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sur 806 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voyage avec un âne dans les Cévennes/R. L. Stevenson
C'est de la petite ville du Monastier en Haute-Loire à quelques lieues du Puy en Velais que Robert Louis Stevenson entame son périple dans les Cévennes à l'automne 1878.
Un mois de préparatifs de journées délicieuses avec l'aide de la population a été nécessaires pour que le départ se fasse dans les meilleures conditions. Il faut bien dire que notre touriste voyageur a quelque chose d'inouï dans le pays, un véritable extraterrestre qui veut rallier Alès accompagné d'un âne pour transporter tout son barda, sac de couchage, vaisselle et victuailles de secours…etc.
L'ânesse est acquise après marchandage auprès du Père Adam sur la place du marché, un paysan qui lui semble un peu brutal avec l'animal. L'auteur l'appelle aussitôt Modestine, une compagne qui lui paraît initialement bien docile. Les gens du Monastier lui promettent bien des mésaventures entre la fraîcheur de ce mois de septembre, les loups et les voleurs de grands chemins. Après quelques ennuis avec la selle de bât, le moment du départ est sonné par un beau dimanche.
Chemin faisant, Robert, ânier totalement inexpérimenté, constate que Modestine est plus capricieuse que prévu et les allures de chacun mettent un certain temps à s'accorder, jusqu'à la rechute suivante provoquée par l'ânesse récalcitrante. L'apport d'un aiguillon suggéré par un paysan va s'évérer bien plus utile qu'un fouet.
Robert nous confie qu'il voyage non pour aller quelque part, mais simplement pour marcher, pour le plaisir unique de voyager, de bouger, « d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le lit douillet de la civilisation, de sentir sous ses pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants. » Et il ajoute avec humour : « Lorsque le présent montre tant d'exigences, qui peut se soucier du futur ? »
La fine équipe quitte bientôt la région du Velay pour entrer en Gévaudan, un pays sauvage et montagneux où les loups ne sont pas rares. le pays de la célèbre Bête. Puis c'est l'épisode chez les moines de Notre Dame des Neiges, la traversée de la Lozère et l'arrivée dans la vallée du Tarn avant de découvrir Florac et enfin Alès.
Il rencontre chemin faisant de nombreux montagnards protestants avec qui il a de belles conversations. Lui-même est protestant et l'histoire des Camisards, il la connaît sur le bout des doigts. Il y a 180 ans dit-il, les Camisards tenaient toute cette région de Lozère.
Il apparait que probablement, l'itinéraire choisi par Stevenson, est une manière d'hommage à ses coreligionnaires. Il éprouva souvent dans cette région le sentiment d'être comme en famille.
Il faut savoir que les Camisards sont des huguenots de la région des Cévennes qui ont mené une insurrection contre les persécutions qui ont suivi la révocation de l'Édit De Nantes en 1685. La guerre des Cévennes, ou guerre des Camisards, qui dura de 1702 à 1710 fut en vérité une guérilla en vue du rétablissement de L'Édit.
Des villages comme Cassagnas étaient à l'époque de Stevenson entièrement protestants. Et a avec bonne humeur, il ajoute qu'en vérité une seule famille n'était pas protestante, ni catholique du reste. C'était celle du curé catholique en rébellion contre son autorité et qui s'était marié avec l'institutrice !
Un récit bien sympathique, fait de petites anecdotes et de rappels historiques intéressants, dont la traduction de l'anglais est excellente.
Un bon moment de lecture pour découvrir le GR 70.





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Est-ce l'effet du printemps, cette envie de cheminer dans des territoires encore déserts, et pourtant si proches, de dormir à la belle étoile, dans le plus vaste hôtel du monde, de sillonner des chemins qui se perdent dans des paysages grandioses ?

Est-ce l'effet du printemps, cette envie de prendre le large avec pour seule compagne Modestine, cette ânesse au caractère bien trempé, de partir à l'aventure sans GPS et sans smartphone et de partager le quotidien de Stevenson et son auto-dérision tellement réjouissante ?

"En ce monde d'imperfection nous accueillons avec joie même une intimité partielle. Et si nous trouvons seulement un être à qui nous pouvons librement ouvrir notre coeur, avec qui nous pouvons nous promener, unis par l'amitié, avec simplicité, sans dissimulation, nous n'avons pas lieu de nous plaindre du monde ou de Dieu."

Est-ce l'effet du printemps ou le besoin de prendre du recul par rapport à un quotidien encombré de futilités ?
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Très bon livre de voyage, comme j'aime en lire, le petit plus est cette approche historique pour nous, car Stevenson y décrit la vie dans les Cévennes au 19eme siècle, ce qui apporte un regarde différent des connaissances sur cette époque, plutôt orienter sur la politique en général
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Je me réfère à l'édition GF-Flammarion de 1991 avec la préface de Gilles Lapouge.
