surtout d'une haine farouche qui consumera les deux frères.

L'histoire nous est narrée par MacKellar, le régisseur du domaine. Il raconte des événements dont il a été directement témoin ou qu'ils lui ont été rapportés, quitte à reproduire les lettres de tiers. Engagé dans ces péripéties, partie prenante pour Henry, on voit son regard sur les personnages évoluer au cours du récit. Il faut dire que l'histoire est truffée de stratégies et de calculs sournois, de surprises et de renversements. Le livre permet de se plonger dans l'Histoire de la seconde moitié du XVIIIème siècle : agitation politique et religieuse en Grande-Bretagne et guerres opposant les puissances européennes en Amérique du Nord et en Inde. "Le Maître de Ballantrae" est à la fois un roman psychologique avec des longueurs dans lesquelles je me suis empêtré et un récit d'aventures passionnantes se déroulant sur trois continents. Mais bon, si j'ai préféré les chapitres sur la piraterie et les guerres indiennes à ceux approfondissant l'analyse de l'évolution psychologique des personnages, c'est sûrement parce que je suis resté un grand gamin.
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Quel roman magnifique ! Ephraïm McKellar (pardon : Robert-Louis STEVENSON, aidé en France par la grâce de son merveilleux traducteur Alain JUMEAU) est un sacré conteur !

Publiée en 1889 sous forme de roman historique, une exploration patiente des manifestations du mal, cette entité si banale...

Finesses descriptives qui ancrent en nous ce sentiment d'évidence de sa haute contagiosité : l'habileté "diabolique" de l'aventurier écrivain Stevenson saisit l'âme du lecteur au long de ces douze vertigineux chapitres, patiemment ciselés.

Bien sûr, le remake étoffé et subtil de "L'étrange cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde" (1866), soit seulement trois années après le révolutionnaire et bien court roman que l'on sait, qui fut magistralement adapté au cinéma par Rouben MAMOULIAN (en 1931) puis par Victor FLEMING (en 1941).

James, "Le Maître de Ballantrae", est une fripouille de grande envergure dont l'éducation fut parfaite.
Henry, son cadet jalousé, sera donc sa victime perpétuelle... jusqu'au moment où il devra se munir des mêmes armes sournoises que son Diable de frère, au fond si humain... !

"Un est deux", ou "Deux est un" : mystères d'une (pas trop sainte) dualité.
Gémellités cachées, d'évidence indissociables...
La mort, peut-être ? Et encore...

Aussi fantastique et "noir" que le premier roman désarçonnant de Thomas TRYON ["The Other", 1970], brillamment adapté au cinéma par Robert MULLIGAN en 1972...

A propos du fonctionnement de la psyché, on y découvrira évidemment 1.000.000.000 fois plus de subtilités qu'en se forçant à ingérer tel ou tel brouet contemporain fabriqué à la sauvette, binaire et poussif, "fort" de sa seule vulgarité, ses truismes et autres antagonismes à 2 euros 50, aux vertus si faiblement sérotoninergiques pour certains patients/lecteurs strictement non-répondeurs... :-)

Du temps pas si lointain (1889) où "oeuvrer en littérature" signifiait s'atteler à une entreprise artistique d'envergure...

Vivent donc le talent et l'exigence de R.-L. STEVENSON mais aussi ceux de son génial traducteur au classicisme magistral !
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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On m'avait promis un conflit à mort à travers les années et les continents, une dualité haineuse entre deux frères qui ne pouvait les mener tous deux qu'à leur perte, une tragédie digne des Grecs anciens, et me voici avec, entre les mains, l'histoire bien tiède de deux frères, eux-mêmes assez fades, et certes vindicatifs, mais surtout assez niais pour que leurs disputes puériles finissent par agacer un tantinet la lectrice que je suis. Si le projet de l'écrivain avait été de nous mettre en présence d'un Heathcliff et d'un Edgard Linton dénués du moindre intérêt, c'est tout à fait réussi. C'est à se demander, d'ailleurs, si Stevenson n'a pas voulu nous donner un éventail de ses possibilités - récit d'aventures, thème de la dualité, thème de la malédiction familiale, récit de pirates, chasse au trésor - pour contenter son lectorat. Quant au récit d'atmosphère... on jurerait que Stevenson en a perdu le savoir-faire.


