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3,6

sur 68 notes
Demain et le jour d'après est un très bon thriller cyberpunk qui propose une intrigue sous haute tension et de puissantes réflexions sur notre monde moderne. Attention, cependant, c'est du Tom Sweterlitsch et donc c'est passablement déprimant. Je vous conseille donc de choisir un moment serein pour attaquer cette lecture et d'avoir le coeur bien accroché.

Critique complète sur yuyine.be!
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Dans la série des livres qui donnent envie de relire d'autres livres, je demande Demain et le jour d'après de Tom Sweterlitsch. Second roman paru en français de l'auteur, mais écrit avant Terminus, ce livre est un thriller cyberpunk particulièrement noir dépeignant une vision des États-Unis traumatisés par l'explosion d'une bombe nucléaire sur son sol, qui a rasé la ville de Pittsburgh.
Dix ans après, celle-ci n'existe plus que dans l'Archive : une simulation informatique effectuée à partir de toutes les traces laissées par ses habitants, leurs neurospams et les différentes caméras présentes dans la ville. Les survivants éplorés visitent l'Archive pour revivre leurs souvenirs.
John Dominic Blaxton, lui, s'y immerge quotidiennement pour deux raisons : l'une pour faire son travail d'enquêteur pour les assurances et l'autre pour retrouver jour après jour sa femme, morte dans l'explosion. Jusqu'au jour où il tombe sur l'affaire de trop, et se retrouve au coeur d'une machination mélangeant politique, perversion meurtrière et grand capitalisme.
Les États-Unis dépeints par Tom Sweterlitsch sont particulièrement glauques. La devise non officielle se résume à « Achetez américain !! Baisez américain !! Vendez américain !! ». Avec le neurospam directement implanté sur la boîte crânienne de la plupart des adultes, ceux-ci sont exposés en permanence au pire de la publicité et des tréfonds du Web : propagande pour les drogues et le sexe tarifé sous toutes ses formes directement sur la rétine, classement télévisé en temps réel des meilleurs suicides et des plus belles victimes de féminicides avec mise en avant des aspects les plus privés de leurs passés, retour des exécutions publiques télévisées en guise de lancement de la Fashion Week, etc. Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire Demain et le jour d'après. Tout comme il faut l'avoir pour lire le Quatuor de Los Angeles, d'un certain James Ellroy.
Et le protagoniste de Demain et le jour d'après aurait pu être un personnage d'Ellroy. Comme eux, il est dépressif (et plus exactement souffrant d'un syndrome de stress post-traumatique) qu'il soigne à coup de drogues et d'activité compulsive (ses séjours dans l'Archive) ; comme eux, il est obsédé par des femmes mortes qu'il tente de sauver ou de réhabiliter alors même que son univers se détériore. Comme le Dahlia noir, Demain et le jour d'après est un thriller parlant du deuil, de l'absence, de la culpabilité du survivant et d'un monde en pleine déliquescence. Sauf que nous sommes ici dans un futur possible, où la déconnexion n'existe quasiment plus et où tout se joue sous le regard avide de tous. Attention néanmoins, Demain et le jour d'après est un premier roman, et il n'est pas exempt de défauts. Contrairement à Terminus, le démarrage est lent et il y a quelques longueurs. Toutefois, au final, il vous happe et vous ne le lâchez plus jusqu'à la dernière ligne.
Lien : https://www.outrelivres.fr/d..
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En France, Tom Sweterlitsch avait beaucoup fait parler de lui avec son roman Terminus, pur récit de science-fiction temporelle d'une noirceur glaçante et d'une précision machiavélique.
Aujourd'hui, c'est en remontant le temps que les éditions Albin Michel Imaginaire poursuivent la traduction de l'américain avec Demain et le jour d'après, premier roman de Tom Sweterlitsch dans la langue de Shakespeare et qui annonce déjà nombre des qualités de Terminus.