Plus qu'un voyage dans les Cévennes, c'est surtout un voyage dans le temps que nous offre Stevenson avec son âne. Puisque cette aventure date de 1879. D'abord centré sur ses déboires avec son ânesse Modestine qui n'en fait qu'à sa tête et oblige l'auteur à une extrême lenteur et l'entraîne par des chemins détournés. Les chapitre suivants, au fil du parcours, nous emmènent dans les souvenirs des luttes entre les camisards, qui étaient les protestants de cette région, face aux persécutions dont ils faisaient l'objet par les catholiques. Stevenson étant protestant lui-même, il devra d'ailleurs défendre sa cause religieuse lorsqu'il sera recueilli dans un monastère, face à des religieux catholiques plutôt radicaux. Son rapport à la nature sera également d'une grande importance puisqu'à plusieurs reprises il devra dormir à la « belle étoile ». Nous offrant ainsi de merveilleuses contemplations sur les paysages qui l'entourent. Au détour de son périple, il sera aussi hébergé dans des fermes, constatant alors l'étroite proximité entre les bêtes et les hommes, vivant et dormant parfois dans la même pièce. Bref, c'est toute une époque qui resurgit sous la plume allègre de l'auteur. Comme il est dit en préface, c'est ensuite, qu'il partira pour des destinations plus lointaines, voyageant jusque dans les mers du sud, où il finira sa vie aux Samoa.
Je viens de voir que le périple de Stevenson est toujours d'actualité puisqu'il fait l'objet d'en sentier de randonnée répertorié. Avis aux amateurs.
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Stevenson ... quel auteur ! quelle hauteur ! Il créé des images avec les mots, les couleurs jaillissent, le récit coule comme l'eau d'une fontaine et nous voyons, vraiment, par ses yeux. Nous y sommes, les bruits, les craquements, on entend tout. Les lumières qui percent à travers le feuillage d'automne, les animaux, les fruits sauvages, nous les voyons. Nous cheminons le long du Tarn en compagnie de Modestine à laquelle nous nous attachons.
Cela faisait des années que je me promettait de lire ce carnet de voyage (où de voyages comme le dit le titre original). Je suis encore ébloui. C'est exceptionnel pour un écrivain de passer du récit d'aventure (l'île au trésor) au Thriller fantastique (Docteur Jekyll) ou encore au récit à chaud d'une équipée dans les Cévennes, avec le même talent, le même bonheur.
Un ultime conseil : ignorez le prélude de Jean Courrier, il vous gâche la découverte sans le talent de conteur de Stevenson. Une post-face pour éclairer certains points aurait été plus judicieuse.
Suis-je dithyrambique ? Oui bien sur et, est-il utile de le préciser, j'adore Stevenson, c'est un vieil ami.
Je ne peux que vous conseiller ce livre qui, cerise, peut être lu à haute voix à des enfants (les chapitres sont courts). D'ailleurs, ceux-ci adorent les ânes (un animal certes têtu mais très loin d'être stupide, je peux en témoigner).
Bon trek comme on dit aujourd'hui même si je préfère : bon voyage.
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Je me suis intéressée à ce récit de voyage après avoir vu " Antoinette dans les Cévennes". Je ne suis pas une fan de Stevenson, plutôt une adepte de ses biographies car l'homme a un parcours très riche. Mais je dois reconnaître que je me suis prise à la lecture de ce périple qui m'a permis de découvrir des paysages décrits à merveille, une France rurale inconnue et un auteur d'une grande humanité. Je n'irai pas jusqu'à dire que récit et film m'ont donné envie de prendre une ânesse pour parcourir le même chemin, désormais bien balisé, mais voilà un bon bol d'air frais et la rencontre de personnages rudes, rustres mais souvent attachants.
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Dans ce livre, Stevenson raconte son voyage dans les Cévennes, à pied, avec un âne, nommé Modestine. Il raconte ses aventures, ses mésaventures. Il traverse des villages, des paysages, passe par les auberges, des monastères, fait des rencontres.
Il traverse entre autre le Gévaudan, le Pont de Montvert, Florac....
Quelques réflexions intéressantes, quelques connaissances érudites, historiques.
Un livre plaisant, agréable à lire, intéressant, original, instructif.
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C'est en partie pour combler un vague à l'âme causé par le départ de Fanny Osbourne vers les Etats-Unis, une femme mariée rencontrée depuis peu, que le jeune Robert-Louis Stevenson se rend dans les Cévennes à l'automne 1878 : un territoire reculé alors méconnu où planent encore l'ombre des loups féroces (rappelez-vous la Bête du Gévaudan !), et qui fut le théâtre de conflits religieux sanglants.
Voilà le décor planté, Robert-Louis cherche bientôt à connaitre le pays de manière plus intime. Il se fait l'acquéreur d'une ânesse, Modestine, qu'il harnache fébrilement pour partir explorer la profondeur de ces terres : c'est le début du Voyage avec un âne dans les Cévennes.