En 1745, au château de Durrisdeer, vit l'aristocratique famille Durie : le père, Lord Durrisdeer, le frère aîné, James, qui porte le titre de Maître de Ballantrae et est le fils chéri du père, le cadet Henry, et enfin la cousine des deux derniers, Miss Alison, fiancée à James. Bonnie Prince Charlie est sur le point d'arriver sur les côtes écossaises pour restaurer la lignée des Stuarts sur le trône d'Écosse. Comme beaucoup de famille écossaises, les Durie vont à la fois prendre part à la rébellion, tout en affectant une loyauté apparente au roi en place, histoire de ménager la chèvre et le chou. La tradition voudrait que ce soit Henry qui parte se battre, or James, pour des raisons que Stevenson n'explicite pas réellement, revendique ce droit, au grand dam de toute la famille (et ça geint, et ça pleure, etc., etc.) Cela se décidera en jouant à pile ou face et, pour bien montrer sa colère, Miss Alison va jeter la pièce à travers la verrière de la grande salle : je ne raconte pas ça pour l'anecdote, mais parce que ceci fonctionne comme un motif récurrent, à mon avis traité de façon assez grossière, qui rappellera sans cesse cette journée et l'absence de James dans la maison. Bref, que ce soit par orgueil ou je-ne-sais- quoi, puisque la psychologie de James restera tout de même assez sommaire, il partira. Là-dessus, défaite des Écossais, et plus de nouvelles de James, que l'on croit mort. Or Miss Alison est très riche, et il est donc logique de la marier au seul héritier encore en vie, Henry. Là-dessus, rebondissement inattendu : James n'est pas mort ! Rongé de jalousie, il en veut à son frère, non pas de lui avoir ravi la femme qu'il aime (car il ne l'aime pas, c'est assez clair), mais de l'avoir épousée (elle est pleine de fric) et d'être devenu le nouveau Maître de Ballantrae, puis, à la mort de leur père, Lord Durrisdeer.


La véritable histoire, c'est celle de la vengeance de James (enfin, façon de parler, hein, parce que question vengeance, il est super mou). Il va donc réclamer de l'argent sans cesse à son frère, qui lui est assez niais pour jouer son jeu. Puis il va revenir au château, brandissant force menaces qu'il ne mettra jamais à exécution, et Henry passera son temps à ronger son frein... jusqu'au jour où il va provoquer James en duel et le tuer. Enfin, pas tout à fait (nouveau rebondissement pas du tout attendu). Là-dessus, quoi dire ? James est censé incarner le charisme, la liberté, le courage, le mépris des convenances, le mal. Henry, le bien, la générosité, la faiblesse et l'attachement aux valeurs familiales. Bon, ça, c'est ce que ,Stevenson nous ressasse de multiples façons, mais si on y regarde de près, le charisme de James est tout sauf évident, et Henry n'a rien d'un type gentil. de fait, le coup de la dualité, ça marche moyennement. Très moyennement. Alors oui, Stevenson a sans doute voulu établir un parallèle entre la situation de l'Écosse et la situation familiale des Durie. Sauf que, pour qui est peu connaisseur de l'histoire de l'Écosse, ça ne se voit quasiment pas, et pour qui connaît un peu, la métaphore est pratiquement sans intérêt. Et bon, si c'est pour voir un James se pavaner inutilement et un Henry serrer des poings avec les larmes aux yeux dans son coin, je dis qu'il y a mieux comme histoire de conflit fraternel qui tourne au désastre. Rien, il ne se passera finalement rien entre ces deux-là, et, si le lecteur pouvait au moins s'attendre à un final digne de Duel au soleil, il en sera pour ses frais. Pour tout dire, la fin est indignement bâclée.


Alors reste la question du narrateur, qui peut tout de même susciter quelque intérêt. le récit revient presque toujours à Mackellar, régisseur du domaine de Durrisdee et, par conséquent, au service de Henry Durie. Tout au long de l'histoire, il insistera sur les affreux défauts de James et sur les qualités de Henry, tout en se donnant assez peu de mal pour masquer les faiblesses flagrantes de ce dernier. Donc voilà : la qualité du roman, outre son aspect tout de même un tant soit peu divertissant, relève de ce biais de narration, qui se révélera complètement à la toute fin. Mais hélas, là aussi le procédé ne m'a pas paru d'une finesse excessive , étant donné que le lecteur voit venir le truc depuis un moment.


Donc, je ne sais pas pourquoi le maître de Ballantrae emballe autant les lecteurs de toutes sortes, mais ma conclusion sera celle-ci : Stevenson a réussi des récits d'atmosphère comme Les voleurs de cadavres ou les premiers chapitres de L'île au trésor, exploré avec bonheur le thème de la malédiction familiale avec Olalla, travaillé bien plus en profondeur sur la question de la dualité avec Jekyll et Hyde, raconté l'histoire du déchirement de l'Écosse avec David Balfour... Ici, il s'est montré bien trop tiède pour aborder la littérature du mal et n'a même pas réussi à installer un brin d'ambiance. le conflit, la tension, censés être au coeur du roman, en sont terriblement absents.
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Récit d'aventures assez classique mais passionnant, 'Le Maître de Ballantrae' se lit aussi, et surtout, pour la formidable histoire de haine entre les 2 frères Durie, racontée par Mackellar, le fidèle intendant du domaine.