Achetez, vendez, baisez
Quelque part, tout a déraillé.
Le lecteur pénètre dans Demain et le jour d'après à tâtons, à travers les yeux de John Dominic Blaxton, éditeur de poésie hantée par la mort de sa femme Theresa Marie.
Le 21 octobre d'un futur proche, la ville de Pittsburgh aux États-Unis a été rayée de la carte. Un terroriste musulman a fait sauter une bombe nucléaire en plein milieu de la ville. Les conséquences en ont été terribles.
Et d'une manière bien pire encore que les centaines de milliers de morts causées par l'explosion elle-même.
Car à partir de là, les États-Unis se sont enfoncés dans un réflexe sécuritaire extrême encore renforcé par un capitalisme galopant dopé à la technologie neuronale appelée neurospam.
Connecté à votre cerveau, le neurospam « augmente » votre vision et vos capacités. Augmentant de fait la capacité intrusive de toutes sortes de publicités, applications et autres racolages en ligne que l'on connaît à notre époque. Car même si Demain et le jour d'après ne tourne pas directement autour de cette problématique, c'est bien l'univers de matraquage publicitaire incessant qui frappe au premier abord dans le roman de Tom Sweterlitsch.
John Dominic est sans cesse assailli par toutes sortes de pubs pour des produits, des shows, des pornos, des émissions de télé-réalités de l'extrême, des promos, des taxis… le monde est devenu un véritable paradis du spam.
Pire encore, cette libéralisation directement injectée dans le cerveau des gens s'est accouplée avec une montée galopante de l'extrémisme avec des émissions de télé-réalité toujours plus écoeurantes de violences et de voyeurisme qui filment tantôt les concours de suicides tantôt des sex-tapes de victimes d'homicides.
Les deux mamelles de la décadence américaine sont là : le sexe et la violence.
Il semble presque déplacé, et sacrément ironique, qu'au milieu de cet océan d'ordures surnage le personnage de John Dominic et son amour de la poésie. Comme un contre-poids à l'abjection, Tom Sweterlitsch fait de son personnage principal un éditeur de poésie et un amateur d'art, un gars délicat et sensible jeté dans un monde qui ne fait que lui gicler immondice sur immondice dès qu'il s'aventure à l'extérieur ou qu'il se connecte à la toile.
Dans ce brouhaha incessant, notre héros en perdition travaille pour une firme d'assurances chargée d'enquêter sur les morts de Pittsburgh pour déterminer si oui ou non les indemnités sont légitimes.
C'est ici que John Dominic tombe sur un os.

Reposer en paix
L'os en question, c'est Hannah et son cadavre qui dépasse de la boue au sein de l'Archive.
Pour que les survivants (et les autres) puissent se souvenir de Pittsburgh, s'y balader, s'y retrouver, les autorités ont construit l'Archive, un super-programme virtuel à la Matrix qui émule la ville de Pittsburgh jusqu'à sa terrible fin. John Dominc entretient un rapport complexe avec l'Archive, puisqu'il y passe tout son temps, à la fois pour son métier de consultant-enquêteur mais aussi (et surtout) pour revivre encore et encore les instants de sa vie passée avec sa femme, Theresa Marie.
Hannah, elle, est une des nombreuses victimes de Pittsburgh…enfin presque.
Il semble en effet que sa mort n'ait que peu à voir avec l'explosion de la bombe et que la personne qui l'a affreusement mutilé et tué soit encore en liberté. Pour se détourner de son obsession pour la disparue, et aussi pour se racheter après quelques menus problèmes de drogues, John Dominic reçoit l'aide d'un nouveau thérapeute, Timothy, qui le conduit bientôt à Waverly, riche magnat des nouvelles technologies lui aussi à la recherche d'une autre victime de Pittsburgh : Albion. Demain et le jour d'après va donc nous entraîner dans une enquête qui a tout du thriller technologique mais avec une attache particulière sur un thème particulièrement sensible et difficile : le deuil.
Au-delà des découvertes et des retournements de situation, Tom Sweterlitsch se concentre sur son personnage principal et retrace son calvaire émotionnel.
C'est l'histoire d'un deuil impossible, non seulement parce que John Dominic ne parvient pas à laisser reposer en paix sa défunte femme mais parce que la technologie ne le lui permet pas. L'Archive, prouesse technologique et réalité derrière la réalité, devient un lieu de douleurs infinies, un lieu qui perpétue la souffrance alors qu'elle était censée permettre l'acceptation.
Dans son roman, Tom Sweterlitsch nous parle de ce que ressentent les survivants, du poids de la culpabilité d'être encore là, du remords de n'avoir pas pu effacer certains actes passés. C'est aussi l'occasion de se pencher sur l'influence de la technologie sur nos processus humains, de quelle façon cette technologie augmentique brouille nos perceptions et nos mécanismes de défense, de quelle façon l'équilibre bascule. La frontière entre reviviscence et addiction se floute, les limites entre les réalités s'estompent. Voilà bien un univers que n'aurait pas renié Philip K. Dick.

