Ce tome fait suite à Until the stars turn cold (épisodes 40 à 45). Il contient les épisodes 46 à 50, initialement parus en 2002/2003, écrits par
Joe Michael Straczynski (en abrégé JMS), dessinés par
John Romita junior (en abrégé JRjr) et encrés par
Scott Hanna. Ces épisodes ont été réédités dans Amazing Spider-Man by JMS - Ultimate collection book 2 (épisodes 45 à 58 & 500 à 502).
Épisodes 46 à 49 - Stephen Strange (le Maître des arts mystiques) vient visiter Peter Parker en rêve pour l'avertir qu'un grand danger surnaturel va bientôt s'abattre sur lui. Strange laisse un indice : la page 75 d'un livre d'entomologie. Cette page traite du pompile (en anglais "spider wasp"). Peu de temps après, Spider-Man est attaqué par un être surnaturel Shathra qui semble être l'ennemi naturel de l'araignée. Parallèlement le récit évoque un conte mythologique mettant en scène un vieil africain appelé Kwaku Anansi. C'est également le retour d'Ezekiel Sims. Épisode 50 - le destin fait se croiser Peter Parker et Mary Jane Parker Watson dans l'aéroport de Denver, où transite également Doctor Doom qui est victime d'un attentat.
Dès sa prise en main de la série (dans Coming home) JMS avait introduit une dimension surnaturelle, en laissant sous-entendre que les pouvoirs de Peter Parker trouvaient une partie de leur origine dans une intervention mystique. Dans les présents épisodes, il enfonce le clou de manière définitive. Cela commence par l'apparition parachutée de Stephen Strange qui prévient lourdement Parker qu'une menace de grande ampleur arrive, directement liée au fait qu'il n'est pas resté sur le chemin lors de sa précédente incursion dans une dimension magique. D'un côté, c'est sympa de la part de Strange de prévenir Parker ; de l'autre, c'est complément artificiel puisque Strange ne peut pas donner de détails pour une raison inexpliquée. Bref, JMS se sert de ce deus ex machina pour faire passer la pilule du surnaturel. Il reprend exactement le même dispositif avec Ezekiel qui prouve par A+ B à Parker qu'il nage en plein surnaturel tous les jours (ne serait-ce qu'en côtoyant Thor, un dieu asgardien) et qu'il n'y a donc rien d'impossible à ce que l'araignée qui l'a piqué ait été guidée par une volonté supérieure. C'est bon, on a compris, pas la peine d'en rajouter ! Et bien si, JMS intègre également Anansi (un personnage mythologique de l'Afrique de l'Ouest qui est en fait une araignée). JMS doute un peu de sa capacité de conviction et donc il en rajoute tant et plus pour justifier l'orientation mystique de son récit, en décalage significatif par rapport aux aventures urbaines de Spider-Man.
À condition d'accepter cette orientation peu habituelle dans les récits de Spider-Man, le lecteur découvre une nouvelle ennemie dont la nature justifie totalement l'existence (pompile), avec un combat spectaculaire, dans des endroits inattendus, rendus crédibles par les dessins. le lecteur pourra parfois s'agacer des tics graphiques marqués de JRjr, à commencer par les visages rapidement définis à coups de crayon vifs et secs, ou de quelques morphologies difficiles à accepter (les mollets de Spider-Man assis à côté de
Mary Jane dans l'épisode 50). Mais dans l'ensemble, JRjr insuffle une crédibilité peu commune à toutes les scènes en civil. Les postures sont justes, les expressions sont crédibles sans une once d'exagération, les vêtements sont réalistes, les décors sont consistants juste comme il faut. JRjr sait donner une impression prosaïque qui fait que le lecteur a l'impression d'être très proche des personnages, de pouvoir entendre Peter mastiquer sa pomme sur la première page, comme d'assister à la discussion qu'il a avec l'employée pour changer son billet d'avion. Il y a peut-être le village africain pour lequel il s'appuie trop sur des clichés pour pouvoir être totalement crédible.
Quant aux scènes d'action, le découpage permet de leur donner du rythme, l'oeil du lecteur se balançant de case en case, comme Spider-Man de building en building. Alors que le combat final contre Shathra se passe dans une grotte sans spécificité géologique ou volumétrique, JRjr confère une dimension mystique et onirique à l'affrontement grâce au recours aux toiles d'araignée. de la même manière, il réussit à utiliser la présence d'araignée dans la vie quotidienne en en faisant une présence presque conceptuelle, renforçant ainsi l'idée développée par JMS sur la véritable origine des pouvoirs de Spider-Man. le lecteur pourra juste regretter que lors des scènes de haute voltige pendant les combats, JRjr ne choisisse pas plus souvent de prendre un peu de recul, pour donner de la profondeur de champ, et ainsi de l'espace aux acrobaties.
Même si JMS semble manquer d'assurance vis à vis du lectorat concernant l'orientation surnaturelle qu'il a choisie, sa manière de procéder n'est pas si éloignée que ça des méthodes de certains scénaristes qui l'ont précédé. En particulier, les ennemis de Spider-Man comprennent de nombreux personnages basés sur d'autres insectes ou animaux du scorpion à la tarentule, en passant par le kangourou (Frank Oliver dans "Amazing Spider-Man" 81 en 1977, puis Brian Hibbs). le lecteur a également le plaisir de retrouver une présentation plus adulte des relations entre les personnages, et des réflexions de Peter Parker. On peut déplorer l'absence de tante May dans ces épisodes (où est-elle passée ?) et trouver que les retrouvailles entre Peter et
Mary Jane auraient pu se passer de la présence de Doctor Doom. JMS donne l'impression d'avoir rajouté ce supercriminel juste pour introduire de l'action dans son épisode. Mais en prêtant plus d'attention à la thématique de l'épisode 50, le lecteur constate que la présence de Doom est entièrement justifiée et nécessaire puisqu'il s'agit pour
Mary Jane de se confronter, non pas à Peter Parker, mais à Spider-Man, de définir sa relation avec l'alter ego encombrant et envahissant de son mari.
Ce quatrième tome des aventures de Spider-Man version
Straczynski + Romita constitue une grande aventure, avec des vrais personnages, dans la direction narrative adaptée par ces créateurs dès le début. JMS & JRjr semblent perdre un peu de souffle par rapport aux tomes précédents, presqu'effrayés par leurs propres audaces. Ils poursuivent leur interprétation du personnage dans Unintended consequences (épisodes 51 à 56).