Brillant, séduisant, mais aussi cruel et machiavélique, l'ainé, le Maître de Ballantrae tient son cadet pour responsable de ses nombreuses déconfitures et considère qu'il lui a volé la vie lui revenant de droit. Dès lors, il le persécute à coup d'injures, d'extorsions de fonds et autres manipulation de ses proches. Jusqu'à ce qu'il réagisse ! Et c'est là que le livre devient passionnant, combinant étude psychologique très fine et rebondissements extraordinaires...

Car cette haine tenace traverse le temps et les continents, nous emmenant en Écosse, en Inde, aux États-Unis, sur les mers avec les pirates et dans les forêts avec les indiens,,, Lors de ces passages-là, on est vraiment dans un roman d'aventures, avec des personnages hauts en couleurs et des péripéties absolument irrealistes, et qui nous enchantent pourtant. du coup, la lecture est très riche et nous tient en haleine tout du long.

Si Mackellar n'est pas un conteur hors pair, il rend clairement compte des enjeux et de la personnalité des protagonistes. Et on se prend à aimer James l'honnête besogneux avec toute la tendresse qu'il a pour lui, ou à admirer Henry et son talent hors pair pour plaire à tout le monde ! Surtout, on se demande en permanence comment les 2 frères vont sortir de cette sombre impasse où ils se sont eux-mêmes enfermés/enferrés...

C'est le 1er livre de Stevenson que je lis, et je vais certainement enchaîner avec ses romans plus connus : Jekyll/Hyde et L'île au trésor... Je vous encourage tous à faire de même !
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Le récit narre la terrifiante haine que se vouent deux frères, aristocrates écossais, pendant vingt ans, de 1745 à 1765.

L'écriture est superbe, d'une facilité à lire déconcertante et très évocatrice. En l'espace d'un peu plus de 300 pages pour l'édition Folio, vous voyagez des landes écossaises aux Indes en passant par une traversée chaotique de l'océan Atlantique et par les paysages sauvages du Nouveau Monde dans une ambiance digne du "Dernier des Mohicans".

L'aventure, nerf de la guerre de Stevenson, est au rendez-vous à chaque paragraphe et emmène le lecteur, témoin impuissant mais aimanté, dans une course folle vers un dénouement magistral qui vaut largement le meilleur des scénarios cinématographiques. D'ailleurs, difficile de ne pas évoquer pendant ma lecture les décors, les personnages et les effets spéciaux que j'emploierais si j'étais réalisatrice et si, par la seule force de mon imagination, je parvenais à transposer le récit en script.

En synthèse : passionnant, dépaysant et séduisant.


Challenge ABC 2012-2013
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Le Maître de Ballantrae
La Pléiade 2005
RL Stevenson

Qu'est-ce que ça veut dire de préférer un fils à un autre, eh ben le vieux père Durie l'a vite résolu.
En Ecosse, le fils aîné est le Maître dans certaines familles .. Et James était le fils aîné !!..

Ah que j'aime la plume de Robert-Louis, vraiment un tout grand des Lettres, assurément dans mon top 10 : .. "Ce qui était simple politesse chez le père devint chez le fils noire dissimulation. Il affectait une conduite uniment grossière et farouche.." Et c'est parti mon kiki ! Bon ici j'avais surligné le passage déjà à ma première lecture, mais j'ai envie de dire que tout le long du roman, c'est du même tonneau, de la même veine !..

Pas du genre trop recommandable ce James Burie, mais on disait de lui "qu'on augurait pour lui de grandes choses, dans l'avenir, lorsqu'il aurait acquis plus de pondération. Une fort vilaine histoire entachait sa réputation ; mais elle fut étouffée à l'époque, et la légende l'avait tellement défigurée dès avant mon arrivée au château (*) que j'ai scrupule de la rappeler. Si elle est vraie, ce fut une action atroce de la part d'un si jeune homme ; et si elle est fausse, une infâme calomnie .."

(*) le nouveau régisseur, narrateur de l'histoire.
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Avis mitigé sur cette lecture que j'attendais depuis longtemps et dont j'espérais tant !
Si l'intrigue et les personnages m'ont emportée, j'ai eu beaucoup plus de mal avec la construction de ce roman à la facture plutôt inégale.