L'Amérique, en noir
Pour ce premier roman, Tom Sweterlitsch déploie déjà des trésors d'imagination pour ficeler une intrigue policière qui exploite toutes les capacités de son univers science-fictif. On retrouve déjà en germes nombre d'éléments qui feront le succès de Terminus : la technologie avancée qui brouille les cartes, le background noir et sans concession, la violence crue et graphique, le relent christique en décomposition…
Moins complexe que Terminus mais tout aussi passionnant, Demain et le jour d'après offre certainement davantage d'émotions à son lecteur et s'ancre dans le réel d'une façon largement différente.
En filigrane, c'est l'impunité des puissants qui est remis en cause, une impunité qui ne sera qu'à moitié levée dans un final où la Fashion Week permet toujours l'exécution de criminels par une présidente américaine devenue la parfaite synthèse des vices de son pays gangréné par la peur, la souffrance et la violence.
En un sens, Tom Sweterlitsch livre autant un récit sur l'individu et sa capacité à commettre les atrocités les plus terrifiantes qu'une étude sur l'influence de l'environnement sur la production même de ces individus ultra-violents.
Car les meurtres qui jalonnent Demain et le jour d'après ne détonnent pas particulièrement dans l'Amérique imaginée par Tom Sweterlitsch, une Amérique toujours bien hypocrite et qui s'étonne des monstruosités terrées en son sein quand elle lui offrent toutes les possibilités (et les raisons) de croître.

Demain et le jour d'après n'a pas à rougir de son statut de premier roman. Portrait d'une Amérique perdue dans une spirale de libéralisme carnassier et d'ultra-violence, l'oeuvre de Tom Sweterlitsch cogne dur et sec. Derrière la noirceur de son récit, le roman n'oublie pourtant pas l'affect et l'homme égaré dans la folie et la mélancolie, offrant à cette histoire un côté aussi poétique que tragique.
Lien : https://justaword.fr/demain-..
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J'avais lu le premier livre de Tom Sweterlitsch, Terminus, sorti en mai 2019, et il m'avait marquée. Parce que l'illustration de couverture, d'Aurélien Police m'avait agressée. Visuellement parlant, sexuellement parlant, il y avait une "double vision" possible. La chronique de Terminus ici : https://melieetleslivres.wordpress.com/2019/05/16/terminus-tom-sweterlitsch/ le monde construit par Sweterlitsch m'avait marquée aussi : j'ai fait la connaissance avec la mousse quantique, par exemple. J'avais déjà lu des romans de fantasy et d'anticipation, mais là, c'était du nouveau. Et finalement j'ai aimé. Surtout le côté horrifique et le suspense.

