Quelle belle découverte, cette poète d'Allemagne de l'est du XXe siècle (1930-2011) !
Pas de politique, si ce n'est la question de "être écrivain" quand on est une mère de famille de 4 enfants dans un hameau au fond de la forêt brandebourgeoise, mais la nature, des sensations, des émotions, et la recherche des mots pour dire. La traduction a dû délaisser les rimes (une autrice du XXe siècle attachée aux rimes !) pour garder le rythme (j'aurais aimé un recueil bilingue) mais la richesse de ce qui est proposé traverse la barrière de la langue.
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Perte
N'y avait-il pas encore un autre poème
Dans ma mémoire. Où est-il resté ?
Ainsi personne ne le produira plus jamais à la lumière ?
Je ne l'avais pas encore écrit en signes,
Seulement assemblé sans écho des mots en tours
Et arc-bouté de silencieuses colonnes de vers
En arcades, les confiant aux temps,
Afin qu'ils hissent les spectres dans le visible.
A présent les colonnes silencieuses sont brisées.
Les tours sans écho ont été réduites à néant.
Rien ne s'est passé. Je n'ai rien proféré.
J'en souffre autant que si j'avais perdu la lumière.
Jour bleu
Le parfum de fumée de l'aube en septembre.
Le vert des herbes grises de rosée.
Nuages qui naviguent bas. Comme novembre.
Mais au-dessus d'eux est un bleu,
Un bleu de Pâques, un bleu de vie,
Un bleu de toute éternité,
Un bleu à s'envoler. Et au monde
Il faudrait préparer un jour
Aussi pur que ce bleu pur,
Que ne troublât aucune rosée grise.