Stevenson avoue qu'il voulait tout « mettre » dans son roman d'aventures : nous faire vivre la jeunesse et la vieillesse de ses héros, nous faire voyager dans le monde entier, avec « des décors variés et surprenants » et accumuler les événements spectaculaires. Et c'est vrai, entre les scènes de piraterie et de tempête en mer, les duels, l'ambiance triste et hivernale du manoir des Durrisdeer en Ecosse, l'exotisme de l'Inde, la forêt des Monts Adirondacks avec ses Indiens d'Amérique qui scalpent les blancs, rien n'y manque.
A trop vouloir en faire, Stevenson nous livre une narration qui change brutalement de genre à chaque chapitre ou presque et y insère des récits rapportés qui nuisent à la cohésion de l'ensemble et à la fluidité de la lecture.

Restent des scènes magnifiques, surtout celles qui se passent en Ecosse, comme la mémorable scène du duel à l'épée lors d'une nuit glacée éclairée aux chandeliers.
La puissance romanesque du livre réside aussi dans cette guerre fratricide que se livrent le vertueux Henry, si dévoué à son père qu'il en devient faible et ridicule, et le diabolique James, intrigant dénué de tout scrupules, pure incarnation du mal. Avec James, le lecteur n'est jamais au bout de ses surprises : blessé, tué ? Ressuscité ? Parti aux Indes ? Disparu en mer ? Tel un feu follet, ce diable de James se joue de son frère, du brave narrateur et aussi du lecteur par ses continuelles disparitions et réapparitions. Dommage que la fin du roman soit bâclée...

Challenge XIXème siècle 2022
Challenge multi-défis 2022
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L'Écosse au XVIIIème lors de la dernière révolte jacobite menée par le prince Charles Édouard Stuart catholique contre le roi légitime Georges, protestant. .
Deux frères de tempéraments différents issus d'une riche famille se distribuent par tirage au sort leur rôle afin que quelle que soit l'issue de la querelle royale la famille en tire le meilleur parti. L'aîné, le préféré, s'engage auprès du prince tandis que le cadet, plus terne, reste au domaine qu'il gère et près de la fiancée de l'autre.
Ce livre est surtout présenté comme un roman d'aventures, mais pour moi l'essentiel n'est pas là. C'est surtout l'étude d'une haine entre deux frères. Etude des personnalités, et de l'influence qu'elles ont l'une sur l'autre, mais aussi en fonction des événements.
Tout le livre est un récit fait par un témoin, l'intendant du domaine Mackellar qui relate les événements avant son arrivée et qui insère dans son histoire des passages de mémoires d'un autre témoin qui accompagne en partie le frère aventurier.
Ce récit de la lutte entre les deux frères par un tiers donne à mon avis de la profondeur à ce livre. Il y a parti pris de la part des deux narrateurs, chacun prenant la défense de celui dont il est proche. C'est cette absence d'impartialité semblable à celle de la vie réelle qui m'a fait me poser de nombreuses questions pendant la lecture. L'intendant se dit l'ami du frère cadet qu'il seconde dans la gestion difficile du domaine, mais sa position d'employé lui permet-elle d'être honnête ? Dans quelle mesure être l'ami d'un aventurier plein de qualités ne vous valorise-t-elle pas, vous qu'il a choisi ?
Sans compter qu'il y a cette question de la séduction. L'un dépourvu de morale plait, l'autre honnête et scrupuleux ennuie. Comment cela, qui correspond à la réalité s'explique t-il ? Dans quelle mesure chacun s'est-il fabriqué sa personnalité par rapport à celle de l'autre ? L'auteur n'apporte pas de réponse mais cette idée sous-jacente pendant toute ma lecture a été un plus. le comportement du père (la mère est morte) et celui de la fiancée sont également intéressants.
C'est pour moi réellement un chef d'oeuvre, mais pas spécialement du roman d'aventure.

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Un chef-d'oeuvre absolu !
Grands amateur de littérature du 19ème Siècle, de romans d'aventure, de voyage, et de fantastique, je place Robert Louis Stevenson et Jack London au panthéon.
"Le maître de Ballentrae" est probablement le roman de Stevenson qui m'a le plus secoué. J'ai dû m'accrocher avec les premières pages, mais une fois lancé, quel choc !
Ce roman concentre toute l'essence du roman classique parfait : un style de toute beauté, une histoire haletante, un sujet fort et intemporel, à savoir l'histoire d'une fiévreuse rivalité entre deux frères.
Lors d'un entretien télévisé, Jean Echenoz avait cité ce livre comme un de ses favoris. Bien m'en a pris de suivre ses conseils. Je me suis retrouvé plongé dans une oeuvre admirable, que j'emporte avec moi sur cette fameuse île déserte (dans laquelle on ne peut emporter que 6 livres !)
Vous l'aurez compris, selon moi c'est un chef-d'oeuvre.
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