C'est avec délice que l'on suit le récit de ses mésaventures narrées avec une pointe d'humour et d'auto-dérision dont on se délecte ! Malmené par son ânesse, il déambule sous le regard des paysans goguenards, mais il s'enchante vite de l'expérience de ces douze jours à marcher dans ces contrées qui échappent encore à la colonisation du chemin de fer : on mesure l'isolement des habitants et devine la beauté préservée du paysage. Stevenson goûte aux nuits à la belle étoile, expérimente le dépouillement exigé par la randonnée, explore avec intérêt l'arrière-pays. Il s'intéresse aussi chemin faisant à l'histoire de la région en partageant les paroles confidentielles des habitants du coin. Mais en dehors des considérations historico-religieuses rapportées par l'illustre écrivain, Voyage avec un âne dans les Cévennes constitue avant tout un monde d'emploi décrivant l'état d'esprit à arborer en randonnée : curiosité, sobriété, légèreté, tolérance et souplesse dans les plans !
Stevenson se révèle un des pionniers de la randonnée au sens touristique du terme, celle que l'on entreprend par plaisir et amour du grand air.
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En ces débuts de la IIIème République, les ouvriers travaillent déjà à la construction d'une ligne de chemin de fer dans les Cévennes. C'est à la fin du Second Empire, le 10 août 1868, que la ligne du Monastier à Mende est concédée à la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne par une convention signée avec le ministre de l'Agriculture. le 25 août 1873, le Conseil Général de la Lozère fixe comme priorité l'étude d'un chemin de fer de Mende à La Bastide.
Les Cévennes que parcourt Stevenson en octobre 1878 sont celles de la fin d'une époque. Il invoque Wordsworth " Montagnes et vallons et torrents, entendez vous ce coup de sifflet ?"... "Une année ou deux encore et ce sera un autre monde" constate-il résigné. Il converse avec les ouvriers employés aux études topographiques travaillant sur la ligne, et, autour d'un vin chaud, les trouve "intelligents et de conversation agréable".
De fait, les Cévennes qui fascinent Stevenson sont plus proches de celles des camisards, deux siècles plus tôt, que de cette fin de XIXe siècle qui modernise les campagnes profondes. C'est un voyage dans le temps que propose notre auteur, plus encore qu'un cheminement dans l'espace. Des fantômes l'accompagnent : Rolland "généralissime des protestants de France", Cavalier "garçon boulanger doué du génie de la guerre" qui, passé à l'ennemi anglais, finira curieusement gouverneur de l'île de Jersey. le combat entre le persécuteur catholique François de Langlade du Chayla, et le chef protestant Esprit Séguier, avec leur fin tragique est saisissant. En a-t-on jamais entendu parler à l'école ? En 1972, le film de René Alliot avait été une révélation... faute d'avoir lu assez tôt Stevenson !
Il se passionne en effet pour cette guerre cruelle, qui se fait dans la ferveur des psaumes et la pétarade des mousquets. Inclinant pour les protestants, en coreligionnaire écossais, il reconnait équitablement la bravoure dans les deux camps en racontant quelques uns de leurs faits d'armes, au gré des chemins qu'il parcourt, scrutant dans ses rares rencontres, les signes et les descendants de ces temps farouches. Il voit en effet des catholiques et des protestants toujours sûrs de leurs dogmes, mais, à sa grande surprise "cent soixante-dix ans après, le Protestant était toujours protestant, le Catholique toujours catholique, dans une mutuelle tolérance et douce amitié de vie." "Catholiques et Protestants avaient les rapports les plus aisés du monde".
Il y a bien sûr, dans ce récit, l'élément comique de la petite ânesse gris souris, Modestine impavide, obstinée et fantasque qui désespère son accompagnateur. Gille Lapouge, dans une savoureuse préface à l'édition de poche, démontre avec malice et maestria que "c'est Modestine qui donne au récit son style". Un film récent (Antoinette dans les Cévennes - septembre 2020 -) en a compris et transposé la leçon. Les amateurs du GR70, dénommé chemin de Stevenson sur une longueur de 272 k, trouveront certes quelques récits cocasses des difficultés à bâter un âne ou à le retenir d'emprunter les chemins de traverse.
Mais, pas plus que "L'usage du monde" de Bouvier, le récit de Stevenson n'est un guide de voyage. Dans ses nuits "à la belle étoile" (en français dans son texte), il se reconnait dans une forme de panthéisme qui transcende ces religions avec lesquelles il dialogue pourtant volontiers, sans crainte du prosélytisme insistant des trappistes de Notre-Dame des Neiges ou du Frère de Plymouth rencontré sur le sentier, auquel il assure, avec diplomatie, "qu'il n'est point facile de préciser qui connaît le Seigneur et ce n'est point en tout cas notre affaire. Protestants et Catholiques, voire ceux qui idolâtrent des pierres, peuvent le connaître et être connus de lui, car il est le créateur de toutes choses". Ajoutant avec un prudent oecuménisme : "nous sommes tous embarqués sur la mer démontée du monde, tous enfants d'un même père et qui s'efforcent sur beaucoup de points essentiels, d'agir de même et de se ressembler".
Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Ce livre est un merveilleux voyage au coeur des Cévennes, on a vraiment l'impression de faire la route avec l'auteur. de plus, c'est un témoignage de la société cévenole d'autrefois.
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