Pour "Demain et le jour d'après", Sweterlitsch immerge le lecteur dans un monde très différent. Nous sommes dans un futur proche, les humains n'ont plus de téléphone, plus d'écrans, d'ordinateurs ou même de télévision. Ils ont un neurospam, un implant dans le crâne, qui est branché sur leurs cinq sens, les démultipliant en puissance, ainsi que des lentilles rétiniennes. le neurospam est constamment connecté, à certains réseaux publics, ou privés. Ainsi des images sont projetées devant la personne, des publicités d'abord, qui aparaissent presque en hologramme, tant la vision est augmentée. Des recherches à faire ? On trouve dans le neurospam. Des films, concerts , évènements, on demande au neurospam. On le consulte. Et le nombre d'alertes info, de faits divers, la pub, chaque américain est presque submergé.Ce type de monde est la cybernétique, et on peut même le qualifier de cyberpunk, tant l'ambiance est pesante et noire.
L'histoire : Il y a dix ans, Dominic Blaxton, un éditeur de poésie, poète lui-même, était en train de mettre en place un codage pour éditer les livres de poésie au format numérique et une bombe nucléaire a rasé la ville de Pittsburg où il vivait. Ce 21 octobre-là. Sa femme, enceinte de huit mois a été transformée en cendres en un instant, comme les 500 000 autres habitants de cette ville. Mais Dominic était en déplacement. L'horreur absolue pour lui, et pour des centaines de milliers de proches des victimes parties en poussière.
Dominic travaille désormais pour une entreprise d'enquêtes pour les assureurs : autant de morts, autant de familles à indemniser, mais certaines morts ne semblent pas dûes à la bombe, mais accidents, ou crimes, ou suicide, dans ce cas les assurances doivent mettre à part ces gens-là. . Son neurospam est connecté à une mémoire publique qui a restauré le Pittsburg d'avant la bombe, reconstituée d'images de caméras de sécurité, de mémoire rétinienne des survivants. Cette mémoire est appelée L'Archive. Les enquêteurs comme Dominic ont un accès spécial à cette mémoire publique, en plus de leurs propres souvenirs. Il retourne constamment voir sa femme dans le passé, la regarder, être près d'elle, par ses souvenirs recréés en réalité augmentée, mais aussi dans l'Archive. Pour être à ses côtés.
Depuis dix ans, il est en dépression, traité pour SSPT aussi, et il voit plusieurs thérapeutes. Il se drogue, aussi parfois. Il est au bout du rouleau.
Mais au cours d'une promenade virtuelle, où il sait que sa femme allait se promener, donc il s'en va la rencontrer, dans un passé mémoriel et pourtant si réel en apparence, il tombe sur le cadavre d'une femme, qui est à moitié déterré du lit boueux d'une rivière. Son boss lui demande d'enquêter sur elle, trouver son nom, comment elle a été tuée, quand, et par qui. C'est son boulot. Il la "file" dans le passé, par l'Archive, et visite ainsi des dizaines de boucles temporelles et spatiales. Mais cette fois ce travail, auquel il est habitué : trouver, résoudre, faire un rapport, se heurte à des difficultés successives, et cette course dans l'Archive à la recherche de personnes disparues devient très dangereuse, des gens haut placés le menacent.

Ce livre est foisonnant dans le "Worldbuilding", il est tellement étonnant (pour moi, au moins, qui ne suis pas une spécialiste férue de SFFF) que j'ai mis longtemps pour comprendre, pour visualiser le contexte présenté par l'auteur. Page 90 environ, l'intrigue a pu démarrer, à force de notes de lectures nombreuses pour m'y retrouver. C'est un thriller également, mais j'avoue m'y être sentie perdue parfois, l'intrigue allant un peu dans tous les sens, avant que j'aie eu le temps de tout comprendre. Je ne doute pas un seul instant que les amateurs adoreront, mais je mets un petit bémol personnel pour les complexités rencontrées.


Lien : https://melieetleslivres.wor..
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